LE GROUPE JUSTICE
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 26 août 2021



Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :


Groupe JUSTICE MORLAIX

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Source : https://matricule41511.jimdofree.com/l-engagement-en-r%C3%A9sistance/

Henri Caron, Chef du Groupe Justice. (BOB dans la Résistance)

Henri Caron, dit William, était le chef du Groupe Autonome "Justice", de Morlaix, créé en 1942. Secondé par son ami Robert Pontet, dit Bob et une petite équipe de résistants, ils éditent les journaux clandestins "Le Combattant" puis le "Franc-Tireur".

A partir de la fin 1942, ils passent à l'action : destruction de matériels allemands, agressions de soldats et vol d'armes... Des liens se créent entre le Groupe "Justice" et des membres de la Police et de la Sûreté de Morlaix.

Ceux-ci les préviennent, par exemple, des rafles prévues pour le STO (Service du Travail Obligatoire) et autres services et informations. En Janvier 1944, après une arrestation de plusieurs membres du groupe, les services de Police Morlaisiens, aidés du procureur, iront jusqu'à leur sauver la mise en les faisant libérer.



Dénoncé par une femme, il est incarcéré dans la prison Saint-Charles de Quimper. Il est fusillé à Penmarc'h le 25 Avril 1944 avec 34 compagnons d'infortune.

Le groupe Justice fût le premier mouvement de résistance créé à Morlaix sous l'occupation allemande. Ses membres suivirent un entraînement commando en vue de leurs futures actions. 
 
Au sein du groupe Justice, Louis-Roger fût chargé (entre autre) de la récupération d'armes et de munitions, de la distribution de tracts et de journaux clandestins ainsi que d'actes de sabotage (destruction de véhicules, de ponts et de réseaux ferrés)

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Source : https://matricule41511.jimdofree.com/l-engagement-en-r%C3%A9sistance/l-histoire-du-groupe-justice/


GROUPE JUSTICE.
Premier mouvement de résistance créé à Morlaix sous l’occupation allemande.

 

La fondation du groupe Justice remonte à juin 1942 dans un local mis à leur disposition par Mme veuve MAHEO, qui fut arrêtée par la suite. Quelques hommes se réunirent à l’instigation de M. CARON dit William, qui prit la direction du groupe.




Assistèrent à cette réunion :
• CARON William, Henri,
PONTET Robert, dit Bob,
LE LUC Eugène de Ploujeaun,
• FRELIN Emile horloger à Morlaix,
• Des inconnus étrangers à Morlaix dont William répondait.

Au cours de cette réunion, il fut décidé que les premières missions des membres du groupe Justice constitueraient à faire de la propagande patriotique.

Des tracts tapes à la machine à écrire (…) au domicile de M. FRELIN, furent distribués et devinrent par la suite un petit journal régulier ayant pour titre “Le Combattant”.

Des indiscrétions furent commises et la personnalité de M. FRELIN faisant l’objet de commentaires fâcheux risquant d’être captés par les services de l’occupant, il fut décidé que la machine à écrire serait provisoirement chez un membre du groupe possédant une chambre meublée chez M. SILLIAU au lieu dit
Pont-Bellec en Saint-Martin-des-Champs. Quelques jours plus tard, la machine fut transportée à Commana où elle servit à éditer un nouveau journal qui fut intitulé “Franc Tireur”. Rédigé par M. ROTCHILD Albert de Brest et M. LE LUC Eugène, il fut diffusé par les diverses “boites aux lettres” créées dans les régions de Commana, Saint-Sauveur, Sizun, Morlaix, Brest.

 

CONDENSE DES PRINCIPALES ACTION DU GROUPE JUSTICE

Sous l’impulsion de William, chef de groupe, de nombreuses fausses cartes d’identité destinées aux réfractaires du S.T.O. et plus tard au Maquisards furent établies. Un cachet disparu au commissariat de Morlaix et servit à établir ces faux documents.

Un service de placement pour les réfractaires et plus tard pour les Maquisards fut créé. Le responsable de ce nouveau service fut M LE LUC Eugène qui devint par la suite recruteur des volontaires pou les coups de main.

Le premier acte de sabotage effectué sans arme par quelques hommes du groupe fut exécuté au cours d’une nuit d’octobre 1942. Les moteurs de quatre camions allemands garés sur la place du Pouliet à Morlaix, furent gravement détériorés à grands coups de masse.

En janvier 1943, la famille ATHEM d’origine juive fut camouflé par le groupe Justice et placée à la campagne à Saint-Sauveur, munie de faux papiers.

En février et mars 1943, une trentaine d’hommes réfractaires au S.T.O. ou recherchés par la police d’occupation vinrent grossir les rangs du groupe et chercher un refuge qui leur fut procuré. En présence de ces effectifs, il fut décidé que les attaques et coups de main allèrent commencer.

En avril 1943, deux soldats allemands attardés furent attaqués sur le territoire de la commune de Saint-Martin-des-Champs. Leurs mitraillettes constituèrent un armement précieux.

En mai 1943, après avoir récupéré deux jeux de clés à la gare de Plouigneau, le groupe se proposa de se livrer au sabotage des voies ferrées ; mais ces opérations ne purent être menées à bien à cette époque.

Juin 1943 : Récupération de bottes de cuir et en caoutchouc destinées à la Wermar et aux chantiers Todt, dans un wagon stationné en gare de Morlaix.
Juillet 1943 : Récupération, sans effusion de sang, d’un fusil sur un soldat en sentinelle à la gare de Morlaix.

Aout 1943 : Formation de petits groupe de résistance dans diverses localités du Finistère notamment à Quimper, Chateulin, Saint-Pol, Morlaix, Comana, Saint-Sauveur.

A cette époque, notre chef William se dépensa sans compter, effectuant de nombreux voyages, notamment à Paris, Rennes, Quimper, Lamballe, Saint-Brieuc, Brest,… Il demeura constamment en liaison avec les différents résistants dans la région de Plédéliac, près de Lamballe. Il eu comme adjoints le capitaine Yves et un nommé Gilbert, photographe à Dol de Bretagne.

M BROAZIN et son fils, demeurant au moulin de Tournemine Plédéliac qui hébergèrent des résistants furent lâchement dénoncés aux Allemands par un soi disant docteur, en réalité agent de la Gestapo qui fut d’ailleurs exécuté par la suite par un membre du groupe.

Malheureusement, deux membres de la famille BROAZIN sont morts pour la France en déportation.

Septembre 1943 : Attaque surprise d’une patrouille allemande de 4 hommes sur la route nationale 12 (Paris-Brest) sur le territoire de la commune de Plouigneau.

