LE RÉSEAU DU MUSÉE DE L'HOMME
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 29 mai 2021 / mise à jour le 13 mars 2022 / mise à jour le 20 mars 2022
C’est au Mont-Valérien, aux portes de Paris, que furent fusillés les résistants du réseau du Musée de l’Homme.
| ARCHIVES ERIC FEFERBERG, REUTERS
Le Palais de Chaillot à Paris, sur l’Esplanade du Trocadéro, qui abrite le Musée de l’Homme. | EUTOURING
Ci dessus le Résumé de la déposition faite par Albert Gaveau, agent de la Gestapo, avec les commentaires de Germaine Tillion recueillis par Édouard Perroy:
Ci dessous : cliquez sur le dossier pour le télécharger.
La deuxième sœur, Marianne verra son mari, l’officier Jean-Bertholod Mahn, disparaître sur le champ de bataille : il avait rejoint le Front français de Libération en Corse.
Éveline, la cadette, est amoureuse de l’ethnologue russe, Anatole Levitsky, adjoint de Vildé. Il sera à son tour fusillé et la jeune femme poursuivra son œuvre. “Je nous vois encore, assis sur le gazon. Elle m’a demandé : “Était-ce utile ?” Je n’ai su quoi répondre…”
Pour Jean-Yves Séradin, la Résistance rime aussi avec la souffrance de ceux qui restent. Une mémoire qu’il essaye de maintenir vivante, notamment pendant sa carrière de professeur au collège.
Ils lui ont donné le goût des lettres
Né en 1951, c’est à l’âge de 5 ans que Jean-Yves Séradin rencontre les occupants de « la maison d’à côté ». Originaire de Saint-Brieuc et habitant maintenant à Pabu, ses grands-parents logeaient à Trégastel. “Lui était ouvrier et ma grand-mère couturière à domicile.”
La présence famille Lot, en vacances pendant de longues semaines, les troublait quelque peu : “Ce n’était pas le même monde ! Les Lot pouvaient déjeuner à 15 h, passaient leur journée à lire, ne s’occupaient pas des tâches ménagères… Ça les déroutait, mais ils s’entendaient très bien !”
Enfant, Jean-Yves Séradin côtoie donc les filles Lot et ses enfants respectifs dans ce qu’il décrit comme une très grande simplicité. “Ce n’est que plus tard que j’ai compris qui ils étaient”, assure-t-il. Une rencontre qui l’a sûrement influencé dans ses choix de vie, comme il l’avoue lui-même. Fils d’ouvriers et de paysans, il choisit le monde des lettres pour devenir enseignant et chercheur.
La maison d’à côté ou les trois filles du Professeurs Lot , éditions À l’ombre des mots, 22 €, avec un tarif préférentiel de 20 € par souscription jusqu’au 15 juin, date de sortie. Commandes à adresser aux éditions À l’ombre des mots, 26, rue Désiré-Le-Bonniec, à Pabu.
Juliette ROGER. Ouest-France
Source : https://www.wikiwand.com/fr/R%C3%A9seau_du_mus%C3%A9e_de_l%27Homme
Réseau du musée de l'Homme
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Le Réseau du musée de l'Homme est un des premiers mouvements de la Résistance française à l'occupation allemande, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Histoire
Directeur du Musée de l'Homme depuis 1928, Paul Rivet est de longue date un acteur important de la lutte contre le fascisme. Il est président du Comité de vigilance des intellectuels anti-fascistes depuis sa création le 5 mars 1934. Au moment de l'entrée des troupes allemandes dans Paris en juin 1940, il placarde le poème de Rudyard Kipling, If, à l'entrée du musée de l'Homme. Il adresse une lettre ouverte à Pétain, dans laquelle il lance : « Monsieur le Maréchal, le pays n'est pas avec vous, la France n'est plus avec vous ».
Si une bonne partie du personnel du musée a quitté Paris – soit mobilisé dès septembre 1939, soit pris dans le flot des réfugiés ayant fui l'avancée allemande – Yvonne Oddon, la bibliothécaire, était restée à Paris, et s'était installée dans le musée même. Dès le mois de juin elle agit, d'une part en diffusant l'information qu'elle obtient de ses relations à l'ambassade des États-Unis (brillante élève de l'école américaine de bibliothécaires, elle avait conservé des relations avec plusieurs agents de l'ambassade, dont José Meyer, lui aussi bibliothécaire, et Penelope Royall), et d'autre part avec Lucie Boutillier du Retail, avec qui elle participe à l'aide aux prisonniers évadés (l'appartement de Lucie Boutillier du Retail comportait une fenêtre de rez-de-chaussée qui pouvait opportunément rester ouverte).
Dès les mois de juillet et août 1940, le retour des mobilisés, et en particulier de Boris Vildé (jeune ethnologue d'origine russe dont l'épouse, Irène Lot, exerce à la Bibliothèque nationale) et d'Anatole Lewitsky (l'époux d'Yvonne Oddon), donne plus d'ampleur à leur action. Encouragés par Paul Rivet, dans le bureau duquel sera d'ailleurs dactylographié le premier tract, les activités du groupe s'étendent assez rapidement.
