DE BORTOLI Aline
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024
Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :
Née le 15 juillet 1908 à Bréhand (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), morte le 21 avril 2004 à Lesconil (Finistère) ; aide-soignante ; militante communiste, résistante FTPF, vice-présidence de l’ANACR du Finistère ; femme de fusillé
Source : http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2020/05/1920-2020-100-ans-d-engagements-communistes-en-finistere-107/aline-de-bortoli-1908-2004.html
Née le 15 juillet 1908 à Bréhand (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), morte le 21 avril 2004 à Lesconil (Finistère) ; aide-soignante ; militante communiste, résistante FTPF, vice-présidence de l’ANACR du Finistère ; femme de fusillé.
Aline Morin naquit à Bréhand (Côtes-du-Nord), petit village situé entre Moncontour et Lamballe, de parents agriculteurs, Pierre Morin et Marie Glâtre. Le couple avait six enfants dont deux moururent en bas âge. Ses parents louaient leurs bras, lui tantôt pour tenir une petite ferme, tantôt comme cantonnier, ouvrier agricole ou docker au déchargement du charbon au port du Légué à Saint-Brieuc Sa mère se rendait souvent à Paris comme employée de maison.
En 1925, à dix-sept ans, pour aider ses parents à construire leur petite maison, Aline Morin monta à Paris rejoindre sa sœur Marie. Elles travaillaient toutes les deux dans les hôtels, les restaurants, les cliniques. En deux ans, la maison fut payée intégralement. Quatre ans après son arrivée dans la capitale, elle fit la connaissance de Carlo de Bortoli fils de paysans pauvres ayant cinq frères et sœurs. Il était venu à Paris à quinze ans avec son père Angelo, militant socialiste antifasciste italien, conseiller municipal "bousculé" et menacé par ses collègues car il ne saluait pas le portrait de Mussolini à la fin du Conseil municipal, emprisonné sous Mussolini pour ses idées, fuyant le régime fasciste et la misère pour faire vivre la famille restée au pays. Ils se marièrent le 23 mai 1931 à Paris VIIIe arr. et eurent deux enfants : Sonia le 8 décembre 1934 à Saint-Brieuc, et Edgard le 7 juillet 1938 à Brest. Le couple s’était installé en Bretagne, en septembre 1935 à Brest où Carlo travaillait comme artisan mosaïste-carreleur,
Ils militèrent dans de nombreuses organisations : l’Union Populaire Italienne, la Ligue des Droits de l’Homme, le Parti Communiste Français, le Secours Populaire Français, la CGT, la Ligue Antifasciste, le Comité Mondial pour la Paix, le Soutien de l’Enfance.
Elle entre au PCF en octobre 1939 alors qu'il vient d'être interdit par le gouvernement Daladier après avoir commencé à militer dans la solidarité avec l'Espagne Républicaine de 1936 à 1939.
Le 6 septembre 1939, Carlo tenta de s’engager dans l’Armée Française mais il fut refusé car il avait conservé sa nationalité italienne. Il liquida alors sa petite entreprise, redevint ouvrier pour être plus libre de ses mouvements.
Après la guerre éclair de mai-juin 1940, Aline et son mari entrèrent dans la Résistance. Leurs premières actions furent d’ empêcher les militants de rejoindre l’Angleterre, puis, plus tard, de convaincre les hommes de ne pas partir travailler en Allemagne.
Aline commença sa propagande de résistance par une distribution de tracts du PCF en juillet 1940, tract dénonçant la trahison du gouvernement Pétain à Vichy et la collusion du vieux maréchal avec l'occupant allemand et ses chefs nazis.