Récupération de fusils et de grenades après la fuite des Allemands qui disparurent à bicyclette sans combattre.

Octobre 1943 : M. MESSAGER, secrétaire de police à Morlaix est contacté par William. Par la suite, le commissaire LE SU et les inspecteurs de la sureté suivirent son exemple, ainsi que le brigadier CHARLES et de nombreux gardiens de la paix. Le groupe fut ainsi doté d’un service de renseignement efficace et indispensable.

En accord avec William, il fut décidé que les jeunes Français désignés d’office par le S.T.O. seraient avertis, au moins 24 heures à l’avance, par les services de la sureté qu’ils devaient se rendre en Allemagne au titre du service du travail obligatoire. Tous, ou à peu près tous, se camouflèrent et demeurèrent introuvables pour nos ennemis. Seuls quelques peureux ou vichystes impénitents se rendirent d’eux même aux services allemands recruteurs.

Selon les statistiques du préfet du Finistère de l’époque, Morlaix fut considérée comme la ville la plus récalcitrante du département au point de vue du recrutement pour le S.T.O. : 2% seulement des jeunes gens désignés à l’appel de l’ennemi et de Vichy.


Novembre 1943 :

Les réfractaires du S.T.O. devenant de plus en plus nombreux gonflèrent considérablement les effectifs du groupe Justice.

Vers la mi-novembre, il fut décidé de faire gagner l’Angleterre, au moyen d’embarcations aux patriotes volontaires pour combattre dans les rangs des Forces Françaises Libres. Un premier bateau fut affrété au lieu-dit Dourduff en mer en Plouézoc’h. Après une minutieuse préparation, le départ de cette expédition fut fixé dans la nuit du 23 au 24 novembre 1943.

Malheureusement, un traitre à la solde de l’ennemi, après avoir procuré le bateau destiné au transport de nos compatriotes, dénonça la tentative à la Gestapo.

Les Boches, en nombre considérable, armés jusqu’aux dents, procédèrent à l’arrestation des 13 patriotes sans défense, cachés dans un château, attendant l’heure de la marée pour gagner l’Angleterre.

Ces patriotes, dont les noms suivent, furent tous déportés dans les fameux camps nazis de triste et célèbre mémoire.

• BERNARD Pierre de Paramé,
• QUÉRÉ Roger de Cancale,
• RICARD Gustave 10, rue Jannot à Saint-Denis,
• MORVAN Jacques de Landerneau,
• MULLER Roger (voir Mme BOHIC débitante au bassin),
• LE MEL Jean de Ploujean,
• HERROU François allée St François en Saint-Martin,
• PRIGENT Jean rue de Paris à Morlaix,
• Achille & Gustave Belges noms et adresses inconnus,
• BESCAM de Saint-Brieuc ou environs,
• PRISER rue de Siam à Brest,
• LEMOUROUT de Brest sans autre précision.

Cette opération s’étant soldée par un échec complet, aucun autre départ de volontaires pour l’Angleterre ne fut tenté par les responsable du groupe Justice.

Après la libération, le misérable traitre qui dénonça l’expédition ne fut condamné qu’à 20 ans de travaux forcés par la cour de justice du Finistère.

 

Décembre 1943 :

Route de Commana et de Ploénour Menez au lieu-dit Roche Trévezel, attaque d’un soldat allemand isolé, abattu d’un coup de pistolet et immédiatement inhumé pour éviter des représailles contre la population civile.

Janvier 1944 :

Au début de janvier, 1944, plusieurs membres du groupe justice furent arrêtés puis relâchés grâce à l’intervention de la police de Morlaix et de la complicité courageuse du Parquet à la tête duquel se trouvait l’honorable procureur DAMAR. Ce haut magistrat qui avait déjà été arrêté par nos ennemis n’hésita pas à compter vigoureusement l’action des tout puissants agents de la S.F.A.T.

Vers la fin de janvier 1944, un agent de la Gestapo, domicilié à Guingamp au lieu-dit Rustang, de passage à Morlaix, dénonça et fit arrêter 4 patriotes chez un commerçant de la Place au Lait. Avisé par les services de renseignements (…) William envoya deux jours plus tard deux membres du groupe Justice à Guingamp avec mission d’abattre le traître. Celui-ci, après avoir avoué sa trahison fut exécuté à proximité d’un cimetière de Guingamp.

Février 1944 :

Dénoncé par une femme à la solde de la Gestapo pratiquant le double jeu, William est arrêté en pleine ville de Morlaix  par nos ennemis. Cette arrestation causa une vive émotion en ville lorsque la population apprit qu’il s’agissait du chef de la résistance.

William fut incarcéré à la prison Saint-Charles à Quimper, réservée aux détenus politiques. Les hommes de main du groupe Justice attaquèrent courageusement cette prison dans le but de libérer leur chef. Malheureusement, leur tentative désespérée demeura infructueuse. L’opération se solda cependant par la mort d’une douzaine de soldats allemands, un patriote blessé a pu être emporté au moment du décrochage.

Après la libération, la Cour de justice du Finistère prononça à la satisfaction générale des membres du groupe et de la population morlaisienne, la condamnation à mort de l’abjecte créature qui dénonça William à la Gestapo.

Mars 1944 :

Attaques de nombreuses mairies : Ploujean, Saint-Martin-des-Champs, Plourin et Commana. Enlèvement de tickets d’alimentation et de cachets pour la fabrication de fausses cartes d’identité.

Un aviateur anglais ayant sauté en parachute sur le territoire de la commune de Plourin, à la suite de la destruction de son avion par la D.C.A. ennemi, fut camouflé et remis en mains sures.

Avril 1944 :

Attaque en pleine ville de Morlaix, près des halles, de plusieurs militaires à la grenade dite “plastique“ qui furent fournies  par le Capitaine MARZIN Alexandre dit Merlin, chef local de Libé Nord sous les ordres de M. le docteur LE JEANNE dit Noël, commandant régional des F.F.I. pour le Finistère Nord. Bilan : 2 miliciens blessés, l’un de ces miliciens fut abattu quelques jours plus tard par un membre du groupe de Quimper.

Arrestation dans les Cotes du Nord de BOURDOULOUS Paul et LE LUC Maurice par des fonctionnaires non patriotes. Le parque de Lannion, composé à l ‘époque de magistrats dévoués à l’ennemi et à Vichy fut saisi de cette malheureuse affaire et remis les deux résistants  aux mains de la nouvelle milice de DARNAND, de sinistre mémoire, qui venait d’être créée. Transférés à Angers et incarcérés à la prison du Pré Pigeon réservée aux détenus politiques, les deux patriotes y furent soi-disant jugés par une cour martiale dite française, puis fusillés immédiatement à l’intérieur de la prison.

