Marcel CLEDIC
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 10 Octobre 2020/mise à jour le 1er Nov 2020


Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :


Franc-Tireur dans les Monts


Le Lieutenant FTP-FFI Marcel CLEDIC a été inhumé samedi 9 janvier. Après avoir combattu dans les rangs du Bataillon STALINGRAD avec la compagnie "BIR HAKEIM" de 43 à 45, il a poursuivi une carrière militaire au seing du 1er Régiment des Chasseurs Parachutistes en Indochine ( avec Marcel BIGEARD) et l'Algérie (avec Marcel BIGEARD).

Pour l'Histoire :
HISTOIRE : Indochine, Diên-Biên-Phu, avril 1954

Incorporé fin 1943 au bataillon Bir-Hakeim avec le grade lieutenant FFI, il prend le commandement d'une compagnie et contribue brillamment au combat dans la région d'Huelgoat et à la libération des Monts d' Arrée. Il se distingue aussi lors des combats de la libération de la presqu'ile de Crozon au cours desquels il est blessé.

Engagé ensuite au 1 "' régiment de chasseurs parachutistes, il part pour l'Indochine où il est de nouveau blessé. Après un séjour en Algérie puis en métropole, il retourne en Indochine et saute à deux reprises sur Diên Biên Phu.

En 1961, Marcel Clédic termine sa carrière militaire avec 12 citations dont 4 palmes, la croix de la valeur militaire et la médaille de la Résistance française notamment. En mai 2004, il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur.

L'ordre de la Libération adresse à sa fille et à ses proches ses sincères condoléances.




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Marcel CL
ÉDIC à CROZON

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Source : https://www.presqu-ile-de-crozon.com/index.php



17 septembre 44

Un résistant de la première heure, devant la stèle de Roscanvel proche du lieu de reddition du Général Allemand RAMCKE qui symbolise la libération de la presqu'île de Crozon.


Marcel CLEDIC en fut l'ultime témoin. Le béret des paras pour signe de reconnaissance.


Marcel CLEDIC (né à la Feuillé le 27 avril 1924- dcd à Huelgoat le 06 janvier 2021) est confronté à une envie d'en découdre envers l'armée d'occupation allemande comme beaucoup de jeunes Français n'acceptant pas une si soudaine défaite.


Les mois passent et les contacts se multiplient. FTP (Franc-Tireur et Partisan) à 17 ans dès le 20 novembre 1941. A cette époque les groupes de résistants sont nombreux et sont constitués d'amis et de connaissances, sans armes, sans logistiques, ni missions déterminées.

Marcel CLEDIC est l'un des rares résistants à être armé d'un pistolet à barillet 7/92 de son grand-père maternel maquignon qui craignait pour sa vie sur les chemins de campagne avec ses bêtes.

Les premiers actes de résistance sont chaotiques par manque d'expérience de l'usage des armes et des explosifs. Vient ensuite l'heure de la rationalisation, du maillage des groupes de résistance, des recrutements, des premières dénonciations, des missions qui capotent, des fuites in-extrémis, des arrestations, tortures, déportations et exécutions des camarades...

Il y a aussi les premières réussites, les premiers vols d'armes légères allemandes que les occupants taisent par crainte d'être mutés sur le front russe d'où l'on n'en revient que rarement...

Après le débarquement du 6 juin 1944, les choses s'accélèrent et de nouveaux candidats résistants affluent. Après quelques poignées, les effectifs se comptent en centaines.

Des parachutages d'armements changent la donne. Une compagnie est formée, Marcel CLEDIC propose le nom de Bir-Hackeim en hommage aux combattants de la France Libre. Un nom validé par les instances communistes FTP.


Les réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire au bénéfice de l'Allemagne) grossissent encore les rangs. La compagnie Bir-Hackeim devient alors un bataillon sous le commandement de Jean KERDONCUFF:

• compagnie Bir-Hackeim : 130 hommes commandés par Marcel CLEDIC 20 ans. Dans les rangs des soldats de l'armée française et des résistants aguerris qui acceptent un jeune chef qui s'était engagé dans la lutte dès le départ, c'était une attestation de compétence suffisante. • compagnie Cochennec : 75 hommes commandés par François CLOAREC de Brennilis. • compagnie Leningrad : 103 hommes commandés Pierre LACHUER de Plounéour-Menez. • compagnie le Baut : 56 hommes. • commando d'une quinzaine de résistants commandé par Raymond COTTON, précédemment commandé par Marcel CLEDIC.

La compagnie Cochennec se positionne en presqu'île de Crozon le 10 septembre 1944 s'étant rattachée à une avant-garde US blindée.

Le 14 septembre 1944, c'est au tour de la compagnie Bir-Hackeim de se positionner dans une ferme de Tal ar Groas sous protection américaine blindée.


Malheureusement, la batterie de côte allemande du Cap de la Chèvre résiste encore et pilonne la compagnie qui compte des morts et des blessés dont Marcel CLEDIC, Jo’ DIREUR... Citation à l'ordre de la Division. 1949 : médaille de combattant, médaille de la Résistance. Le 19 septembre, la presqu'île de Crozon est libérée. Le bataillon Bir-Hackeim est dissout après son retour à Huelgoat dès le 17 septembre 1944.

Marcel CLEDIC signe un engagement le 10 octobre 1944 à Brest en tant que lieutenant F.F.I./F.F.L (Forces Françaises Libres) au 71ème R.I. (Régiment d'Infanterie) et est affecté au C.L.D. 19 (centre d'instruction divisionnaire) le 11 octobre 1944. Lieutenant au 1er RCP (Régiment Commando Parachutiste)... Indochine... Algérie...


Putsch de 1961, le capitaine CLEDIC est condamné à 3 ans de prison avec sursis...


Croix de guerre 39-45 et des TOE (Théâtres d'Opérations Extérieures - 12 citations)
Croix de la Valeur militaire.
Légion d'Honneur
Commandeur en 1982, Grand-Croix en 2004.

Une vie de combattant qui s'achève en 2021, Marcel CLEDIC avait une affection toute particulière pour les paras, là où "tout le monde passe par la même porte" avant le grand saut ! Il fut le dernier résistant Finistérien qui put témoigner des drames et des courages que le destin croisait aveuglément.






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Transcription
Un Franc-Tireur dans les Monts d' Arrée de Marcel CLEDIC ce grand personnage de la Résistance est né en 1924 à La Feuillée en Bretagne.
Le dernier du premier maquis de France celui du Maquis de Tredudon .Un témoignage d' un huelgoatain, il est titulaire de la Grand-Croix de la Légion d’honneur, (Diên Biên Phu.) médaillé de la Résistance,( ils ne sont que 4 dans le Finistère) titulaire de la Croix de guerre 1939-1945( 1 citation) et de la Croix de guerre des TOE avec 12 citations. Toujours présent à 94 ans, ce 8 mai 2018 au Monument aux morts du Huelgoat comme était présente notre communauté britannique
 http://docplayer.fr/73020456-Franc-tireur-dans-les-monts-d-…



Franc-Tireur dans les Monts d’Arrée Marcel Cledic 27 avril 1940, je fête, c'est beaucoup dire car il ne se passe rien, mes 16 ans. Je suis pensionnaire au cours complémentaire au Huelgoat depuis trois ans.
En effet, reçu au concours des bourses (examen à Brest en 1936), je n'ai pas obtenu une bourse complète, ce qui ne m'a pas permis d'aller au collège à Morlaix.
En effet, mon grand-père maternel étant propriétaire de quelques champs à La Feuillée, il en a été tenu compte pour le montant de la bourse.
Avec celle-ci, je pouvais tout de même prendre pension sans bourse délier à Huelgoat, alors qu'à Morlaix il aurait fallu payer un complément.
Pensionnaire, je soulage d'autant les ressources familiales, car pour Maman, veuve avec deux enfants, les temps sont durs. Je suis donc en année de préparation au Brevet élémentaire, dans une classe où je suis l'un des plus jeunes, car de nombreux élèves ont deux ou trois ans de plus que moi pour diverses raisons, dont le début de scolarité plus tardif, dû à l'éloignement de l'école, ou encore, le redoublement pour préparation au concours d'entrée à l'école normale des instituteurs.