Aline De Bortoli se fit embaucher à l’Arsenal de Brest et Carlo à l’École navale, pour faire des sabotages. Aline animait des groupes de femmes, organisait des manifestations devant la mairie pour réclamer du pain, du beurre, de la viande pour les enfants, distribuait des tracts, parfois avec sa fille, à la sortie des cinéma, tracts dénonçant la collaboration. Elle hébergeait des responsables de la Résistance, dont Robert Ballanger, inter-régional du PCF pour la Bretagne, et Alain Le Lay, responsable régional quelques mois pour le Finistère, mort en déportation à Auschwitz, et assurait d’importantes liaisons entre les groupes FTP. Les réunions de femmes étaient de plus en plus réprimées
Carlo De Bortoli fut arrêté dans la rue le soir du 28 avril 1942, avec trois camarades alors qu’il portait une valise pleine de papier blanc pour imprimer les tracts du 1er mai. Carlo fut condamné à mort par un tribunal allemand sur les témoignages de policiers français, pour faits de Résistance et pour propagande communiste. Aline essaya de le faire évader, en vain. Le 22 août 1942, il a été fusillé au stand de tir place Balard, puis enterré au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine, dans le Carré des Fusillés.
Aline De Bortoli resta trois ans sans nouvelles de son mari, elle n’apprit son exécution qu’à la Libération.
Dans un premier temps, après l'arrestation de Carlo de Bortoli, Aline dût chercher du travail et en trouva à l'arsenal, près de la prison allemande de Pontaniou où était détenu son mari. Elle effectua là des sabotages de camions allemands par des coupures de pneus notamment. Elle tenta de faire évader son époux, et, selon Eugène Kerbaul, manquera de peu d'y réussir. Charles restera emprisonné à Pontaniou du 15 mai au 1er juillet 1942... (1918-1945, 1640 militants du Finistère, Dictionnaire biographique de militants ouvriers du Finistère élargi à des combattants de mouvements populaires de Résistance - Eugène Kerbaul)
Elle continua la lutte sous le pseudonyme de "Térésa" prénom de sa belle-mère et devint responsable du "Comité des Femmes Patriotes" de Brest, alors composé exclusivement de femmes communistes qui en avaient pris l'initiative. Elle continue sur ces périodes, jusqu'au 9 février 1943, d'importantes liaisons PCF-FTP, mais, devant la menace d’être arrêtée, elle se réfugia chez sa marraine, dans son village natal de Bréhand, en février 1943. La police allemande la recherchait à Saint-Brieuc, où vivait sa mère.
Elle y resta jusqu’en octobre 1945, travaillant dans les fermes pour vivre, poursuivant son activité comme agent de liaison entre les maquis FTP (Bréhal et Montoncour), leur fournissant des renseignements sur l’ennemi, du ravitaillement, des vêtements, diffusant tracts et journaux du PCF, du Front National de Libéation, et des FTP à la population. Son rôle était aussi d’aller chercher à pied et de raccompagner des résistants à la gare de Lamballe, à sept kilomètres et de nuit, et d’organiser des réunions clandestines de la Résistance.
A la Libération, Aline de Bortoli a le grade de adjudant F.T.P.
Précision de son fils EDGARD "Aline, comme beaucoup de Résistantes, n'a pas eu d'attribution de grade à la Libération ! Tu peux donc supprimer la ligne disant qu'elle a eu le grade d'adjudant."
De retour à Brest, elle retrouva son appartement, intact malgré les ravages dus aux bombardements alliés sur la ville. Aline vécut de petits emplois jusqu’à ce qu’elle entre à l’hôpital Ponchelet de Brest comme employée d’abord puis ensuite comme aide-soignante. Elle fit le choix de ne pas se remarier pour se consacrer à ses enfants et ses activités militantes. En 1946, elle fit la connaissance de ses beaux-parents.
Elle devint responsable de l’Association Nationale des Familles de Fusillés et Massacrés de la Résistance pour le Finistère, à l’Union des Femmes Françaises, milita activement au syndicat CGT des Hospitaliers et à l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance – ANACR – dont elle était encore Vice-présidente jusqu’à son décès. Elle était « combattant volontaire de la Résistance ».
