CORDIER Daniel
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Cordier
https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/daniel-cordier
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/11/20/l-ancien-resistant-daniel-cordier-secretaire-de-jean-moulin-pendant-la-seconde-guerre-mondiale-est-mort_6060549_3382.html
Daniel Cordier, sur les traces de Jean Moulin en Cornouaille
André Cariou, ancien conservateur et directeur du Musée des beaux-arts de Quimper. (Photo d’archives Le Télégramme/Antoine Irrien)
Un hommage national sera rendu, ce jeudi, à Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin. André Cariou, ancien conservateur du Musée des beaux-arts de Quimper, avait aidé le Compagnon de la Libération à défendre la mémoire de son mentor.
Jean Moulin (1899-1943) a été sous-Préfet de Châteaulin de janvier 1930 à février 1933. Daniel Cordier (1920-2020) considérait-il ces trois années comme importantes ?
Laure, la sœur de Jean Moulin, en avait beaucoup parlé. Elle avait évoqué ses contacts avec Max Jacob, Saint-Pol-Roux, sa passion pour Tristan Corbière… Quand elle est décédée, elle a légué les archives familiales en les scindant en trois : Une partie pour la Bibliothèque nationale de France, une autre pour le Musée des beaux-arts de Béziers, ville natale de Jean Moulin, et une troisième pour le Musée des beaux-arts de Quimper. Daniel Cordier savait tout cela.
Pourquoi Daniel Cordier s’est-il lancé dans une biographie de Jean Moulin ?
Il ne m’en a rien dit mais plusieurs ouvrages avaient écorné l’image de Jean Moulin. Il y a sans doute ce besoin de rétablir la vérité… Dans les années 1980, il prend alors du recul avec son métier de galeriste et se lance dans des recherches. Son idée, me dira-t-il, est de ne pas se suffire du contexte et d’aller sur le terrain. Il se déplace pour voir les ruines du manoir de Saint-Pol-Roux, à Camaret, il compulse les archives départementales du Finistère et l’important fonds Jean Moulin du Musée des beaux-arts de Quimper. C’est dans ce contexte que je le rencontre. Je lui ai communiqué tout ce que je savais.
Jean MOULIN (1899-1943), « Armor : La rapsode foraine (le calvaire) », vers 1930, eau-forte, Musée des beaux-arts de Quimper. (©Musée des beaux-arts de Quimper)
Cela l’a-t-il aidé ?
Oui. Daniel Cordier a mieux compris le personnage. Il avait beau être son secrétaire, il n’avait jamais su qui était Jean Moulin, ce qu’il avait fait avant, sa vie personnelle… Ce n’est qu’après la guerre qu’il a appris tout ça. Le seul aspect qu’il percevait, c’était sa connaissance artistique. Il avait été sidéré que ce personnage ne soit pas seulement qu’un politique et un militaire, mais aussi un homme très cultivé.
C’est au cours de ses années bretonnes que Jean Moulin devient, vraiment, à la fois artiste et épris d’art ?
Oui. C’est au contact de Max Jacob qu’il a pris cette profondeur, cette compréhension du développement de l’art moderne. Il se lance dans l’illustration des poèmes de Tristan Corbière, il lit Anatole Le Braz, il peint, il dessine également beaucoup, et toutes ses œuvres sont signées Romanin. Jean Moulin estimait que quand on est haut fonctionnaire, mieux vaut ne pas être perçu comme artiste.
Jean MOULIN (1899-1943), « Armor : La rapsode foraine (Le Cabaret) », vers 1930, eau-forte, Musée des beaux-arts de Quimper. (©Musée des beaux-arts de Quimper)
Ces années ont-elles été cruciales pour forger la personnalité de ce grand homme ? Transparaissait-elle déjà dans ses actes de sous-préfet ?
Nous étions au début des années 1930. À l’époque, on inaugurait des monuments en souvenir de la guerre 14-18, avant d’assister à des banquets… Devant des parterres d’anciens combattants, de gueules cassées, Jean Moulin, qui avait pour mentor Charles Daniellou, maire de Locronan, avait le courage de dire qu’il fallait arriver à la Société Des Nations. Il défendait la politique d’Aristide Briand… Le jeune homme qu’on pressent un peu frivole acquiert une maturité. Pour devenir un résistant si solide à 40 ans, il faut une grande personnalité. Elle se forge au cours de ces années.