Arrivent juin 1940, la Débâcle et l'armistice. L'école est fermée, la date d'examen reportée et je me retrouve à La Feuillée, chez Maman. Le 22 juin nous apprenons la fin des combats, c'est l'armistice. Je suis sur la place à La Feuillée et vois passer les dernières troupes alliées qui se dirigent vers Brest, pour embarquer vers l’Angleterre. Je verrais toujours dans mes souvenirs la dernière voiture, une 15 CV Citroën, et assis sur la roue de secours, à l'arrière, un soldat avec son arme braquée devant lui. Je saurais plus tard que c'était une unité polonaise qui embarquait à Brest. Hélas aussi, dans mes souvenirs, environ deux heures plus tard, arrivent, venant de la direction d’Huelgoat, les premiers motards ennemis, deux motos solos et un side-car, et en même temps j'entends à la radio du boulanger sur la place, l'appel du maréchal Pétain pour l'armistice. Je suis en larme, de rage, car je me rappelle les récits de mes oncles, durant les veillées hivernales, sur la guerre de Inconsciemment, dès cet instant, j'ai juré de tout faire pour lutter contre l'ennemi pour libérer le territoire.

Mais je n'ai encore que 16 ans, et bientôt la date de l'examen au B.E., qui avait été reportée, nous est communiquée. Tout l'été donc je bûcherais, sous la houlette de Maman, pour me préparer à cet examen, et j'aurais la chance d'obtenir mon B.E. début septembre. A cette session je serais le seul reçu à l'école d’Huelgoat. A la rentrée me voici donc à nouveau à Huelgoat, mais l'école est partiellement occupée durant le premier trimestre, nous serons logés chez l'habitant. Je suis donc là pour préparer le concours à l'école normale, mais sans conviction car mon souhait était de préparer l'école de Maistrance de la Marine, mais hélas irréalisable du fait de l'occupation.

C'est là que j'accomplirais mon premier «mauvais coup» contre l'ennemi. Dans la cour de l'école, un véhicule décharge une cargaison de godillots ferrés de l'armée allemande. Profitant du manque de surveillance, j'arrive à subtiliser une bonne paire de chaussures. Elle fera le bonheur de l'un de mes oncles. L'année scolaire se termine sur un échec au concours d'entrée à l'école normale que j'avais préparé en dilettante. Aux vacances de juillet et durant tout l'été, je travaille comme manœuvre aux tourbières à Brennilis, en même temps que Maman et ma sœur Odette.

Depuis un an ces tourbières étaient exploitées massivement et employaient 200 à 300 personnes. Nous sommes là tous les trois, car Maman ne peut exercer son métier de tricoteuse à la machine, faute de laine. Ne voulant pas retourner au cours complémentaire à Huelgoat, je travaillerais donc là, et plus tard pour une entreprise -Saintrap et Brice- en particulier comme terrassier puis aide menuisier, dans différents chantiers travaillant d'ailleurs pour l'occupant Celui-ci est bien implanté sur toute la région, et à La Feuillée les troupes d'occupation seront présentes sans interruption de 1940 à 1944, installées plus particulièrement à l'hôtel Martin. A l'occasion je travaillais aussi chez mes grands-parents paternels qui tiennent une ferme au bourg, ferme où j'aurais d'ailleurs passé le plus clair et le plus heureux temps de mon enfance, de l'âge de 2 à 7 ans, après le décès de mon père. A La Feuillée donc, je retrouve aussi tous mes amis d'enfance, et à l'époque nous étions nombreux. Et très souvent nos conversations concernaient la présence ennemie que nous supportions de plus en plus mal.

Rapidement, nous sentons monter en nous le désir de faire quelque chose contre l'occupant. J'avais en particulier un ami, Marcel GRALL, dont un frère était prisonnier en Allemagne. La femme de celui-ci était une proche voisine et nous avions l'occasion de nous retrouver régulièrement, en particulier à l'écoute de radio Londres, car elle possédait un poste, ce qui était relativement rare à l'époque. Marcel GRALL travaillait avec moi, et m'entraînait parfois voir un fermier, Jean-Marie Lozach (à Roz ar Had) que je connaissais bien sûr mais sans plus. Rappelé pendant la guerre comme sous-officier, il avait réussi à échapper à la captivité. Chez lui vivait un jeune de notre âge, Ernest Le Borgne. Rapidement j'ai su qu'il était planqué là pour échapper aux gendarmes. Il était originaire de Callac, dans les Côtes d’Armor et recherché en qualité de communiste.

Jean-Marie Lozach nous recevait volontiers, en particulier le dimanche, avec bon joueur d'accordéon que nous écoutions avec plaisir. Mais J.-M. Lozach voulait aussi nous tester, pour savoir s'il pouvait compter sur nous pour lutter contre l'occupant. II était déjà en relation avec le village de Trédudon-le-moine (en Berrien) et la famille Plassart. Petit à petit j'ai su que la famille Plassart avait déjà eu l'occasion de se manifester, en particulier en hébergeant et aidant Jean Guyomard, du Cloître-Saint- Thegonnec. Celui-ci, recherché et arrêté par les gendarmes en qualité de communiste, avait réussi à s'évader et avait rejoint Trédudon. Disparu ensuite dans la nature, nous le retrouverons comme lieutenant-colonel FTP à la Libération sous le surnom de Pascal ( Daniel TRELLU). Ainsi donc, après une période probatoire, je me suis retrouvé engagé dans la résistance au mouvement FTP, avec comme responsable Marcel GRALL. Au début nous n'étions pas nombreux et pour mieux nous prémunir de toute fuite, nous ne nous connaissions, du moins théoriquement, que par trois. Ma date d'entrée officielle au groupement FTP est le 20 novembre 1941 et le troisième homme de notre équipe était Jean-Marie Plassart de Trédudon (le quatrième de la fratrie), qui était également de mon âge et que je connaissais bien puisque nous avions fréquenté ensemble l'école primaire de La Feuillée.

A l'époque déjà je connaissais pourtant d'autres groupes de FTP, formés par Jean Créoff au bourg de La Feuillée, Pierre Pichon de Botbian en La Feuillée, mais qui recrutait sur Botmeur. A Trédudon tout le village était engagé dans la lutte. A côté des frères Plassart, dont le responsable était Pierre, il y avait encore la famille Thomas, garçons et filles, ainsi que Le Guen et Marcel Philippe et ses sœurs, sans oublier Catherine Bris rapidement surnommée la « Mère » des patriotes. Dans un autre village proche, Quinoualc'h, travailleront aussi rapidement avec nous les frères Plassart, cousins de ceux de Trédudon, et Henri Bris dit «Edouard». Au bourg de La Feuillée encore, fréquentant aussi Roz-ar-Had, je citerais René Gérée, Amédée Plassart, Joseph Lozach, tous de mon âge. Début 1942 nous formions donc déjà un réseau assez important qui s'étendait aussi sur Brennilis, avec Jean Salaun et sa sœur Lisette ainsi que François Bothorel, boucher de profession et surnommé Boucher. Ainsi donc nous étions tous engagé dans la Résistance au sein des Francs-Tireurs et partisans français -FTP- organisation créée par le parti communiste comme je l'ai su un peu plus tard sans état d'âme, car à l'époque, la politique était le dernier de mes soucis. Peu à peu notre influence s'étendra sur le secteur des Monts d’Arrée, sur les communes de La Feuillée et Berrien bien-sûr, mais aussi Brennilis, Loqueffret, Huelgoat, Scrignac, Saint- Herbot, Plounéour-Ménez, Pleyber-Christ et Commana avec toujours comme pivot central le village de Trédudon.

