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BERNARD Yves

Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024


Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :
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Yves BERNARD
(1924-1990)
Ancien élève au Lycée LA
ENNEC de PONT-L'ABBÉ
Résistant FTP
Arrêté pour faits de résistance en plein cours
le 28 octobre 1942 par la police de Vichy
et déporté à Buchenwald puis Dora


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Pendant deux heures, les trois classes de 1re ont eu l’occasion d’échanger avec des témoins directs et indirects de la résistance et des atrocités de la déportation.



Source :
https://www.letelegramme.fr/finistere/pont-labbe/laennec-les-lyceens-face-aux-memoires-vives-13-12-2018-12160854.php

Pendant deux heures, mardi, trois classes de 1re du lycée Laennec ont échangé, certains dans le cadre de la préparation du Concours national de la résistance et de la déportation, avec des témoins directs et indirects des répressions et déportations durant la Seconde Guerre mondiale.

Nelly Masseron, Edgar de Bortoli, Alain Bodivit, Lucienne Nayet, Marie-Noëlle Postic, François Fouré et Maryvonne Moal. Ils sont membres d’associations comme Ceux de Rawa-Ruska, l’Association nationale des anciens combattants de la résistance (Anacr) pour certains. D’autres sont d’anciens résistants ou font partie de la Fédération des Musées de la résistance, sont auteurs, ou encore adhérents des Amis de la Fondation de la résistance, des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation.


Ils étaient, mardi 11 décembre, les invités de trois classes de 1re du lycée Laennec. Pendant deux heures, dans la salle Autret, ils ont témoigné des répressions et déportations pendant la Seconde Guerre mondiale. Une rencontre inscrite, pour certains élèves, dans le cadre de la préparation du Concours national de la résistance et de la déportation. Les élèves ont tenu à saluer la mémoire de deux hommes. Yves Bernard, un élève de l’établissement, arrêté « en plein cours de chimie » le 28 octobre 1942. Marcel Marblez, résistant pont-l’abbiste, décédé en début de mois, à l’âge de 97 ans.

"Engagez-vous ! Mais choisissez bien la cause pour laquelle vous vous engagez"

Yves Bernard avait 17 ans, lorsqu’il fut arrêté. L’âge d’Alain Bodivit, lorsqu’il est entré dans le réseau Turma Vengeance en 1943. « Nous n’étions pas considérés comme des soldats, nous n’étions donc pas protégés par la convention de Genève, si bien que si nous étions pris, nous pouvions être fusillés sur-le-champ comme franc-tireur », raconte l’ancien des Forces françaises combattantes. Fait d’anecdotes, de moments d’émotion mais aussi de phases de distanciation et de remises en contexte, ce récit a fait prendre conscience aux adolescents, à peine plus jeunes qu’Alain Bodivit au moment où il a rejoint la résistance, de la force de l’engagement et des risques encourus.
L’engagement, c’est aussi le thème que mettent en avant Maryvonne Moal des Amis de la Fondation de la déportation et François Fouré des Amis de la Fondation de la résistance : « Engagez-vous ! Mais choisissez bien la cause pour laquelle vous vous engagez ». Le père de Maryvonne Moal, le grand-père de François Fouré ont, l’un et l’autre, été déportés en raison de leur participation active à la résistance. Ils ont payé un lourd tribut, le second y laissant même la vie. Quant au premier, les souvenirs de cette sombre période l’auront hanté jusqu’à la fin de ses jours.


Edgard de Bortoli a, lui, raconté l’histoire de son père, Carlo, fusillé en 1942 à Paris pour son activisme au sein de la résistance brestoise. Autre histoire, autre destin, celui de Marcel Gléhen, évoqué par sa fille Nelly Masseron. Ce Plomeurois de naissance s’est illustré, alors qu’il était prisonnier de guerre en Allemagne, en cherchant à s’évader à plusieurs reprises. Cela lui a valu la déportation dans le camp de représailles de Rawa Ruska, situé dans l’actuelle Ukraine, appelé aussi « Camp de la goutte d’eau et de la mort lente », selon Winston Churchill. Marcel Gléhen en a réchappé grâce à son caractère et sa force morale exceptionnels, grâce aussi à une part de chance, grâce encore à la solidarité entre détenus et à quelques Allemands qui lui auront « apporté une aide précieuse, par exemple, l’un d’entre eux, en partageant son maigre repas », souligne sa fille.