André Cariou revient sur le parcours de Jean Moulin en Cornouaille dans l’ouvrage « Jean Moulin - Les années bretonnes », qui vient de paraître aux éditions Locus Solus. 25 €
ANACR Comité de LANNION Côtes d'Armor
Bonjour,
Suite au décès de Daniel Cordier, mise à jour du site du comité de Lannion ANACR.
http://infos.service.free.fr/anacrlannion/mise%20a%20jour.php
Amicalement.
Bonne journée.
Serge TILLY administrateur du site.
page d'accueil du site
http://infos.service.free.fr/anacrlannion/index.php
Ci dessus Daniel CORDIER à PARIS en 1945
Source ORDRE DE LA LIBERATION
HOMMAGE A DANIEL CORDIER
C’est avec une profonde émotion et une grande tristesse que nous avons appris la disparition ce 20 novembre de Daniel Cordier, qui fut le secrétaire de Jean Moulin de juillet 1942 à son arrestation le 21 juin 1943, et auquel «Max» accorda toute sa confiance, sur lequel il s’appuya dans cette période cruciale pour la Résistance que fut celle de la mise en place, non sans difficultés, d’un Conseil National de la Résistance, dont la première réunion – à la préparation et sécurisation de laquelle il prit physiquement part – se tint le 27 mai 1943.
Daniel Cordier, ce fut, jusqu’à ses derniers jours, l’homme de la fidélité à la mémoire de Jean Moulin, dont il devint, en historien rigoureux, le narrateur magistral de la vie et de l’action, en en restituant les valeurs qui l’habitèrent et le motivèrent, le rôle majeur qui fut le sien.
Daniel Cordier, ce fut aussi le symbole de cette diversité des raisons d’engagement qui conduisirent des femmes et des hommes, des jeunes et des bien moins jeunes, venus d’horizons philosophiques et de milieux sociologiques différents, à entrer en résistance, à rejoindre la Résistance. Laquelle, au fil des mois et des années, des débuts de l’Occupation à la Libération, fit, et pour sa vie entière, du jeune maurrassien de droite extrême qu’il était en 1940 un Républicain défenseur des valeurs de solidarité, d’humanisme et de démocratie qu’exprima dans la clandestinité, dès le 15 mars 1944, le Programme du Conseil National de la Résistance.
Une grande voix de la Résistance s’est éteinte ce 20 novembre, mais son écho, porté par ses nombreux livres, ses centaines d’entretiens écrits et audiovisuels, continuera longtemps d’être audible. L’ANACR, qui s’incline avec respect devant la mémoire de Daniel Cordier, s’en fera le relais vers les jeunes générations.
Le Bureau National de l’ANACR
Photo : Daniel Cordier à Bescat en 1932. Daniel Cordier / Ordre de la Libération
Source LE MONDE : https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/11/20/l-ancien-resistant-daniel-cordier-secretaire-de-jean-moulin-pendant-la-seconde-guerre-mondiale-est-mort_6060549_3382.html
L’ancien résistant
Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin pendant la seconde guerre mondiale, est mort
Par Philippe-Jean Catinchi
Publié aujourd’hui à 16h09, mis à jour à 17h39 le 20 11 2020
Nécrologie
L’un des deux derniers compagnons de la Libération, qui fut par la suite un marchand d’art reconnu, est vendredi mort à l’âge de 100 ans, selon plusieurs sources officielles.
Daniel Cordier, grand résistant, ancien secrétaire de Jean Moulin, est mort, vendredi 20 novembre à Cannes, à l’âge de 100 ans, a appris Le Monde de plusieurs sources officielles. Il naît Bouyjou-Gauthier à Bordeaux le 10 août 1920 au sein d’une famille de négociants aisés (les Bouyjou, lignée paternelle et les Gauthier lignée maternelle). Il a 4 ans quand sa mère divorce et 6 quand elle se remarie avec Charles Cordier (il adoptera le patronyme de son beau-père, qu’à l’adolescence il admire « sans limites », pour des raisons de « commodité orthographique », dira-t-il lors de son engagement à Londres en 1940).
