CELTON Corentin
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour le 17 mars 2021


Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :


Infirmier dans la 7e armée en 1940.
Le 30 juin 1940, il fut cité à l’ordre de son régiment et obtint la Croix de guerre avec étoile de bronze
Dans la Résistance il est chargé d’organiser les Comités populaires des services publics
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Source : LE MAITRON https://maitron.fr/spip.php?article19142

Né le 18 juillet 1901 à Ploaré (Finistère), fusillé le 29 décembre 1943 à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) ; préposé de l’Assistance publique de Paris ; militant communiste ; secrétaire de la Fédération CGT des Services publics.

Fils de Grégoire Celton, journalier, et de son épouse Marianne Kervalé, ménagère, Corentin Celton perdit son père avant son premier anniversaire. Sa mère s’embaucha alors comme ouvrière sardinière dans une usine de Douarnenez. Après une scolarité primaire à l’école de son village de Ploaré et l’obtention du certificat d’études primaires, il commença à travailler à l’âge de douze ans, fut marin pêcheur cinq ans plus tard jusqu’à son service militaire comme inscrit maritime au 2e Dépôt à Brest, de juillet 1921 à juillet 1924. À son retour dans le civil, il redevint quelques semaines marin pêcheur, puis partit pour Paris. En novembre 1924, il fut embauché comme garçon de salle à l’hôpital Saint-Antoine. Il y suivit les cours de l’école des préposés, en obtint le diplôme professionnel en 1926 et fut nommé préposé (grade créé pour remplacer celui d’infirmier qui était alors devenu exclusivement féminin) en octobre 1928. Ces années-là, il exerça à la pharmacie de l’établissement en chirurgie de jour, puis de nuit. Sur proposition de l’administration centrale, qui désirait « un préposé sérieux, intelligent et très au courant des travaux de bureau », il fut affecté en novembre 1934 à l’hospice de personnes âgées des Ménages, à Issy-les-Moulineaux, où il prit en charge le service de consultation. Son départ ne chagrina pas outre mesure le directeur de Saint-Antoine qui écrivait dans son dernier rapport : « Intelligent, mais assez étourdi dans son travail. Tenue correcte mais très mauvais esprit. » En mars 1935, il fut mis, à sa demande, en situation de congé syndical.

En janvier 1925, deux mois après son embauche à Saint-Antoine, il se syndiqua à l’organisation unitaire. Le mois suivant, il adhéra au Parti communiste, « à la suite de la grève des sardinières de Douarnenez où le Parti s’était montré à la pointe du Combat », explique-t-il dans le questionnaire biographique qu’il remplit en 1934 pour la commission des cadres du parti. Son engagement au sein du PCF était pourtant restreint ; la cellule de Saint-Antoine fut dissoute en 1926 pour renaître en 1931 et n’aurait eu, en 1934, qu’une quinzaine de membres.

Il siégea en 1934 au comité et au bureau du XIIe rayon ainsi qu’au comité régional du PCF au sein duquel il était spécialement chargé des services publics ; il fut également délégué à une conférence de Paris-Ville. Il militait aussi au Secours rouge international et aux Amis de l’Union soviétique. Son activité syndicale dans les hôpitaux ne parut pas dans un premier temps essentielle au Parti communiste, puisque la commission des cadres envisageait, « en raison de l’importance des marins pécheurs », de l’envoyer militer dans ce secteur. L’évolution de la situation sociale et du mouvement syndical fit que ce projet ne fut pas mené à bien. Membre de la commission administrative de la Bourse du Travail de Paris, élu secrétaire de la Fédération CGTU (puis CGT réunifiée) des Services publics, il bénéficia, à partir du 1er mars 1935, par période d’un an renouvelée, de congés syndicaux. Logé au sein même des établissements lorsqu’il travaillait à Saint-Antoine, puis aux Ménages, il habita au 25 rue des Forges-royales, dans le XIe arrondissement de Paris, lors de son détachement à la fédération syndicale. Son amie était alors une infirmière de Saint-Antoine, fille de petits cultivateurs du Puy-de-Dôme.

Le 1er septembre 1939, en raison de la mobilisation, son congé syndical prit fin et Corentin Celton reprit, à sa demande, son travail à l’hospice des Ménages. Moins d’une semaine plus tard, il fut appelé comme infirmier dans la 7e armée. Le 30 juin 1940, il fut cité à l’ordre de son régiment et obtint la Croix de guerre avec étoile de bronze : « L’infirmier de 1re classe CELTON (Corentin) de la 13e Compagnie R.G. XIe SIM s’est particulièrement fait remarquer par son courage et son zèle le 7 juin à Royaulieu, le 8 juin à Saint-Martin-du-Tertre, les 16 et 17 juin à Vierzon en effectuant le brancardage des blessés sous les bombardements de l’aviation ennemie. » Démobilisé le 18 août 1940, rentré à Paris deux jours plus tard, il se présenta le 21 au Bureau des agents démobilisés de l’Assistance publique où on lui remit une feuille d’affectation à l’Hospice des Petits-Ménages. Il y assura son service du 21 août au 3 septembre, lorsque le directeur de l’établissement lui affirma avoir reçu un ordre téléphonique de la direction générale le suspendant de ses fonctions, dont il fut relevé le 1er mars 1941 (arrêté de retrait d’emploi annulé par un arrêté du directeur général de l’Assistance publique du 23 avril 1945). Malgré ses demandes et ses états de service, tant hospitaliers que militaires, qu’il mit alors en avant, il ne fut pas réintégré et passa dans la clandestinité.

Dans la Résistance, il fut chargé d’organiser les Comités populaires des services publics, forme clandestine du syndicalisme, tout en assurant la liaison entre le syndicat légal de la Santé et les syndicalistes hospitaliers résistants. Porteur d’une fausse carte d’identité au nom de Pierre Le Meur, il fut arrêté par la police en mars ou en avril 1942, enfermé à la Santé, où il passa trois mois au cachot pour avoir été surpris avec des tracts destinés à être distribués à d’autres prisonniers. Il fut condamné en 1943 à trois ans de prison, emprisonné alors à la centrale de Clairvaux, d’où, en septembre 1943, la Gestapo vint le chercher pour le transférer à Fresnes. Aux alentours du 20 décembre, il fut condamné à mort et fusillé au Mont-Valérien, le 29 décembre 1943. Dans sa dernière lettre, il écrivit :
« Je tiens à vous dire au moment où je vais mourir que j’ai lutté pour un monde meilleur, ce qui reste ma fierté au moment où je vais payer de ma vie mon attachement à mon idéal politique. [...] Il me coût[e] peu de mourir puisque j’ai la certitude que la France vivra. »

En 1945, l’hospice des Ménages devint la maison de retraite Corentin-Celton. Le 15 septembre 1945, la station de métro Petits-Ménages de la ligne 12, qui dessert l’établissement, prit également son nom.