PRIMAS Jean-Louis
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024
Dernière lettre de Jean-Louis Primas à ses parents
FRESNES, le 31 août 1943
À mes très chers Parents,
Pour prendre connaissance de cette lettre, je vous demande d’être courageux comme je l’ai été moi-même en écoutant le verdict et comme je le suis toujours. J’ai fait une demande de recours en grâce et je m’en remets à la clémence du Général de qui dépend maintenant mon sort. Je conserve un faible espoir, mais, comme dit le proverbe « TANT QU’IL YA DE LA VIE, IL Y A DE L’ESPOIR ». Sachez que s’il faut mourir je saurai mourir en Français.
J’ai droit aux visites ; si vous voulez me voir adressez-vous : 11 Bis, rue Boissy d’Anglas près de la Place de la Concorde, Chambre 52 - Affaire V/161/43. La confirmation du jugement aura lieu dans une quinzaine de jours. Je n’ai pas de nouvelles, ni de colis de vous depuis le 29 juin, ce qui m’inquiète beaucoup, car vous êtes encore très mal placés par rapport aux bombardements.
Expédiez-moi un colis Croix Rouge Française, BD. Raspail - PARIS 7ème pour Monsieur PRIMAS Prison de Fresnes 3ème Div. C. 485.
Bien le bonjour à toute la famille, des milliers de baisers à ma petite Raymonde que j’ai tant aimée.
Rendez moi réponse immédiatement.
À toi, ma Vieille Maman, à toi Papa, je demande de prendre courage, ayez de la volonté. J’ai aimé beaucoup ma patrie.
À Eugénie, Radegonde, Eugène, Jean Marie et sa famille beaucoup de baisers.
COURAGE ET VOLONTÉ.
Votre Fils, Frère et Oncle.
Heures des visites : tous les jours de 9 à 12 h. et de 14 à 16 h.
PS. J’ai 3 colis à la porte, mais je ne sais pas encore d’où ils viennent. Merci beaucoup. Il y a 1 de NANTES, 1 de Merlevenez et 1 de je ne sais d’où.
FRESNES, le 31 août 1943
À mes très chers Parents,
Pour prendre connaissance de cette lettre, je vous demande d’être courageux comme je l’ai été moi-même en écoutant le verdict et comme je le suis toujours. J’ai fait une demande de recours en grâce et je m’en remets à la clémence du Général de qui dépend maintenant mon sort. Je conserve un faible espoir, mais, comme dit le proverbe « TANT QU’IL YA DE LA VIE, IL Y A DE L’ESPOIR ». Sachez que s’il faut mourir je saurai mourir en Français.
J’ai droit aux visites ; si vous voulez me voir adressez-vous : 11 Bis, rue Boissy d’Anglas près de la Place de la Concorde, Chambre 52 - Affaire V/161/43. La confirmation du jugement aura lieu dans une quinzaine de jours. Je n’ai pas de nouvelles, ni de colis de vous depuis le 29 juin, ce qui m’inquiète beaucoup, car vous êtes encore très mal placés par rapport aux bombardements.
Expédiez-moi un colis Croix Rouge Française, BD. Raspail - PARIS 7ème pour Monsieur PRIMAS Prison de Fresnes 3ème Div. C. 485.
Bien le bonjour à toute la famille, des milliers de baisers à ma petite Raymonde que j’ai tant aimée.
Rendez moi réponse immédiatement.
À toi, ma Vieille Maman, à toi Papa, je demande de prendre courage, ayez de la volonté. J’ai aimé beaucoup ma patrie.
À Eugénie, Radegonde, Eugène, Jean Marie et sa famille beaucoup de baisers.
COURAGE ET VOLONTÉ.
Votre Fils, Frère et Oncle.
Heures des visites : tous les jours de 9 à 12 h. et de 14 à 16 h.
PS. J’ai 3 colis à la porte, mais je ne sais pas encore d’où ils viennent. Merci beaucoup. Il y a 1 de NANTES, 1 de Merlevenez et 1 de je ne sais d’où.
SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 137 193 (Notes Thomas Pouty). — SHD, Vincennes, GR 16 P 491423. — Arch. Dép., Morbihan, 1840 W 9, fonds ONACVG-56, . — Arch. Mun. Quimper, fonds Alain Le Grand, 22 J 218. — DBMOF. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur-éditeur, Mayenne, 1978. — Roger Faligot et Rémi Kauffer, Service B , Fayard, 1985. — Informations, photographie et dernière lettre communiquées par Christian Larnicol, membre du comité Histoire et Patrimoine de Lanester. — État civil, Lanester (acte de naissance).
Né le 17 octobre 1911 à Lanester (Morbihan), fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien (Suresnes, Seine, Hauts-de-Seine) ; employé de commerce ; résistant communiste ; Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France ; FTPF-FFI.
Jean-Louis Primas était le fils de Jean Julien Primas, ouvrier au port, et de Jeanne Marie Le Bras, ménagère, domiciliés aux Chantiers, commune de Lanester. Son nom a été initialement enregistré par erreur sous l’orthographe « Prima » à l’état-civil de Lanester (Morbihan), erreur rectifiée en 2012 par décision du Procureur de la République de Lorient.
Jean-Louis Primas exerçait la profession de garçon épicier. Militant communiste à Lorient, il avait combattu en Espagne dans les rangs des Brigades internationales. Sous l’Occupation, il participa dans la clandestinité à l’implantation à Lanester de l’Organisation spéciale du Parti communiste, puis avec Albert Le Bail à celle du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Il conduisit avec lui de nombreux sabotages pendant l’année 1942.
