MARIN-CATHERINE Colette
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024
Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :
Renseignements à venir
Source : https://www.ouest-france.fr/culture/colette-un-documentaire-sur-une-ancienne-resistante-normande-nomme-aux-oscars-34b63e9c-93aa-11eb-8160-b8e1983487e6
« Colette », un documentaire sur une ancienne résistante normande nommé aux Oscars
Nommé aux Oscars, dont la 93e cérémonie se tient le 25 avril 2021, le documentaire Colette retrace le poignant pèlerinage de Colette Marin-Catherine, ancienne résistante, dans les pas de son frère, Jean-Pierre, mort le 22 mars 1945 dans le camp de concentration de Mittelbau-Dora, en Allemagne.
Chez elle, à Caen (Calvados), Colette Marin-Catherine conserve précieusement des photos de son frère, Jean-Pierre, qui était âgé de trois ans de plus qu’elle. | OUEST-FRANCE
Ouest-France Marie-Eve NADAUD. Publié le 03/04/2021 à 09h00
Colette, tout simplement. C’est ainsi que s’intitule le film de vingt-cinq minutes consacrées à Colette Marin-Catherine, originaire de Bretteville-l’Orgueilleuse, dans le Calvados.
Nommé aux Oscars dans la catégorie court-métrage documentaire, il suit l’ancienne résistante de Caen à Nordhausen, en Allemagne, en 2018. Elle s’y rendait pour la première fois, à 90 ans.
Accompagnée de Lucie Fouble, une jeune fille de 17 ans passionnée d’histoire, elle entreprenait ce pèlerinage pour honorer la mémoire de son frère. « J’ai mis beaucoup de temps à oublier... » révèle-t-elle.
Un documentaire bouleversant
Jean-Pierre Catherine a été arrêté par la Gestapo en 1943, sur dénonciation. « Il
avait 17 ans et appartenait à un réseau de résistance différent du mien. »
Colette n’a appris qu’en mai 1945 la mort de son frère, le 22 mars de la même année, dans le camp de concentration de Mittelbau-Dora. Un frère dont elle conserve précieusement la médaille de naissance autour du cou.
Produit par la Française Alice Doyard et réalisé par l’Américain Anthony Giacchino, le documentaire est particulièrement bouleversant.
« Je suis vraiment heureuse de cette nomination aux Oscars, qui récompense l’équipe qui m’a tant choyée pendant ce redoutable pèlerinage, confie, reconnaissante, Colette Marin-Catherine. Sans cette rétrospective, Jean-Pierre serait encore dans la nuit et le brouillard de Dora. »
« Colette », un documentaire sur une ancienne résistante normande nommé aux Oscars
Nommé aux Oscars, dont la 93e cérémonie se tient le 25 avril 2021, le documentaire Colette retrace le poignant pèlerinage de Colette Marin-Catherine, ancienne résistante, dans les pas de son frère, Jean-Pierre, mort le 22 mars 1945 dans le camp de concentration de Mittelbau-Dora, en Allemagne.
Chez elle, à Caen (Calvados), Colette Marin-Catherine conserve précieusement des photos de son frère, Jean-Pierre, qui était âgé de trois ans de plus qu’elle. | OUEST-FRANCE
Ouest-France Marie-Eve NADAUD. Publié le 03/04/2021 à 09h00
Colette, tout simplement. C’est ainsi que s’intitule le film de vingt-cinq minutes consacrées à Colette Marin-Catherine, originaire de Bretteville-l’Orgueilleuse, dans le Calvados.
Nommé aux Oscars dans la catégorie court-métrage documentaire, il suit l’ancienne résistante de Caen à Nordhausen, en Allemagne, en 2018. Elle s’y rendait pour la première fois, à 90 ans.
Accompagnée de Lucie Fouble, une jeune fille de 17 ans passionnée d’histoire, elle entreprenait ce pèlerinage pour honorer la mémoire de son frère. « J’ai mis beaucoup de temps à oublier... » révèle-t-elle.
