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CLAQUIN MARCEL

Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024


Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :
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Corps franc Marceau-Quimper du Bataillon La Tour d Auvergne
Compagnie Albert Abalain du Pont de Buis- bataillon
René Caro de Braspart


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Obsèques Marcel CLAQUIN
Intervention de Patrick JARRY, Maire de Nanterre.10.03.2020


Mesdames, Messieurs, Cher(e)s ami(e)s,
Cher Yves, chère famille Claquin,

C’est avec beaucoup de tristesse que nous sommes aujourd’hui réunis pour rendre un dernier hommage à notre ami Marcel CLAQUIN.

Je tenais, au nom du Conseil municipal de Nanterre, à saluer et honorer la mémoire de Marcel, et à exprimer notre profonde émotion suite à sa disparition, à l’âge de 96 ans, survenue le 1er mars dernier.

Nanterre a eu la chance de compter durant plusieurs décennies Marcel parmi ses habitants, depuis 1947 précisément, lorsque sa future épouse Yvette l’amena de sa Bretagne natale, pour rentrer au PTT de Nanterre.

Son engagement syndical à la CGT marquera La Poste de Nanterre, et nous nous souvenons de l’engagement social fort de Marcel, de sa préoccupation pour ses camarades et la défense permanente des droits du travail.

Se souvenir de Marcel, c’est bien sûr se remémorer son investissement actif en faveur du Sport à Nanterre. Avec ses amis, Marcel s’est fortement impliqué dans l’Entente Sportive de Nanterre, dont il occupera le poste de Trésorier durant de nombreuses années.
Nanterre peut remercier Marcel pour cette rigueur et toutes ces actions menées, car nous voyons bien aujourd’hui que ce travail d’hier a porté ses fruits, avec l’ampleur sportive que notre ville connait.

Et, bien que c’est avec modestie et humilité que Marcel relatait son parcours et son engagement dans la Résistance, il nous faut rappeler haut et fort son glorieux passé.
Quand beaucoup ont fait le choix de fermer les yeux, de se taire, voire de collaborer, d’autres, à l’image de Marcel, ont bravé l’ordre établi, et ont refusé l’inacceptable.
A l’âge de 16 ans quand la Seconde guerre mondiale éclate, Marcel s’engage au sein des Francs-tireurs et Partisans. Durant toutes ces années de guerre, Marcel s’occupe de récupérer des armes, participe à des attaques contre les services collaborateurs de Vichy et les troupes allemandes, voit ses camarades tombés, risque sa vie pour défendre ses idéaux de Liberté, de Fraternité.

A l’heure où les témoins directs de l’Histoire nous quittent, nous devons transmettre, rappeler, honorer ces partisans et héros de l’ombre.
Comme Aragon nous le disait, « Que les enfants sachent qui vous étiez ».

C’est pourquoi nous avions souhaité raconter le parcours de Marcel dans un portrait dans Nanterre-info, en mai 2019, pour porter à la connaissance de tous, son engagement, ses faits d’armes et sa bravoure.
Tous ensemble réunis, rappelons et souvenons-nous de Marcel.

Cher Yves, chère famille Claquin, je tiens encore une fois à vous adresser, au nom du Conseil municipal et en mon nom personnel, toutes nos sincères condoléances, nos affectueuses et amicales pensées, et à vous témoigner de la fierté de Nanterre et de ses habitants d’avoir pu compter Marcel en son sein.

Je vous remercie



Obsèques Marcel CLAQUIN

Texte de son fils Yves CLAQUIN

MARCEL CLAQUIN-1923 2020 -96 ans

UNE PAGE SE TOURNE

Ah, Dieu que la guerre est jolie. (Apollinaire)

La pire et la meilleure des choses puisqu’elle a permis la rencontre de mes parents qui se marièrent ici même, dans cette église, le 11 septembre 1947.

Nanterre, la quête du bonheur, où mon père a eu une vie exemplaire.

Né dans une famille bretonne où le sens du devoir envers l’Etat était une règle et un art de vivre, il a connu très tôt les souffrances liées à la dureté des temps.

La mort d’un jeune frère, Joseph, faute de médecin en témoigne.

Les mutations successives de ses parents employés à la SNCF lui auront fait effectuer un tour de la Bretagne en compagnie de son frère Hervé.

Sa mère, au début employée chez Bolloré, son père, ouvrier monté à Paris construire le métro et revenu au pays après la guerre de 14, gazé et blessé dans sa chair et son esprit, mais esprit bonhomme.

Sa mère, ma grand-mère, femme de devoir et de caractère qui ira plus tard jusqu’à faire de la prison pour ne pas dénoncer son fils Marcel, maquisard.

Ils se retrouvent unis et employés tous les deux à la SNCF au tournant des années vingt.

Les enfants effectuent leur scolarité sur les villes de Concarneau et Quimperlé.

