LE GALL Jacques
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 28 février 2021 / mise à jour le 29 mai 2021



Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :


Forces Françaises Libres
Commandant


Source du texte :
http://francaislibres.net/liste/fiche.php?index=79217
Article de presse.
Ouest-France du 04/03/2020

Récit de Jacques Le Gall à l'occasion de la sortie du film "De Gaulle".

"Ce mercredi, sort en salle le film « De Gaulle », réalisé par Gabriel Le Bomin, avec Lambert Wilson et Isabelle Carré. Jacques Le Gall, 99 ans, qui habite aujourd’hui à Saint-Malo, a été l’un des premiers Français à rejoindre outre-Manche, le chef de la France libre.

Dans son logement malouin, Jacques Le Gall, 99 ans, avoue tout de go qu’il n’est pas au courant de la sortie du film. « Il en sort tellement maintenant, mais j’irai le voir », confie celui qui, le 19 juin 1940, a, avec son frère cadet Alexis, posé son sac à bord de l’Ar Zénith, premier bateau civil français à rejoindre De Gaulle en Angleterre. « À l’époque, nous habitions Audierne (29), se souvient Jacques, qui avait alors 19 ans.

J’étais l’aîné de quatre garçons. À la mi-juin, l’avancée allemande devenait foudroyante ». On connaît la suite : la voix chevrotante de Pétain annonçant la capitulation face aux nazis. « Et l’appel du 18 juin entendu par ma mère, poursuit Jacques Le Gall. Un général français dont elle n’avait pas retenu le nom appelait, sur les ondes de la BBC, à passer en Angleterre pour continuer le combat. Ma mère, qui était veuve, a accepté sans hésitation notre départ ». Il fallait faire vite, car dès le 19, les Allemands arrivaient à Brest et Quimper.

Vers 11 h, le même jour, Jacques et Alexis (17 ans) vont apprendre que l’Ar Zénith, qui se trouvait à quai à Audierne, était en partance pour l’Angleterre. Jean-Marie Menou, le patron, les acceptera à son bord. « On était 21 volontaires à bord. Tous très jeunes et originaires du Cap-Sizun ».

Le bateau ne traverse pas la Manche tout de suite mais fait escale à Sein en fin d’après-midi. Là, les deux frères ne pourront pas réembarquer, l’Ar Zénith ayant été réquisitionné pour les militaires. Les frères Le Gall prendront place à bord de la Velléda, vers 22 h, une puissante vedette de ravitaillement et de relève des grands phares de la pointe Finistère. À Ouessant (29), ils changeront de nouveau de bateau pour appareiller le 20 à l’aube, sur la Monique-Andrée, un gros chalutier.

En fin d’après-midi, par une mer belle, Jacques et Alexis aperçoivent enfin la rade de Plymouth « Elle était terriblement encombrée, se souvient le Finistérien. On se demandait comment on allait être accueillis car la France avait trahi le pacte d’alliance conclu avec le Royaume Uni ». Après de très longues heures à attendre pour accoster, le 21 au petit matin, les deux frères mettront enfin le pied à terre. « Derrière des grilles, des civils anglais nous applaudissaient. Certains nous jetaient du chocolat et des cigarettes. On était surpris par cet accueil très chaleureux ».

Dans les jours qui suivront, et après avoir subi des interrogatoires très poussés, les jeunes Français rejoindront Londres. On leur proposera de s’engager dans une unité française en formation, sous l’autorité d’un certain général « Di Gool ». Jacques choisira la marine et sera affecté, à la base sous-marine alliée de Dundee, en Écosse. Début 1945, à seulement 24 ans, il se verra confier le commandement d’un bâtiment. Quant à Alexis, il rejoindra la Première division française libre, qui a durement combattu en Afrique et en Italie. En 1945, il sera grièvement blessé près de Colmar. Alexis est décédé le 22 décembre dernier, à Douarnenez. Il a laissé à la postérité un livre, « Les clochards de la gloire », paru aux Éditions Charles-Hérissey.

Jacques dit avoir vu le général De Gaulle trois fois. « Deux fois à la base de Dundee et la dernière fois, toujours au Royaume-Uni, pour le baptême de la Doris, le sous-marin que j’ai commandé jusqu’à la fin de la guerre. Il n’était pas très expansif. Mais trouvait toujours les mots qui nous touchaient. Chacune de ses visites était pour nous très importante. Il nous redonnait espoir et confiance. Pour moi, c’est un des personnages les plus importants de l’histoire de France. S’il n’avait pas été là en 1940, je pense que la France n’aurait pas été la même. Les gens ne s’en rendent pas compte aujourd’hui ».

Jacques revient aussi sur le rôle déterminant des jeunes Bretons en 1940. Selon lui, ils constituaient 80 % des volontaires de la toute première heure. « On ne le dira jamais assez », conclut-il.

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