Malgré l’arrestation le 13 juillet 1942 d’Albert Le Bail (mort en déportation), il continua d’organiser des opérations de sabotage. Au cours de la nuit du 9 au 10 septembre 1942, il effectua trois attentats, contre la permanence du Francisme 11, place d’Alsace-Lorraine, contre celle de la Légion tricolore 18, rue du maréchal Foch et, pour venger ses camarades arrêtés en juillet, contre le commissariat spécial 3, rue de Verdun. Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1942 il fit sauter avec Louis Le Bail, fils d’Albert Le Bail, le poste de sectionnement électrique de Belane en Lanester, ce qui priva de courant Port-Louis, Hennebont et les Forges de Lochrist une bonne partie de la journée du 21.
Le 26 septembre 1942, trois hommes attaquèrent à main armée le bureau de poste de Lanester. L’un d’eux, Raymond Hervé, fut arrêté et sous les coups des policiers révéla les noms d’Eugène Le Bris et de Raymond Douarin qui dès le lendemain fut identifié comme étant Jean-Louis Primas. Ce dernier se réfugia avec Louis Le Bail dans le Nord-Finistère.
Sans doute dénoncé par un agent double, Jean-Louis Primas a été arrêté par la police française (SPAC) le 20 janvier 1943 à Doulon près de Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Son camarade Louis Le Bail a été arrêté le même jour à Brest.
Roger Leroux précise que Primas fit l’objet de 57 inculpations dont 47 pour attaques à main armée. Il fut condamné à mort le 28 août 1943 avec 18 autres inculpés par le tribunal du Gross Paris réuni rue Boisy d’Anglas. Détenu à Nantes puis à la prison du Château à Brest, et à Rennes, il fut transféré à Fresnes et fusillé au Mont-Valérien le 17 septembre 1943.
Selon Charlotte Jampy – sœur d’Yves Giloux exécuté en même temps que Jean-Louis Primas – qui a pu rencontrer l’aumônier de la prison de Fresnes, « On les a prévenus à midi qu’ils seraient fusillés à 4 heures [...] Ils sont morts courageusement. [...] Ils sont tombés en chantant, et en se tenant par la main ».
Inhumé dans le cimetière d’Ivry, le corps de Jean-Louis Primas a été exhumé après la guerre et ré-inhumé dans une sépulture familiale du cimetière du Corpont à Lanester.
Il a obtenu la mention « Mort pour la France » et a été homologué FFI avec le grade d’adjudant-chef. Le titre d’Interné-résistant lui a été attribué à titre posthume, ainsi que le titre de Combattant volontaire de la Résistance en 1953. La Médaille de la Résistance lui a été décerné par décret du 28 avril 1959, publié au JO du 14 mai 1959.
En 2007, son nom orthographié « Prima » a été ajouté à la liste officielle des fusillés du Mont-Valérien.
Dans le Finistère, le nom de Jean-Louis Primas est inscrit sur le monument commémoratif érigé dans le square Georges Melou à Brest en mémoire des dix-neuf FTP fusillés au Mont-Valérien le 17 septembre 1943.
Dans le Morbihan, à Lanester, où une rue « Jean-Louis Primas » a été inaugurée en 1952, son nom figure sous l’orthographe « Prima » sur la liste « 1943 » du monument aux morts communal.
Voir aussi : Albert Abalain, Lucien Argouach, Louis Departout, Yves Giloux, Eugène Lafleur, Louis Le Bail, Paul Le Gent, Louis Le Guen, Paul Monot, Henri Moreau, Jean Quintric, Albert Rannou, Albert Rolland, Étienne Rolland, Joseph Ropars, Charles Villemin ou Vuillemin.
Ci dessous : Liste des condamnés à mort PRIMAS LE BAIL etc…
Source des documents suivants : Dossier FTPF 1946 carton 12
Ci dessous : cliquez sur le dossier pour le télécharger.
Jean-Louis Primas, dit « le Lorientais », né le 17 octobre 19111 à Lanester (Morbihan), garçon épicier, militant du PCF, résistant FTP, ancien combattant des Brigades internationales, fusillé le 7 septembre 1943 au Mont-Valérien.
Biographie
Il est l'un des créateurs du Front national à Lanester avec Albert Le Bail, ouvrier chauffagiste, militant syndical, militant du PCF. Il est syndicaliste à la CGTU dans le Morbihan1.
Il est l'un des créateurs des FTP dont le commandant en chef est Charles Tillon1.
Au printemps 1942, des actions de plus en plus nombreuses visent les occupants et les collaborateurs. Dès février, c'est une cuve à mazout qui est incendiée au Priatec à Lorient. Les sources d’énergie électrique et les lignes électriques sont des cibles privilégiées; de mars à juin sautent transformateurs, répartiteurs et pylônes, par exemple au Rest-Scouhel, à Caudan. Le groupe de Jean-Louis Primas s'en prend aussi en septembre aux locaux des mouvements collaborationnistes Francisme et Légion tricolore (nouvelle appellation de la LVF) et aux renseignements généraux à Lorient. Au mois d'août 1942, Jean-Louis Primas est envoyé à Brest pour abattre un policier collaborateur qui a arrêté un résistant qui vient d'être condamné à mort. Le policier est blessé de trois balles2.
Il fera l'objet de 47 motifs d'inculpation. Une équipe spéciale de la police vichyste de Brest avait juré de le tuer à coups de nerf-de-bœuf.
Il est arrêté à Nantes par 9 policiers français armés, il est amené à Doullans et est atrocement torturé. Interné à Fresnes (94). Condamné à mort par le conseil de guerre allemand de Paris pour 57 chefs d'accusation. Il est fusillé dans la clairière du fort du Mont-Valérien à Suresnes le 17 septembre 1943 avec 18 autres militants ayant comme lui appartenu à l'organisation communiste clandestine brestoise1.