A l'origine notre activité consistait surtout à diffuser les quelques tracts et journaux qui nous provenaient par Trédudon et à recruter. La diffusion se faisait surtout à l'occasion des rassemblements de la jeunesse, dans des villages éloignés du bourg comme Kerelcun ou Ruguellou, ceux-ci étaient des lieux bien sûr interdits, et il nous est arrivé de nous faire courser par les gendarmes de La Feuillée qui à l'époque obéissaient aux directives de Vichy et notre méfiance à leur égard a duré presque jusqu'à la Libération. Chacun d'entre nous essayait également, par des contacts très discrets, de recruter pour créer un nouveau triangle. Théoriquement le secret devant ainsi être sauvegardé, mais dans nos campagnes, nous nous connaissions tous. Mais très vite la recherche d'armement devint notre obsession, hélas sans grand succès. Personnellement cependant, j'étais armé. J'avais récupéré chez mon grand-père maternel un pistolet à barillet 7/92 avec quelques munitions que je planquais dans une cache dans le grenier de la maison. Mon grand-père détenait ce pistolet depuis que, maquignon, il parcourait les champs de foire de la région, se déplaçant assez loin jusqu'à Pontivy, Loudéac, Guingamp, Landivisiau, et les routes - qu'il parcourait en char à banc - n'étaient pas très sûres. Courant 1942 notre groupement s'étoffe et nous voulons passer à l'action, mais que faire? Avec mes amis de Brennilis, Jean Salaûn et François Bothorel nous avons repéré une ligne à haute tension reliant Saint-Herbot à Brest.

Elle alimente la base sous-marine. Ce sera notre premier objectif. Mais il faut d'abord trouver des explosifs et mes recherches me dirigent vers Huelgoat où je recrute, par l'intermédiaire de Trédudon, Pierre Ruelen, travaillant comme carrier aux carrières de granit. Pierre Ruelen habitait à l'époque sur la commune de Berrien, au lieu-dit «Temps des cerises». Grâce à lui et à la complicité de l'artificier de la carrière, nous avons pu récupérer quelques pains de dynamite, des bouchons allumeurs et de la mèche lente. Reste à mettre en application notre projet. Fin 1942, quand les jours raccourcissent, nous permettant une approche plus discrète, nous repérons les lieux, dans la nature entre Brennilis et Loqueffret. Nous nous déplaçons toujours à l'époque à bicyclette, et souvent par de petites routes ou sentiers peu fréquentés et surtout pas par les Allemands. Notre première expédition se soldera par un échec. Ayant disposé nos explosifs sur trois des piliers du poteau électrique, l'un d'eux ne fonctionne pas, et nous devrons attendre un moment avant de nous en approcher. La seconde expédition n'est guère plus rentable. Notre inexpérience nous fait placer nos explosifs à la même hauteur, et si l'explosion se produit, le poteau reste debout. La troisième enfin sera la bonne. L'expérience aidant, nous avons placé nos explosifs à hauteurs différentes et sur un poteau d'angle, ce qui entraîne la chute des trois poteaux et une belle gerbe d'étincelles. Nous en resterons là : les Allemands en représailles, ayant menacé de réquisitionner des vigiles pour assurer la surveillance; d'autre part, nous-même à court d'explosifs, nous étions peu assurés du bon résultat.

Nous cherchons donc à nous diversifier et l'objectif suivant sera la voie ferrée et en particulier la ligne Brest-Paris, car sur la voie ferrée Carhaix-Morlaix, il ne passe pas grand-chose. Pour cette action je me ferais suppléer par Jean Kerdoncuff, recruté à Pleyber-Christ, par l'intermédiaire de Pierre Lachuer de Plounéour-Ménez. Là aussi, très tôt, l'organisation depuis Trédudon, par Le Relecq aura essaimé. Les débuts de sabotage de la voie ferrée, là aussi seront laborieux. Nous sommes aussi en relation avec les résistants du rail à Morlaix. Faute d'utilisation d'explosif (ce sera pour plus tard avec des spécialistes venus de Londres), nous récupérons des tirefonds. Jean Kerdoncuff avec son équipe réussira à déboulonner des rails et obtenir un premier résultat avant que les allemands ne mettent en place des gardes voies, recrutés de force et responsabilisés. Ceci n'empêchera pas plus tard, de faire beaucoup mieux. De même, pour saboter la ligne téléphonique enterrée que nous pensons relier Brest à Berlin, nous avons fait fabriquer par un forgeron ami, un outil tranchant, avec une longue tige, permettant, en le cognant à la masse, de couper le câble sans avoir besoin de creuser, et rendre ainsi plus difficile la localisation de la coupure.

Ainsi notre organisation prend tournure. Dès l'automne 1942, je deviens un permanent de la Résistance FTP du secteur. Je suis chargé des relations avec les différentes équipes en place dans la région, et rapidement plus loin dans le département. Dans le secteur dépendant de Trédudon, je vois Pierre Pichon sur le secteur de Botmeur, Jean Salaûn et François Bothorel sur Brennilis, François Salaûn et Jean-Louis Derrien sur Loqueffret, les frères Vern, les frères Rioual, Corentin Cochennec à Saint-Herbot, Pierre Ruellen et les frères Cotton, Jean et Raymond à Huelgoat, Armel Coant et les frères Foll à Scrignac, Pierre Lachuer et Jean Messager à Plounéour-Ménez, Coupât à Commana, Jean Kerdoncuff à Pleyber-Christ Sur place à La Feuillée, je suis toujours aux ordres de Marcel GRALL, et je fréquente beaucoup Trédudon et Quinoualc'h.

Pour camoufler cette activité de menus travaux dans la ferme de mes grands-parents permettent de donner le change. De même cette activité ne passe évidemment pas inaperçue de Maman, d'autant qu'il n'y a plus de salaire pour aider à nourrir la maison. Elle sera dédommagée de temps à autre par un don du Front national (provenance?). De même, et c'est plus délicat, ma sœur Odette connaît rapidement mes activités et n'aura de cesse de s'engager aussi. Ce sera fait en octobre 1942, malgré les réticences de Maman. Dès son engagement ma sœur Odette sera l'agent de liaison de Marcel GRALL et Jean Créoff, plus tard de Pierre, frère de Marcel. Elle assurera les liaisons locales avec Pierre Plassart à Trédudon, Madame May à l'école Gambetta à Morlaix et Lisette Salaûn à Brennilis (sœur de Jean et engagée dans les mêmes circonstances que ma sœur). Peu de temps avant son décès, ma sœur Odette a bien voulu me résumer son parcours dans la Résistance. Je le transcris ici : ]e suis née le 6 juin 1925 à Paris. Après le décès de Papa en 1926, nous sommes revenus à La Feuillée où je résidais avec Maman et mon frère Marcel. En octobre 1942, Pierre GRALL, responsable FTP su secteur, avant de devenir responsable départemental, recherchait une femme agent de liaison. Un soir en discutant avec mon frère, celui-ci tout naturellement me proposa, et c 'est ainsi que je devins agent de liaison FTP.

