SIZORN Jean
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 10 avril 2021


Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :


Groupe Lambert, F.T.P
F.T.P Landerneau / C4 / E.M
Pseudonyme(s) : Hubert 70
Secteur(s) d’action : Landerneau / Centre-Finistère
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SIZORN Jean
Naissance : 5 août 1923 - Landerneau
Année d’entrée en résistance ou F.F.I. : 1943
Résistance :
Groupe Lambert, F.T.P
Unité :
F.T.P Landerneau / C4 / E.M
Pseudonyme(s) : Hubert 70
Secteur(s) d’action : Landerneau / Centre-Finistère
Décès : 23 janvier 2001 - Landerneau



Jean René Thénénan Marie Sizorn réside à Landerneau au 28 rue de Ploudiry. Trop jeune pour être mobilisé à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il travaille dans l’entreprise familiale comme sellier-bourrelier. Sur son temps libre, il fréquente les jeunes du patronage des Gars d’Arvor. Jean reprend la direction de la petite entreprise après le décès de son père le 28 juin 1941, à seulement 41 ans.


Dans les derniers mois de l’année 1942, au fil de discussions, Jean Sizorn entre en relation avec des landernéens désireux d’agir contre l’occupant. La concrétisation de ces rencontres aux allures clandestines, se déroule en janvier 1943 par la création d’un groupe emmené par d’anciens militaires du 48ème Régiment d’infanterie (48ème R.I) ;
Henri Lambert et Marcel Briand. Outre Jean Sizorn, figure également Marcel Peucat parmi les membres fondateurs. Ce Groupe Lambert se place sous l’égide des Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P). À cette période, les arrestations sont nombreuses dans la Résistance communiste brestoise et bien qu’avide d’agir, le groupe va d’abord se structurer. Dès lors Jean Sizorn met partiellement son activité professionnelle en pause pour se consacrer à la lutte clandestine. Les premiers mois sont consacrés à l’organisation, aux repérages, à la diffusion de tracts et journaux clandestins ainsi qu’au recrutement de volontaires.


Au mois de mars 1943, le groupe a triplé et comporte une douzaine de membres. La récupération de matériels débute et des vols sont commis dans des carrières pour obtenir des explosifs. On vole également des bottes et quelques armes pour les futures opérations et l’instruction des jeunes. Au mois d’avril, Jean Sizorn prend du galon et se voit nommé chef de groupe. L’un des premiers sabotages est effectué sur l’élévateur de pâte de la boulangerie de la Grande Palud, qui fabrique du pain pour la Kriegsmarine. Les semaines s’égrainent et les contacts se nouent avec les
Francs-Tireurs et Partisans de Brest, notamment André Lagoguet puis ceux du Groupe Giloux. Malgré les divergences nationales, la camaraderie et les connaissances locales permettent de se côtoyer ou s’allier le temps d’une action, avec le docteur Jean Le Bras du mouvement Défense de la France (D.F), Joseph Radenac de l’Organisation de la Résistance de l’Armée (O.R.A) ou encore avec Mathieu Donnart, responsable de l’Armée Secrète (A.S).


Depuis octobre 1943, le groupe prépare son premier sabotage ferroviaire. Les résistants optent pour la ligne reliant Quimper à Landerneau. Pour cette action, les landernéens s’adjoignent l’aide précieuse de
Marcel Boucher et René Hascoët de Brest. Les deux brestois arrivent par le dernier train de Brest et sont récupérés par Jean Sizorn et Marcel Peucat. Le rendez-vous est pris à 22 heures à l’endroit choisi, les jeunes saboteurs s’y rendent à vélo. Dans leurs affaires, les brestois ont apporté les clés S.N.C.F. pour déboulonner les éclisses et les traverses. Henri Lambert a déployé pour cette opération des hommes dans les environs pour palier aux éventuels problèmes et a même convenu que les hommes du docteur Jean Le Bras soient de la partie. Le sabotage est effectué en 45 minutes puis le commando s’éclipse dans la nature. Certains dormiront dans le bois de Pencran jusqu’au lever du couvre feu. Jean Sizorn, Marcel Peucat et les deux brestois descendent jusqu’à la rue de Ploudiry pour passer le reste de la nuit dans l’atelier Sizorn. Le 5 décembre à 00h30, le train PV Q14 s’engage sur la voie et déraille en partie avec deux machines et deux wagons hors piste. La voie sera immobilisée une journée et demi.