Les six premiers mois de sa vie à la morgue

Le récit de Lucienne Nayet est tout autre, la douleur est encore présente : elle figure au rang des victimes des répressions et persécutions. Alors que son père Michel Lerman a été arrêté en tant que juif et qu’il « est parti en fumée à Auschwitz », elle a vu le jour à l’hôpital Rotschild à Paris, le seul où les médecins juifs étaient encore autorisés à travailler. Elle est déclarée mort-née par des membres de la résistance qui œuvrent dans cet hôpital, afin de soustraire les enfants juifs à la folie criminelle des nazis. Elle passe ainsi les six premiers mois de sa vie à la morgue puis vit cachée, en Vendée, dans un appartement où le bébé ne doit faire aucun bruit pour écarter tout risque de dénonciation. Trois-quarts de siècles plus tard, Lucienne Nayet en conserve un traumatisme, encore palpable, à travers ce témoignage poignant.

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Yves Bernard quelque jours avant son arrestation. Il était capitaine de l’équipe juniors de l’US Pt L’Abbé



Source :
https://bigouden1944.wordpress.com/tag/bernard-yves/

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Figure bien connue de la résistance bigoudène, Yves Bernard, né le 8 octobre 1924 à Pont-L’Abbé, a 14 ans lorsqu’éclate la guerre en 1939.

En 1941, à 16 ans, suivant l’exemple de son frère Jean Bernard, il entre dans les FTPF (Francs Tireurs et Partisans Français) en même temps qu’il adhère aux Jeunesses Communistes.

Le 28 octobre 1942, il est arrêté en plein cours de chimie à l’EPS de Pont-L’Abbé, par la police de Vichy. Il a 17 ans.

Il connaîtra successivement les prisons de Mesgloaguen à Quimper. puis de Montfort sur-Meu près de Rennes. Jugé le 21 janvier 1943 avec 25 de ses compagnons de la région de Pont-L’Abbé et de Concarneau, il est condamné à un an de prison. Il connaît successivement les prisons d’Angers (3 mois) et Baugé (9 mois) dans le Maine et Loire.

Le 21 janvier 1944, la police de Vichy le livre aux Allemands qui le transfèrent d’abord à Compiègne, puis au sinistre camp de Buchenwald (fin janvier 44).

Le 18 février 1944 il est transféré au camp de Dora qui, entre autres, préparait les V2. L’effectif du camp s’élevait, à cette époque, à 8000 détenus et le rythme des décès y était de 300 par jour.

Ainsi, comme des milliers de compagnons de déportation, Yves fut brutalement plongé dans un monde dantesque, soumis à la loi des tortionnaires SS, aux interminables appels, au travail épuisant, guetté à chaque instant par la mort, tout cet univers concentrationnaire que d’aucuns qualifient aujourd’hui de «détail de l’histoire ».

4 janvier 45 : Les tortionnaires nazis procèdent à l’évacuation par la « route de la mort » vers le camp de Ravensbruck.

15 avril 45 : à l’approche des armées de libération (à l’Ouest, les Américains, à l’Est, les Soviétiques), les nazis évacuent Ravensbruck. Yves fait partie de la colonne qui s’achemine à pied vers le port de Lübeck pour y être exterminés. Le 1er mai 1945, Yves s’enfuit de la colonne (ou de ce qu’il en reste). Il se cache et est libéré dans la nuit du 3 au 4 mai 45 par les Soviétiques.

Commence alors le rapatriement : camp de Lunebourg en camion; puis train de voyageurs jusqu’à Valenciennes. Le 23 mai, via la Belgique il arrive à Paris où il retrouve son frère Jean – d’un an son aîné – libéré, lui aussi de Buchenwald. 25 mai 45 : enfin Pont-L’Abbé : Yves a 21 ans !