Mai 1944 :

A l’aide des jeux de clés pris à la gare de Plouigneau, dont l’un fut cédé à un groupe des Cotes du Nord, deux sabotages furent effectués sur l’importante voie ferrée Paris-Brest. Bilan : déraillement de deux trains de marchandises ennemis à Saint-Eloi et à Pleyber Christ.

Sabotage à la dynamite des écluses du Port de Morlaix qui ne furent que légèrement détériorées. Cet exploit avorte en raison de la faiblesse de puissance explosive. Si l’opération avait réussie, douze chalutiers auraient été bloqués dans le bassin.

Attaque du magasin d’habillement du camp d’aviation de Ploujean-Morlaix afin de se procurer des uniformes allemands. Trente tenues furent ainsi récupérées nuitamment à l’insu des boches. Elles permirent aux membres du groupe de s’habiller en “vert de gris” lors de nombreux coups de mains effectués depuis le débarquement jusqu’à la libération.

Juin 1944 :

Débarquement des alliés impatiemment attendus. Suivant les instructions reçues de nombreux attentats en groupe furent perpétués notamment contre les dépôts de munitions, d’essence, les déplacements des troupes ennemies, etc.… les fils téléphoniques, aériens furent sabotés. Les panonceaux indiquant par exemple la ville de Quimper furent tournés et la pointe dirigées vers Brest.

La confusion totale régna dans les rangs de l’ennemi, démoralisé, harcelé, aux abois pendant les 8 jours qui suivirent le débarquement grâce à l’activité insoupçonnée des F.F.L. et F.T.P.

A la fin juin, PONTET Robert dit Bob, qui prit la tête du groupe Justice après l’arrestation de William fut appréhendé à Rennes par nos ennemis. Armé, il tenta de se défendre et fut exécuté immédiatement. Dénoncé en même temps que William et recherché par les boches, le brave et courageux Bob dut quitter Morlaix pour échapper à nos ennemis.

Juillet 1944 :

LE LUC Eugène prit le commandement du groupe Justice. Quelques jours après, il fut arrêté en même temps que son adjoint ROTCHILD Albert. Ce nom, connu en France, attira l’attention des Allemands et le malheureux patriote, après avoir été torturé, fut exécuté à Sizin par les troupes sauvages du sinistre général destructeur de la ville de Brest.

Avant qu’il fut interrogé et torturé, le nouveau chef du groupe Justice invoquant un malaise, réussit à s’évader au nez et à la barbe d’une sentinelle allemande. Il regroupa aussitôt sa formation et continua à harceler le boche dans la région de Brénilis et Commana.

En juillet 1944, les réactions barbares des allemands puisées dans la fièvre et dans la rage de leur inévitable défaite, furent à leur comble. De nombreux civils isolés et inoffensifs furent abattus sur place sans aucun motif, par les teutons décimés et terrorisés.

De son coté, la résistance assène coup après coup à l’ennemi. Des Waffen SS, des soldats de la Wermarcht, des parachutistes  isolés ou par petits groupes furent exécutés. C’est la grande bagarre ! Les résistants, encouragés par l’avance des alliés en Normandie, redoublent leurs actes de sabotage.
L’important câble souterrain Paris/Brest fut coupé en plusieurs endroits. Un pylône et un transformateur électrique alimentant les positions allemandes des Monts d’Arrée furent détruits. D’audacieux coup de main perpétrés contre le convois et cantonnements ennemis permirent la récupération d’un armement important qui servit dans la bataille finale.

Aout 1944 :

Attaque de la prison de Morlaix (Créac’h Jolly) et délivrance de nombreux patriotes. Cette opération fut menée à bien grâce à l’appui du commissaire de police et là complicité courageuse du gardien chef de la maison d’arrêt dont l’attitude patriotique fut connu de tous les résistants.

7 août 1944 :

Participation à la libération de Morlaix et Ploujean. De nombreux allemands se rendirent sans combattre et furent fait prisonniers par le groupe.

8 août 1944 :

Libération définitive de Morlaix et Ploujean sans combat, les troupes ennemies s’étant repliées dans la poche de Brest. Quelques jours après la libération de Morlaix, des membres du groupe Justice arrêtèrent un chef milicien et un espion à la solde de l’ennemi.

Une perquisition effectuée au domicile de ce dernier, au lieu-dit Saint-Augustin à Morlaix, par des membres du groupe Justice, permit de découvrir deux postes émetteurs qui furent saisis.

Interrogés au commissariat de police de Morlaix, ce monstre avoua cyniquement qu’il avait suivi un stage de perfectionnement dans une école d’espionnage à Paris par les boches.
Il reconnu que sa principale mission consistait à fournir à nos ennemis, à l’aide d’un code secret dont il donna la clé, des renseignements de toutes natures notamment d’ordre militaire et civile. Informé de l’arrestation de cet ignoble individu, le service d’espionnage américain le pris à sa charge. On ignore ce qu’il est devenu.

 
Les premiers résistants qui firent partie du groupe Justice commandé par MM.
CARON dit William et PONTET Robert dit BOB furent les suivants :
• LE LUC Eugène, dit Gégène,
• MICHENSKI Joseph, dit le Polonais,
• BOURDOULOU Paul, dit Paul,
• LE LUC Maurice, dit Prigent,
• SEPI Paul,
• ROGER Jean dit petit René,
• PRIGENT Maurice,
• BECAM Pierre, dit Pierrot,
• CIZAIRE Jean, dit Jean,
• ROTCHILD Albert, dit Bébert, dit Dany,
• GAUTHIER Pierre,
• PICHON Jean, dit Nono,
• BERNARD Pierre, dit le Boucher,
• QUÉRÉ Roger,
• RICHARD Gustave,
• MORVAN Jacques,
• Le MEL Jean,
• Mme. COQUIN, boite aux lettre et liaisons,
• MESSAGER LOUIS, renseignement.
 
De nombreux autres résistants adhérèrent au groupe, sans participer aux actions directes. Après l’arrestation de William et Bob, M. LE LUC Eugène reforma un deuxième groupe au sein duquel se distinguèrent particulièrement :

• André LANC,
• Lisette SALAUN,
• Pierre GEFFROY,
• Albert PERON,
• Marcel BLOUGORN,
• Jacques BRIENS,
• Pierre LEROY,
• Pierre LE DRUFF,
• François MANACH,
• Lucien MESSAGER,
• Yves DISEZ,
• Pierre LE COINTRE,
• René PERROT,
• Jean DENIEL,
• Jean GUILLERME, etc.…

Le groupe Justice ne délivra jamais aucun témoignage même camouflé d’adhésion. En conséquence, M. LE LUC Eugène, artisan Rampe de St Nicolas à Morlaix, unique chef survivant du groupe est seul qualifié pour établir et délivrer des attestations aux résistants et résistantes ayant appartenu à l’unité clandestine.