Pendant un an, j'assurais pour Pierre GRALL (surnom Maurice), Mon frère Marcel, Jean Créoff, J.-M. Lozach, des liaisons sur Trédudon - Berrien (Pierre Plassart), Brennilis (Lisette Salaûn) et même Morlaix (Madame May à l'école Gambetta, je crois à côté de la gare). A la demande de Pierre GRALL, je suis partie à Rennes pour servir à l'échelon de la région M en novembre 1943 (mon alibi, pour les gens de La Feuillée, était un emploi à Rennes). De là, j'ai rejoint Paris. Je logeais chez François Guyomard, contrôleur à la R.A.T.P. et son épouse, originaire de La Feuillée et ami de Papa de son vivant, bien au courant de mes activités. Mon chef était André Ouzoulias.

Je transmettais des documents et même une fois des armes (je me le suis fait reprocher par mon responsable). J'ai fait des liaisons avec «Louisette» (Suzanne Cillard) et transmis des documents sur Le Havre, Angoulême, Ruffec et la Bretagne (Morlaix). Mon pseudo était Josette. J'ai été arrêtée à Angoulême, en même temps qu'un camarade appelé Serge, le 25 janvier 1944, sur dénonciation d'un camarade du Mans, qui après interrogatoire musclé, a dénoncé plusieurs membres de notre réseau et même sa mère et son frère. Il a, plus tard été fusillé, ainsi que son frère. C'est la brigade spéciale d’Angers qui nous a arrêtés, puis transférés à Poitiers (24h) puis à Angers (8 jours) pour interrogatoire. De là, j'ai été transférée à la prison du Mans où je suis restée jusqu'à fin avril avant d'être enfermée au camp de Romainville. De là, le 13 mai 1944, notre groupe (700 environ) est embarqué dans les wagons à bestiaux, dans les conditions si souvent décrites, pour nous retrouver à Ravensbrück, après trois jours de voyage terrible ; le 16 mai 1944, j'avais le matricule Après une quarantaine, une partie du convoi, dont moi, a été transférée à Swodau, dans les Sudètes.

J'ai travaillé pendant huit jours dans une usine qui fabriquait des sièges pour avions puis dans un «/commando» chargé de travaux divers (en particulier le transport de charbon, et chez les particuliers à Swodau, vidange des fosses sep tiques). Puis un jour j 'ai été affectée à l'atelier de couture, grâce à quoi j 'ai survécu. A partir d'avril 1945, devant l'avance des troupes alliées, les S.S. décident de nous expédier à pied, à Dachau, distant de 500 kilomètres. Le premier mai, nous partons, un millier par rang de cinq, couverture sur le dos, sous une tempête de neige. Après deux étapes de 25 kilomètres, avec 100 grammes de pain chacune, nous sommes bloqués sur la route, encombrée par l'armée allemande. Par crainte des Russes, nos gardes nous ont ramenés au camp, dont les barbelés avaient déjà disparu (il fallait effacer toute trace). Les Américains étaient alors à 20 kilomètres, les Russes à 50 kilomètres. Le 8 mai, nous avons vu passer les camions américains, puis enfin une jeep avec deux hommes s'est arrêtée pour désarmer nos 65 gardiens qui avaient d'ailleurs hissé le drapeau blanc. Avec les Américains, il y avait un Brestois, qui a aussitôt écrit à Maman. Nous sommes encore restés au camp jusqu’ 'au 13 mai, puis nous sommes parties en convoi vers Nuremberg. Je pesais 37 kilogrammes pour 1,65 mètres à ma libération. Je suis revenue à La Feuillée le 20 mai. Je suis d'autant plus fier du parcours de ma sœur, que sous la torture elle n'a pas parlé et j'ai pu continuer sur place mon action dans le secteur d’Huelgoat. Mais voici l'an 1943 qui s'annonce difficile, mais qui débute on ne peut mieux pour le moral, avec la capitulation des troupes allemandes du maréchal Paulus à Stalingrad. Dans notre secteur, les troupes allemandes sont toujours là, hélas, et nos moyens restent très légers pour les combattre. Par contre notre implantation s'étoffe et notre secteur des Monts d’Arrée devient un pôle important pour le Front national. De nombreux cadres nationaux passeront par Trédudon, qui sera le relais et le refuge pour le Front national et le parti communiste.

Entre-autre, à Trédudon, passeront ou séjourneront Charles Tillon, Marcel Paul, Bernard Paumier, Daniel TRELLU, Serge Chrétien, Fabien (pas encore colonel), certains à plusieurs reprises. Personnellement je suis investi d'autres responsabilités et chargé des relations à l'échelon départemental secteur nord. C'est ainsi que je prendrais contact avec le groupe justice à Morlaix, et plus particulièrement avec deux de ses membres surnommés Bob et William que je prendrais longtemps pour des Canadiens.

Les Rendez-vous sont en général fixés au café des sports, place des Jacobins. De même, me déplaçant avec le car chargé de la liaison quotidienne Carhaix-Brest, je noue les relations à Landerneau avec Jean Sizorn, les frères Hernot et André Lagoguet, et à Brest avec Albert Yvinec alias «Callac». Ces liaisons permettront en particulier de coordonner les attaques contre la voie ferrée entre Morlaix et Brest. Courant 1943 encore, le S.T.O. ramène dans notre secteur de nombreux réfractaires en particulier Brestois et nous devons trouver des fermiers qui acceptent de les héberger. Il nous faut parfois aider à les nourrir, d'où l'idée de récupération de cartes d'alimentation dans les mairies. Je ferais un coup de main avec mes complices de Brennilis sur Plonévez-du- Faou. Nous récupérerons le maire chez lui à la nuit tombée pour nous accompagner à la mairie. Nous n'aurons pas de problème pour utiliser ces tickets et en particulier au bourg de Berrien, l'épicerie Guyomard nous servira régulièrement les denrées essentielles, le sucre en particulier, qui dédommagera nos fermiers bénévoles. De même, quelques livraisons de tabac pour les bureaux locaux: seront récupérées et serviront pour la même cause. Lors d'une liaison à Morlaix, j'apprends par le groupe justice que les Allemands font parfois stationner, sans garde, des wagons de marchandises en gare de Morlaix.

Prévenu d'une opportunité, je mobilise la camionnette à gazogène d’un membre amie de Commana (surnommée Saïc ar Viou). Et avec l'équipe de Trédudon, par le Relecq nous nous rendons de nuit à la gare de marchandises. Nous fracturons aisément la porte du wagon signalé, pour y trouver des bottes... en caoutchouc. Nous chargeons notre véhicule et regagnons notre refuge où seront équipés nos réfugiés et d'autres. Dans les jours qui suivent j'apprendrais que les Allemands contrôlent les identités des porteurs de bottes en ville. A ma connaissance cette récupération sera sans conséquence pour les Morlaisiens.

En juillet 1943 pour pallier à notre déficit d'armement, le Front national décide une expédition dans l'ex-zone libre, mieux pourvue, grâce à la récupération d'une partie de l'armement de l'ex-armée d'armistice. Avec mon ami Pierre GRALL, nous partons donc tous deux en direction de La Charité-sur-Loire. Nous faisons une première escale à Paris, et nous logeons chez un couple ami de mes parents : François Guyomard originaire de Ty-an-Escop à La Feuillée et son épouse de Plonévez-du- Faou. François Guyomard était contrôleur à la R.A.T.P. et habitait un appartement au septième étage du 129 boulevard de Grenelle (que je connaissais pour y avoir été invité à l'occasion de l'exposition universelle de 1937). C'est très courageusement, en toute connaissance de cause qu'il nous a hébergé, comme plus tard ma sœur Odette dans sa mission d'agent de liaison. Le lendemain nous sommes à La Charité-sur-Loire où nous sommes attendus mais pour être aussitôt planqués en raison d'une rafle importante.