Malgré toutes les souffrances endurées, Yves choisit de continuer la lutte : au PCF bien sûr, mais aussi à la CGT à laquelle il adhère et où il milite activement, d’abord comme employé de marée, à Douarnenez, puis dans les PTT où il entre en 1949.

Depuis 1983, Yves préside le Comité de Pont-L’Abbé de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance).

Yves est décédé le 13 juin 1990 à l’âge de 66 ans.

« Le Travailleur bigouden » N°139 ( 3e trimestre 1990)


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Au camp de Dora, Yves subit des expériences médicales dont il a gardé les stigmates toute sa vie.

Plan de l’usine souterraine de Dora où les déportés étaient chargé de produire des fusées V2 (qu’ils tentaient de saboter quand ils le pouvaient)



Source :
https://bigouden1944.wordpress.com/tag/bernard-yves/
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Figure bien connue de la résistance bigoudène, Yves Bernard, né le 8 octobre 1924 à Pont-L’Abbé, a 14 ans lorsqu’éclate la guerre en 1939.

En 1941, à 16 ans, suivant l’exemple de son frère Jean Bernard, il entre dans les FTPF (Francs Tireurs et Partisans Français) en même temps qu’il adhère aux Jeunesses Communistes.

Le 28 octobre 1942, il est arrêté en plein cours de chimie à l’EPS de Pont-L’Abbé, par la police de Vichy. Il a 17 ans.

Il connaîtra successivement les prisons de Mesgloaguen à Quimper. puis de Montfort sur-Meu près de Rennes. Jugé le 21 janvier 1943 avec 25 de ses compagnons de la région de Pont-L’Abbé et de Concarneau, il est condamné à un an de prison. Il connaît successivement les prisons d’Angers (3 mois) et Baugé (9 mois) dans le Maine et Loire.

Le 21 janvier 1944, la police de Vichy le livre aux Allemands qui le transfèrent d’abord à Compiègne, puis au sinistre camp de Buchenwald (fin janvier 44).

Le 18 février 1944 il est transféré au camp de Dora qui, entre autres, préparait les V2. L’effectif du camp s’élevait, à cette époque, à 8000 détenus et le rythme des décès y était de 300 par jour.

Ainsi, comme des milliers de compagnons de déportation, Yves fut brutalement plongé dans un monde dantesque, soumis à la loi des tortionnaires SS, aux interminables appels, au travail épuisant, guetté à chaque instant par la mort, tout cet univers concentrationnaire que d’aucuns qualifient aujourd’hui de «détail de l’histoire ».

4 janvier 45 : Les tortionnaires nazis procèdent à l’évacuation par la « route de la mort » vers le camp de Ravensbruck.

15 avril 45 : à l’approche des armées de libération (à l’Ouest, les Américains, à l’Est, les Soviétiques), les nazis évacuent Ravensbruck. Yves fait partie de la colonne qui s’achemine à pied vers le port de Lübeck pour y être exterminés. Le 1er mai 1945, Yves s’enfuit de la colonne (ou de ce qu’il en reste). Il se cache et est libéré dans la nuit du 3 au 4 mai 45 par les Soviétiques.

Commence alors le rapatriement : camp de Lunebourg en camion; puis train de voyageurs jusqu’à Valenciennes. Le 23 mai, via la Belgique il arrive à Paris où il retrouve son frère Jean – d’un an son aîné – libéré, lui aussi de Buchenwald. 25 mai 45 : enfin Pont-L’Abbé : Yves a 21 ans !

Malgré toutes les souffrances endurées, Yves choisit de continuer la lutte : au PCF bien sûr, mais aussi à la CGT à laquelle il adhère et où il milite activement, d’abord comme employé de marée, à Douarnenez, puis dans les PTT où il entre en 1949.

Depuis 1983, Yves préside le Comité de Pont-L’Abbé de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance).

Yves est décédé le 13 juin 1990 à l’âge de 66 ans.

