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SHAAD Herbert - une déposition -
affaire TOUBLANC


Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024

Kommando de Landerneau

À partir d'avril 1943, la Gestapo crée des unités d'action mobile, dirigées par le colonel Pulmer, spécialement destinées à lutter contre la résistance. Plusieurs Kommandos sont constitués en Bretagne à Vannes, Pontivy, Locminé, Brest, Quimper, Saint-Brieuc, le plus connu étant le Kommando de Landerneau (Kommando IC 343) constitué fin avril 1944 à Landerneau, connu aussi sous le nom de Kommando Schaad, du nom d'un de ses membres allemands Herbert Schaad*, même si c'était le lieutenant allemand Willy Krüger, chef de la Gestapo de Rennes, qui le dirigeait. On le dénomme aussi parfois SD de Landerneau.
*
Herbert Schaad fut jugé par le Tribunal Permanent des Forces Armées de Paris, du 26 au 28 novembre 1951, pour assassinats, meurtres, coups et blessures volontaires, pillages, incendies criminels, commis entre avril et août 1944 dans la région de Landerneau. Il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité et libéré le 26 juin 1954
Source : https://www.wikiwand.com/fr/Kommando_de_Landerneau

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Ej Sizun Auteur

Un autre témoignage sur le vol du bracelet-montre de la seule victime Roger JAFFRÈS qui a survécu à quatre balles, "Le Finistère dans la guerre, 1939-1945, tome II : La Libération", THOMAS G.-M., LEGRAND A. : 

Des combats de Pont-de-Buis à la tuerie de Quimerc'h et aux représailles de Daoulas.

La colonne vertement secouée à Pont-de-Buis arrive le même jour à Quimerc'h. Dans le café-boulangerie du bourg, tenu par Mr Alphonse LAMOULEN, se pressent une quinzaine de personnes, parmi lesquelles des réfugiés qui viennent de quitter Brest, et mangent un morceau avant de reprendre la route. [...]

C’est alors qu'un feldwebel aviné risque un œil dans le commerce et, furieux, fait sortir clients et tenancier.

Le seul survivant de la bande, un ouvrier brestois qui se rendait à Quimper, Roger JAFFRÈS conte ainsi la suite des événements. Nous fûmes aussitôt entourés et, au nombre de seize, dirigés, les mains en l'air, vers un mur auquel on nous adossa. Les Boches hurlaient plusieurs étaient ivres et tenaient encore à la main une bouteille de cognac.

Mes compagnons croyaient leur dernière heure arrivée, je ne m'effrayais pas outre mesure, pensant que les Boches voulaient s'amuser et faisaient cette mise en scène pour nous faire peur.

Nous étions là depuis quelques minutes, les mains en l'air, lorsqu'un soldat me mit en joue avec son fusil-mitrailleur. Il ne tira pas, mais j'avoue qu'à ce moment j'eus peur et tournai la tête pour ne pas voir l'arme.

Je n'avais pas repris ma position première que j'entendis plusieurs rafales de mitraillette : je crus ressentir une commotion électrique et j'eus l'impression que la terre s'ouvrait sous mes pieds comme pour m'engloutir. Je tombai la face au sol, mais sans perdre connaissance.

J'avais reçu deux balles l'une avait passé entre deux côtes, traversé le poumon gauche, légèrement au-dessus du cœur; et était sortie par l'omoplate ; la seconde avait pénétré dans l'aine droite et était ressortie par la fesse. Je m'affaiblissais rapidement mon sang coulait par quatre plaies. Cependant, malgré mes souffrances, j'eus la présence d'esprit de faire le mort.

Un soldat arracha un bracelet-montre de mon bras gauche. Je le laissai retomber inerte, comme si j'avais été sans vie. Je craignais d'être retourné car ces brutes achevaient ceux qui respiraient. Ils me crurent mort et ne me touchèrent plus.

Lorsque les Boches se furent éloignés, des femmes s'approchèrent des cadavres pour reconnaître un époux, un frère, ou un fiancé. Je levai la tête et appelai mon ami Auguste. Je vis qu'il portait au front une large tache bleuâtre provoquée sans doute par le coup de crosse qui l'avait achevé.

« Je réussis à me mettre sur le genou gauche, à la grande frayeur des assistants qui crurent voir un mort se dresser parmi les cadavres, Deux courageuses jeunes filles me transportèrent chez les parents de l'une d'elles, M. et Mme GOURMELEN. Ces braves gens me donnèrent des soins et me gardèrent chez eux, malgré le danger que ma présence constituait pour eux. Je n'oublierai jamais combien ils furent bon pour moi.

Le 13 août, des F F.I. me transportèrent à l'hôpital auxiliaire de Briec qui venait de s'ouvrir ». […]

Non loin de là, le 6 août, les Allemands, excédés des attaques qu'ils subissent, abattent quatre personnes à Saint-Ségal. [...]