 

ETAT DES PERTES DU GROUPE JUSTICE

• CARON William, dit Henri, dit William              Fusillé à Penmarch
• PONTET Robert, dit Bob                                Fusillé à Penmarch
• PRIGENT Maurice                                        Mort en déportation
• ROTHSCHILD Albert, dit Béber, dit Dany           Fusillé à Sizin
• GAUTHIER Pierre                                         Fusillé à St Marc du Désert
• MICHENSKI Joseph, dit le Polonais                 Fusillé à Brenilis,

 

MEMBRES QUI ONT ÉTÉ ARRÊTÉS

• CIZAIRE Jean, dit Jean,
• RANNOU Jean,
• PICHON Jean, dit Nono,
• LEGRAND Jean, dit petit René,
• ROGER Jean,
• SEPI Paul,
• LE LUC Eugène
• Mme. Yves MAHEO

 
A cette liste, il y a lieu d’ajouter les 13 patriotes arrêtés à Plouézoc’h et déportés en Allemagne (voir sup. page 3).

Pour combattre l’ennemi avec plus d’efficacité, le groupe Justice resta en liaison constante avec d’autres formations clandestines de résistance, notamment avec Liberté Nord.

Les membres de l’Intelligence Service (français et alliés) parachutés dans notre région, gardèrent également un contact permanent avec notre groupe qui conserva toujours une autonomie complète.

 
En terminant, rendons un vibrant hommage à la mémoire des patriotes qui donnèrent volontairement leur vie, pour que la France demeure libre.

 

VIVE LA FRANCE
VIVE LA REPUBLIQUE   
GLOIRE A LA RESISTANCE !
 
 
CACHET F.T.P.F.

 
 
Certifié conforme à l’original
Le commandant régional des F.F.I.
 
CACHET    SIGNE : ILLISIBLE
 
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COPIE CERTIFIEE CONFORME
 
 

A BAULIEU SUR LOIRE LE 22 SEPTEMBRE 1965

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Source :
http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2017/08/la-resistance-ftp-a-morlaix.html

Eugène Le Luc, la mémoire des résistants morlaisiens
Article du Télégramme, publié le 5 mai 2001, avec le témoignage d'Eugène Le Luc, responsable du réseau FTP "Justice" de Morlaix 


« Réhabiliter la mémoire des résistants fusillés durant la Seconde guerre mondiale ». Dernier survivant du groupe de résistants du pays de Morlaix, Eugène Le Luc y pense sans cesse. Témoignage d'un homme qui, en compagnie de ses camarades, a combattu l'occupant allemand au péril de sa vie. 


A la veille du 56 e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale, Eugène Le Luc, aujourd'hui âgé de 80 ans, n'a rien oublié de son passé de résistant. Et lorsqu'il en parle, c'est avec beaucoup de passion et d'émotion. Ce Morlaisien pure souche vient tout juste d'atteindre la vingtaine d'année lorsqu'il décide de s'engager dans la Résistance. «Voir les Allemands défiler avec leurs grandes bottes dans les rues de Morlaix, le drapeau nazi e t la croix gammée flotter sur la mairie, ça me glaçait. Il fallait faire quelque chose».  Des tracts aux sabotages  Au début de l'année 1942, avec son ami horloger morlaisien, Georges Frelin, il lance les bases de la résistance sur le pays de Morlaix, en créant un groupuscule d'exécution et de sabotage qui deviendra le groupe « Justice». Tracts et journaux clandestins dénonçant les collaborateurs font immédiatement sensation. Ils sont très vite suivis par des actes tous azimuts : sabotage de lignes téléphoniques, de voies ferrées, attentats contre les dépôts de munition allemands ou contre les écluses de Morlaix, pour n'en citer que quelques-uns. Tout était bon pour contrer l'occupant. «On a dévalisé plusieurs camions allemands remplis de vêtements», raconte Eugène. Le cambriolage des mairies de Ploujean, Plourin, Henvic et Commana figure aussi à leur tableau de chasse. «On y récupérait des tickets d'alimentation et le matériel pour fabriquer de faux papiers d'identité».  «On en a caché beaucoup» En 1944, fort désormais de 24 hommes, le groupe «Justice», émanation des francs tireurs et partisans français (FTPF), est désormais bien organisé. Il s'applique également au camouflage de familles juives et de réfractaires, principalement dans les fermes. «On en a caché beaucoup dans le canton de Sizun», explique Eugène. Avec ses amis, notamment le docteur Léon Le Janne, dit le commandant Noël, président des maquisards et résistants de l'arrondissement, il va constamment se battre pour la liberté de son pays. Jusqu'à la libération de Morlaix, le 8 août 1944.  A leur mémoire  Aujourd'hui, il demeure le dernier survivant du groupe de résistants du pays de Morlaix. Avec l'aide de sa fille, c'est en mémoire de ses amis fusillés ou disparus depuis la guerre qu'il témoigne, notamment dans les écoles. «Pour que chacun sache bien ce qu'il s'est réellement passé à Morlaix. Pour que l'honneur des 14 membres du groupe « Justice» morts pour la France ne passe pas aux oubliettes.
 