« Le Travailleur bigouden » N°139 ( 3e trimestre 1990)


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Source : https://bigouden1944.wordpress.com/tag/bernard-yves/

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Livreur et agent de liaison

Jusqu’alors il avait rempli la même tâche de livreur et d`agent de liaison que René Le Gouill dont il fera la connaissance en cellule. Sur un vélo vétuste aussi, la moitié des rayons manquant aux roues, sans freins, mais les savates sur le pneu arrière en faisaient usage, le sportif accompli qu’il est, capitaine de l’équipe des juniors à l’U.S. Pont-l’Abbiste, prenait journaux et brochures chez Jean, sur le coteau Saint-Julien à Quimper et, de nuit, les distribuait dans les différents dépôts de la Bigoudénie. Il allait, longeant la voie unique du petit train « Birinik», c’était plus sûr, et, de temps à autre, s’arrêtait pour écouter, l’oreille collée au rail, si personne n”approchait.
Un soir, cependant, il faillit être découvert entre Plobannalec et Lesconil, à Touloupry. Des aboiements, tout près. Les chiens d°une patrouille. Vite, il se jeta, avec sa bicyclette, dans une petite mare entre la ligne de chemin de fer et la route.
La tournée s’achevait parfois chez « Corentinik»…

Rue Victor-Hugo dans le quartier de la gare, il est une petite boutique de mercière. Madame Pierre Tanniou, que familièrement, on appelle « Corentine-Albert », en accolant au sien le prénom de son premier mari, y tient un rôle essentiel. Petite femme aux idées précises, bien ancrées dans une existence laborieuse, le verbe sans détour, le regard clair, coulant de bonté, elle distribue les messages et reçoit, par colis, journaux et tracts que les jeunes diffusent dans le canton.

L’équipe va réaliser une prouesse d`un autre style. Sur le mur de la salle de cinéma du patronage, dans la rue de la Halle débouchant sur la place des Carmes, à cent cinquante mètres de la Kommandantur installée à l’école Saint-Gabriel, elle se prépare à écrire au goudron: « Vive le Front National (1) qui se bat pour la Libération de la France! ››.
Tandis que Laurent Cariou, Jean Le Faou et Lili Bargain entament l’exercice d’orthographe en lettres majuscules, Yves Bernard veille à un bout de la rue, Fernand Larnicol à l’autre; Une alerte suspend le pinceau au moment où ils arrivent au mot « bat ››, ce qui explique son plus petit caractère. Le lendemain, l’inscription s’étale, éclate comme un défi. Passe pour un « V-D-G » furtif, « Vive de Gaulle! ››, une croix de Lorraine ou le « V » de Victoire que l’on voit fleurir ici et là, mais une si longue phrase, en un tel lieu !

(1) Le FN dont il est question ici est le « Front National de Lutte pour la libération et l’indépendance de la France », créé en 1941 par le PCF

Visite à son frère Jean emprisonné à Quimper :

A la préfecture, Yves feignant l`innocence, a obtenu un sauf-conduit et lui rend deux visites. Son « grand ›› frère lui recommande de couper net toutes relations, dans l°attente de jours meilleurs. Si on le questionne, qu`il réponde que, oui, il a déposé une vingtaine de tracts peut-être, mais à sa demande expresse, une fois, pas plus…

Arrestation d’Yves Bernard

Le 28 octobre 1942, en classe de quatrième année de l`École Primaire Supérieure de Pont-L’Abbé, où son père enseigne l’histoire et la géographie, le directeur l’avait appelé en cours de chimie de Monsieur Roselier. On le réclamait. Trois policiers, ledit Moreau, Le Roy, Riand, qui a des attaches à l’Ile-Tudy, le pressèrent de les suivre. Dans la voiture s’impatientaient déjà le commissaire Soutif, chef du service des Renseignements généraux, et un de ses subordonnés, Le Marchand. Cinq flics, et non des moindres pour un élève, quel hommage !