De ces ascendants, il hérite un étonnant cocktail d’influences : le culte napoléonien d’un aïeul, la « tentation d’une anarchie esthétique » d’une grand-mère américaine, les « sortilèges de l’élégance » de sa mère et « la tolérance et les voluptés de la musique classique » de son père, enfin la passion des automobiles et du fanatisme politique que lui inculque le second époux de sa mère. Gazé à Verdun, royaliste et antisémite, l’homme a une influence déterminante sur le jeune Daniel. Ce dernier fonde le Cercle Charles-Maurras à Bordeaux, vend à la criée L’Action française et milite contre la République que ses détracteurs n’appellent que « la gueuse ».
Placé très jeune dans un pensionnat dirigé par des dominicains, le jeune homme y découvre tout à la fois l’austérité et la rigueur de la morale catholique et, plus intimes, les tourments d’une sensualité qui le porte vers ses condisciples. Les Confessions, d’Augustin d’Hippone concurrencent donc la découverte du Cahier gris, de Roger Martin du Gard où l’amitié entre adolescents est « chaste mais excessive » et celle de L’Immoraliste de Gide. Un dilemme dont, nonagénaire, Cordier livrera le bouleversant aveu dans Les Feux de Saint-Elme (Gallimard, 2014).
Impatient de se battre
Mais l’adolescent, sur le terrain politique, n’est pas travaillé par le doute. Lui qui fut camelot du roi à 14 ans ne doute pas que le Front populaire a scellé la faillite de la France. Dès que la guerre éclate, il attend avec impatience de se battre pour sauver, en patriote, l’honneur de la France. Si la débâcle de mai 1940, conforme aux sombres prophéties de Maurras, ne le surprend pas, alors qu’il attend à Bayonne son ordre de mobilisation, la demande d’armistice de Pétain, le 17 juin, le scandalise. Il y voit une insupportable trahison de l’idéal patriotique. Et bien que son idole, théoricien du nationalisme intégral, se rallie au maréchal désormais aux commandes, Cordier, lui, choisit de combattre.
Avec une quinzaine de camarades, il embarque le 21 juin à bord d’un cargo belge, le Léopold-II, qui devait rallier l’Algérie. Finalement, le bateau cingle vers le Royaume-Uni. Débarqués au sud des Cornouailles à Falmouth le 25 juin, les jeunes gens s’engagent à Londres le 28 dans la « Légion française », embryon des Forces françaises libres. Là, Cordier – il vient d’adopter ce patronyme – découvre effaré que certains des patriotes qui partagent son choix sont socialistes ou communistes.
Il fait la connaissance de Raymond Aron et de Stéphane Hessel, nouant d’indéfectibles amitiés, et plus tard de Georges Bidault, farouche adversaire de Maurras, dont il reconnaît l’« esprit brillant ». Il amorce une radicale révision de ses convictions politiques, hormis l’antisémitisme, malgré Aron et Hessel, puisque la lecture du pamphlet de Lucien Rebatet Les Décombres, quelques jours seulement après la rafle du Vél’d’Hiv « éblouit » Cordier.
Passé par les camps d’entraînement, où les échanges avec les autres volontaires sont autant d’électrochocs pour celui dont les réflexes d’extrême droite peinent à s’estomper jusqu’à la lettre de rupture qu’il adresse à Maurras le 2 décembre 1941 (« comment pouvez-vous continuer à vivre après cette trahison ? »), Cordier intègre le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) que dirige le colonel Passy. Il y suit une formation intense pour agir sur le terrain car il ne rêve que de « tuer du Boche ». D’où sa déception lorsqu’il est parachuté près de Montluçon le 25 juillet 1942 pour servir d’assistance radio à Georges Bidault, chef du bureau d’information et de presse (BIP), agence de presse clandestine.
Fidélité à sa mission
Mais dès le 30 juillet, à Lyon, il rencontre celui que de Gaulle a chargé d’unifier les mouvements de résistance intérieure. Venu pour lui remettre des documents, Cordier découvre une personnalité simple, directe, souriante qui l’invite aussitôt à dîner et le teste. Le jeune homme se livre sans fard. Cette franchise plaît et « Rex », alias Jean Moulin, recrute aussitôt comme secrétaire cet homme de 21 ans aux origines et aux convictions premières si diamétralement opposées aux siennes. Sans doute discerne-t-il immédiatement l’idéalisme de Cordier, son dévouement et sa fidélité à sa mission.
