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FRIEDMAN Elizebeth

Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 21 septembre 2025

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Source: Internet

🌿 Jeunesse et formation
  • Née le 26 août 1892 à Huntington, Indiana (États-Unis).
  • Issue d’une famille quaker.
  • Étudie la littérature anglaise à l’Hillsdale College (Michigan), avec un intérêt particulier pour Shakespeare et les textes anciens.
  • Elle pensait initialement devenir enseignante ou chercheuse en littérature.

🔑 Premiers pas en cryptanalyse
  • En 1916, elle rejoint les Riverbank Laboratories (Illinois), un centre privé de recherche financé par le riche industriel George Fabyan.
  • On lui confie, avec d’autres, l’étude d’hypothétiques messages codés dans les œuvres de Shakespeare.
  • C’est là qu’elle rencontre William F. Friedman, son futur mari et partenaire de recherche.
  • Ensemble, ils jettent les bases de la cryptologie moderne, en élaborant des méthodes systématiques pour briser des codes.

🍸 La Prohibition et la lutte contre le crime organisé
  • Dans les années 1920 et 1930, le gouvernement américain fait appel à ses talents pour lutter contre les trafiquants d’alcool.
  • Elle aide les garde-côtes et le Trésor américain à décrypter des milliers de messages chiffrés envoyés par radio par les contrebandiers.
  • Ses travaux permettent de faire tomber plusieurs réseaux criminels.
  • Elle devient connue dans les médias comme la « femme qui brise les codes » (The Woman Who Smashed Codes).

⚔️ Seconde Guerre mondiale
  • Pendant la guerre, elle prend la tête d’une unité de décryptage au sein des garde-côtes américains.
  • Mission principale : intercepter et décoder les communications des espions nazis en Amérique du Sud, qui tentaient de saper l’influence américaine.
  • Ses analyses contribuent directement au démantèlement du réseau nazi dirigé par Johannes Siegfried Becker(alias Sargo) en 1944.
  • En 1942, elle a déchiffré les communications de l'Axe visant le Queen Mary, le plus grand navire de ravitaillement des Alliés. Son travail a sauvé la vie des 8 000 hommes à bord.
  • Malgré l’importance stratégique de son travail, son rôle reste longtemps confidentiel, couvert par le secret militaire.

📚 Après-guerre
  • Continue à travailler pour diverses agences américaines, mais peu à peu, son mari William, souvent mis en avant comme « père de la cryptologie américaine », reçoit plus de reconnaissance publique.
  • Elle écrit et témoigne beaucoup pour réhabiliter l’histoire de la cryptanalyse et mettre en valeur les efforts collectifs.

🕊️ Fin de vie et héritage
  • Elle se retire dans les années 1950.
  • Décède le 31 octobre 1980 à Plainfield, New Jersey.
  • Aujourd’hui, elle est reconnue comme une figure pionnière :
    • Précurseure dans un domaine alors dominé par les hommes.
    • Inspiratrice pour les générations de femmes scientifiques et cryptanalystes.
  • En 2017, une biographie à succès lui est consacrée : The Woman Who Smashed Codes de Jason Fagone.
  • En 2020, l’US Coast Guard nomme un bâtiment à son nom : le USCGC Elizebeth Smith Friedman.

Portrait narratif :

🌱 Les racines d’une passion inattendue
  • Elizebeth naît en 1892, dans une famille quaker d’Indiana. Elle grandit dans un univers sobre, attaché au travail et aux valeurs morales, mais très loin des affaires d’espions et de messages secrets. Sa passion, ce sont les mots : elle se plonge dans la littérature anglaise, adore Shakespeare et rêve de dédier sa vie à l’étude des textes anciens. Rien ne la prédestine à devenir cryptanalyste.
  • C’est pourtant un détour par la littérature qui va changer sa vie : en 1916, lors d’une visite à la bibliothèque, une rencontre l’oriente vers les Riverbank Laboratories, un lieu étrange, financé par un millionnaire excentrique, George Fabyan. Celui-ci est obsédé par une théorie selon laquelle Shakespeare n’aurait pas écrit ses pièces et qu’un code caché dans les textes révélerait la vérité…
  • Elizebeth accepte par curiosité. Là-bas, elle ne découvre pas seulement des manuscrits, mais une science naissante : l’art de percer les codes.

💞 La rencontre décisive
  • Aux Riverbank Labs, elle fait la connaissance de William Friedman, un jeune biologiste passionné de chiffres et de langages secrets. Ensemble, ils s’initient à la cryptanalyse, inventent des méthodes pour déchiffrer, testent, échouent, réussissent… et tombent amoureux.
  • Mariés en 1917, ils deviennent rapidement un duo inséparable, un couple de pionniers. Leurs travaux posent les bases de ce qui sera plus tard la cryptologie moderne.

🍾 La Prohibition : la “chasse aux pirates de la radio”
  • Quand les États-Unis interdisent l’alcool en 1920, une nouvelle guerre éclate : celle contre les trafiquants. Ces contrebandiers communiquent par radio avec des codes rudimentaires… jusqu’à ce qu’Elizebeth entre en scène.
  • Patiente, méthodique, elle apprend à “écouter” les signaux, à briser les messages chiffrés, et livre aux garde-côtes et au Trésor des preuves irréfutables. Ses décryptages permettent de démanteler des réseaux entiers.
  • Peu à peu, son nom circule. Les journaux s’emparent de son histoire et la surnomment la « femme qui brise les codes ». Elle devient une célébrité malgré elle, parfois convoquée comme témoin experte devant les tribunaux pour expliquer comment elle a percé les secrets des contrebandiers.