Un documentaire bouleversant
Jean-Pierre Catherine a été arrêté par la Gestapo en 1943, sur dénonciation. « Il
avait 17 ans et appartenait à un réseau de résistance différent du mien. »
Colette n’a appris qu’en mai 1945 la mort de son frère, le 22 mars de la même année, dans le camp de concentration de Mittelbau-Dora. Un frère dont elle conserve précieusement la médaille de naissance autour du cou.
Produit par la Française Alice Doyard et réalisé par l’Américain Anthony Giacchino, le documentaire est particulièrement bouleversant.
« Je suis vraiment heureuse de cette nomination aux Oscars, qui récompense l’équipe qui m’a tant choyée pendant ce redoutable pèlerinage, confie, reconnaissante, Colette Marin-Catherine. Sans cette rétrospective, Jean-Pierre serait encore dans la nuit et le brouillard de Dora. »
Oscars. Un documentaire consacré à une Caennaise récompensé
Nommé aux Oscars, dont la 93e cérémonie s’est tenue à Los Angeles, dimanche 25 avril 2021, le documentaire « Colette » d’Anthony Giacchino et Alice Doyard a remporté un Oscar dans la catégorie « Court métrage documentaire ». Il raconte le poignant pèlerinage de Colette Marin-Catherine, ancienne résistante, habitant à Caen.
Nommé aux Oscars, dont la 93e cérémonie s’est tenue à Los-Angeles dimanche 25 avril 2021, le documentaire Colette d’Anthony Giacchino et Alice Doyard a remporté un Oscar dans la catégorie Court métrage documentaire.
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Ce documentaire retrace le poignant pèlerinage de Colette Marin-Catherine, ancienne résistante, dans les pas de son frère, Jean-Pierre, mort le 22 mars 1945 dans le camp de concentration de Mittelbau-Dora, en Allemagne.
Source : https://www.wikiwand.com/fr/Colette_Marin-Catherine
Colette Marin-Catherine
Colette Marin-Catherine est une résistante française, née le 25 avril 1929 à Bretteville-l'Orgueilleuse. Elle entre dans la Résistance durant l'été 1944 où elle est agent de reconnaissance puis infirmière après le débarquement de Normandie ; aussi résistant, son frère Jean-Pierre Catherine est arrêté en 1943 et meurt au camp de concentration de Dora en 1945.
Famille
Colette Marin-Catherine naît en 1929 dans le Calvados en Normandie[1], dans le village de Bretteville-l'Orgueilleuse où sa famille réside[2]. Elle décrit la commune comme « un gros bourg, avec un notaire, un médecin, un pharmacien, quatre châtelains. Et des fermes et des ouvriers agricoles autour ». Ses parents dirigent une entreprise de vente, réparation et transport automobile[3].
Elle poursuit après-guerre un travail mémoriel. Elle accède à la notoriété lorsque le court-métrage documentaire Colette d'Anthony Giacchino, qui la suit lors de la visite du camp de Dora où est mort son frère, obtient l’Oscar dans sa catégorie aux Oscars 2021.