En 1950, elle s’installa à Lesconil où elle fit construire une petite maison, pour sa retraite et sa famille.
Son dernier combat, elle le mena pour le maintien du nom de Jean Moulin au fronton du Lycée Professionnel de Plouhinec.
Précision de son fils EDGARD "Le jour de ses obsèques, le 24 avril 2004, elle reçut les hommages de Jean-Louis La Pape Président de l'ANACR du Pays Bigouden à Lesconil et de Raphael GUILLOU Président d'Honneur de l'ANACR29 à Brest. Leurs deux noms, Carlo et Aline, 62 ans après l'exécution de Carlo, sont maintenant réunis au cimetière Kerfautras de Brest, carré 44"
Sources:
Maitron - Article de Annie Pennetier Pour citer cet article :https://maitron.fr/spip.php?article206871, notice DE BORTOLI Aline, née MORIN par Annie Pennetier, version mise en ligne le 8 octobre 2018, dernière modification le 10 octobre 2018. SOURCES : Louis le Pape : ancien maire de Plobannalec-Lesconil, Président du Comité Bigouden le l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance, ANACR, texte d’hommage auquel cette notice doit beaucoup . — Témoignage de son fils Edgard De Bortoli, 2018.
Eugène Kerbaul 1918-1945, 1640 militants du Finistère, Dictionnaire biographique de militants ouvriers du Finistère élargi à des combattants de mouvements populaires de Résistance
DE BORTOLI Aline
Naissance : 15 juillet 1908 - Bréhand (22)
Nom de jeune fille : MORIN
Famille : DE BORTOLI Carlo
Année d’entrée en résistance ou F.F.I. : 1941
Résistance : F.T.P, P.C.F, F.N
Pseudonyme(s) : Thérèse
Secteur(s) d’action : Brest / Côtes-du-Nord
Décès : 21 avril 2004 - Quimper
Aline Marie Françoise Morin monte à Paris avec sa sœur Marie pour travailler dans les années 1920. Elle y rencontre Carlo De Bortoli quatre ans après son arrivée et l’épouse le 23 mai 1931 à Paris (8e arr). Quelques années plus tard, la famille s’installe à Saint-Brieuc où naît leur fille Sonia en 1934. Toujours plus à l’ouest, on retrouve les De Bortoli à Brest en 1935. Ils s’installent à Lambézellec au 48 rue Jean Jaurès. En 1938, leur fils Edgard voit le jour et peu après la famille s’installe définitivement au 47 rue François Rivière. En octobre 1939, elle adhère au Parti Communiste Français (P.C.F) qui se reforme dans la clandestinité. Au lendemain de l’entrée des allemands à Brest, le 20 juin 1940, plusieurs réunions du P.C.F sont organisées à Brest. Carlo et Aline De Bortoli assistent à celle de chez les Goasguen, en présence de Raymonde Vadaine et Jules Lesven. Tous sont partants pour continuer le militantisme clandestin pour le parti. À partir de décembre 1940, Aline participe d’ailleurs à la diffusion de la propagande.
Au début de l’année 1941, son époux intègre l’Organisation Spéciale (O.S) qui s’implante à Brest, avec entre autres, la mission de ralentir la machine de guerre allemande. Aline De Bortoli l’épaule comme elle peut et le seconde dans ses relations avec les autres militants résistants. Aline accueille pour les réunions, ravitaille et héberge également des résistants, notamment Henri Moreau, Jeanne Goasguen, Robert Ballanger et son épouse. Aline De Bortoli participe également à la collecte de fonds pour le comité du Secours populaire clandestin à partir de sa création en août 1941. Elle envoie aussi des colis aux internés pour améliorer leur quotidien. En décembre 1941, à la suite de deux réunions de réorganisation du parti, Aline De Bortoli prend la responsabilité d’une organisation des femmes communistes. Elle est aidée dans cette tâche par Marie Miry.