⚔️ La Seconde Guerre mondiale : l’ombre et la lumière
  • En 1941, l’Amérique entre en guerre. Elizebeth reprend du service, mais cette fois, la menace est bien plus grande : les espions nazis.
  • À la tête d’une petite équipe au sein des garde-côtes, elle reçoit chaque jour des flots de messages interceptés, souvent en allemand, toujours codés. Sa mission : les déchiffrer avant qu’ils ne causent des pertes irréparables.
  • C’est un travail harassant, mais Elizebeth excelle. Grâce à son obstination et son intelligence, elle parvient à démanteler un vaste réseau d’espionnage nazi en Amérique du Sud, dirigé depuis l’Argentine par un agent du nom de Johannes Siegfried Becker.
    Ses découvertes sont si cruciales qu’elles influencent directement la stratégie des Alliés dans la région.
  • Pourtant, son rôle reste dans l’ombre. Ses succès sont classés secret-défense, et d’autres — souvent des hommes — reçoivent la gloire publique.

🌸 Après la tempête
  • À la fin de la guerre, Elizebeth retourne à une vie plus discrète. Elle continue à travailler sur des projets de cryptologie, mais avec moins d’éclat médiatique. Son mari William, très respecté, est reconnu comme le “père de la cryptologie américaine”. Elle, longtemps, reste “l’épouse du génie”… alors qu’elle fut son égale et parfois sa guide.
  • Dans ses dernières années, elle cherche à préserver la mémoire de leurs travaux communs. Elle écrit, témoigne, et veille à ce que les archives soient préservées.

🕊️ Héritage
Elizebeth meurt en 1980, à 88 ans, dans un relatif anonymat. Mais son héritage est immense :
  • Elle a montré que les codes ne résistent pas à l’intelligence humaine.
  • Elle a ouvert la voie aux femmes dans un domaine dominé par les hommes.
  • Elle a contribué à sauver des vies et à changer le cours de l’Histoire.

Aujourd’hui, son nom renaît : une biographie à succès (The Woman Who Smashed Codes, 2017), des hommages publics, et même un navire des garde-côtes baptisé à son nom en 2020.

Anecdotes marquantes de sa vie

⚖️ Quand elle “démolissait” les trafiquants devant les juges

  • Durant la Prohibition, les garde-côtes et la police arrêtaient des contrebandiers, mais souvent sans preuves solides. Elizebeth, elle, arrivait au tribunal avec les messages qu’elle avait déchiffrés.
  • Elle expliquait patiemment aux juges et aux jurés comment un message illisible devenait clair grâce à ses méthodes.
  • Les trafiquants, persuadés que leurs codes étaient inviolables, restaient bouche bée en découvrant que cette femme discrète avait percé tous leurs secrets.
  • Elle témoignera dans plus de 30 procès, contribuant à plus de 650 condamnations.

Un journaliste de l’époque dira d’elle :

“Cette femme seule a fait plus pour réduire la piraterie moderne que tous les destroyers de la marine.”


📡
L’oreille qui perce les ombres

  • Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle travaillait dans une petite pièce isolée avec son équipe, recevant quotidiennement des dizaines de messages interceptés.
  • Les espions nazis pensaient que leur système basé sur le code Enigma simplifié était inviolable. Mais Elizebeth, méthodiquement, repérait des failles.
  • Un jour, après des semaines d’efforts, elle parvient à décoder un message crucial : il révèle le plan d’un réseau nazi qui voulait saboter les relations diplomatiques des États-Unis en Amérique du Sud.
  • Grâce à ses trouvailles, les Alliés démantèlent en 1944 le réseau de Johannes Siegfried Becker (“Sargo”), l’un des plus dangereux agents nazis de l’hémisphère occidental.
  • Ce succès reste secret pendant des décennies — longtemps, on crut que c’étaient les Britanniques qui avaient fait ce travail.

💞
L’amour codé avec William Friedman

  • Sa relation avec William n’était pas seulement scientifique, mais aussi tendre et complice.
  • Ils échangeaient parfois de petits messages codés dans leurs lettres personnelles, juste pour le plaisir de s’envoyer des énigmes.
  • Ensemble, ils écrivent en 1918 l’un des premiers manuels américains de cryptanalyse (Elements of Cryptanalysis), resté longtemps confidentiel.
  • Leur duo était surnommé “les First Family of Cryptology”.
👩‍🦳 Une reconnaissance tardive mais éclatante

  • Vers la fin de sa vie, Elizebeth était consciente d’avoir été souvent reléguée à l’ombre de son mari. Mais elle ne s’en plaignait pas publiquement.
  • En revanche, elle s’assurait que leurs archives et travaux communs soient préservés.
  • En 2002, bien après sa mort, la NSA publia un rapport interne reconnaissant officiellement qu’Elizebeth avait joué un rôle majeur et unique dans l’histoire du renseignement américain.


Et en 2020, le USCGC Elizebeth Smith Friedman, un navire des garde-côtes, a été baptisé en son honneur : une reconnaissance publique que, de son vivant, elle n’avait pas connue.