Dans les jours qui suivent,
Henri Lambert est appelé à dispenser une instruction militaire au maquis de Saint-Yvieux à Plerguer en Ille et Vilaine. Il s’y rend avec Marcel Briand et Marcel Peucat. La direction du Groupe Lambert revient alors à Jean Sizorn. Dans la nuit du 18 décembre 1943, le jeune landernéen organise un nouveau sabotage ferroviaire entre Landerneau et Dirinon, faisant dérailler vers 4h30 le lendemain, une locomotive et un wagon venant de Brest. Ce même 19 décembre 1943, ses trois camarades sont capturés au maquis de Saint-Yvieux. Jean Sizorn et André Lagoguet deviennent alors les chefs de groupe. Il poursuit les recrutements et maintient un contact régulier avec les responsables F.T.P. La nuit du 3 au 4 février, il héberge à son domicile Marcel Boucher, André Garrec et Guy Raoul, qui reviennent de Trédudon en Berrien après avoir abattu un officier allemand et son ordonnance. Les trois brestois ne s’attardent pas et quittent Jean Sizorn dans l’après-midi. Sur le chemin qui doit les ramener à Brest, ils tombent sur un barrage à la sortie de Landerneau et dans la fusillade qui s’ensuit, les trois jeunes maquisards sont tués.


Le
Groupe Lambert, loin de se dégonfler, poursuit la lutte et semble changer de nom pour devenir le Groupe Primas. Cela fait sûrement écho à l’organisation militaire des F.T.P instaurant des détachements (sections) et des groupes portant les noms de fusillés. Les résistants de ce groupe sont numérotés de 68 à 79. Toujours en février 1944, il rejoint Quimerc’h avec André Lagoguet pour retrouver Yves Autret. Ce dernier a découvert un conteneur d’armes perdu lors du parachutage destiné au groupe Vengeance. Deux mitraillettes sont alors données aux landernéens. Deux nouveaux sabotages ferroviaires s’ajoutent aux actions du Groupe Lambert ; le 18 et 27 février 1944 entre Dirinon et Landerneau puis une nouvelle le 16 mars à Quimerc’h. Les actions se multiplient dans la région de Landerneau, les hommes de Sizorn s’attaquent également aux pylônes électriques et de T.S.F. En mars 1944, Jean Le Rousic quitte Brest et fait une halte à Landerneau pour y récupérer deux postes radio auprès de Jean Sizorn. Ils seront acheminés à Plonévez-du-Faou. Le mois d’avril 1944 sonne le glas du Groupe Lambert. Leurs nombreuses actions ne sont pas passées inaperçues et les services de la sûreté allemande de Rennes enquêtent et débarquent à Landerneau, accompagnés d’un supplétif français.

Le Sonderführer (K) Herbert Schaad déclare à ce sujet :

La première opération à laquelle j’ai assisté à Landerneau a été l’arrestation de Millour, de Bourhis, des deux frères Danielet les recherches de Lagoguet, de Sizorn, de Keryell, Malgorn, Goulaouic. Cette opération s’est effectuée sur ordre d’un envoyé de la S.D de Rennes qui s’est présenté au capitaine de la Kommandanture pour lui expliquer les raisons de sa venue à Landerneau. Il a prétexté qu’il ne connaissait pas la ville et le capitaine m’a désigné pour que je l’accompagne. L’envoyé de Rennes m’a expliqué par la suite qu’il venait dans le but d’effectuer des arrestations. Il était accompagné d’un civil qui, disait-il, devait lui fournir toutes les indications nécessaires. Il m’a indiqué le nom de ce civil, mais par la suite j’ai appris qu’il s’agissait d’un nommé Guilcher

domicilié dans l’immeuble du Chêne Vert, rue de Brest à Landerneau.
- Archives Municipale de Brest, fonds Joël Le Bras (153S12), déposition d’Herbert Schaad, 26 septembre 1944.