Engagement au sein de la Résistance
Lycéenne[4] et âgée de 16 ans[5], Colette Marin-Catherine s'engage dans la Résistance autour de Caen[6] en tant qu'agente de reconnaissance[5]. Son père, son frère et sa mère sont aussi résistants[3],[7]. Durant l'été 1944[4], elle aide à soigner les civils blessés[6]. Sa mère dirige une sorte de poste de secours à l'arrière de leur maison. Le 6 juin 1944, jour J du débarquement, alors qu'elles évacuent le village en direction de Bayeux, elles sont réquisitionnées par un médecin de l'hôpital militaire temporaire du séminaire de Bayeux (appelé Robert-Lion après le débarquement). Pendant quatre mois, Colette Marin-Catherine y travaille en tant qu'infirmière, sans diplôme ni formation, de jour comme de nuit. Elle témoigne : « Mon boulot, c'était du nettoyage, du soin, du pansement. Il n'était pas question de dire que je ne pouvais pas ou que j'avais peur. Si ma mère me donnait un ordre, je devais l'exécuter immédiatement[2]. »
Son frère Jean-Pierre Catherine, né en 1926 et élève à l'école des aspirants de la Marine marchande de Caen, entre dans la Résistance en 1940 — il a 13 ans — avec un groupe de camarades de Bretteville-l'Orgueilleuse et de Putot-en-Bessin. Ils distribuent journaux, tracts, cachent des armes et aident des opposants à se camoufler. Le 11 novembre 1942, ils fleurissent les monuments aux morts. Pour ce fait, Jean-Pierre Catherine est arrêté huit mois plus tard. Il est emprisonné à Caen, où il est condamné aux travaux forcés. D'abord envoyé au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace annexée[5], il est déporté alors qu'il a 17 ans au camp de concentration de Dora en Allemagne, un camp spécialisé dans la fabrication de missiles V2[8] aux conditions de travail extrêmement dures[5]. Il meurt d'épuisement[9] le 22 mars 1945, à tout juste 19 ans. Un autre frère, prénommé Gaston, de treize ans l'aîné de Colette Marin-Catherine, meurt à son retour de déportation[5].
Vie après-guerre
Le 28 septembre 1944, Colette Marin-Catherine et sa mère quittent l'hôpital militaire de Bayeux et retournent chez elles pour la première fois depuis le débarquement. Elles rentrent à pieds sur quinze kilomètres. Elles retrouvent leur maison squattée, pillée et en piteux état[7].
Le garage familial, sans employé, est fermé. Afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère âgée de 60 ans et malade, Colette Marin-Catherine exerce les métiers d'infirmière et de couturière dans le village, vend des légumes, des poules et des lapins. Elle gagne peu et doit réparer la maison, qui n'a plus de vitres et des trous dans la toiture. En avril 1945, elles sont toujours sans nouvelles du père et des fils. Lorsqu'elles apprennent le décès de Jean-Pierre Catherine : « On était tellement fermées sur notre chagrin qu'on s'est repliée sur nous-mêmes. Au village, plus personne n'avait envie de fréquenter une famille en deuil[7]. »
Elle assiste aux élections municipales du 29 avril 1945, où les femmes peuvent pour la première fois voter en France. Soixante-dix ans après l'évènement, elle décrit les électrices « intimidées » devant « l'aristocratie du village » : « C'était la fête, et en même temps, c'était impressionnant. Beaucoup avaient un bulletin plié dans la main. Le curé ou le mari avaient donné des consignes... » Une femme est élue à la tête du village en 1947. Colette Marin-Catherine vote pour la première fois à Caen aux élections législatives de 1951. Elle participe à chaque scrutin depuis, sans discontinuer, affirmant s'être « battue pour ça »[3].
Colette Marin-Catherine témoigne avoir « commencé à bien gagner [sa] vie » après avoir appris à remailler les bas. Elle s'occupe de sa mère jusqu'à son décès. Elle a alors 40 ans et ne s'est jamais mariée après[7]. Elle exerce la profession de directrice d'établissements hôteliers[3].
Travail mémoriel
À partir des années 2010, Colette Marin-Catherine donne régulièrement des conférences au National WWII Museum de La Nouvelle-Orléans en Louisiane aux États-Unis[5],[10], ou à Caen au Mémorial et au Café Mancel[11] et reçoit des Américains à chaque anniversaire du débarquement[5].
En 2018, le réalisateur américain Anthony Giacchino et la productrice française Alice Doyard sont en Normandie pour réaliser des portraits de résistants. Il rencontrent Colette Marin-Catherine[4], établie à Caen[1], par l'intermédiaire du guide Christophe Gosselin[11]. Découvrant « son aura face à la caméra, mais aussi sa volonté de transmettre la mémoire de son frère », d'après les propos d'Alice Doyard[4], il leur naît l'idée de faire un film. Dans le même temps, ils font la connaissance de l'historien Laurent Thierry, présent au centre mémorial de la Coupole d'Helfaut dans le Pas-de-Calais et coordinateur du dictionnaire biographique Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, et de l'étudiante Lucie Fouble, chargée de rédiger la fiche biographique de Jean-Pierre Catherine[8].
