Le Musée de la Résistance
raconte les bals clandestins | Place Gre'net
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 15 juin 2021

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Source : https://www.placegrenet.fr/2021/06/05/nous-nirons-plus-danser-le-musee-de-la-resistance-raconte-les-bals-clandestins-sous-le-regime-de-vichy/535005


FOCUS – Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère présente sa nouvelle exposition temporaire, « Nous n’irons plus danser », dédiée aux bals clandestins sous le régime de Vichy. Un épisode méconnu de la Seconde guerre mondiale en France et une exposition inédite en son genre, qui sera ensuite proposée au Musée nationale de la Résistance de Champigny-sur-Marne.
 
 
Quand la bise fut venue en juin 1940, les Français n’eurent guère l’occasion de danser pour oublier l’occupation allemande. Quelques semaines après son instauration, le régime de Vichy interdit en effet les bals populaires, publics comme privés. Ceci au nom de hautes considérations morales, le maréchal Pétain mettant la défaite sur le compte de « 
l’esprit de jouissance ». Mais l’esprit de jouissance est retors et les bals clandestins fleuriront partout sur le territoire.
 
C’est à cet épisode peu connu de l’histoire de la Seconde guerre mondiale que le
Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère consacre sa nouvelle exposition temporaire, « Nous n’irons plus danser », jusqu’au 3 janvier 2022. Le musée isérois est le premier à aborder cette thématique, tant et si bien que l’exposition sera amenée à voyager. Notamment au Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne à l’été 2022.
 
 
Une manière pour Vichy d’asseoir son autorité
 
Dédier une exposition aux bals clandestins durant la Seconde guerre mondiale, c’est rappeler l’importance de la danse à cette époque. La directrice du Musée Alice Buffet et son chargé des collections Antoine Musy décrivent une France de l’entre-deux-guerres où les bals ont pris une dimension essentielle dans toutes les classes sociales. Une véritable « 
dansomanie » autour de la valse, de la java, mais aussi du tango, de la rumba ou du fox-trot.

Difficile dès lors de renoncer à la danse une fois l’interdiction proclamée. Les bals clandestins font alors leur apparition, réprimés par un régime de Vichy qui y voit une manière d’asseoir son autorité, alors que ses prérogatives ne cessent de diminuer sous l’autorité de l’occupant allemand. Les gendarmes traquent les bals en milieu rural, avec plus ou moins de zèle. Les peines encourues ? Des amendes, la plupart du temps. Ou, plus grave, la confiscation des instruments de musique.
 
Difficile de mesurer le zèle des gendarmes pour faire la chasse aux bals clandestins. Quant aux forces allemandes, elles se soucient bien peu pour leur part de cette interdiction. Au contraire, le musée expose un compte-rendu relatant une algarade entre gendarmes et soldats allemands : ces derniers n’avaient pas apprécié de voir les militaires français tenter de mettre fin à un bal… ou eux-mêmes s’étaient invités à danser.
 
 
Une profusion de documents
 
Les bals clandestins sont-ils une émanation de la Résistance ? Pas du tout, insiste Alice Buffet. Si des jeunes sortiront parfois du maquis pour aller danser et si des résistants prendront la pose avec un musicien, les bals ne s’inscrivent pas dans cette dimension. Mais certains n’échapperont pas aux tragédies, comme ce bal du château d’Habère-Lullin en Haute-Savoie, le soir de Noël 1943, théâtre d’un massacre commis par la police allemande.

Quant à la Libération, elle ne marquera pas le retour immédiat des bals. « 
La joie et la fête passent plus par les défilés militaires, les défilés de résistants », explique Alice Buffet. Les bas, eux, resteront interdits plusieurs mois sous l’autorité du gouvernement provisoire, avant d’être à nouveau autorisés à compter du 1er mai 1945.
 
Si l’interdiction des bals populaire peut sembler anecdotique de prime abord, le Musée de la Résistance démontre, au travers d’une profusion de documents, combien elle entre en résonance avec la réalité de son époque. Entre la répression policière d’un régime en mal d’autorité, la chasse aux jeunes zazous ou l’instauration d’une bureaucratie stricte pour les professeurs de danse, l’exposition rappelle l’absurdité comme la cruauté de ce pan de l’Histoire de France.
 
 
Bals clandestins d’hier… et d’aujourd’hui
 
Et pour mieux rattacher la thématique à des temps plus proches de nous, le Musée a choisi de conclure le parcours sur quelques faits marquants des décennies qui allaient suivre. Quand les blousons noirs dansaient le rock sur des débris de chaises, quand des hippies organisaient des festivals sauvages, sans oublier les
squats punks, les rave party… ou la charge de policiers contre des danseurs, un soir de Fête de la Musique à Nantes.

Faut-il encore établir un lien entre les bals clandestins sous l’occupation et les fêtes privées clandestines organisées en pleine pandémie de Covid-19 ? Alice Buffet sait pertinemment que d’aucuns ne manqueront pas d’établir un parallèle et se prémunit de toute polémique stérile : toute coïncidence est purement fortuite, le travail sur l’exposition ayant débuté bien avant la mise en place des restrictions.
 
Florent Mathieu



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