Emprisonné à Quimper

Yves Bernard, ramené dans la cellule numéro 4 à Mesgloaguen, vient d’avoir dix-huit ans. Il saigne abondamment. Le commissaire Moreau, de la police «judiciaire ››, lui a fendu le crâne avec la boucle de sa ceinture de cuir jaune.
Dans le local de gauche, à l’entrée de la préfecture, il avait commencé par lui dire de se montrer coopératif :
– «Si tu ne veux pas être de ceux dont on parle aujourd’hui à l’imparfait!››.
Ces messieurs conjuguent les verbes aussi bien qu’ils manient la matraque. Et les questions de fuser. Ils citaient des noms, lui demandant chaque fois s’il les connaissait.
– « Oui. Ce sont des Pont-l’Abbistes! ››
– « Et Karl Marx, tu ne connaîtrais pas celui-là par hasard ?››
– « Non. J’ai beau chercher. Celui-là, non! Il n`est certainement pas de chez nous: je l’aurais su ››.
La réponse provoqua la fureur du commissaire.

Monfort puis Angers, puis livré aux allemands

Revenons à Mesgloaguen. Nous sommes le 15 janvier 1943 et les prévenus relevant de la Section Spéciale de la Cour d’appel de Rennes, c’est-à-dire inculpés « d`activités terroristes ›› ou de « menées subversives ›› sont conduits à la prison-château de Montfort-sur-Meu, en Ille-et-Vilaine.
Le 21, et quelqu’un fait remarquer que c’est le cent cinquantième anniversaire de la mort de Louis XVI, tandis que l’escorte policière les menotte pour les conduire devant le tribunal français, ils entonnent l’hymne national à la grande panique du petit chef qui les supplie de se taire :
– « Sinon. nous serons arrêtés avec vous ! ».
La belle affaire ! Ils reprennent de plus belle au refrain :
– « Aux armes citoyens… ›› _

Les juges leur reprochent ce culot supplémentaire et leur administrent quarante ans de prison au total. Yves Bernard en prend un ; Jean, son frère, cinq, le maximum.

Et ils reviennent à Montfort.

Classé «petite peine››, Yves s’en ira au Pré-Pigeon d’Angers, pour trois semaines, puis à Beaugé, dans le Maine-et-Loire, pour neuf mois; une quinzaine de nouveau à Angers, avant Compiègne-Royallieu où il est remis aux Allemands en janvier l944.
Route alors pour trois semaines de Buchenwald et, le 6 février, il entre à Dora, quatre-vingts kilomètres plus loin.


Source : https://bigouden1944.wordpress.com/tag/bernard-yves/

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Camps de concentration

 


Fin avril 1944 alors que Jean part pour Compiègne il y a deux mois que son frère Yves finit de creuser une usine souterraine à Dora, dans la colline du Harz dormant sur une paillasse dans le tunnel humide. Dans le camp de baraques établi par la suite on passe volontiers la corde au cou. Un jour, pour célébrer Himmler, on pendra vingt et un déportés, sept par sept, en musique…

Un autre jour, le Pont-l’Abbiste apprend que parmi la quarantaine de nouveaux figurent dix-sept Bretons de «Saint-Tudy ». Ne s’agit-il pas plutôt de l’Ile-Tudy ? Il va voir. Effectivement, ils sont de son pays bigouden.
Ils n`ont pas de lacets aux pieds : l’“ancien” leur en procure, et leur conseille de s`inventer une profession « utile ».
._ «Mais nous sommes marins-pécheurs ! rétorque l’un d’eux, ›› Eugène Crates, et ne savons rien faire d’autre !
_ «Dites que vous êtes électriciens. Vous aurez une meilleure place…››

Il travaille de nuit. Le lendemain matin, quand il veut leur apporter des fils électriques, volés pour accréditer la chose, une colonne se prépare au départ pour Elrich. Les Iliens en font partie. Il ne les reverra plus.

Yves, lui dans l`usine souterraine de Dora-Mihelbau, sabote tant et plus les fusées V2. Un mot d’ordre a été donné et appliqué par bon nombre de travailleurs forcés. La production en sera ralentie. Sur les neuf mille trois cents V1 «armes de représailles » lancés d’abord un quart seulement atteindront leur but ; les autres retomberont peu après leur envol, ou se perdront pour cause de « défauts techniques’ ou seront interceptées.