Dès l'année suivante, Colette Marin-Catherine, âgée de 92 ans, accompagnée de Lucie Foulbe, part en Allemagne pour la première fois. Elle se rend sur les traces de son frère, en particulier à Dora[8]. Elle témoigne de sa visite du camp[10] :
« Tout était dur. J'ai repris ça en pleine gueule, ou en plein cœur, c'est plus élégant. Quand je suis entrée dans le crématoire, vous avez cet espèce de brancard seulement fait de métal sur lequel on mettait les corps dans le four. C’est vraiment là que j'ai vu partir mon frère. J'ai vu beaucoup de documents sur cette guerre là, mais quand j'étais dans le tunnel j'entendais des milliers de voix. Je ne suis pas Jeanne d'Arc, mais c'est tellement écrasant que vous avez l'impression que quelqu'un vous pousse tout autour. »
Le film, d'une durée de vingt-cinq minutes[9], sort en 2020 sur la plateforme numérique du Guardian[8]. Il est primé dans plusieurs festivals américains avant d'être récompensé de l'Oscar du meilleur court métrage documentaire à la 93e cérémonie des Oscars[12],[13].
L'équipe du film offre à Colette Marin-Catherine un pavé commémoratif à la mémoire de son frère, appelé Stolperstein et réalisé par l'artiste allemand Gunter Demnig[5]. Il est scellé le 11 novembre 2019 devant la maison familiale de Bretteville-l'Orgueilleuse[10]. Il s'agit de la première Stolperstein apposée en Normandie[5].
Notes et références
Colette Marin-Catherine
Colette Marin-Catherine est une résistante française, née le 25 avril 1929 à Bretteville-l'Orgueilleuse. Elle entre dans la Résistance durant l'été 1944 où elle est agent de reconnaissance puis infirmière après le débarquement de Normandie ; aussi résistant, son frère Jean-Pierre Catherine est arrêté en 1943 et meurt au camp de concentration de Dora en 1945.
Famille
Colette Marin-Catherine naît en 1929 dans le Calvados en Normandie[1], dans le village de Bretteville-l'Orgueilleuse où sa famille réside[2]. Elle décrit la commune comme « un gros bourg, avec un notaire, un médecin, un pharmacien, quatre châtelains. Et des fermes et des ouvriers agricoles autour ». Ses parents dirigent une entreprise de vente, réparation et transport automobile[3].
Elle poursuit après-guerre un travail mémoriel. Elle accède à la notoriété lorsque le court-métrage documentaire Colette d'Anthony Giacchino, qui la suit lors de la visite du camp de Dora où est mort son frère, obtient l’Oscar dans sa catégorie aux Oscars 2021.
Engagement au sein de la Résistance
Lycéenne[4] et âgée de 16 ans[5], Colette Marin-Catherine s'engage dans la Résistance autour de Caen[6] en tant qu'agente de reconnaissance[5]. Son père, son frère et sa mère sont aussi résistants[3],[7]. Durant l'été 1944[4], elle aide à soigner les civils blessés[6]. Sa mère dirige une sorte de poste de secours à l'arrière de leur maison. Le 6 juin 1944, jour J du débarquement, alors qu'elles évacuent le village en direction de Bayeux, elles sont réquisitionnées par un médecin de l'hôpital militaire temporaire du séminaire de Bayeux (appelé Robert-Lion après le débarquement). Pendant quatre mois, Colette Marin-Catherine y travaille en tant qu'infirmière, sans diplôme ni formation, de jour comme de nuit. Elle témoigne : « Mon boulot, c'était du nettoyage, du soin, du pansement. Il n'était pas question de dire que je ne pouvais pas ou que j'avais peur. Si ma mère me donnait un ordre, je devais l'exécuter immédiatement[2]. »
Son frère Jean-Pierre Catherine, né en 1926 et élève à l'école des aspirants de la Marine marchande de Caen, entre dans la Résistance en 1940 — il a 13 ans — avec un groupe de camarades de Bretteville-l'Orgueilleuse et de Putot-en-Bessin. Ils distribuent journaux, tracts, cachent des armes et aident des opposants à se camoufler. Le 11 novembre 1942, ils fleurissent les monuments aux morts. Pour ce fait, Jean-Pierre Catherine est arrêté huit mois plus tard. Il est emprisonné à Caen, où il est condamné aux travaux forcés. D'abord envoyé au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace annexée[5], il est déporté alors qu'il a 17 ans au camp de concentration de Dora en Allemagne, un camp spécialisé dans la fabrication de missiles V2[8] aux conditions de travail extrêmement dures[5]. Il meurt d'épuisement[9] le 22 mars 1945, à tout juste 19 ans. Un autre frère, prénommé Gaston, de treize ans l'aîné de Colette Marin-Catherine, meurt à son retour de déportation[5].
