Marie-Louise DISSARD dite Françoise (1881.1957)
Marie-Louise Dissard née le 5 novembre 1881, à Cahors, rue de la Liberté ...
Sa mère Léontine est modéliste et son père, Guillaume, professeur. Toute la famille quitte le Quercy pour Toulouse au début du siècle. Douée pour la couture, elle suit aussi des cours de peinture et de dessin, à l'école des Beaux-Arts.
Une femme en avance sur son temps
À 32 ans, secrétaire dans les services de la Ville de Toulouse, puis maîtresse d'internat dans un lycée de jeunes filles, elle est bientôt nommée inspectrice de couture pour les écoles municipales.
Mais lassée par cette fonction, elle démissionne et achète une petite boutique rue de la Pomme qu'elle baptise « À la poupée moderne ». Ses talents et son imagination lui procurent rapidement de nombreuses commandes du Théâtre du Capitole.
Les jours sombres
En 1940, c'est la défaite, l'exode, l'humiliation, la répression, les premières lois antisémites. Marie-Louise a 59 ans, en novembre 1940 lorsque le maréchal Pétain vient en visite à Toulouse. Anti-fasciste et courageuse, elle diffuse les messages d'un homme encore inconnu des Français, invitant à ne pas cesser
le combat: le Général de Gaulle. Enjouée, exubérante, rigoureuse et sévère à la fois, Marie- Louise dit haut et fort ce qu'elle pense! Au point que la police française ouvre une enquête sur elle. Le rapport conclut au déséquilibre mental. Marie-Louise en tire profit subtilement et joue de cette réputation pour agir plus tranquillement.
« Victoire »
Elle entre en contact avec l'un des premiers groupes de résistance toulousains: le « Réseau Bertaux ». Sous le pseudonyme de «Victoire », elle diffuse des tracts clandestins, récolte des renseignements pour les résistants. Mais la police française, très active démantèle le réseau en décembre 1941. Tous ses membres sont jugés et enfermés « au secret » dans la sinistre prison militaire de Furgole. « Victoire » se débrouille alors pour ravitailler toutes les semaines ses camarades emprisonnés.
Le Réseau d'évasion Pat O'Leary
Au printemps 1942, elle rencontre le Docteur Guérisse alias «Pat O'Leary», chef d'un réseau d'évasion chargé de récupérer les pilotes alliés tombés en territoire occupé. Pat O'Leary comprenant la valeur de Marie-Louise Dissard pour son organisation, lui accorde aussitôt toute sa confiance.
En juin 1942, elle installe le PC du réseau chez elle et prend en main l'organisation des transits par Toulouse: réception, hébergement, camouflage et convoyage des aviateurs anglais ou américains pour les remettre à des passeurs. Pour marquer son engagement patriotique elle prend le pseudonyme de « Françoise ».
Le Réseau Françoise (mai 1943 - août 1944) À partir de novembre 1942, les Allemands envahissent la Zone Sud et en mars 1943, la Gestapo démantèle complètement le réseau Pat O'Leary. Françoise perd de nouveau tous ses camarades. Après avoir sauvé les papiers compromettants, elle se réfugie quelques temps dans sa ville natale, Cahors, puis déterminée retourne à Toulouse. Elle convainc les Anglais de lui donner les moyens nécessaires à la mise en place d'un nouveau réseau, homologué sous le nom de« Réseau Françoise ». Dès lors, Françoise reçoit les instructions directement du vice-consul britannique, «l'Oncle François », qui lui envoie les moyens financiers, les renseignements sur les filières à emprunter et les lieux où les« colis» (les combattants) doivent être récupérés et transportés.
Surveillée par la Gestapo, Françoise vit cachée. C'est depuis des greniers, des garages ou des caves qu'elle dirige les actions. Maîtresse dans l'art du déguisement, elle utilise tous les subterfuges pour passer inaperçue et récupérer renseignements et faux papiers; un jour en veuve éplorée, un autre en paysanne ou en femme excentrique.
Une personnalité exceptionnelle
L'efficacité, l'ingéniosité, le courage, la détermination, le dévouement et le sang-froid avec lesquels Marie-Louise Dissard a dirigé son réseau ont permis à près de 700 aviateurs alliés et résistants de franchir les Pyrénées. Françoise fut l'une des seules femmes en France à avoir dirigé seule une organisation de la Résistance.
Femme d'exception, Marie-Louise Dissard a su montrer son sens profond des valeurs humaines non seulement pendant les Années Noires mais également à travers son action en faveur de l'apprentissage des jeunes filles. C'est elle qui initie l'idée de créer à Toulouse un centre d'apprentissage féminin, inauguré en 1956, route d'Espagne.