PÔLE JEAN MOULIN

À la question « Quel jour a changé votre vie ? », que répondriez-vous ?

J’étudiais en licence 3 à l’université Rennes 2, quand un de mes professeurs a présenté, lors d’un TD, un travail sur les femmes tondues au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Cette sentence infligée dans la rue, par la population, quasi uniquement à des femmes, m’a interpellé. La mémoire collective a retenu qu’elles avaient couché avec des Allemands. Ce qui est loin d’être la majorité des cas. 40 % ont été accusées d’avoir eu une liaison amoureuse. Pour qu’elles soient tondues, il suffisait parfois de les avoir vues discuter, fréquenter ou travailler pour les Allemands.

Et pour les 60 % de femmes tondues restantes, on leur reprochait tout autre chose… J’ai trouvé cela intéressant. D’autant plus, qu’il n’existe pas de délit de « collaboration sentimentale » ou de « délit d’entente » dans le code pénal. La mémoire collective a retenu ces faits mais a complètement oublié que certaines femmes ont réellement collaboré et agi par conviction politique. On a retenu un pseudo-rôle sexuel et pas un rôle de collaboration actif. Certaines ont eu des rôles très importants. Et pour cela, elles ont été massivement condamnées à mort. Cette histoire oubliée a fait l’objet de ma thèse sur les femmes collaboratrices, soutenue en 2020. Ces recherches sont résumées dans un livre qui sort aux éditions CNRS, intitulé « Condamnées à mort, l’épuration des femmes collaboratrices 1944 à 1951 ».

Suite : https://www.letelegramme.fr/ille-et-vilaine/rennes-35000/en-bretagne-pourquoi-autant-de-femmes-ont-ete-condamnees-a-mort-apres-la-seconde-guerre-mondiale-6564461.php?utm_source=NWL_MATI&utm_medium=email&utm_campaign=TLG_RED_NWL_MEL_15042024_MATI