Vie après-guerre
Le 28 septembre 1944, Colette Marin-Catherine et sa mère quittent l'hôpital militaire de Bayeux et retournent chez elles pour la première fois depuis le débarquement. Elles rentrent à pieds sur quinze kilomètres. Elles retrouvent leur maison squattée, pillée et en piteux état[7].
Le garage familial, sans employé, est fermé. Afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère âgée de 60 ans et malade, Colette Marin-Catherine exerce les métiers d'infirmière et de couturière dans le village, vend des légumes, des poules et des lapins. Elle gagne peu et doit réparer la maison, qui n'a plus de vitres et des trous dans la toiture. En avril 1945, elles sont toujours sans nouvelles du père et des fils. Lorsqu'elles apprennent le décès de Jean-Pierre Catherine : « On était tellement fermées sur notre chagrin qu'on s'est repliée sur nous-mêmes. Au village, plus personne n'avait envie de fréquenter une famille en deuil[7]. »
Elle assiste aux élections municipales du 29 avril 1945, où les femmes peuvent pour la première fois voter en France. Soixante-dix ans après l'évènement, elle décrit les électrices « intimidées » devant « l'aristocratie du village » : « C'était la fête, et en même temps, c'était impressionnant. Beaucoup avaient un bulletin plié dans la main. Le curé ou le mari avaient donné des consignes... » Une femme est élue à la tête du village en 1947. Colette Marin-Catherine vote pour la première fois à Caen aux élections législatives de 1951. Elle participe à chaque scrutin depuis, sans discontinuer, affirmant s'être « battue pour ça »[3].
Colette Marin-Catherine témoigne avoir « commencé à bien gagner [sa] vie » après avoir appris à remailler les bas. Elle s'occupe de sa mère jusqu'à son décès. Elle a alors 40 ans et ne s'est jamais mariée après[7]. Elle exerce la profession de directrice d'établissements hôteliers[3].
Travail mémoriel
À partir des années 2010, Colette Marin-Catherine donne régulièrement des conférences au National WWII Museum de La Nouvelle-Orléans en Louisiane aux États-Unis[5],[10], ou à Caen au Mémorial et au Café Mancel[11] et reçoit des Américains à chaque anniversaire du débarquement[5].
En 2018, le réalisateur américain Anthony Giacchino et la productrice française Alice Doyard sont en Normandie pour réaliser des portraits de résistants. Il rencontrent Colette Marin-Catherine[4], établie à Caen[1], par l'intermédiaire du guide Christophe Gosselin[11]. Découvrant « son aura face à la caméra, mais aussi sa volonté de transmettre la mémoire de son frère », d'après les propos d'Alice Doyard[4], il leur naît l'idée de faire un film. Dans le même temps, ils font la connaissance de l'historien Laurent Thierry, présent au centre mémorial de la Coupole d'Helfaut dans le Pas-de-Calais et coordinateur du dictionnaire biographique Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, et de l'étudiante Lucie Fouble, chargée de rédiger la fiche biographique de Jean-Pierre Catherine[8].