C'est ainsi que nous ne pourrons hélas récupérer qu'un minimum d'armement (cinq pistolets) et reprendre le train au plus vite après une nuit agitée, changeant deux fois de planque. Notre voyage a été facilité grâce au réseau Résistance fer, et c'est ainsi que notre bagage a été planqué par ses soins à un bout du train, pendant que nous nous planquions à l'autre bout. Après une seconde nuit chez Guyomard nous sommes donc rentrés à La Feuillée sans encombre, mais bien déçus du résultat. Notre activité de renseignements et de propagande, diffusion de tracts en particulier se poursuit donc, mais notre préoccupation essentielle reste la recherche d'armement. Les forces allemandes présentes sur le secteur sont du genre «territoriales» comme ceux par exemple qui gardent l'usine électrique de Saint Herbot, ou à La Feuillée des troupes au repos ayant servi sur le front russe et qui ne songent qu'à profiter du bon temps. Elles ne nous gênent donc pas trop, et, au contraire, seront notre principale, sinon notre seule source de récupération d'armement. A La Feuillée, la troupe allemande qui y sera toujours présente, est cantonnée à l'hôtel Martin, où plusieurs chambres sont réquisitionnées, mais aussi dans la cour le local servant avant-guerre de garage ou de salle de danse et à l'étage, où sera entreposé du matériel, une grande salle, autrefois salle de restaurant pour les repas de noces. La troupe loge donc à l'étage.

J'avais accès à cette cour, dans laquelle il y avait une pompe à eau à laquelle avec mes seaux, je venais chercher l'eau pour la maison distante d'une cinquantaine de mètres, car à l'époque il n'y avait pas d'eau courante à La Feuillée et l'eau pour la cuisine ou toilette venait de l'extérieur : un puits non loin de la maison ou cette pompe où je me rendais le plus souvent depuis mon engagement dans la résistance, surtout pour avoir accès à la cour. Nous avons donc peu à peu pris de l'assurance, et commencé dans un premier temps à récupérer du matériel. Ce sera d'abord trois vélos que les Allemands laissaient à l'extérieur, en emportant le guidon démontable. Nous réglions ainsi nos problèmes de pneus quasi introuvables sur le marché. Nous circulions aussi assez facilement car le fils de l'hôtel, Jean Martin, était de notre âge, et nous allions jouer avec lui, en particulier aux petites quilles.

C'est ainsi aussi qu'à la mi-janvier 1942, nous avons réussi à subtiliser un pistolet P38 avec étui et ceinturon, accroché à une patère dans le couloir donnant accès à la salle à manger. II n'y aura pas de représailles, sans doute la perte a-t ‘elle été camouflée, l'obsession des Allemands étant déjà de ne pas partir servir sur le front russe. Ceci se vérifiera encore au moins à deux reprises, lors de récupérations d'armement plus importantes. Dans la cour de l'hôtel, l'occupant entreposait assez souvent de lourdes caisses en bois, genre caisse de munitions.

Au début de l'hiver 1943, à la nuit tombante, avec mon ami Jo Lozach et mon cousin Henri Bellec, nous avons récupéré et transporté jusqu'à Trédudon, deux caisses, persuadés d'avoir récupéré des grenades. Hélas, à l'ouverture nous n'avons découvert que des talonnettes métalliques pour les bottes de l'armée allemande. Un peu plus tard, après avoir pu voir de l'armement dans la salle du rez-de-chaussée de la cour. J'ai décidé de tenter le coup. Avec les trois complices de Trédudon, Jean-Marie Plassart, Louis Thomas et François Guen, nous avons réussi. Avec mes deux seaux, que j'ai confié à François Guen, lequel les a remplis, en faisant le plus de bruit possible, j'ai introduit mes camarades dans le local. Rapidement nous avons repéré et récupéré deux mitrailleuses MG34 et MG42. Nous avons passé les armes par-dessus le muret dans la ruelle, car devant, sur la route une sentinelle faisait les cents pas. J'ai récupéré mes seaux et les trois autres sont rapidement partis vers Trédudon. Là non plus pas de représailles.

Entre temps hélas, la Gestapo ne chômait pas et la délation non plus. Rares sont les collaborateurs avec l'occupant, mais l'un d'eux, Thos, du bourg de La Feuillée, dénonce J.-M. Lozach, autant peut-être par jalousie -du fait de la situation aisée de Jean- Marie- que par conviction pro-allemande. Jean-Marie est arrêté le 3 novembre 1943 ; Trois de nos camarades résistants de la première heure seront également arrêtés à Saint Brieux où ils étaient en mission. Marcel GRALL, Jean Créoff, Ernest Le Borgne seront interrogés à Morlaix, puis à Rennes, mais ne divulgueront rien de l'implantation du FTR J.-M. Lozach et Jean Créoff seront déportés en Allemagne, et auront la chance de revenir. Marcel GRALL et Ernest Le Borgne seront fusillés à Rennes le 6 juin Mais l'action doit continuer, et mon ami Pierre GRALL, frère de Marcel, prend la relève comme responsable du secteur. Dans le groupe, François GRALL, autre frère, participe également à la lutte contre l'occupant. Le 24 décembre 1943, nous devons, avec quelques amis célébrer Noël chez nous, Maman ayant cuisiné un lapin de mon petit élevage. Revenant avec un ami, Amédée Plassart, habitant non loin, au bas du bourg de La Feuillée.

Nous arrivons à la hauteur de la boulangerie, lorsqu'arrive et s'arrête devant nous une voiture de liaison Volkswagen décapotable. Deux soldats en descendent et entrent dans un véhicule radio stationné sur la place. Nous pensons d'ailleurs depuis un moment que c'est une voiture gonio chargée de déceler les liaisons clandestines. Ce n'est pas trop le cas dans notre secteur, du moins pour nous FTP, mais le groupe Libé-nord, qui commence aussi à s'implanter dans le secteur et qui localement est commandé par Yves Rousvoal de Quinoualac'h, a semble-t ‘il une liaison avec Londres par l'intermédiaire du docteur Le Jeanne de Morlaix. Toujours est-il que, passant devant ce véhicule de liaison, j'aperçois, laissé sur la banquette un PM avec un chargeur et un second chargeur à côté. Aussitôt, sautant sur l'occasion, je prends l'arme et avec A. Plassart nous courrons le planquer dans un gros tas de foin, derrière la maison de mes grands-parents. Ni vus, ni connus, nous passerons tranquillement la nuit à la maison puisqu'en raison du couvre-feu nous ne pouvions sortir entre 22 heures et 6 heures du matin.

Et le 25 décembre à la tombée de la nuit, le PM prenait la direction de Trédudon où je le confiais à Pierre Plassart. Début 1944, les Allemands accentuent leur pression, et il faut le dire, avec l'aide de la police et de la gendarmerie françaises, bien sûr souvent à contre cœur recherchant les réfractaires au S.T.O. (service du travail obligatoire). Le STO est imposé par le gouvernement de Vichy, suivant un accord du président du Conseil Laval, avec les autorités allemandes, avec pour prétexte le rapatriement de prisonniers de guerre en échange de travailleurs «libres» dans les usines allemandes. Bien sûr, nombre de gendarmes et de policiers avertiront les intéressés avant leur passage afin qu'ils s'éclipsent et même certains gendarmes, comme le père de Jean Kerdoncuff affecté à la brigade de Pleyber-Christ, avec un de ses collègues, participera à la Résistance. La chasse aux réfractaires est plus active en ville, et c'est ainsi que nous aurons l'occasion d'héberger de nombreux Brestois, dont plusieurs de notre organisation F.T.P.