Un groupe clandestin, qu’anime un anti-nazi allemand, Albert Kantz (il sera exécuté en janvier 1945), promeut l’activité de sabotage, mais la surveillance est sévère, les contrôles fréquents, et chacun improvise à l’occasion, verse furtivement quelques gouttes d’acide dans les bouteilles laquées à trois cents kilos de pression, coupe un fil de télécommande…

Yves, matricule 42.147, évacue les lieux dans un wagon découvert, le 5 avril 1945, avec ses fidèles compagnons Jean Bastié, matricule numéro 30.724, un Corrèzien, et Jean Di Domenico, de Martigues, numéro 4l.129. Cinq jours avant il a vu un Spitfire canadien au bec rouge pulvériser une machine haut le pied qui effectuait la navette entre Dora ct Nordhausen.

Le Convoi roule pendant une trentaine d’heures, avec de courts arrêts pour rejeter ses morts, avant de s’immobiliser sur une voie de garage à Osterode, où des avions leur lâchent des rafales de mitrailleuses. Ils en sortent sous les coups et les hurlements, toujours les mêmes, de leurs convoyeurs, et s`en vont à pied par la forêt du Harz. Quarante kilomètres plus loin, parvenus à Goslar, ils embarquent dans d’autres wagons, mais fermés ceux-là. A Magdeburg, quelques jours après, ils mangent à la sauvette des pissenlits et de la rhubarbe et repartent, le 14 avril, pour Ravensbrück, sans autre nourriture.

Tout près de là, dans le voisinage d`un lac, à Meuselwitz, ils creusent des fossés antichars qui ressemblent plutôt à des fosses communes, et pourraient être leurs propres tombes…

 «Si dix mille femmes russes tombent d’épuisement en creusant une tranchée antichars, cela ne m’intéresse que tant que la tranchée n’est pas terminée. ››. (Himmler).

27 avril. Départ sur les routes, vers Karow, en direction de Lübeck, sur la mer Baltique. Les S.S. jalonnent le parcours. A bout portant ils n’hésitent pas à occire ceux qui ne peuvent plus suivre la cadence ou essaient de fausser compagnie.

Évasion

Le premier mai, en plein jour, à cinq ou six kilomètres de l’étape, le Pont-l`Abbiste et ses amis de Corrèze, de Martigues, quittent brusquement la file et s’élancent dans le petit chemin qui mène à un bois, d`autres à leur suite, dont René Guillemin, dit « Fillette››, et Georges Guérin, tous deux d’Epernay. Un des fuyards tombe, foudroyé par une balle. Ils se retrouvent à neuf. Une jeune polonaise se joint à eux. Plus loin, un travailleur luxembourgeois, requis par le S.T.O., fournit des vêtements civils, un béret pour couvrir les crânes tondus, et leur souhaite bonne chance. Ils enterrent aussitôt leurs loques de bagnards.

La nuit du 2 mai se passe encore dans la forêt, entre les deux lignes du front qui se rapprochent de plus en plus. Des .obus tranchent des arbres autour d`eux. C`est un terrible duel d`artillerie par-dessus leurs têtes. La jeune fille, tremblante de frayeur, hurle:
– « Mamma! Mamma! ››.
Il y a des Allemands dans la prairie proche. Les évadés la bâillonnent et la ligotent pour qu’elle n’attire pas leur attention.

Mais quel est ce bruit de charroi dans le matin? Des Boches ou des Ruskis? Yves, le plus jeune, va voir, en éclaireur. Il saute un petit ruisseau et en profite pour boire de l`eau fraîche. Un gros tank s’avance. Un soviétique! Il court annoncer la nouvelle. Sauvés! La Polonaise sert d`interprète. On fraternise. La route de Karow est libre.

A la gare, un wagon plombé intrigue tout le monde. Personne n’ose y toucher. Un Parisien, qui traîne dans le secteur, se décide à l’ouvrir. Il regorge de tabac ! 0n s°approvisionne sur le tas, à foison. La vie recommence à être belle…

Dans la cour d’une ferme, au bord de la voie ferrée, sur le tas de fumier, un homme est mort. Les voisins racontent que, Hitlérien effréné, il avait anéanti sa famille sous le portrait du Führer dans la maison, avant de se suicider. Des prisonniers en cavale l’auraient jeté là.