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Durant plus de dix mois, ils vont travailler ensemble à la mission capitale fixée par Londres. Collaborateur inestimable par sa rigueur et son dévouement, Cordier, qui a choisi « Alain » comme identité de clandestinité en référence au philosophe, seconde le « patron », pour mettre sur pied un état-major clandestin, sans moyen et quasiment sans personnel au départ. Patiemment, il gère courrier et liaison radio, étoffant tant à Lyon qu’à Paris l’équipe pour sa plus grande efficacité, attribuant les subsides quand Moulin est absent. Ce qui ne lui vaut pas que des amis.
Témoin privilégié de la naissance du Conseil national de la Résistance (CNR) comme des luttes âpres qui l’ont freinée, Cordier connaît si bien le fonctionnement de la Résistance et les liens, plus ou moins délicats, qu’entretiennent entre eux les différents courants, qu’il est indispensable. Et malgré l’hostilité de beaucoup qui s’affiche dès l’arrestation de Jean Moulin à Caluire en juin 1943 (Pierre Brossolette le déclare « nul et imprudent » et exige son rappel), Cordier reste en place et poursuit auprès de Claude Bouchinet-Serreulles, successeur par intérim de Jean Moulin, sa mission en zone Nord comme secrétaire de la Délégation générale de France.En danger dès qu’il apprend que la Gestapo a sa photo et peut l’identifier, il demande à être relevé. En mars 1944, il entend rejoindre Londres via Marseille, puis l’Espagne.
Mais il est arrêté par les franquistes et interné à Pampelune, puis au camp de Miranda de Ebro, dans la province de Burgos. Quand il parvient à rejoindre Londres à la mi-mai, nommé chef de la section des parachutages d’agents du BCRA, il se prépare à la confrontation physique à l’ennemi qui était son premier vœu en 1940. Mais il doit patienter, manque le Débarquement, comme le parachutage sur les zones de combat et ne regagne la France qu’en bateau, par Le Havre, pour rejoindre Paris début octobre.
En novembre, il devient compagnon de la Libération par décret du général de Gaulle et retrouve le colonel Passy, promu à la tête des services secrets, qui le prend comme chef de cabinet. A la Direction générale des études et recherches (DGER), dont Jacques Soustelle prend la tête en novembre 1944, Cordier découvre le monde des espions et des agents secrets. Il est même envoyé en Espagne évaluer la solidité du régime de Franco pour de Gaulle. Un rapport qu’il conservera comme un trésor.
Mais ce milieu n’est pas pour lui. Pas plus que l’autocélébration des anciens résistants à l’heure du retour à la paix, qui fait en lui écho au discours des anciens combattants de la Grande Guerre et dont il ne se sent pas solidaire. De fait, il démissionne de son poste après le retrait politique du général de Gaulle en janvier 1946.
Une galerie à Paris
Un bref instant tenté par l’engagement politique – il se dit alors « presque communiste » –, il y renonce bientôt cependant pour se consacrer à l’art moderne que lui a fait découvrir et apprécier Jean Moulin, dont il a enfin percé l’identité sans masque.
Alors qu’il ignorait tout de la création contemporaine, il a appris au contact de Jean Moulin à se passionner pour ces aventures esthétiques qu’il rejetait jusqu’ici. Il faut dire que, pour déjouer les indiscrétions, Rex avait établi un code qui valait initiation : « Quand nous serons dans la rue, au restaurant ou dans n’importe quel endroit où nous risquons d’être entendus, je me mettrai à vous parler d’art pour que nous ne soyons suspectés. » D’où leurs échanges sur Cézanne et Renoir ou la découverte de Kandinsky…
Grâce à un héritage bienvenu – son père est mort en 1943 –, Daniel Cordier s’essaie à la peinture, en s’inscrivant à une école d’art privée, l’Académie de la Grande Chaumière ; achète sa première œuvre, une toile de Jean Dewasne, membre du comité fondateur du Salon des réalités nouvelles, temple de l’abstraction ; découvre l’œuvre de Nicolas de Staël dont il recherche et achète les toiles, et, collectionneur, se rêve déjà galeriste.
Ce rêve, il l’accomplit en ouvrant à Paris sa galerie, rue de Duras, en 1956. Adresse qu’il transfère trois ans plus tard rue de Miromesnil. Accompagnant un monde artistique en pleine révolution, il donne à André Breton carte blanche pour une nouvelle célébration surréaliste, dialogue avec le poète et écrivain Henri Michaux tout en devenant le marchand de Jean Dubuffet, premier théoricien de l’« art brut ».