La vie à Brest n 'est par ailleurs pas très facile. Le ravitaillement est bien assuré depuis la campagne environnante, mais les contrôles, qu'ils soient français (gendarme et police) ou allemands, sont fréquents. Presque tous les soirs également, et depuis pratiquement la fin 1940, la ville subit les bombardements. Des Anglais d'abord, qui visent les croiseurs Scharnhorst et Gneisenau, réfugiés dans le port de Brest, ainsi que Prinz Eugen, après la destruction du terrible cuirassé Bismarck en mai. Les bombardiers anglais ont la réputation d'être très précis dans leurs attaques et les dégâts en ville ne sont pas trop graves. Par contre avec l'entrée en guerre des Américains, les bombardiers B.29 sont beaucoup moins précis et leurs tapis de bombes arrosent la ville. Les Brestois gardent pourtant le moral, et je me souviens d'une chanson sur l'air de «Auprès de ma blonde» qu'ils nous chantaient : «A quel plaisir l'on a D'entendre la D. C.A. Quand les avions anglais Survolent nos remblais Nos cœurs en les voyant Redeviennent confiants Refrain : Passe à tire-d'aile Bel oiseau de la victoire Passe à tire-d 'aile Porte nous l'espoir Notre France chérie Aujourd'hui bien meurtrie Nos marins nos soldats Continuent le combat Avec nos aviateurs Ils reviendront vainqueurs Refrain: Passe...» Auprès du village de Trédudon, une ferme abandonnée, avec une maison encore habitable, Guenidou, servira de refuge à une équipe de Brestois, commandée par un nommé Boucher. C'est lui qui héritera du FM récupéré à La Feuillée et c'est là que va se dérouler un épisode longtemps ignoré et tenu secret.

Une unité de l'armée allemande, installée au bourg de Berrien devant effectuer des tirs au canon dans les Monts d’Arrée au-dessus de Berrien et La Feuillée, un officier allemand et son ordonnance, tous deux à cheval, ont pour mission d'informer la population de ces tirs et d'éviter d'accéder à leurs garennes pendant quelques jours. Ayant visité le bourg de La Feuillée et plusieurs villages, les deux cavaliers reviennent par la D 42 entre La Feuillée et Berrien. Passé le village de Quinoualach, ils aperçoivent au loin, vers la montagne une ferme qu'ils n'ont pas prévenue. Faisant demi-tour, ils arrivent donc à cette maison et l'officier descendant de cheval entre dans le local au rez-de-chaussée. Entendant du bruit à l'étage, il grimpe à l'échelle de meunier pour se retrouver avec un pistolet sur la tempe, par un de nos camarades appelé Boucher. L'officier est tué, et son ordonnance, qui sautait sur son cheval, est également descendue au F.M. Boucher prévient rapidement Pierre Plassart à Trédudon, lequel vient sur place, accompagné de son groupe F.T.P. Il décide d'écarter les chevaux, avec les deux corps sur la selle.

Dans un coin de landes bien boueux, il décide de creuser et d'enterrer d'abord les militaires, puis les chevaux sont abattus un peu plus loin. S'en suit un important travail de camouflage pour dissimuler le coin, et même un troupeau de vaches est emmené sur le secteur pour piétiner le terrain. Le lendemain les troupes allemandes de Berrien et de La Feuillée battent la campagne pour rechercher leurs hommes. Mais la montagne est vaste et les renseignements impossibles à obtenir. Ils sembleraient avoir su que les deux cavaliers étaient passés à Quinoualac'h, en direction de Berrien, mais rien de plus. Toujours est-il qu'au bout d'une huitaine de jour les recherches ont cessé et aucune représaille aucune mesure de rétorsion n'a été exercée en raison des incertitudes de leur passage.

Pour nous, le combat continue et le moral est au plus haut, malgré la pression ennemie, en raison des bonnes nouvelles des différents fronts, de Russie et d’Italie en particulier. Le premier mai 1944, avec mes amis Armel Coant, responsable de Scrignac et Pierre Lachuer de Plounéour-Ménez, nous organisons une réunion à Quenequen en Scrignac, à laquelle nous convions la population et en particulier les agriculteurs.

Nous demandons à ces derniers de ne plus rien livrer à l'occupant, malgré les demandes pressantes de ces derniers, et en tout cas d'en faire le minimum, en planquant les ressources demandées: blé, pommes de terre, bêtes à viandes en particulier. Ce jour-là, je rentre donc à bicyclette vers La Feuillée lorsque je suis arrêté à hauteur de Quinoualac'h par René Géréec, père de mon ami du même nom : «ne rentre pas chez toi, les allemands, la gestapo y sont, et ont arrêté ta mère. Je fais donc demi-tour, et rejoins Scrignac, où je serais hébergé pendant une huitaine de jour dans la ferme de la famille Foll à Lescombleis, où Pierre et Emile, entre autres, sont responsables FTP avec Armel Coant à Scrignac. Ayant su que Maman a été libérée, et qu'il semble que la gestapo soit allée sévir ailleurs, je reviens alors sur Trédudon pour transmettre et recevoir des consignes pour la suite de la lutte. Ce même 1er mai, la gestapo faisait une descente sur Trédudon, arrêtait Louis Thomas et François Guen. Tous deux transférés à Morlaix ; ils sont torturés, ils résistent, ne révèlent rien ; puis sont libérés à la fin du mois, heureusement avant le débarquement, sinon ils auraient subi le même sort que plusieurs amis, soit déportés, soit fusillés.

Ce sera le cas des Claude Kerdoncuff jeune frère de Jean et de Louis Lapous, tous deux de Pleyber-Christ, arrêtés le 25 avril 1944 et morts en déportation. Louis Thomas gardera les séquelles de ces tortures jusqu’à 'à sa mort. Survient alors une période difficile qui me voit parcourir à pied cette fois, par des routes, des pistes et des chemins creux de nombreux kilomètres entre Trédudon, Brennilis, Scrignac, Saint Herbot.

C'est dans ce hameau, où j'ai recruté une solide équipe, que je séjournerais le plus souvent, à Kerliou, chez les frères Vern, avec Jean l'aîné, François dit Fanfan et leur famille. Nous serons souvent là un groupe d'une huitaine de combattants. La lutte continue donc, de plus en plus ardente, de plus en plus difficile aussi, les Allemands ayant renforcés leur dispositif dans le secteur, avec la présence de la division de parachutistes du général Ramke. Le groupe Libé-nord du secteur sous la responsabilité de Yves Rousvoal (capitaine F.F.L) de Quinoualc'h doit recevoir un parachutage d'armes sur un terrain situé au nord de Quinoualc'h, non loin de Trédudon. Ne disposant pas de suffisamment de personnel, il fera appel à Pierre Plassart à Trédudon, qui déléguera donc un groupe pour l'aider. Le parachutage aura lieu le 3 juin Le matériel est bien reçu, et notre groupe F.T.P. planque trois containers à son profit, fort heureusement d'ailleurs, car la planque de Libé-nord est découverte par les Allemands.

Pour notre part, le 4 juin, avec le groupe de Trédudon, nous nous rendons sur les lieux, dans la nuit pour récupérer les armes. Hélas, les allemands méfiants sont encore dans le coin, en embuscade. Je suis avec François GRALL (le troisième de la fratrie), lorsque nous sommes accueillis par des rafales de RM. François GRALL est touché au genou mais réussi encore à courir; nous sautons les talus et arrivons à échapper aux rafales. Derrière nous, nos amis réussissent également à s'en tirer sans dommage. Avec François GRALL, nous rejoignons une de nos planques, dans un tas de fagots, dans un champ à 200 mètres du village de Quinoualc'h en bordure de la route de La Feuillée.

