BRULL-ULMANN Colette
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024
Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :
Colette MOSNIER
Bureau central de renseignements et d'action
(service d’espionnage créé par de Gaulle)
Colette Brull-Ulmann, à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), le 26 janvier 2018.
MARION KREMP/LE PARISIEN/MAXPPP
La résistante Colette Brull-Ulmann est morte
Interne en médecine en 1941, elle participa, avec d’autres soignants, au sauvetage de nombreux enfants juifs de l’hôpital Rothschild, à Paris. Contrainte de quitter l’établissement, elle continua son combat dans la clandestinité. Elle est morte le 22 mai, à l’âge de 101 ans.
Par Benoît Hopquin
Publié hier à 17h18
Temps de Lecture 3 min.
Colette Brull-Ulmann, qui est morte le 22 mai, à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), à l’âge de 101 ans, a longtemps tu un lourd épisode de sa vie. Pendant l’Occupation, elle participa au sauvetage des enfants juifs de l’hôpital Rothschild, à Paris. Mais les visages de la quinzaine d’enfants qu’elle n’avait pu arracher à la déportation, comme la petite Danielle et sa sœur Céline, occultaient le souvenir des dizaines de miraculés qui lui devaient d’avoir survécu. « Je voulais oublier ce que j’avais vu », se justifiait-elle.
Il a fallu attendre le déclin de sa vie pour que, vieille dame au regard de gamine, le corps appuyé sur une canne mais la parole agile, bondissante, elle se livre enfin à Jean-Christophe Portes dans un documentaire diffusé en 2015 (Les Enfants juifs sauvés de l’hôpital Rothschild, avec Rémi Bénichou) puis dans un livre paru en 2017 (Les Enfants du dernier salut, City Edition). Si elle s’était décidée sur le tard à raconter cet épisode, disait-elle, c’était moins pour se glorifier que pour honorer la mémoire de celles et ceux qui avaient œuvré avec elle et s’étaient éclipsés avec leur secret.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Simone Veil raconte Auschwitz-Birkenau : « La cheminée des crématoires fumait sans cesse »
En 1940, Colette Brull a 20 ans et est étudiante en médecine à Paris. Les premières lois antisémites l’empêchent de poursuivre son cursus : la profession est désormais interdite aux juifs. Il est une exception, l’hôpital Rothschild, dans le 12e arrondissement, qui est encore à cette époque une institution privée. Colette y devient interne à la fin de 1941 et doit bientôt, comme une partie du personnel de l’établissement, coudre une étoile jaune sur sa blouse blanche.
Un réseau et des complices
Au moment des premières rafles, une partie des lits est réquisitionnée par l’administration pour accueillir les malades en provenance de Drancy. Les prisonniers, des hommes adultes au début, y sont soignés avant d’être renvoyés vers le camp de transit…SUITE SUR LE JOURNAL LE MONDE
Avant-propos
Ce livre n'est pas un ouvrage d'historien.
Il est le récit d'une vie sur la base de mes souvenirs, très anciens.
Certains détails ont pu s'émousser avec le temps, mais l'essentiel est là : j'ai voulu raconter les miens, ce que j'ai vu, et surtout rendre hommage à la personnalité extraordinaire de Claire Heyman, moi, une petite main de son réseau, au nom de tous ceux qu'elle a sauvés.
]'ai voulu qu'on puisse se souvenir d'elle, que l'on sache ce qu'elle a fait, parce qu'elle a pris tous les risques pour l'essentiel : tendre la main aux enfants et les aimer.
Décembre 1942
Je n'ai qu'à fermer les yeux pour tout revoir.
Paris est plongé dans la nuit - pas seulement Paris, mais le monde entier, plongé dans la haine et dans la destruction. En tout cas, les passants sont peu nombreux à cette heure, et c'est tant mieux. Moins je croise de monde, moins je risque d'être repérée. ['ai décousu l'étoile sur mon manteau, pris les faux papiers qui me désignent sous le nom de Colette Mosnier, prétendument bretonne et catholique. Si je suis arrêtée, cela aggravera mon cas (et de beaucoup), mais je n'ai pas d'autre choix. Mieux vaut ne pas y penser.
Le cœur déjà battant, je descends la rue Santerre, longeant un mur qui forme le côté d'un grand quadrilatère. Derrière, on devine les toits de hauts bâtiments en brique. Une petite cour pavée s'ouvre plus loin, qui donne sur un porche d'entrée.
L'hôpital Rothschild.
Dans leur loge, un genre de loge de concierge, les deux flics de service me regardent passer. L'hôpital est gardé jour et nuit. À force, on se connaît tous. Un petit salut de la main. S'ils savaient que je suis venue sans mon étoile, et avec des faux papiers ! S'ils savaient que je ne vais pas ressortir par cette issue, l'issue officielle qu'ils surveillent, mais par la porte de la morgue ...
S'ils savaient ce que je suis venue faire ...