Cordier impose le premier l’artiste yougoslave Dado et le peintre et écrivain Bernard Réquichot, ouvre des antennes à Francfort et à New York, se passionne pour les arts qui viennent d’ailleurs que d’Occident et finalement ferme boutique en 1964 quand il estime que l’essentiel se joue ailleurs et que Paris n’est plus qu’un foyer secondaire. Il poursuit toutefois son engagement de collectionneur et organise, grâce à un carnet d’adresses exceptionnel, de grandes expositions.
Sans doute serait-il resté un « homme ordinaire » comme il se définissait au lendemain de la Libération, quand il renonçait à capitaliser sur son épopée de résistant, mais le retour médiatique de l’Occupation dans les années 1970 en décida autrement.
Tout vient des propos d’Henri Frenay, fondateur du mouvement de résistance Combat, qui initia Moulin à la clandestinité. Dès 1973, dans La Nuit finira (éd. Robert Laffont), le grand résistant accuse le « patron » de Cordier d’incompétence et de mégalomanie. Moins de dix ans après l’entrée au Panthéon de Jean Moulin, la charge est sévère. Elle devient insupportable quand paraît, en 1977, L’Enigme Jean Moulin (éd. Robert Laffont) où Frenay insinue que Rex était en fait un agent communiste.
Historien reconnu
Quand les rumeurs et les calomnies salissent la figure de son « patron », Cordier s’indigne et sort de sa réserve. Pour Moulin. Convaincu que la mémoire des protagonistes n’est pas sûre, plus apte à recomposer le passé qu’à l’éclairer, il se lance à corps perdu dans une enquête où le témoignage oral est secondaire, suspect de brouiller le trait et de multiplier confusions et approximations. Venant d’un témoin de première force, la posture est singulière alors que la concurrence des mémoires partisanes fait rage. Il s’y tiendra, strictement, et très longtemps, au prix d’un travail digne d’un moine copiste, compilant, croisant, éprouvant chaque information, sans abdiquer sa démarche aussi radicale qu’austère.
En plusieurs volumes, parus entre 1983 et 1999 (L’Inconnu du Panthéon et La République des catacombes), tous centrés sur la figure de Jean Moulin, il définit un jalon historiographique essentiel de la Résistance. Si d’anciens camarades de lutte boudent ou critiquent, les historiens de métier, eux, sont impressionnés par cette œuvre, menée en solitaire par un témoin qui se défie du témoignage seulement humain.
Quand il se résout à écrire ses propres souvenirs (le premier volume, Alias Caracalla, paru en 2009), Daniel Cordier séduit même l’Académie Goncourt qui l’inscrit parmi les postulants aux lauriers d’automne, malgré la nature atypique de l’ouvrage.
Résolument, comme ses engagements politique et artistique, le legs de Daniel Cordier historien est aussi singulier qu’unique.
Daniel Cordier en quelques dates
10 août 1920 Naissance à Bordeaux
1940 Engagement dans la « Légion française » en Angleterre
1942-1943 Secrétaire de Jean Moulin
1944 Compagnon de la Libération
1946 Achète ses premières toiles (Jean Dewasne, Nicolas de Staël)
1956-1964 A la tête de sa propre galerie à Paris, il est actif en Europe comme aux Etats-Unis
1977 Henri Frenay accuse Jean Moulin d’avoir été « cryptocommuniste »
1983 Publie Jean Moulin et le Conseil national de la résistance (CNRS éd.)
1989 Don d’une partie de sa collection d’art (514 objets) à Beaubourg
1989-93 Jean Moulin - L’Inconnu du Panthéon (JCLattès, 3 vol.)
1999 Jean Moulin. La République des catacombes (Gallimard, « La suite des temps »)
2009 Alias Caracalla - Mémoires 1940-1943 (Gallimard, « Témoins »)
2013 De l’Histoire à l’histoire (Gallimard, « Témoins »)
2014 Les Feux de Saint-Elme (Gallimard)
20 novembre 2020 M
Source Facebook
Journée nationale de la Résistance le 27 mai 2018
Daniel Cordier vient de s'éteindre.