La blessure de François GRALL n'est pas trop grave mais doit être soignée. Dès le matin je vois Henri Bris (Edouard) à Quinoualc'h et l'envoie quérir un docteur à Huelgoat. Il contacte Jean Cotton, lequel voit madame Brenniel, l'un des docteurs de la commune, dont il est sûr. Aussitôt avec sa moto elle vient à Quinouach, chez Edouard, lequel la dirige vers nous, donc notre planque.

François GRALL sera soigné et pourra aller se planquer à Trédudon pendant quelques temps. Je reste dans le secteur et le 5 juin, encore, je retrouve Pierre GRALL, Henri Bris, François Guingant et les frères Rousvoal pour discuter de la suite à donner à notre collaboration. Yves Rousvoal a récupéré dans son parachutage un poste radio et nous nous regroupons dans les landes vers Kerdenn pour examiner ce poste. Brutalement nous sommes surpris par une troupe allemande venant de la direction d’Huelgoat et ce sera un sauve-qui-peut général... Je pars d'un côté avec Henri Bris, les frères Rousvoal de l'autre, et Pierre GRALL avec Guingant Avec Edouard nous prenons la direction du Cran, où nous serons reçus par un autre frère GRALL, cultivateur ; lequel me fournira d'ailleurs une autre paire de sabots pour remplacer celle restée en route.

Malheureusement Pierre GRALL et François Guingant seront capturés, transférés à Huelgoat et torturés. Séparés, François Guingant sera ramené sur Quinouaich et fusillé dans un champ au bord de la route entre Quinouaich et Berrien. Une stèle a été érigée en cet emplacement. Pierre GRALL sera transféré à Morlaix puis déporté, et hélas ne reviendra pas. Le 6 juin enfin, voici l'annonce du débarquement des troupes alliées en Normandie. C'est l'effervescence générale, aussi bien chez nous que chez l'ennemi. Des troupes allemandes quittent le Finistère vers le 10 juin, en route vers la Normandie. Mais la division parachutiste du Général Ramke, qui couvre plus particulièrement le secteur, avec son P.C. à Huelgoat reste sur place et se déploie sur les itinéraires pour couvrir les déplacements.

La gestapo, de plus en plus active, redouble d'efforts, mais surtout, dans sa furie sanguinaire, fusille nombre de nos camarades. C'est ainsi que des résistants de notre secteur seront fusillés à Rennes: Marcel GRALL, mon premier responsable, et Ernest Le Borgne, le 8 juin 1944 ; Armel Coant, responsable F.T.P. de Scrignac arrêté le 4 juin et fusillé également le 8 juin, ainsi que François Coant. Un autre François Coant de Scrignac également sera arrêté le 4 juin et mourra en déportation.

De notre côté nous redoublons d'efforts. Il faut rapidement accueillir et trouver refuges à de nombreux jeunes recherchés pour le S.T.O., et la nécessité de créer une zone d'accueil, qui deviendra plus tard un maquis, s'impose. Le choix se portera sur le secteur de Lestrezec en Berrien pour nous F.T.P. Les gars de Libé-nord feront la même chose à Beurc'hoat De nombreux accrochages avec les troupes ennemies causent hélas de nombreuses pertes dans nos rangs. Le 26 juin à Scrignac, Jean Priol, Jean-Marie Le Fur et Joseph Salaun seront arrêtés et fusillés sur place (stèle de Roudouhir). Le 27 juin à Scrignac, Joseph Salaun sera arrêté et fusillé sur place (stèle de Lescombleis). Le 23 juillet, à Scrignac, les frères Paul et Valentin Poher seront fusillés, et le 30 juillet ce seront François Kervoelen et André Edouard Guillou.

Une stèle, à Kerbrat en Scrignac commémore leur sacrifice. Le 3 juillet, à Ty ar Hoën en Plouyé, le groupe de Pierre Ruellen est surpris au matin dans la ferme. François Goacolo réussit à s'échapper, mais Robert Boucher est tué sur place. Pierre Ruellen, Jean Volant et Emile Berthou seront arrêtés et transféré: à Huelgoat. Torturés, ils seront fusillés le 4 juillet et leurs corps enterrés dans la forêt d’Huelgoat non loin de l'allée aux violettes, où les corps seront retrouvés plus tard en Une stèle, élevée par les camarades carriers de Pierre Ruelen, leur rend hommage. Dans le secteur de Saint Herbot - Loqueffret plusieurs accrochages causent la perte de camarades résistants de la première heure. Corentin Cochennec sera tué au combat de Landeleau le 2 juillet A la libération la compagnie de résistance de ce secteur, issue de notre organisation, portera son nom. Le 5 juillet, François Salaûn - responsable du secteur de Brennilis-Loqueffret - et François Toullec seront fait prisonniers à Collorec. Transférés à Châteaulin, au collège Saint Louis, torturés, ils seront fusillés sur place. Une plaque commémorative consigne cet épisode. La situation est alors très confuse et il est difficile d'organiser quelque chose de solide et de structuré.

Avec l'afflux des jeunes volontaires depuis le débarquement, environ 200 hommes sont regroupés à Lestrezec à partir du 25 juillet Le parachutage d'armement permet d'équiper tout ce monde, mais les instruire est plus compliqué car les cadres ayant servis dans l'armée sont peu nombreux, et pour beaucoup des marins sans formation de «biffins». Les résistants de la première heure comme moi sont un peu débordés, mais il faut faire face. Les petits éléments clandestins de Scrignac, Saint-Herbot, Collorec sont appelés à rejoindre Lestrezec et constitueront l'ossature de ce qui deviendra la compagnie Bir Hackeim.

J'ai choisi ce nom en hommage à nos combattants de la France libre et la direction F.T.P. quoique communiste ne contestera jamais ce nom. Puis le nombre de résistants augmentant, la compagnie sera dédoublée, pour former la compagnie Cochennec. L'ensemble sera donc réuni à Lestrezec le 30 juillet, mais rapidement l'ennemi connaîtra notre présence, et nous attaquera le 3 août. Heureusement nous connaissons le terrain et arriverons à nous en sortir sans trop de casse.

Alain Derrien est mortellement blessé. Les deux compagnies se replient en direction de Locmaria-Berrien où le 5 août elles feront jonction avec les premiers éléments blindés de la division U.S., qui par une manœuvre rapide par le centre de la Bretagne aura réussi une percée en direction de leur objectif : la ville de Brest. Depuis les environs de Poullaouen, nous servons donc d'infanterie aux blindés U.S. mais ceux-ci nous devancerons sur Huelgoat. En cours de route, un accrochage à Pont Michael en Locmaria-Berrien, et un autre dans la montée vers Huelgoat causeront la perte de trois puis de huit officiers et soldats américains. A Huelgoat pendant ce temps, les Allemands dans leur fureur massacrent une vingtaine d'habitants avant de quitter la ville en direction de Brest. Le 5 août donc, les communes de Poullaouen, Locmaria-Berrien et Huelgoat seront les premières libérées du département La division blindée U.S. campera ce jour à la lisière du bourg de La Feuillée à Croas-an-Herry.

Le lendemain, reprenant leur avance, les blindés combattent à Plounéour-Ménez où la compagnie de Pierre Lachuer les aider à sauter l'obstacle. C'est là que sera tué l'un des hommes de la compagnie Bir Hackeim : Roland GRALL, qui s'était porté volontaire la veille pour guider la colonne de chars, et qui mourra d'une rafale sur le char de tête. Pendant que la D.B. continue sur Brest, les résistants, et donc la compagnie Bir-Hackeim sont chargées de nettoyer les bois alentours d’Huelgoat, car les troupes allemandes, à pied comme nous, se sont dispersés dans la nature avec comme objectif de rejoindre Brest.