C’est pour ainsi dire la naissance du Kommando I.C 343, dit
Kommando Schaad, qui mènera la vie dure à la Résistance du Nord et du Centre Finistère. Ne trouvant pas Jean Sizorn, les allemands arrêtent le 17 avril 1944 sa mère et sa sœur, toutes deux prénommées Marguerite. Elles seront déportées à Ravensbrück et sa mère n’en reviendra pas. Jean Sizorn parvenu à s’enfuir, gagne Lesneven où le docteur-maire Duterque le confie à son secrétaire Yves Quéré pour le convoyer jusqu’à la ferme de Jean-Louis Pichon. Le résistant l’accueille, l’héberge et le nourrit durant quelques temps avant de l’emmener à Locmaria-Berrien pour lui permettre d’intégrer le maquis dans la région de Plonévez-du-Faou et Le Cloître-Pleyben.

Il retrouve son compère
André Lagoguet, qui s’est rapproché d’Albert Yvinec de Brest et des quelques hommes qui l’accompagnent. Afin de ratisser plus large, ce groupe se scinde. Yvinec part de son côté avec l’embryon Giloux pour la région de Scrignac. André Lagoguet reste lui sur place et avec les quelques résistants qui l’accompagnent dont Jean Sizorn, prennent le nom de maquis de l’Étoile Rouge. Bien entouré, le petit groupe va prospérer en effectuant quelques actions contre l’occupant dans la région de Plonévez-du-Faou. L’annonce du débarquement en Normandie en juin 1944, favorise également le recrutement. Le groupe se transforme et devient la Compagnie F.T.P Corse. Les armes restent en quantité insuffisante pour un engagement frontal avec l’occupant. Albert Yvinec reprend le contact avec l’unité de Lagoguet en Juillet 1944 pour lui proposer de partager les armes qu’ils attendent d’un parachutage. Ce parachutage sera hélas avorté mais un autre équipera solidement la compagnie et par émulation, donnera naissance à une seconde compagnie nommée France.


Les actions contre les troupes d’occupation augmentent en juillet 1944 et au tout début d’août, les hommes de
Lagoguet participent au harcèlement des parachutistes allemands qui se replient sur Brest. Après l’arrivée des blindés américains dans les jours suivants et la libération du secteur, les deux compagnies F.T.P participent au nettoyage de la zone avant de remonter au Nord, vers Landerneau. Une fusion s’opère alors avec les résistants F.T.P originaires de Landerneau, rescapés du Groupe Lambert, ainsi que certains brestois repliés après l’évacuation générale de la mi-août 1944. Ce rassemblement donne naissance au Bataillon F.T.P Georges Le Gall. Jean Sizorn prend la tête de la 4ème Compagnie, réorganise ses effectifs fin août et début septembre 1944 puis participe aux opérations de réduction des poches de Brest, Plougastel et de Crozon.


Après la Libération du secteur, il souscrit un engagement dans l’Armée française et participe à la reconstitution du 19ème Centre d’infanterie divisionnaire (C.I.D 19), comme Lieutenant commandant la 4ème Compagnie
André-Garrec. Jean Sizorn épouse Jeanne Travel, rencontrée au maquis en 1944, le 29 mars 1945 à Belle-Isle-en-Terre, avec qui il aura deux enfants, Jean-Pierre en 1945 et Michelle en 1948. Revenu à la vie civile, Jean Sizorn dirigera l’entreprise familiale jusqu’à sa retraite.


Pour son engagement clandestin, Jean Sizorn est cité à l’ordre du Régiment et reçoit la Croix de Guerre 1939-1945, avec palmes et la médaille de la Résistance française. En 1949, il est élevé au rang de Chevalier de la Légion d’honneur.


Publiée le samedi 23 janvier 2021, par
Dourdon, Gildas Priol, mise à jour samedi 20 mars 2021




L’EMBUSCADE DE PONT-STANG par Yves Quéré

Dans les premiers jours du mois d’Août 1944, la compagnie Corse installée au manoir de Château-Gall en Landeleau reçoit l’ordre du Poste de Commandement des FFI du Plessis en Laz, d’attaquer une troupe allemande allant de Chateaulin vers Carhaix, en destination du front de Normandie.