Le Télégramme
J'ai lu tout dernièrement un mémoire intéressant présenté par Jeannine Guichoux, fille d'enseignants de St Martin des Champs, à la faculté des lettres et sciences humaines de Brest sous la direction de Monsieur Néré en 1970. Ce mémoire ne pouvait s'appuyer sur les archives (non déclassifiés à l'époque) mais il s'est appuyé sur des témoignages et des documents originaux.
Morlaix est occupée par les Allemands le 19 juin 1940. Les éléments motorisés allemands arrivent par la Madeleine, puis la rampe St Nicolas, la place Cornic et le quai du Léon, après que le pont de Trevidy sur la route de Paris ait été partiellement démoli. Le 20 juin à minuit, l'heure allemande est instaurée. Le couvre-feu est édicté entre 23h et 5 heures du matin dans un rayon de 10 km autour de Morlaix, avec interdiction de circuler sauf laisser-passer exceptionnels de la Kommandantur.  
Le lundi 24 juin, le drapeau à croix gammée fut hissé sur l'hôtel de ville. 
Le 8 juillet, les commerçants se voient contraints d'accepter les paiements en monnaie allemande. L'armée allemande ne tarde pas à vider les magasins. Peu à peu, toutes les denrées sont rationnées: tabac, pain, vin, charbon, bois. Le beurre et la viande seront très vite introuvables sur le marché. 
Le 23 juillet, la kommandantur ordonne de céder à l'armée allemande toutes les chambres à coucher non utilisées, puis le 13 août, ce sont les maisons et appartements inoccupés qui sont mis à disposition de force de l'armée d'occupation allemande en fonction de ses besoins.    
La Kreiskommandantur de Morlaix était dirigée au départ par le commandant Radowki, puis par le commandant Klein, sarrois d'origine et juriste, remplacé ensuite par un dénommé Keller, beaucoup plus dur.   
Les Allemands occupaient à Morlaix, précise Jeannine Guichoux, de nombreux bâtiments: 
-  l'Aussenstelle (les postes extérieurs) et le Standartaelteste rue de Brest
- la Feldgendarmerie quai de Léon face au pont tournant avant la rue Villeneuve
- le siège du Soldatenheim (foyer du soldat) dans les salons Quiviger rue de Brest, puis, après l'attentat et l'incendie du 24 décembre 1943, à l'hôtel de l'Europe
- la Kriegsmarine quai de Tréguier face au pont tournant
- la cantine du Modern'café: place Thiers (place des Otages actuelle) au pied du Viaduc côté gauche par rapport à la mairie
- l'état-major au collège des garçons    
A Morlaix, les premières inscriptions à la peinture rouge apparaissent dès la fin 1940. On y lit à différents endroits de la ville: "A bas les traîtres de Vichy", "Thorez au pouvoir", "Vive de Gaulle". 
La fondation du groupe FTPF à Morlaix remonte à juin 1942. 
Jeannine Guichoux reprend le témoignage d'Eugène Le Luc:
"Ce fut à cette date, nous a dit Eugène Le Luc, morlaisien, que je fis la connaissance de William et de Bob. Le réseau des Francs-Tireurs et Partisans Français, dont l'existence se signala dès septembre 1941, nous avait annoncé l'arrivée à Morlaix de deux chefs venant de Paris pour y former un groupe de résistance. Au jour et à l'heure indiquée, je m'étais donc rendu à la gare. Deux jeunes gens passèrent devant moi, et firent le signal convenu. Je m'avançais; il n'y eut pas de longues présentations. William et Bob transportaient des grenades, des mitraillettes et des revolvers. J'ai d'abord caché les chefs dans un hangar de la ville.  
Comme le réseau des FTP préconisait l'action à outrance, William me chargea de recruter tous les jeunes gens susceptibles d'entrer dans notre groupe. Nous étions d'abord quatre qui assistions à une réunion organisée par Mr Caron, dit William, dans un local mis à notre disposition par Me Mahéo. 
Etaient présents: Caron (William Henri)
                            Fontet Robert, dit Bob
                            Le Luc (Eugène) de Ploujean
                            Frelin (Emile) horloger à Morlaix, et des inconnus étrangers à Morlaix, dont William répondait.
Au cours de cette réunion, il fut décidé que les premières missions du groupe Justice consisteraient à faire de la propagande patriotique. Des tracts, tapés à la machine à écrire, au domicile de M. Frelin, furent distribués, et devinrent par la suite un petit journal régulier, ayant pour titre "Le Combattant".   
 