Dès l'année suivante, Colette Marin-Catherine, âgée de 92 ans, accompagnée de Lucie Foulbe, part en Allemagne pour la première fois. Elle se rend sur les traces de son frère, en particulier à Dora[8]. Elle témoigne de sa visite du camp[10] :
« Tout était dur. J'ai repris ça en pleine gueule, ou en plein cœur, c'est plus élégant. Quand je suis entrée dans le crématoire, vous avez cet espèce de brancard seulement fait de métal sur lequel on mettait les corps dans le four. C’est vraiment là que j'ai vu partir mon frère. J'ai vu beaucoup de documents sur cette guerre là, mais quand j'étais dans le tunnel j'entendais des milliers de voix. Je ne suis pas Jeanne d'Arc, mais c'est tellement écrasant que vous avez l'impression que quelqu'un vous pousse tout autour. »
Le film, d'une durée de vingt-cinq minutes[9], sort en 2020 sur la plateforme numérique du Guardian[8]. Il est primé dans plusieurs festivals américains avant d'être récompensé de l'Oscar du meilleur court métrage documentaire à la 93e cérémonie des Oscars[12],[13].
L'équipe du film offre à Colette Marin-Catherine un pavé commémoratif à la mémoire de son frère, appelé Stolperstein et réalisé par l'artiste allemand Gunter Demnig[5]. Il est scellé le 11 novembre 2019 devant la maison familiale de Bretteville-l'Orgueilleuse[10]. Il s'agit de la première Stolperstein apposée en Normandie[5].
Notes et références
- ↑ a et b Marie-Eve Nadaud, « Normandie : Colette Marin-Catherine, héroïne malgré elle jusqu'à la cérémonie des Oscars », sur Ouest-France, 3 avril 2021 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a et b Léa Quinio, « Calvados. 6 juin 1944 : à 16 ans, Colette Marin-Catherine soignait les blessés », sur Tendance Ouest, 5 juin 2020 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a b c et d « Vote des femmes : La première fois qu'elles ont voté... », sur Dunkerque.maville.com, Ouest-France, 30 avril 2015 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a b c et d Antoine Flandrin, « Une ancienne résistante française en lice pour les Oscars », sur Le Monde, 18 mars 2021 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a b c d e f g h et i Émilie Flahaut, « Seconde Guerre mondiale : un hommage inédit réservé à un résistant du Calvados », sur France 3 Normandie, 11 novembre 2019 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a et b (en) John Nichol (en), Lancaster, Simon & Schuster UK, 2020, 400 p. (ISBN 978-1-4711-8048-4).
- ↑ a b c et d Nathalie Travadon, « « Nous avons dû prouver que c'était notre maison » », sur Ouest-France, 8 mai 2015 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a b c et d Jennifer-Laure Djian, « Colette, un peu de l'Audomarois dans un court-métrage documentaire nominé aux Oscars », sur La Voix du Nord, 15 mars 2021 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a et b Marie Pujolas, « Colette, ancienne résistante âgée de 92 ans, héroïne d'un documentaire nommé aux Oscars », sur France Info, 5 avril 2021 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a b et c Justine Saint-Sevin, « Colette : l'histoire d'une normande et de son frère, anciens résistants, en lice pour les Oscars », sur France 3 Normandie (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ a et b Mathieu Girard, « À 93 ans, Colette porte l’histoire de son frère mort dans les camps jusqu’aux Oscars », sur Liberté - Le Bonhomme libre, Actu.fr, 27 mars 2021 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ Michaël Mélinard, « Oscars 2021. Colette Marin-Catherine, une résistante à Hollywood », sur L'Humanité, 20 avril 2021 (consulté le 21 avril 2021).
- ↑ Maxence Gorregues, « Oscars 2021 : avec Colette, une habitante de Caen remporte une statuette pour la Mémoire », sur Liberté - Le Bonhomme libre, Actu.fr, 26 avril 2021 (consulté le 26 avril 2021).