LE TÉLÉGRAMME Le Gouesnousien Jean-Paul BONNIOU raconte l’épopée tragique des résistants armés du Groupe Élie
Publié le 09 novembre 2021 à 07h02
Jeune retraité de la formation continue, le Gouesnousien Jean-Paul Bonniou vient de sortir un ouvrage relatant l’épopée du Groupe Élie, premier mouvement de Résistance armée à Brest.
« Membre de la Défense Passive, Louis Élie (36 ans) voulait réagir à l’occupation allemande. À partir de septembre 1940, il a recruté ses premiers hommes et structuré son groupe », présente Jean-Paul Bonniou. Familialement impliqué, le Gouesnousien relate, dans son livre, la spirale patriotique de son père, Auguste Bonniou, mécanicien-ajusteur à l’Arsenal, recruté parmi les tout premiers des 38 membres qui composeront le Groupe Élie.
« Leur organisation clandestine dépend du BCRA (*) créé par De Gaulle et est rattachée au célèbre réseau Confrérie Notre-Dame du Colonel Rémy », ajoute celui qui s’est longuement immergé dans les archives finistériennes pour agrémenter historiquement le récit de son père, héros ordinaire d’une époque qui ne l’était pas.
Arrêté, condamné, déporté Dès la création du Groupe Élie, les actions des résistants brestois s’enchaînent très vite jusqu’au coup retentissant du 4 avril 1941 avec l’incendie de l’hôtel Continental, place de la Tour-d’Auvergne, où périssent entre 400 et 500 Allemands. L’histoire s’accélère alors dangereusement : « Après une dénonciation, le réseau est démantelé par l’arrestation successive de presque tous ses membres. Comme les autres, mon père Auguste (Danton, de son pseudonyme), « en résistance, est envoyé à la prison de Fresnes. Contrairement à onze de ses camarades (**), il échappe à la peine capitale mais est déporté en Allemagne où il sera envoyé dans quatre camps de concentration différents. Fort heureusement, il en revient en mai 1945 », raconte encore Jean-Paul Bonniou.
En effet, outre les 11 fusillés du 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, les autres membres du Groupe Élie furent déportés en Allemagne pour 24 d’entre eux et cinq n’en revinrent pas. Enfin, trois accusés furent relâchés faute de preuves et la plupart terminèrent la guerre dans d’autres réseaux ou organisations résistantes de la région brestoise.
L’histoire repart en 2019 C’est en découvrant la correspondance de son père à sa mère dans le grenier familial, par hasard en 2019, que Jean-Paul Bonniou a entrepris la rédaction de ce récit historique et personnel à la fois : « J’ai été ému de lire les 17 lettres envoyées par mon père durant sa déportation car il n’en avait jamais parlé ». Une façon, très certainement, de renouer un dialogue spirituel avec un père taiseux ou trop pudique pour évoquer cette tragédie durant son vivant.
(*) : Bureau Central de Renseignements et d’Action
(**) : Les Onze Martyrs honorés à Brest par la rue éponyme et une stèle commémorative au jardin Rhin et Danube (face au Foyer du Marin)
Pratique
Jean-Paul Bonniou « Le Groupe Elie 1940-1941 », Les Éditions du Menhir, 13,90 €, disponible à la Fnac et à l’Espace culturel Leclerc. À noter, il sera en dédicace le mardi 21 décembre de 10 h à 18 h, à l’Espace culturel du Leclerc-Kergaradec.
Ci dessous : cliquez sur le dossier pour le télécharger.
Groupe de résistance local, fondé au début de l’occupation allemande en 1940 sous l’impulsion du transporteur Louis Élie. Principalement issus du quartier de Saint-Martin à Brest, les membres sont recrutés pour leur refus de la capitulation française et dans l’optique d’être opérationnels pour la reprise des combats. A cette époque, une rumeur persistante circule sur le fait que l’armistice n’ait été signé qu’afin de gagner du temps pour préparer une contre attaque qui serait lancée grâce aux troupes des colonies françaises. Dans les premiers mois, c’est ainsi que se constitue la liste de ces patriotes. Très vite s’ajoutent des actions de récupérations d’armes, munitions et matériels militaires. Il s’agit bien souvent de matériels anglais abandonnés à la débâcle ou français sorti de l’arsenal et de la pyrotechnie voir directement volé à l’occupant allemand.
D’obédience Gaulliste, le groupe est assez néophyte dans la lutte clandestine. Un semblant d’organisation para-militaire est cependant mis en place, mais le compartimentage reste insuffisant. En novembre 1940, René Drouin et sa femme Jeannette, par une connaissance, rencontrent Gilbert Renault, alias Rémy, du réseau Confrérie Notre-Dame. C’est l’occasion pour le groupe de diversifier ses activités clandestines. Dans une perspective d’échanges entre Londres et Brest, le groupe va agir et offrir au réseau une carte de la cité du Ponant avec les positions des troupes allemandes minutieusement renseignées. Au début 1941, le groupe prend de l’ampleur et se lance dans des actions armés contre l’occupant. Il mène également une tentative de sauvetage d’internés retenus à la prison de Pontaniou. Le groupe cherche également à sauver des aviateurs alliés, tombés dans la région de Brest. Son service de renseignement se met également progressivement en place. A son apogée, le groupe se compose de près de 70 résistant.e.s et de plusieurs dizaine de sympathisants, non actifs. Suite : https://www.resistance-brest.net/spip.php?mot41
OUEST-FRANCE :Modifié le 16/09/2014 à 01h11 Publié le 16/09/2014 à 00h00 Louis Élie Louis Élie est un transporteur brestois. En 1940, il a 35 ans et habite rue Jean-Jaurès. Le 18 juin, il entend l'appel du Général de Gaulle et décide de suivre son appel à la résistance et à l'organisation d'une armée secrète. Pourtant, il ne dispose que d'une formation militaire rudimentaire. Ce n'est pas non plus une personnalité de Brest mais il devient le premier résistant de la ville. Il est rapidement rejoint par des membres du patronage catholique de Saint-Martin. Des coups d'éclat Le groupe Élie s'engage dans des attentats et sabotages. Il provoque aussi une vaste évasion depuis la prison de Pontaniou. On lui attribue aussi l'attentat de l'hôtel Continental, lieu de festivités des Allemands, le 4 avril 1941. Le démantèlement Après la mort de l'un des leurs, les membres du groupe Élie veulent le venger. Le groupe Élie provoque les Allemands. Le 28 avril, une balle est tirée, l'un des jeunes Résistants blessé. Durant son séjour à l'hôpital, son domicile est fouillé par la Gestapo qui y trouve une liste de noms plutôt compromettante. Trente-huit Brestois sont arrêtés et jugés. Onze d'entre eux sont fusillés le 10 décembre au Mont-Valérien. On les appelle les « Onze martyrs ». Une rue du centre-ville porte désormais leur nom.
Brest 44 Il y a 78 ans, le 10 décembre 1941, onze résistants brestois du groupe Elie étaient fusillés par l'armée d'occupation au fort du Mont Valérien.