Marcel croisera des enseignants qui le marqueront, tel Pierre GUEGUIN, son professeur de mathématiques, par ailleurs maire communiste de Concarneau qui, plus tard, sera fusillé comme otage par les allemands à Châteaubriant, le 22 octobre 1941.

Les temps sont durs, une fois son diplôme obtenu, il démarre une vie professionnelle en 1941 aux Assurances sociales à Quimper, à 18 ans.

A cette occasion, il côtoie des responsables professionnels, mais aussi par ailleurs, responsables de la résistance française.

Comme eux, d’instinct autant que par choix, il décidera de laver l’honneur de la France souillé par la collaboration pétainiste et de lutter les armes à la main contre l’occupant nazi et les collaborateurs.

Il s’engagera successivement dans le mouvement Libération Nord et ensuite dans les FTP.

Là aussi ses amis de classe, voisins et collègues formeront un noyau indéfectible qui perdurera jusqu’à leur mort.

  • Henri SAVINA – Groupe Surcouf FFI Plouhinec.
  • Jean YEZOU .FTP Pont-de-Buis,
  • Fanch GLOAGUEN de Douarnenez ;
  • Et son ami Marcel BIZIEN, pilote de char de la 2ème DB, mort à Paris place de la Concorde lors de la libération de Paris. Une plaque à l’angle de la rue de Rivoli en témoigne, immortalisé dans « Paris brûle-t-il ? »par Yves Montand.


Que d’épreuves pour un jeune homme de 20 ans ! il s’engagera ensuite dans l’armée et rencontrera sa femme, Yvette, lors d’un cantonnement dans le Berry, à Argenton-sur-Creuse où, elle-même, en zone dite libre – empêchera que son père soit fusillé par Vichy.

Dès lors, leur route sera commune et inséparable.

Il envisageait sûrement une carrière militaire puisqu’il était admissible à Saint-Cyr, il fut néanmoins recalé. Déjà la guerre froide se rappelait à lui. Ce fut une blessure secrète toute sa vie.

Aussi décida-t-il aussitôt après la fin de son contrat d’engagement de trouver un emploi. Ce fut La Poste où il suivit ma mère déjà employée, elle aussi à La Poste de Nanterre. Le rôle de ma mère fut fondamental à ses côtés.

Ces deux-là ne se quitteraient plus, elle, amoureuse des livres, lui, sportif, champion de Bretagne d’athlétisme et footballeur émérite.

Dès lors, il s’engagea dans le mouvement sportif nanterrien, à l’ESN, à l’Office Municipal des Sports.

Parallèlement, il eut des responsabilités syndicales à la CGT, ce qui n’accéléra pas, pour le moins, sa carrière. Il était un ardent défenseur du Service Public.

Mais je crois bien que ce n’était pas l’essentiel à ses yeux.

Pour ma mère et mon père, l’essentiel était d’accueillir leurs nouveaux jeunes collègues et de les former au métier, c’étaient des passeurs de mémoire et de travail.

Homme de principes inculqués par une éducation laïque et républicaine, il se mit au service des autres et occupa toute sa place dans la cité, en l’occurrence Nanterre.

Il avait le cœur à gauche, ce qui me semble normal et naturel au moins physiologiquement. Il participa à l’essor de l’ESN comme responsable pendant 25 ans. Il côtoya également l’USN, le Rayon de Nanterre, le Cvn,la JSFN et une certaine joie de vivre émanait de ces activités, aussi bien lors des fêtes dans le parc des anciennes mairies, à la salle de la Coopérative aujourd hui Maison de la Musique, au cinéma de la Boule.

Il créa l’ASPTT Nanterre (football).

C’étaient les années 60.

Aussi celles de la guerre d’Algérie.

Nanterre y prit sa part, mon père n’hésitait jamais, dans le cadre de ses activités professionnelles, à se rendre volontairement dans les bidonvilles, ce qui ne devait pas rassurer ma mère, ni ses collègues !

Ils me tenirent à l’écart de ces événements.

C’est à la même époque, tradition oblige, que mes parents rencontrèrent les prêtres ouvriers (les pères Daniel, Crespel, Hattinguais) de la Chapelle Sainte Catherine, dans le quartier des Pâquerettes.

Là aussi, les cultures se mélangèrent. Je me souviens que le jour de ma communion, le père Daniel « piégea » mon père en lui faisant lire les textes de l’Evangile, ce qu’il accepta.

Mon père était membre de la Croix-Rouge, de la Protection Civile, secouriste, membre des donneurs de sang bénévoles aux PTT, volontaire pour les plasmaphérèses, opérations lourdes et longues de transfusion sanguine nécessaires pour les premières opérations à cœur ouvert. Une première technique à l’époque.

Encore des temps héroïques.

Toujours connaissant le prix de la vie et de la mort, il eut à cœur d’améliorer, de sauver la vie des autres.