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"Des indiscrétions furent commises et la personnalité de Mr Frelin faisant l'objet de commentaires fâcheux risquant d'être captés par les services de la police de l'occupant, il fut décidé que la machine à écrire serait provisoirement placée chez un membre du groupe, possédant une chambre meublée, chez M. Sillau, au lieu-dit "Pont-Bellec", en St Martin des Champs. 
Notre quartier général se trouvait chez Mme Mahéo, 3, Place Thiers, chez laquelle nous entrions par le four St-Mélaine. C'est là que William et Bob avaient leur chambre gratuitement depuis octobre 1943.  
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Venelle du Four St Mélaine, donnant sur la place Thiers en 1943 (actuellement place des Otages)
Nous nous réunissions aussi chez Mr et Mme Le Bras, au café-restaurant Le Viaduc, Place Cornic, et aussi au café de Mme Coquin. Ces gens nous encourageaient dans notre lutte, contre les Allemands, et nous donnaient bien souvent des renseignements forts utiles. La police morlaisienne aussi, nous aidait beaucoup. 
Les Allemands ne tardèrent pas à sentir les premiers agissements de notre section. Nous avions en effet commencé par les attaquer pour récupérer leurs armes et nous avons entrepris le sabotage systématique des voies ferrées. Nous fûmes bientôt 15 dans le groupe, ce qui nous permet d'étendre nos opérations". 
(Témoignage d'Eugène Le Luc, cité par Jeannine Guichoux).
Résumé des principales actions du groupe Justice
"Sous l'impulsion de William, poursuit Jeannine Guichoux p 71 de son mémoire, chef du groupe, de nombreuses fausses cartes d'identité, destinées aux réfractaires du STO et plus tard, aux maquisards, furent établies. Un cachet disparu du commissariat de Morlaix servit à établir de faux documents.
Un service de placement pour les réfractaires, et plus tard pour les maquisards, fut créé. Le responsable de ce nouveau service fut Eugène Le Luc, qui devint par la suite, recruteur de volontaires pour les coups de main. 
Le premier acte de sabotage, effectué sans armes par quelques hommes du groupe, fut exécuté au cours d'une nuit d'octobre 1942. Les moteurs de quatre camions allemands garés sur la place du Pouliet, à Morlaix, furent gravement détériorés à grands coups de masses. 
En janvier 1943, la famille Athem, d'origine juive, fut camouflée par le groupe Justice et placée à St Sauveur munie de faux papiers. 
En février et mars 1943, une trentaine d'hommes, réfractaires du S.T.O ou recherchés par la police d'occupation vinrent grossir les rangs du groupe et chercher un refuge qui leur fut procuré. En présence de ces effectifs, il fut décidé que les attaques et les coups de main allaient commencer. 
En avril 1943, deux soldats allemands attardés furent attaqués sur le territoire de la commune de St Martin des Champs. Leurs mitraillettes constituèrent un armement précieux. 
En mai 1943, après avoir récupéré les deux jeux de clefs de la gare de Plouigneau, le groupe Justice se proposa de se livrer au sabotage des voies ferrées. Mais ces opérations ne purent être menées à bien à cette époque. 
En juin 1943, "récupération" de bottes de cuir et en caoutchouc destinée à la Wehrmacht , et aux chantiers Todt dans un wagon stationné en gare de Morlaix. 
En juillet 1943, "récupération" sans effusion de sang d'un fusil sur un soldat allemand en sentinelle à la gare de Morlaix.    
Août 1943: William se déplace à Paris, Rennes, Quimper, Lamballe, St Brieux, Brest, etc. , établissant la liaison avec de nombreux chefs de la résistance FTP, et organisant un groupe de résistants à Plédeliac, près de Lamballe. 
Septembre 1943: attaque surprise d'une patrouille allemande de 4 hommes sur la Nationale 12 (Paris-Brest) sur la commune de Plouigneau. "Récupération" de fusils et de grenades après la fuite des Allemands qui disparurent à bicyclette sans combattre. 
Octobre 1943: M. Messager, secrétaire de police à Morlaix, est contacté par William. Par la suite, le commissaire Le Du et les inspecteurs de la sûreté, suivirent son exemple, ainsi que le brigadier Charles, et de nombreux gardiens de la Paix. Le groupe fut ainsi doté d'un service de renseignements efficace et indispensable. En accord avec William, il fut décidé que les jeunes français désignés d'office par le STO seraient avertis au moins 24 heures à l'avance par les services de la sûreté qu'ils devaient se rendre en Allemagne au titre du Travail Obligatoire. Tous, ou à peu près tous, se cachèrent et demeurèrent introuvables pour les Allemands. Selon les statistiques du Préfet du Finistère, à l'époque, Morlaix fut considérée comme une des villes les plus réfractaires du département, au point de vue du recrutement pour le STO. 
Novembre 1943: les réfractaires du S.T.O devenant de plus en plus nombreux, gonflèrent considérablement les effectifs du groupe Justice. Vers la mi-novembre, il faut décider de faire gagner l'Angleterre, au moyen d'embarcations, aux patriotes volontaires pour combattre dans les rangs des Forces Françaises Libres. Un premier bateau fut affrété au Dourduff. Après une minutieuse préparation, le départ de cette opération est fixé dans la nuit du 23 au 24 novembre 1943. Malheureusement, un traître à la solde de l'ennemi, après avoir procuré le bateau destiné au transport des patriotes, dénonça la tentative de départ à la Gestapo. Les Allemands en nombre considérable, armés jusqu'aux dents, procédèrent à l'arrestation de treize patriotes sans défense, cachés dans un château, attendant la marée pour gagner l'Angleterre. Les patriotes furent tous déportés. Cette opération s'étant soldé par un échec complet, aucun autre départ de volontaires pour l'Angleterre ne fut tenté par les responsables du groupe justice. 
Décembre 1943: Route de Commana, et de Plounéour-Menez, au lieu-dit "Roch-Trévezel", attaque d'un soldat allemand isolé, abattu d'un coup de pistolet et immédiatement inhumé pour éviter des représailles contre la population civile. "Récupération d'armes". 
Janvier 1944: au début de janvier 1944, plusieurs membres du groupe Justice furent arrêtés puis relâchés, grâce à l'intervention de la police de Morlaix, et à la complicité courageuse du parquet, à la tête duquel se trouvait l'honorable procureur Dramart. Vers la fin de janvier 1944, un agent de la Gestapo, domicilié à Guingamp, dans les Côtes-du-Nord, au lieu-dit Rustang, de passage à Morlaix, dénonça et fit arrêter quatre patriotes chez une commerçante de la place au Lait. Avisé par les services de renseignements, William envoya deux jours plus tard, deux membres du groupe Justice à Guingamp, avec mission d'abattre le traître. Celui-ci, après avoir avoué sa trahison, fut exécuté à proximité d'un cimetière à Guingamp. 
février 1944: dénoncé par une femme à la solde de la Gestapo, pratiquant double jeu, William est arrêté en pleine ville de Morlaix par nos ennemis. Cette arrestation causa une vive émotion en ville, lorsque la population apprit qu'il s'agissait du chef de la Résistance. William fut incarcéré à la prison St-Charles à Quimper, réservée aux détenus politiques; les hommes de main du groupe Justice attaquèrent courageusement cette prison, leur tentative désespérée fut infructueuse. L'opération se solda par la mort d'une douzaine de soldats allemands. Un patriote blessé put être emporté au moment du "décrochage". 
mars 1944: attaque de nombreuses mairies: Ploujean, St Martin-des-Champs, Plourin-les-Morlaix, Commana. Enlèvement de tickets d'alimentation, de cachets pour la fabrication de fausses cartes d'identité. Un aviateur anglais ayant sauté en parachute sur le territoire de la commune de Plourin-les-Morlaix, à la suite de la destruction de son avion par la D.C.A ennemie, fut dissimulé et remis en mains sûres. 