Elle participe à l’organisation de la manifestation des femmes le 28 avril 1942 devant l’annexe de la mairie, pour réclamer plus de pain, de pommes de terre et de charbon. Ce premier attroupement est dispersé par la police vers 10 heures. Un second rassemblement se forme, plus dense, place Guérin. Les organisatrices veulent amener en cortège ces ménagères devant la mairie annexe mais la police intervient de nouveau.
Au soir de cette manifestation, Aline De Bortoli apprend que Carlo a été arrêté alors qu’il se rendait chez Henri Moreau avec Yves Prigent, Charles Cadiou et Mathurin Le Gof pour une réunion du parti. Dans la fourlée une perquisition est menée à leurs domiciles, Aline De Bortoli assiste impuissante à la mise sans dessus-dessous de son logement. Une quinzaine de jours plus tard, les militants-résistants sont jugés à Brest, Carlo De Bortoli est condamné à mort. Malgré cela, Aline ne perd pas espoir de parvenir à le faire évader. Apprenant qu’un service allemand embauche des femmes pour effectuer des travaux ménagers, elle s’y présente et parvient à être prise. Elle parvient à s’approcher pour coordonner son évasion mais au 1er juillet 1942, Carlo est déplacé à la prison de Quimper, ruinant le plan d’évasion.
Carlo De Bortoli est fusillé le 22 août 1942 à Paris, laissant son épouse veuve à 34 ans avec la charge de deux enfants. Elle recevra quelques jours plus tard une lettre postée par un inconnu, contenant une feuille de papier chiffonnée au crayon par son mari et jeté par lui, comme il l’indique, du camion qui l’emmenait au champ de tir.
Pour venger la mort de son époux, elle organise le sabotage des pneus de camions stationnés dans l’arsenal, où elle a trouvé du travail. En janvier 1943 la situation est plus que précaire pour les militants-résistants du parti communiste de Brest. Pourchassés massivement depuis octobre 1942, des mesures de sauvegarde sont prises par Denise Ginollin. Elle décide de faire passer dans les Côtes-du-Nord un certain nombre de militantes trop menacées à Brest. Marie Miry, Simone Bastien partent immédiatement, Aline De Bortoli les suit en mars 1942. Sur place, elle trouve refuge auprès de madame Le Roux au Bourg de Bréhand, sa commune natale.
Elle y poursuit ses activités clandestines, notamment la collecte de fonds pour le comité local du Secours populaire. Plus tard, elle récupèrera des vêtements et des vivres à destination des maquisards. Aline De Bortoli sert aussi d’agent de liaison pour les Francs-tireurs et partisans (F.T.P) de la région de Bréhand. Au début de l’année 1944, elle prend un appartement dans la commune voisine de Moncontour où elle peut héberger de nouveau des résistants dans le besoin. L’agente de liaison Yvonne Corcuff logera chez elle de janvier à juin 1944. Cette dernière lui confie régulièrement de nouveaux tracts à distribuer, particulièrement à Saint-Brieuc et dans les environs. En mai et juin 1944, Aline effectue de nuit en bicyclette, des liaisons pour la Résistance.
Après la Libération, elle regagne Brest et cherche du travail. Après des petits emplois, elle est embauchée à l’hôpital Ponchelet, comme employée d’abord puis ensuite comme aide-soignante. Aline De Bortoli resta veuve et poursuivit le militantisme au sein de plusieurs associations et mouvements. Elle fut responsable de l’Association Nationale des Familles de Fusillés et Massacrés de la Résistance pour le Finistère et vice-présidente de l’A.N.A.C.R 29. En 1950, elle s’installa à Lesconil où elle fit construire une petite maison, pour sa retraite et sa famille.
Publiée le mardi 6 avril 2021, par Edgard De Bortoli, Gildas Priol, mise à jour mardi 27 avril 2021
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