Démineur dans la « poche de Lorient «  à la fin de la guerre, il avait pu, là aussi, voir combien une vie pouvait cesser brutalement lors d’un malencontreux contact avec une mine, l’horreur de la condition humaine.

Il connaissait la barbarie, ses camarades blessés, torturés et fusillés, déportés, il ne les oubliera jamais et fit en sorte de contribuer au bien-être de ses collègues, des malades, des accidentés de la route et de la vie..

Mes parents se marièrent donc ici même, le 11 septembre 1947. Je peux dire qu’ils étaient fusionnels, ils bâtirent leur vie ici à Nanterre et m’inculquèrent l’amour des livres, du sport, l’engagement au service des autres, passant au-dessus des haines et des rancœurs passées et douloureuses en visitant l’Europe pour croire en des jours meilleurs, en visitant les camps de concentration du Struthof et Dachau, Oradour sur Glane et Argenton sur Creuse, ville natale de ma mère, où 67 otages furent fusillés par la Division Das REICH.

Je pense que le traumatisme de tous ces actes barbares a été indélébile pour tous les deux.

Une fois retraités, mes parents quittèrent Nanterre pour Quimper en Bretagne où ils accueillaient leurs deux petites filles.

Ils y poursuivirent leurs activités culturelles, syndicales, sportives et associatives et rencontrèrent les sportifs nanterriens de l’ESN et de la JSFN.

Mon père y retrouva ses compagnons de jeunesse et de combat, particulièrement au sein des amicales d’anciens combattants ici présentes.

Après le décès de ma mère, mon père revint à Nanterre, pendant sept ans, il retrouva ses amis restés nanterriens, retraités des PTT ou sportifs comme Vincent Pascucci, avec lequel il avait partagé les responsabilités à l’ESN, Fernand Legras, Gérard Bonnot, Jean Gabrielli, Didier Lovera, Raymond Orand, Gérard Perreau, et bien d’autres.

Ce rappel du passé peut paraître lourd mais il est essentiel de défendre ce pourquoi certains de nos aînés sont allés jusqu’à donner leur vie.

Pour que nous-mêmes bénéficiions de droits humains fondamentaux qui sont encore le ciment de nos vies aujourd’hui.

C’était un homme généreux, respecté et respectueux, animé d’une autorité naturelle et bienveillante.

AMOUR DE LA PATRIE, PAIX ET JUSTICE SOCIALE

CE FUT SA BELLE VIE !

Obsèques Marcel CLAQUIN

Homélie ANACR UNC

Marcel était le dernier des grands Résistants sur Nanterre, à ce titre nous souhaitons lui rendre hommage en résumant les actions auxquelles il a participé au sein des réseaux de sa bretagne natale.

Libération nord du corps franc Marceau à Quimper alors qu’il était employé aux assurances sociales.

Vol de revolvers au commissariat de quimper.

Réfractaire au STO lui-même il passe dans la clandestinité et retrouve la campagne et débute dans le maquis FTP au bataillon René Caro dans la compagnie Albert Abalain à Pont de buis.

6 août 1944 attaque d’un convoi allemand.

Sabotage de la voie ferrée Quimper Brest, déraillements de trains, incendie de wagons pour affaiblir les allemands.

Récupération et remise en état d’armes, transport de munitions, distribution de tracts clandestins jusqu’à la reddition des allemands de la presqu’ile de Crozon.

Puis il intègre l’armée à la 81 compagnie de marche du Génie comme démineur où il participe à la libération de la bretagne.

Prépare St Cyr échoue car on lui pose des questions hors programme, il démissionne aussitôt de l’armée.

Il a été confronté aux trahisons, tortures, prise d’otages et assassinat de ceux-ci par les allemands. C’était des souvenirs pénibles pour lui

Il fut ensuite un homme de témoignage, présent chaque année aux cérémonies du 8 mai à Nanterre jusqu'en1982 puis en bretagne à Quimper jusqu’au milieu des années 2000
 
En bretagne participe aux cérémonies commémoratives sur les lieux de faits d’armes dans le département du Finistère
 
Avec le noyau dur de ses copains des maquis ou de l’armée, soutien, entraide aux copains et camarades handicapés, malades 

Visite avec sa famille des champs de bataille de la guerre 14 18, visite des plages de débarquement en Normandie, visite du camp de concentration du Struthof en Alsace, du camp de Dachau en Allemagne, du village martyr d'Oradour sur Glane 
 
Je finirai par ses paroles « Ma plus grande fierté, ce n’est pas d’avoir la Médaille de la Résistance, mais de m’être lié d’amitié avec des Allemands après la guerre. Nos deux pays ont su tourner la page pour vivre en paix. C’est notre plus grand mérite ».


Ci dessous, document de M Yves CLAQUIN :

photo collège de Quimperlé (EPS de Quimperlé à l'époque) 1941/1942

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Ci dessous : cliquez sur le dossier pour le télécharger.

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