Je leur souris, profitant de la pénombre pour dissimuler ma poitrine sous l'écharpe, puis je m'éloigne, mes pas résonnant bruyamment sous le porche.
Mon cœur s'est accéléré, car je ne me fais aucune illusion : s'ils me surprennent, ils m'arrêteront. Ils me confieront certainement à d'autres policiers bien moins conciliants, peut-être même à la Gestapo, et je serai frappée pour qu'on me force à dire ce que je sais. Et même si j'en sais peu (car je ne suis qu'une petite main du réseau, une petite interne de vingt-deux ans), je parlerai sans doute. Je sais comment ils traitent leurs prisonniers : à l'hôpital, j'ai soigné un résistant passé dans les mains de la Gestapo. Il était couvert de bleus et d'ecchymoses, à moitié mort.
Colette Brull-Ulmann née le 18 avril 1920 à Paris est une pédiatre française résistante qui durant la Seconde Guerre mondiale travaille à l'Hôpital Rothschild de Paris et participe au sauvetage de nombreux enfants juifs.
Colette Brull est née le 18 avril 1920 à Paris dans une famille juive 1 non pratiquante. En 1940, alors étudiante en médecine elle ne peut pas devenir interne du fait des lois antisémites du régime de Vichy (octobre 1940). Le seul hôpital où les médecins juifs ont le droit d’exercer est l'hôpital Rothschild de Paris dans le 12e arrondissement qu'elle intègre en 1941.
À partir de juillet 1942, Collette Brull participe activement à la Résistance et au sauvetage des enfants juifs hospitalisés l'hôpital Rothschild, sous les ordres de Claire Heyman, assistante sociale de l'hôpital et organisatrice du réseau d'évasion des enfants. Claire Heyman a pour assistante adjointe Maria Errazuriz2.
Elle est interne à l'hôpital Rothschild jusqu'à la fin de l'année 19432,3,4 qu'elle quitte après avoir été repérée par un soldat allemand. Elle s'engage ensuite au Bureau central de renseignements et d'action aux côtés de son père.
En 2017, elle publie Les enfants du dernier salut avec Jean-Christophe Portes5
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bureau_central_de_renseignements_et_d%27action
Par Laure Parny et Sylvain Deleuze
Le 25 mai 2021 à 20h17
Elle n’a jamais cherché à vanter ses actes de bravoure. Pourtant c’est une grande dame de Nogent qui vient de s’éteindre, à l’âge de 101 ans. La résistante Colette Brull-Ulmann, qui avait sauvé de nombreux enfants juifs, à l’hôpital Rothschild à Paris, est décédée à Bry-sur-Marne, le 22 mai dernier.
Malgré les hommages qu’elles méritaient, Colette Brull-Ulmann avait tardé à témoigner. Elle retenait davantage la liste des quelques enfants qu’elle n’avait pu sauver de la déportation que celle bien plus longue des petits qui eurent la vie sauve grâce aux risques qu’elle a pris au sein du « réseau de l’hôpital Rothschild » .
En 2018, elle acceptait finalement de participer à un film consacré à ces soignants qui ont permis de sauver de l’horreur des camps des centaines d’enfants juifs. Puis Colette Brull-Ulmann témoignait dans l’émouvant livre « Les Enfants du dernier salut »,* coécrit avec le journaliste et romancier Jean-Christophe Portes.
A 97 ans, alors réfugiée dans le calme de son appartement nogentais, elle confiait au Parisien « Ce n’est qu’après la libération qu’on a parlé de réseau. Moi c’est Claire Heymann, une assistante sociale, qui, un jour est venue me voir et m’a demandé si je voulais bien passer des enfants ».
« Une grande dame »
En 1942, Colette est étudiante en médecine et entre comme interne à l’hôpital Rothschild, le seul où les juifs ont encore le droit d’exercer. Après la rafle du Vel-d’Hiv’en juillet, il deviendra un hôpital moitié libre, moitié concentrationnaire. « C’est à partir de ce moment, lorsque l’on a su l’horreur indescriptible du sort qu’on leur réservait, qu’on a essayé de garder les enfants ». Jamais, Colette n’a cherché à retrouver les enfants qu’elle a sauvés. Plus tard, elle sera enrôlée par son père, héros de 14, revenu de Drancy et déjà rentré en résistance. La jeune femme d’alors 22 ans appartenait en fait au BCRA (bureau central de renseignement et d’action), le service d’espionnage créé par de Gaulle.
La Résistante, aux yeux lumineux et au ton toujours vif, s’était installée à Nogent en 1985, après avoir menée sa carrière de pédiatre en Seine-Saint-Denis. «C’est une grande dame » , salue Jacques JP Martin, le maire LR de Nogent. « Une personnalité à la fois attachante et particulièrement influente au plan culturel dans la ville, se remémore celui qui l’avait rencontré à de nombreuses reprises. Je l’ai toujours appréciée pour sa lucidité et son envie de ne pas tomber dans les affres du grand âge. Elle faisait partie des personnalités importantes de la vallée de la Marne. »