avril 1944: attaque en pleine ville de Morlaix, près des halles, de plusieurs miliciens, à la grenade et au plastic qui furent fournis par le capitaine Marzin (Alexandre dit Merlin), chef local de Libération-Nord, sous les ordres du commandant Noël (commandant régional des F.F.I pour le Finistère) Nord). Bilan: deux miliciens blessés, l'un de ces miliciens fut abattu quelques jours plus tard, par un membre du groupe, à Quimper. Arrestation dans les Côtes-du-Nord de Bordolous (Paul), et de Le Luc (Maurice), par des fonctionnaires non patriotes. Le parquet de Lannion, composé à l'époque de magistrats dévoués aux Allemands et à Vichy, fut saisi de cette affaire et remit les deux résistants aux mains de la nouvelle milice de Darnand, qui venait d'être créée. Transférés à Angers et incarcérés à la prison du Pré-Pigeon réservée aux détenus politiques, les deux patriotes y furent, soi-disant, jugés devant une cour martiale dite française, puis fusillés immédiatement, à l'intérieur de la prison. 
mai 1944: à l'aide de jeux de clefs prises à la gare de Plouigneau, dont l'un fut cédé à un groupe des Côtes-du-Nord, deux sabotages furent effectués sur l'importante voie ferrée Paris-Brest. Bilan: déraillement de deux trains de marchandises ennemis à St Pol de Léon et Pleyber-Christ. Sabotage à la dynamite des écluses, du port de Morlaix, qui ne furent que légèrement détériorés. Cet exploit avorta, en raison de la faiblesse de la puissance explosive; si l'opération avait réussi, douze chalutiers allemands auraient été bloqués dans le bassin.
Attaque du magasin d'habillement du camp d'aviation de Ploujean-Morlaix, afin de se procurer des uniformes allemands. Trente tenues furent ainsi récupérées nuitamment, à l'insu des Allemands. Elles permirent aux membres du groupe de s'habiller en "vert de gris", lors des nombreux coups de main effectués depuis le débarquement jusqu'à la libération. 
- Débarquement des alliés impatiemment attendu: suivant les instructions reçues, de nombreux attentats en groupe ou isolés, furent perpétrés, notamment contre les dépôts de munitions, d'essence, les déplacements des troupes ennemies etc... Les fils téléphoniques aériens et souterrains, furent détruits. Un grand nombre de panneaux routiers allemands et français furent sabotés. Les panonceaux indiquant, par exemple, la direction Quimper, furent tournés, et la pointe de la flèche dirigée vers Brest. La confusion totale régna dans les rangs de l'ennemi, démoralisé, harcelé, aux abois, pendant les 8 jours qui suivirent le débarquement, grâce à l'activité insoupçonné des F.F.I et F.T.P?
A la fin de juin, Pontet Robert, dit Bob, qui prit la tête du groupe Justice après l'arrestation de William, fut appréhendé à Rennes, par les Allemands. Armé, il tenta de se défendre et fut exécuté immédiatement. Dénoncé en même temps que William, et recherché par l'ennemi, il avait dû quitter Morlaix, pour leur échapper. 
Juillet 1944: Le Luc (Eugène) prit le commandement du groupe Justice. Quelques jours après, il fut arrêté en même temps que son adjoint qui fut torturé et exécuté à Sizun, par les troupes du maréchal nazi, destructeur de la ville de Brest. Avant qu'il ne fut interrogé, et torturé, le nouveau chef du groupe Justice, Le Luc, invoquant un malaise, réussit à s'évader au nez et à la barbe d'une sentinelle allemande. Il regroupa sa formation, et continua à harceler l'occupant, dans la région de Brennilis, et de Commana. 
En juillet 1944, les réactions des Allemands puisées dans la fièvre de leur inévitable défaite furent à leur comble. De nombreux civils isolés et inoffensifs, rencontrés incidemment et ne faisant partie d'aucune formation de résistance, furent abattus sur place, sans aucun motif, par les Allemands, décimés et terrorisés. De son côté, la Résistance assénait coup sur coup à l'ennemi. 
Les Waffen S.S, des soldats de la Wehrmacht, des parachutistes isolés ou en petits groupes furent exécutés. Les résistants encouragés par l'avance des Alliés en Normandie, redoublent leurs actes de sabotage. L'important câble téléphonique souterrain Paris-Brest fut coupé en plusieurs endroits. Un pylône et un transformateur électrique alimentant les positions allemandes des Monts d'Arrée furent détruits. D'audacieux coups de main perpétrés contre les convois et cantonnements ennemis permirent la récupération d'un armement important qui servit pour la bataille finale. 
Août 1944:  délivrance de nombreux patriotes à la prison de Créach-Joly, cette opération fut menée à bien grâce à l'appui du commissaire de police et à la complicité du gardien chef de la maison d'arrêt dont l'attitude patriotique fut connue de tous les résistants. M. Le Roy, qui remplaçait le gardien-chef en congé, avait reçu d'un des chefs du groupe Justice la mission de relâcher les prisonniers. Les deux gardiens de la paix de service approuvèrent après consultation.           
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Ancienne prison du Créach-Joly, à Morlaix
4 août: les Allemands incendient les bâtiments occupés par eux à la barrière de Brest, à St Nicolas, chez Cam: route de Callac, chez Quéinnec et Guillou: voie d'accès au Port, à Traon-ar-Velin. Dans la soirée, ils font sauter les portes du bassin à flot, détruisant un des bateaux du port, coulant un chaland à l'extérieur du chenal et endommageant l'usine à gaz et l'usine électrique. Les pompiers courageusement éteignent l'incendie sans savoir si les Allemands ne vont pas les canarder. Des bruits divers courent en ville: on dit que les Américains approchent de Morlaix. C'est la ruée vers les drapeaux français que l'on vent au grand Bazar, il fallait faire la queue pour être servi. On s'arrache dans les magasins les morceaux de papier de couleur et les lanternes vénitiennes. Le 4 août Keller armé d'une hache avec des soldats allemands détruit le mobilier de la salle de la Renaissance place du Dossen.
Le 6 août; une reconnaissance américaine est signalée à St Martin des champs. La D.C.A allemande ne réagit plus quand les avions alliés survolent Morlaix à basse altitude. 
7 août 1944: participation à la Libération de Morlaix, et Ploujean. De nombreux Allemands se rendirent sans combattre et furent fait prisonniers par le groupe. Dans la nuit, ils ont fait sauter des dépôts de munition, évacué leurs locaux de l'allée du Poan Ben. D'abord évacué, la Propriété du général Weygand, route de Paris, est à nouveau occupée par un groupe d'irréductibles soldats allemands. Elle fut assiégée par des résistants. 
8 août 1944: Libération définitive de Morlaix, sans combat, les troupes ennemies s'étant repliées dans la poche de Brest. Les Américains arrivent après les véhicules de la résistance qui les annoncent dans l'enthousiasme général, après qu'on ait hissé un drapeau français sur la mairie à 15h, par la rue de Paris à 16h, avec leurs blindés et leurs automobiles.  La foule se rassembla à l'hôtel de ville. Pendant que se déroulaient ces manifestations enthousiastes, la Résistance attaquait au Créou, à l'entrée du Viaduc, un groupe d'Allemands, qui, chassé de la propriété Weygand, avançait sur deux colonnes de chaque côté de la voie ferrée. Les Allemands battirent en retraite vers la Madeleine, traversèrent le cimetière St-Charles ou les Américains intervinrent et obligèrent les Allemands à se rendre. 
Les prisonniers allemands, parfois battus et rudoyés, traversèrent la ville sous les huée de la foule. Les groupes de résistance défilèrent le 10 août. Des collaborateurs furent arrêtés et emprisonnés, des femmes jugées trop proches des Allemands furent tondues, 6 d'entre elles emmenées de Pleyber-Christ dans un camion furent conduites à la prison du Créach-Joly le 13 août. Il y eut plusieurs scènes de ce genre, assez sinistres, à Morlaix. 
Il y eut en dehors du groupe Justice des FTP d'autres groupes de résistance courageux qui eurent une action importante dans la région de Morlaix: 
- le groupe d'évasion des chantiers Sibiril de Carantec qui permit le passage en Angleterre de près de deux cent résistants ou aviateur alliés
- le réseau Libération-Nord dirigé à Morlaix par le docteur Le Janne dit "Noël" et par Tanguy-Prigent. C'est à ce réseau que fut affilé le maquis de St Laurent qui eut des actions héroïques contre l'occupant dans les semaines de la libération, en se déployant au Ponthou, à Plouigneau (groupes FFI). 
- le réseau Var à Beg-an-Fry près de Guimaëc: réseau de protection et d'évasion des aviateurs et agents de liaison, des résistants 
Basé essentiellement sur le témoignage d'Eugène Le Luc, propos recueillis par Jeannine Guichoux dans son mémoire universitaire de juin 1970 "La Résistance dans la région morlaisienne sous l'occupation allemande".    
 