Il ne faut pas se figurer le réseau du Musée de l'Homme comme une structure organisée suivant un schéma plus ou moins militaire ; c'est, aux dires-même de Germaine Tillion qui fut chargée de son enregistrement, une nébuleuse, un réseau au sein duquel interviennent divers groupes et individus. Si certains d'entre eux, comme Boris Vildé, consacrent tout leur temps à l'action clandestine, d'autres, comme Jean Paulhan, conservent un travail plus ou moins astreignant (et dans le cas de Paulhan, dans un bureau tout proche de celui de Pierre Drieu la Rochelle, collaborateur convaincu et dénonciateur de juifs).
Ils sont rejoints par l'ethnologue Germaine Tillion et sa mère Émilie Tillion ; par Agnès Humbert du musée des Arts et Traditions populaires ; par Georges Friedman, sociologue installé en zone libre ; par Denise Allègre, aussi bibliothécaire du musée de l'Homme ; par Paule Decrombecque, bibliothécaire à l'université de Paris ; par Armand Boutillier du Retail, conservateur au centre de documentation rattaché à la Bibliothèque nationale époux de Lucie ; par Raymond Burgard, René Iché, Claude Aveline, Marcel Abraham, Jean Cassou, Pierre Brossolette, René-Yves Creston, Geneviève de Gaulle...
Pour ne pas attirer l'attention des Allemands et des services de police français lors de leurs réunions, ils se constituent en une « société littéraire », Les amis d'Alain-Fournier, et utilisent les services de la bibliothèque où Yvonne Oddon reçoit lettres et appels téléphoniques pour le réseau, et fixe les rendez-vous pour Maurice, le nom de code de Boris Vildé, et pour Chazalle, celui d'Anatole Lewitzky.
Le réseau s'était constitué, au moins en partie, sur la base des relations d'avant guerre. Les amis d'Alain-Fournier était un camouflage constitué autour d'auteurs et d'un éditeur, Robert Debré et sa seconde épouse Elisabeth de La Panouse de La Bourdonnaye avaient connu Boris Vildé chez le docteur Henri Le Savoureux, hébergeur éventuel de personne menacées, les deux colonels de La Rochère et Hauet s'étaient rencontrés au pied de la statue détruite de Mangin et, via leur action en faveur des prisonniers de guerre français, se trouvèrent en rapport avec Germaine Tillion.
Le groupe de Boris Vildé crée un journal clandestin simplement intitulé Résistance. Le choix du titre est discuté au cours d'une conversation à la bibliothèque entre Yvonne Oddon et Boris Vildé : Yvonne Oddon, issue d'une famille protestante, propose « Résister ! », en référence au mot gravé dans leur cachot de la tour de Constance par les huguenotes d'Aigues-Mortes ; Boris Vildé choisit « Résistance ». Entre décembre 1940 et mars 1941, cinq numéros sont distribués, Pierre Brossolette en a écrit le dernier numéro paru le 25 mars 1941, juste avant le démantèlement du groupe.
Depuis juin 1940, Germaine Tillion est en rapports avec le colonel Hauet, de l'union nationale des combattants coloniaux qui organise des filières d'évasion vers la zone libre et l'Afrique du Nord. Le colonel Hauet est un ami de Charles Dutheil de La Rochère, animateur des groupes La Vérité française, cercles liés à la droite traditionnelle, mais hostiles à la révolution nationale, qui diffusent un journal clandestin. Par l'intermédiaire de plusieurs militants, il existe également des liaisons avec Combat Zone Nord. Les divers groupes apparentés au musée de l'Homme collectent des renseignements militaires et politiques, organisent des filières d'évasion de prisonniers français et anglais ou d'aviateurs abattus. Boris Vildé tente vainement d'établir des liaisons avec la Grande-Bretagne.
Mais le cercle de Vildé est pénétré par un agent du S.D., Albert Gaveau, dont Boris Vildé fait son homme de confiance, et celui de La Rochère, par un agent de la Geheime Feld Polizei, Jacques Desoubrie. Le groupe de Vildé paye un lourd tribut. En janvier 1941, Léon-Maurice Nordmann est arrêté alors qu'il distribuait Résistance. Le 10 février, c'est au tour d'Anatole Lewitzky et d'Yvonne Oddon d'être arrêtés, puis, quelques semaines plus tard, d'Agnès Humbert et Boris Vildé. Germaine Tillion succède à Vildé, mais elle est à son tour arrêtée en 1942 puis déportée l'année suivante à Ravensbrück.
Les membres du réseau sont traduits devant une cour militaire le 17 février 1942 et condamnés à mort. Le 23 février 1942, au Mont Valérien, Anatole Lewitzky, Boris Vildé et cinq autres membres du réseau sont exécutés.
Yvonne Oddon voit sa peine commuée en déportation dont elle ne revient que le 22 avril 1945.