La compagnie Corse a été armée suite au parachutage du 17 juillet 1944 du côté du Pénity-Saint-Laurent entre Collorec et Kergloff, apportant d’Angleterre des armes et trois officiers français. La compagnie recevra des mitraillettes Stenn, des fusils mitrailleurs Brenn, des grenades et plusieurs armes légères, mais pas d’officier.

Andrée Lagoguet commandant de la compagnie met en place un groupe d’une centaine de volontaires. Mais les anciens guérilleros de l’Etoile Rouge (Fichon, Rivoal, Tromeur etc…) ne sont pas sur place sur jour-là. A Pont-Stang en surplomb de la route de Chateauneuf-Carhaix, l’endroit est très bien choisi pour une embuscade. Tôt le matin du 3 août 1944, de nombreux soldats allemands passent sur la route, Dédé Lagoguet, inquiet, demande au PC du Plessis la confirmation de l’ordre d’attaque. L’ordre est confirmé dans les deux heures suivantes car il faut empêcher les Allemands de renforcer le front de Normandie où Patton attaque pour percer les lignes allemandes au sud du Cotentin.

Le 3 août à 18 heures, le message de la BBC «  le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros Guirec  ?  » lance aussi le signal de l’insurrection générale en Bretagne, pour fixer sur place les troupes allemandes stationnées dans la région. Attaquer les troupes allemandes allant vers la Normandie est donc logiquement confirmé à la compagnie Corse. A Pont-Stang, il ne s’agit plus d’une escarmouche mais de retarder plus d’un millier de soldats allemands allant vers la Normandie. Mais à cent maquisards sans expérience contre plus de milles Allemands aguerris dont des parachutistes, le combat s’annonce périlleux pour les maquisards. La compagnie Plonévez du bataillon Normandie du bois de Coat-Bihan tout prêt de Landeleau, commandée par l’officier d’active Laurent Guern ne participera pas à ce combat. Celui-ci m’a déclaré plusieurs années plus tard que dans l’armée française les soldats ne sont pas obligés d’aller au suicide. Le groupe Dumaine de la compagnie Corse du bois du Spern en Plonévez ne viendra pas non plus. Dumaine et son groupe s’arrêteront à plus de trois kilomètres à l’ouest de Pont-Stang.

André Lagoguet et quelques autres reviennent à leurs bases de Château-Gall pour préparer le repli de leur troupe, et laissent le commandement à Jean Sizorn qui attaque les Allemands vers 9 heures avec ses maquisards à coup de grenades et au fusil mitrailleur du haut des falaises qui dominent la route Chateauneuf-Carhaix et l’Aulne. Les Allemands sont surpris et reculent en désordre. Ils comptent dans leur rang plusieurs morts et blessés (les pertes allemandes ne seront jamais connues). Puis les Allemands se ressaisissent et pendant des heures combattent les FFI. Enfin vers midi, ils encerclent et massacrent l’arrière garde de la compagnie Corse (quinze morts). Ils assassinent aussi les paysans, hommes, femmes et vieillards des villages environnants (Le Cloître, Penity-Raoul, Kerancoz…), dix-huit morts horriblement tués, mutilés, brulés dont l’abbé Suignard qui venait donner les derniers sacrements aux mourants.

Après la première partie du combat, l’embuscade étant jugée réussie, Jean Sizorn s’est efforcé avec difficulté de faire décrocher ses troupes. Plusieurs combattants ont refusé de se replier car pour eux c’était enfin l’heure du combat, d’affronter et de tuer les Boches  : la plupart d’entre eux sont morts au combat. Les officiers allemands ont excités leurs soldats, au lieu de les calmer durant cette matinée dans le but de terroriser la population de Landeleau et des environs. L’embuscade s’est transformée en tuerie. Mais à Landeleau, la colonne allemande a perdu des soldats et surtout beaucoup de temps. Elle n’ira jamais en Normandie et fera demi-tour, dès le 7 août après avoir passé Carhaix pour rentrer à Brest.

A voir aussi :

https://www.ouest-france.fr/bretagne/carhaix-plouguer-29270/jean-hourmant-raconte-lembuscade-de-pont-ar-stang-687132

https://www.le-souvenir-francais-du-finistere.fr/landeleau-3-aout-2020/

https://www.kilroytrip.fr/memoriaux/massacre-pont-ar-stang-vihan-landeleau




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