Et les dix vagabonds s’installent dans une grange vide. Le 8 mai, Un char s’immobilise devant, en panne. C’est l’occasion de faire plus ample connaissance avec l’Armée rouge. On mange en commun, on boit un verre de vodka qui met cigales en tête, on chante en chœur «les bateliers de la Volga…
Les Russes avisent alors un tombereau tire par une jument noire, et rempli de réfugiés allemands errant à leur tour, vieillards, femmes, enfants affolés, emportant de misérables objets et leurs plus chers souvenirs. Ils le débarrassent des passagers et des ballots, pour offrir ce rustique moyen de transport aux Français qui parviennent ainsi, le lendemain, au Camp de Mestlin. Et le 10, le triage effectué, on se sépare à Crivitz…
_.- « Tovarich »
_.. « Camarade! ››
A Schwéring, cheminant, les trois amis échangent le cheval et la voiture de charge contre des bonbons au miel et des cigarettes. Les Américains se chargent dès lors de leur rapatriement, d’un camp à l°autre : Aguenove et Lunebourg, le soir du 15 mai. Yves peut partir en avion, mais il n ‘y a pas de place pour son copain, Jean Bastié. Il ne le lâche pas.

16 mai: Sulingen. 17: Rheine. 19: Bocholt. 20: Belburg-Haus. Ils traversent la Belgique dans un train aux banquettes de bois. Le luxe ! La population leur réserve partout un accueil fantastique. A Valenciennes, ils reçoivent cinq mille francs chacun, une douche et un costume qui ne tient pas compte de leur taille. Les plus malins en auront plusieurs, en se présentant plusieurs fois au bureau de la distribution…

Dans le compartiment, Yves a connu une jeune fille juive, Flore Namiès, qui rentre d’Auschwitz. Il lui soumet le problème : il doit se rendre chez son oncle, 31 rue Saint-Sabin, dans le 11° arrondissement de Paris où il n’a jamais mis les pieds. Ils arrivent le 23 à l’Hôtel Lutétia et elle lui indique le chemin :
– «Pas difficile. Tu prends le métro et descends à Bréguet-Sabin, boulevard Richard-le-Noir, la première station après la Bastille… ››.
Le trafic n`est pas rétabli sur toute la ligne. Le métro ne s’arrête pas à la station indiquée. A la suivante, il suit le lot des voyageurs et, sur le quai, se trouve désemparé. On lui dit de prendre la rame en face. Sans plus de façon, comme à la gare de chez lui, il se met en devoir de franchir la voie, avec, sous le bras, le colis de la Croix-Rouge qu`il vient de percevoir. Le malheureux! Les rails sont électrifiés. Deux poignes solides le retiennent à temps.
Il retourne à l’hôtel. Laure y est encore. Il lui explique que son «truc ›› n’a pas marché! Elle l’accompagne cette fois. De la Bastille, on est tout de suite rue de la Roquette où la demoiselle habite. Elle lui indique le reste du chemin : qu’il remonte le boulevard! La deuxième rue… Il y est! Mais il n’y a plus de numéros sur les maisons. Alors, le 31’? Il arpente le trottoir, son colis toujours sous le bras Quand son oncle, le frère de sa mère, sort d’un immeuble ! L’apparition. Le bonheur !
Dans les escaliers qui montent à son appartement, tonton Charles crie :
– « Jean ! Viens voir ! Yffic ! Yffic est là ! »
Sur le palier. son frère Jean.lui saute au cou et le serre, fort, très fort contre sa poitrine.

Ils reviendront à Quimper le 25…

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Merci à Gabrielle, son épouse, et à Régine, leur fille, pour les documents qu’elles nous ont fourni.


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Dans le Travailleur bigouden n°139, le journal du PC bigouden de Juillet 1990, un hommage à Yves Bernard

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Nota : Dans son livre Les armes de l’espoir « Les Français à Buchenwald et à Dora » Pierre Durand évoque les expériences « médicales » (page 154) et pourquoi les « marches de la mort » (page 207)