Membres
Voir aussi :
stand de tir de Balard. https://www.wikiwand.com/fr/Stand_de_tir_de_Balard
Source : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/le-reseau-du-musee-de-lhomme
(1940 - 1942) Un mouvement de résistance contre l'Allemagne nazie
Corps 1
L'offensive éclair des troupes allemandes en France, lancée le 10 mai, se termine par une victoire complète du IIIe Reich et un désastre pour les Alliés.
Pourtant, après l'appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940, et la signature de l'armistice, le 22 juin, des hommes et des femmes refusent de se résigner et choisissent de combattre l'Allemagne nazie.
Parmi ces pionniers de la résistance, trois personnes qui travaillent à Paris au musée de l'Homme, Boris Vildé, Anatole Lewitsky et Yvonne Oddon, fondent dès l'été 1940 un réseau de lutte clandestine, le réseau du musée de l'Homme, dont l'épopée se terminera tragiquement deux ans plus tard sous le coup de la répression nazie.
I - 1940 : le réseau du musée de l'Homme, un pionnier des mouvements de résistance contre l'Allemagne nazie
L'année 1940 voit l'émergence des premiers mouvements et groupes de résistance issus des réactions spontanées d'hommes et de femmes qui n'acceptent pas l'armistice. Ces premiers mouvements vont s'organiser et se mettre en place tout au long de l'année, tant en zone nord qu'en zone sud. Ils agissent aussi bien dans le domaine du renseignement que des filières d'évasion et s'appuient souvent sur la publication clandestine d'un journal destiné à informer et combattre les propagandes adverses.
Été 1940 - Fondation du réseau du musée de l'Homme qui devient en quelques mois un important mouvement de résistance
Dès l'été 1940, le réseau du musée de l'Homme est mis en place par trois personnes qui travaillent dans ce musée parisien : Boris Vildé, un jeune linguiste, Anatole Lewitsky, un anthropologue, et Yvonne Oddon, la bibliothécaire.
Ils développent leur organisation en recrutant d'autres résistants, en majorité des intellectuels et des avocats, puis en s'associant à différents groupes qui se sont créés spontanément, à l'instar du groupe du musée de l'Homme. Le réseau s'accroît rapidement grâce aux relations personnelles entretenues par les membres des différents noyaux.
Ainsi, le premier à rejoindre le groupe est René Creston, sociologue au musée de l'Homme, qui connaît et recrute Albert Jubineau, avocat membre d'un groupe anti-occupation au Palais de justice, lequel entre en relation avec Séjournan, également fondateur d'un groupe anti-allemand, tandis que Vildé rencontre, grâce à son beau-père, le professeur Fawtier.
À la fin de l'année 1940, ils sont rejoints par le groupe de Sylvette Leleu, des enseignants de Béthune et l'avocat André Weil-Curriel qui a fondé avec Léon Maurice Nordmann et Albert Jubineau un autre groupe clandestin, Avocats socialistes.
Des contacts sont également établis avec d'autres groupes de résistants, comme celui de l'ambassade américaine, le groupe Walter, le groupe de Bretagne et celui des Aviateurs. Enfin, le groupe entretient une coopération avec le colonel de La Rochère, le colonel Hauet et Germaine Tillion.
Les filières d'évasion, le renseignement et la presse clandestine
Le réseau "élargi" du musée de l'Homme est lié à plusieurs autres équipes et s'engage dans de multiples activités, dont trois principales : les filières d'évasion, le renseignement et la publication d'un journal clandestin, "Résistance".
Deux filières d'évasion sont organisées vers l'Angleterre, l'une par la Bretagne, l'autre par l'Espagne, disposant de relais à Bordeaux, à Perpignan, à Toulouse ou encore en Dordogne. Il faut en effet trouver des "caches" sûres, des guides et des passeurs pour franchir la ligne de démarcation, la frontière espagnole... Elles sont d'abord empruntées par les prisonniers de guerre français et anglais évadés, puis par tous ceux qui se sentent menacés ou veulent rejoindre Londres.
L'activité "renseignement" nécessite également l'instauration de tout un réseau de collecte et d'acheminement d'informations à destination de Londres. Les informations à caractère militaire sont transmises par divers canaux comme l'ambassade des États-Unis ou la légation hollandaise.
La troisième grande activité du réseau concerne la presse clandestine. Dès le mois d'août 1940, il produit et diffuse des tracts comportant des nouvelles issues de la presse étrangère provenant de l'ambassade américaine ou de la BBC. Puis le réseau crée un journal clandestin intitulé Résistance.
Le journal clandestin Résistance (décembre 1940 / mars 1941)
Le réseau du musée de l'Homme se transforme en un "Comité national de Salut public" avec l'aide du professeur Paul Rivet, le directeur du musée, puis lance un journal ronéotypé Résistance, auquel vont participer :
Photos ci dessous :
Source : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/le-reseau-du-musee-de-lhomme
Plaque commémorative dédiée à la mémoire des victimes de guerre, musée de l'Homme.
Source : Collection particulière