D'autres que nous dirons qui il fut, la singularité d'un parcours qui conduira un jeune homme qui avait Pétain en admiration, refusera sa trahison et deviendra pour combattre cette forfaiture le secrétaire de Jean Moulin, fondateur du Conseil National de la Résistance.
Les organisateurs de la Journée nationale de la Résistance ont eu le plaisir et la chance de l'accueillir le 27 mai 2018 lors de la cérémonie de la rue du Four.
Là où le Conseil National de la Résistance s'est réuni pour la première fois dans des conditions que Robert Chambeiron secrétaire général de l'organisation clandestine disait avec quelles difficultés et précautions elle dû être organisée et protégée pour avoir lieu.
Ce 27 mai 2018, déjà marqué par le poids des ans, il mit un point d'honneur à se lever durant le Chant des Partisans et, revigoré par la présence de jeunes de lycées et la chorale de CM2 des enfants du 13e, il passa debout un temps qui souciait fort les personnes qui l'accompagnait.
Ce qui ce jour a impressionné, c'est sa jubilation d'être avec les jeunes, lesquels, sérieux, prenant
garde à sa fragilité le questionnaient et lui leur répondant, expliquant.
Ces jeunes, d'ici quelques temps pourront, se rappelant de ce moment , mesurer le cheminement de sa réflexion. dans laquelle quelque part Il y a un peu de Mauriac, mâtinée à celle d'un d'Estienne d'Orves, irriguée de leur colère commune les conduisant au rejet de la défaite et de la trahison.
Cela va le mener, au contact de Jean Moulin, à faire une douloureuse réflexion interne, dans les pires conditions de la clandestinité pour devenir ce que l'Histoire, munie de ces clés, doit maintenant porter de sa mémoire.
Cela lui permettra d'abattre la plus grande partie de ses murs idéologiques et accepter les aspérités de ceux qui ne s’abattront pas mais seront non pas face à lui mais des points de convergences et d’appuis pour lutter contre la trahison et l'occupant pour le combat libérateur.
Un cheminement qui le conduira à d'autres engagements, indéfectiblement républicains parce que nés dans la lutte contre le fascisme, illuminés par la volonté de faire partager l'exigence culturelle comme
pilier de la démocratie.
Mieux que ce qui est dit ici, Il faut vite lire Daniel Cordier. Dans cette période, plus que tout protocole qui ne l'emballait pas, certainement un des meilleurs moyens de continuer son combat et de l'accompagner vers son éternité.
Le Comité Parisien de la Libération
Fort Montbarey, Mémorial des Finistériens
Un grand homme est parti, l'avant-dernier de ces braves. Une vie de courage et de témoignage. Une pensée sincère et respectueuse aussi pour monsieur Hubert Germain qui doit éprouver une solitude de Compagnon. https://www.facebook.com/930646890298618/posts/4150268558336419/
Ordre de la Libération
L’Ordre de la Libération a la grande tristesse de vous faire part de la disparition de monsieur Daniel CORDIER, Compagnon de la Libération, survenue le 20 novembre 2020 à Cannes (06400), à l’âge de 100 ans. Elevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur par le président de la République le
18 juin 2018, il était le chancelier d’honneur de l’Ordre de la Libération par décret présidentiel du 23
octobre 2017. Jeune étudiant, il est révolté par l’annonce de l’armistice et cherche à tout prix à poursuivre le combat. Il gagne Londres et s’engage dans les Forces françaises libres en juin 1940. Officier affecté au BCRA, les services secrets de la France libre, il est parachuté en France en juillet 1942. Jean Moulin le choisit alors comme secrétaire et il effectue une dangereuse mission de 18 mois dans la clandestinité. Après-
guerre, il devient peintre, marchand d’art et galeriste réputé. Il se lance ensuite dans la recherche historique et l’écriture d’une biographie monumentale de son ancien « patron », Jean Moulin. En octobre 2017, il est nommé chancelier d’honneur de l’Ordre de la Libération. Lire le communiqué de presse du Président de la République : t.ly/71tm
Gildas Priol
Pour ceux que ça intéresserait, lundi 23 novembre à 20H50, France 5 va diffuser la fiction (en deux parties) dédiée à Daniel Cordier, Compagnon de la Libération, secrétaire de Jean Moulin, décédé hier.