Le 7 août, le détachement qui a sévi à Quimer'ch atteint Daoulas. Les soldats paraissent complètement exténués par leur marche forcée. Certains se couchent le long des murs pour dormir, d'autres, excités par l'alcool, mettent le feu à l'hôtel GABOU et abattent son propriétaire. Dans le même hôtel, et le même jour, Catherine DRECHLER est victime d'une grenade antichar.

La troupe se replie ensuite sur Loperhet, en même temps qu'un groupe venant d'Irvillac. En cours de route, ils sont harcelés par les F.F.I.



Ej Sizun Auteur

Ces éclaircissements amènent à retracer la fin de parcours du Kommando de Landerneau. A la mi-avril 1944 sur ordre du Corps d'Armée, chaque Division devait former un Kommando à la disposition des I.C. (service d'espionnage de la Division).

Composé d'une vingtaine de militaires allemands de la 343. Infanterie-Division (présente depuis novembre 1942 à fin août 1944 dans la région du Finistère-Nord comme force d'occupation et de défenses côtières). Le véritable but de ce groupe de choc spécialisé dans la lutte contre la Résistance est l'attaque des maquis. Il se livrera à de nombreuses opérations réussies menant à un grand nombre d'arrestations, bastonnades, chaises électriques, exécutions après torture, assassinats sans remords de civils, pillages, incendies de fermes servant de refuge à la Résistance...

Rattaché au S.D. de Brest, les moyens du Kommando étaient les mêmes que ceux de la Wehrmacht, ils se déplaçaient en voitures, étaient armés, et, pour des opérations de grande envergure, pouvait demander l’assistance de la troupe de la Kriegsmarine, de la Feldgendarmerie et particulièrement des parachutistes de RAMCKE.

Avec la collaboration d'indicateurs et d’auxiliaires particulièrement zélés, pour la plupart nationalistes bretons, se réclamant Breiz Atao, P.N.B. et autres Bezen Perrot, participant même en tête des expéditions, comme CORRE Jean « le roi du Kommando » habillés en civil pour des opérations de reconnaissance, puis revenir en uniformes allemands lors des expéditions.

SCHAAD Herbert, très brutal, en action il fusillait les gens impitoyablement, surtout s'il y avait des soldats de son groupe atteints par les coups de fusils des Résistants.

Le 6 août 1944 au soir, pressé par l'avance des Alliés, après être rentré à Landerneau, le Kommando a reçu l'ordre du Corps d'Armée de se replier sur Brest à l’École navale, puis affecté à la réquisition du bétail pour la 343. Infanterie-Division dans la poche de Brest (Le Conquet, Dirinon... ) puis vers le 20 août dans un hôtel de Morgate de la presqu'île de Crozon.

SHAAD ainsi que le feldwebel, adjudant HORCH Friedrich désertent, uniformes et armes cachées dans la lande, et se font passer pour des réfugiés de Brest. Ils seront arrêtés dans une ferme louée au cap de la Chèvre par MARTIN Marie-Thérèse, maîtresse de SHAAD.

Tous trois étaient porteurs de cartes d’alimentation et de cartes d'identité portant l'indication "domicilié au bourg de Quimerc'h", tamponnés du cachet de la mairie de Quimerc'h et qui avait été saisi lors au cours d'une expédition du Kommando.

Un poste récepteur, des documents, de l'argent, leurs effets personnels, bagages avaient été saisis, et pour chacun leurs montres-bracelets, ainsi qu'une montre de poche appartenant à HORCH.
Sources des documents ajoutés : liste des membres recherchés du Kommando de Landerneau, Archives Départementales Ille-et-Vilaine ; procès-verbaux de SHAAD Herbert, HORCH Friedrich, CORRE Jean, MARTIN Marie-Thérèse, SHD Vincennes.




Ej Sizun auteur

Parmi le nombre d’inconnus fusillés sans forme de procès ou disparus de la Résistance du Finistère (peut-être parmi ceux de la prison de Pontaniou à Brest ?).
Âgé de 18 ans, aucune indication d’appartenance à un groupe ou à un réseau :

Jugement déclaratif de décès de TOUBLANC Joël Jacques Édouard.

Né à Brest le le 17 juin 1926, fils de Édouard Eugène et GALLOU Marie Thérèse, célibataire, demeurant à Landévennec.

Extrait des minutes du greffe du Tribunal civil de première instance de Châteaulin.

Arrêté par les Allemands le 1er août 1944, à cinq heures du matin.

Dirigé sur le Kommando de Landerneau, après interrogatoire sur l’origine d’armes et de documents trouvés à son domicile, il fût transféré à Brest pour être mis à la disposition du S.D.

Depuis lors il n’a plus été trouvé de trace de lui, mais que des témoignages des nommés SCHAAD et HORCH, il ressort qu’il a été fusillé ou déporté en Allemagne où il serait décédé...

Source :

Archives Nationales Pierrefitte-sur-Seine / Archives du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre Mondiale, cote 72AJ/123, document Finistère A. 6. IV. B. communiqué par G. THOMAS le 27 août 1968.


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Source : Déposition du milicien CORRE Jean


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Source : Déposition du Feldwebel HORCH Friedrich


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