Lire aussi: 
Les déportés morlaisiens dans les camps nazis pendant la seconde guerre mondiale
Les mois de la Libération à Saint-Martin-des-Champs: un article de Jean-Pierre Hervet pour le journal municipal de St Martin des Champs
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Libération de Morlaix par les Américains le 8 août 1944 (photos d'archive publiée par Ouest-France)
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Libération de Morlaix par les Américains le 8 août 1944 (photos d'archive publiée par Ouest-France)
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libération de Morlaix (photo d'archive publiée par Ouest-France)

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Vers 15 h, ce 8 août 1944, les touts premiers véhicules d'éclaireurs américains entrent dans Morlaix par La Madeleine, puis le quai de Tréguier, ici près de l'octroi (au niveau de la maison Penanault). Les rues sont encore vides... | DR

Source :
https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/il-y-70-ans-les-americains-liberaient-morlaix-2750914
Source : https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/il-y-70-ans-les-americains-liberaient-morlaix-2750914


Il y a 70 ans, les Américains libéraient Morlaix
La Werhmacht arrive et occupe Morlaix le 19 juin 1940. Elle en sera chassée par les Américains le 8 août 1944. Chronologie des derniers jours de l'Occupation et de la Libération.
3 août 1944. Grâce à la percée d'Avranches de l'armée du général Patton, la 3e Armée américaine déferle vers la Bretagne. Les Allemands s'agitent et réquisitionnent dans la campagne morlaisienne charrettes, chevaux, et « invitent » les paysans à les conduire. Le dépôt de munition de la Madeleine saute, coup d'envoi des destructions. Au Ponthou, des maquisards francs-tireurs partisans (FTP) de Saint-Laurent- (Plouégat-Guerrand) ont pour mission d'empêcher la destruction du viaduc ferroviaire. Ils s'accrochent à une colonne allemande. Deux résistants sont tués, un autre blessé. L'objectif est maintenu.
4 août 1944. À Morlaix, les destructions se poursuivent et des incendies sont allumés dans des dépôts de la ville et des alentours. Les portes des écluses sautent et le dernier navire à quitter le port canonne l'usine à gaz, route de Carantec. Dans la prison de Créac'h-Joly, un arrangement entre le gardien et les résistants permet de faire évader très discrètement douze détenus politiques. Dans la nuit, deux pompiers qui reviennent d'une intervention sont abattus près de leur caserne, place des Jacobins, par des motocyclistes allemands ivres.
6 août 1944. Au Ponthou, vers 11 h, la section FTP qui garde le viaduc, est attaquée par un important détachement allemand. Devenu intenable, les maquisards cèdent le terrain et, en soirée, s'enfuient dans la vallée du Douron. À Morlaix, vers 14 h 30, les rescapés du groupe FTP Justice, sous le commandement d'Eugène Le Duc, désarment et capturent la sentinelle allemande qui se trouve au bout du viaduc pour savoir si l'ouvrage d'art est piégé. Un bref accrochage les oppose à un groupe allemand sur la voie ferrée. En soirée, les Américains sont au Cloître-Saint-Thégonnec. Les Allemands positionnent une mitrailleuse place Émile-Souvestre.
7 août 1944. Au Ponthou, douze hommes du groupe Justice attaquent un convoi de 500 Allemands, vers 12 h 30. Encerclée, la section décroche dans un bois voisin avant de réussir à se faufiler à travers des lignes ennemies dans la nuit avec deux blessés. Elle rejoindra sans encombre sa base de Saint-Laurent. Les Allemands perdront 63 hommes dans cet accrochage.
8 août 1944. Quelques explosions nocturnes à Lesquiffiou et dans la propriété du général Weygand annoncent les dernières destructions. Quelques rares véhicules allemands isolés traversent la ville. Des blindés américains ratent de peu des colonnes allemandes près de Lanmeur et poursuivent vers Morlaix. Vers 14 h 30, la Résistance accroche les derniers Allemands cantonnés dans la propriété Weygand, route de Paris. À 15 h, les premiers véhicules américains de reconnaissance traversent la cité du Viaduc en arrivant par la Madeleine. À 15 h 30, le drapeau tricolore flotte à nouveau sur la mairie, tandis que les Américains mettent fin au combat de la propriété Weygand avant de traverser, en défilant avec les maquisards, la ville, de la place du Pouliet à la place Thiers (future place des Otages) dans une ambiance de liesse indescriptible. Les Allemands repoussés du château Weygand s'enfuient par la voie ferrée vers le cimetière Saint-Charles. Acculés, ils finissent par se rendre à la Résistance. Morlaix est libérée !
9 août 1944. Vers 14 h 30, l'aviation alliée achève d'anéantir le détachement allemand, dernier élément constitué subsistant à l'est de Morlaix. Un peu plus de quatre ans d'occupation viennent de s'achever.

Deux dates noires
29 janvier 1943. Par un bel après-midi ensoleillé, les sirènes retentissent, à 14 h 15, prévenant d'un raid aérien. Mais personne ne pense que la cible est le viaduc de Morlaix. Par surprise, l'escadrille anglaise de douze bombardiers Boston lâche 43 bombes sur la ville avec pour objectif la destruction de l'ouvrage d'art. Une des bombes éventre l'école Notre-Dame de Lourdes, située au pied du viaduc. Trente-neuf enfants de maternelles et leur institutrice sont tués. En ville, c'est également le « carnage » où autant de civils trouveront la mort. Les pertes de l'armée allemande n'ont jamais été connues.

26 décembre 1943. Au lendemain de Noël, les Allemands, par représailles après un attentat à la grenade contre le Foyer du soldat, rue de Brest, interpellent, dès le matin, tous les jeunes hommes qui circulent en centre-ville. Les soldats rassemblent plusieurs centaines de personnes sur la place Thiers (future place des Otages) et en retiennent 60 au hasard. Le 2 janvier 1944, rassemblés près de l'aérodrome, ils seront déportés vers les camps de concentration en Allemagne. Trente-deux d'entre eux n'en reviendront pas.
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