Notre inexpérience fera que nous ne récupérerons que quelques isolés, et aussi quelques soldats désireux d'arrêter le combat. Épisode particulier : le 6 août devant l'hôtel du Lac à Huelgoat se situaient des WC publics. Henri Bris (Edouard) l'un des plus anciens résistants du secteur, chef de section de Bir Hackeim, pris d'un besoin pressant demande à Monette Kermanach, agent de liaison, de garder son arme, une carabine U.S. (récupérée en échange d'un FM. allemand). Monette, examinant l'arme la porte à son épaule, et à son grand étonnement voit un soldat allemand sortir des WC, les bras en l'air. Elle fera donc là son premier prisonnier, à l'étonnement d’Édouard qui n'avait rien vu.

Les jours suivants seront surtout des jours d'allégresse inoubliables, se traduisant par des bals, en particulier à la salle Kerlogot. Mais bientôt il faudra revenir à des choses plus sérieuses. Les américains, lancés en flèche en direction de Brest seront arrêtés à hauteur de Guipavas, laissant le temps aux Allemands et en particulier aux parachutistes du général Ramke, de se reprendre et organiser la défense de Brest. Avec l'afflux des jeunes S.T.O. et le regroupement des résistants, une organisation plus rationnelle de nos groupes F.T.P. s'impose. Ainsi nait le bataillon Bir Hackeim, reprenant le nom de la compagnie originelle.

Il sera commandé par Jean Kerdoncuff et comprendra : la compagnie Bir Hackeim, avec les cents trois hommes, que je commanderais ; la compagnie Cochennec, issue du dédoublement de la compagnie Bir Hackeim, a 75 hommes aux ordres de François Cloarec de Brennilis qui a remplacé comme responsable de ce secteur François Salaûn, arrêté et fusillé à Châteaulin.

La compagnie Leningrad, du secteur de Plounéour-Ménez commandée par Pierre Lachuer, 103 combattants. La compagnie Le Baut, 56 combattants ; Un commando avec une quinzaine de résistants que j'avais créé et confié à Raymond Cotton après ma nomination au commandement de la compagnie Bir Hackeim. Il est évident que confier le commandement d'une compagnie de résistants à un gamin de 20 ans n'est pas très rationnel.

Ce sont mes antécédents dans la résistance qui me porteront à ce redoutable honneur. J'aurais à commander des jeunes de mon âge, mais aussi des hommes plus chevronnés, et en particulier des anciens militaires, à peu près tous anciens marins, qui m'accepteront comme leur responsable. Ainsi donc, après un mois d'août tout à la joie de la Libération, le bataillon est appelé à intervenir dans la presqu'île de Crozon. Ce sera d'abord la compagnie Cochennec le 10 septembre Le 14 septembre, alors que nous cantonnons dans une ferme en avant de Tal-ar-groas, en direction de Crozon, avec une unité de chars U.S., nous sommes pris sous un violent tir d'artillerie par une batterie allemande en position au Cap de la chèvre. André Cousse de Berrien, François Guillou de La Feuillée, et Pierre Auffret de Botmeur sont grièvement blessés.

Transportés à Tal-ar-groas dans une infirmerie U.S., ils mourront de leurs blessures. Seront également blessés, mais légèrement Jo DIREUR, Marcel Cam, François Guen et Raymond Lorgeou. La compagnie Bir-Hackeim rejoindra Huelgoat le 17 septembre, suite à la capitulation allemande dans la presqu'île de Crozon. Brest enfin sera libre du 19 septembre. Ainsi se termine ce premier parcours que fut la résistance. Les derniers jours de septembre verront la dissolution des unités du bataillon Bir-Hackeim. La majorité des membres du bataillon rejoindront leurs foyers. D'autres, et ce sera mon cas, s'engageront pour continuer la lutte.

Je signe un engagement le 10 octobre 1944 à Brest en qualité de lieutenant F.F.L, au titre du 71ème R.I. et serais affecté au C.L.D. 19 (centre d'instruction divisionnaire) le 11 octobre.

Ma conduite dans la presqu'île de Crozon me vaudra une citation à l'ordre de la division, et ce n'est que plus tard, en 1949 que je saurais que mon combat dans la Résistance sera récompensé par la médaille de combattant, mais surtout par la médaille de la Résistance.



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SOURCE : https://www.ladepeche.fr/article/2013/11/20/1756827-pamiers-je-suis-une-legende.html


Publié le 20/11/2013 à 03:54 , mis à jour à 08:33

Le capitaine Marcel Clédic est le vétéran le plus âgé du 1er RCP. Il n’hésite pas à descendre de sa Bretagne natale en voiture pour venir fêter la Saint-Michel à Pamiers. Quand on a sauté sur Diên Biên Phu… ce n’est rien!

Ce 20 novembre 1953, dans la carlingue du légendaire bimoteur Dakota, il fait très froid. Il est 10 h 30. C’est le début de l’opération aéroportée «Castor» visant à occuper la vallée de Diên Biên Phu (Tonkin) afin de couper la route du Laos au Viêt-minh.

En une seule rotation, les hommes du capitaine Marcel Clédic, chef de la 1re compagnie du 2e bataillon du 1er régiment des chasseurs parachutistes du commandant Brétignac, seront largués en une seule rotation sur «Simone», une zone de saut au sud de Diên Biên Phu.

Harnaché, le capitaine Marcel Clédic, 29 ans, vérifie que son ventral est bien bouclé et accroché aux montants de la porte, le «rapace» se penche. «Go» ! hurle le dispatcher à son oreille. L’homme de guerre fond dans le vide. «C’était comme un feu d’artifice un 14-Juillet ! Les balles traceuses de la DCA Viet-minh montaient vers nous et au dernier moment elles s’écartaient, se détournaient de nous, c’était un feu d’artifice extraordinaire !» témoigne soixante ans plus tard le vétéran du 1er RCP. «Le largage était délicat, le temps de s’éjecter et on pouvait se retrouver à plusieurs kilomètres de notre point de chute initial. À 10 km au nord, Bigeard et son 6e BPC eux aussi se balançaient au bout de leurs suspentes pendant qu’en dessous les Viêts fonçaient au combat !»

Aujourd’hui âgé de 89 ans, à l’hiver de son existence, le capitaine Marcel Clédic relate avec une dignité martiale ce qui sera le plus important largage de parachutistes de toute l’histoire de la guerre d’Indochine. Clédic et ce fameux regard. Inoubliable. Cette flamme si singulière dans les yeux. La pudeur du récit en mémoire des copains, ces «frères d’armes» héros anonymes d’une guerre qui les entraîne dans des contrées inconnues et hostiles et que le capitaine Marcel Clédic apprendra à découvrir dans des conditions dont il ne dira presque rien, notamment sur cet épisode de captivité.

Quatre mois prisonnier

Quatre mois dans les camps Viêt-minh, après la chute de Diên Biên Phu. «Une marche effroyable à travers la jungle pour rejoindre un camp d’internement à 650 km au nord… La captivité ? C’est particulier. Il n’y a pas de règle. Je n’étais pas le plus costaud physiquement mais j’ai résisté.

Jeune, en Bretagne, j’ai toujours eu une vie frustre, paysanne, un peu à la dure. Ça m’a servi.» Le souvenir de l’ancien se veut pourtant anecdotique distancié du pathos qu’il tient à distance comme un Viêt menaçant. «Je me nourrissais d’un peu de riz et de fougères que je faisais bouillir dans mon casque. Une fois j’ai troqué à un paysan une papaye contre mon foulard.

Et puis j’ai eu la chance d’être en captivité avec un médecin qui me prodiguait des conseils pour survivre.» On n’en saura pas vraiment plus. Chez Clédic, la douleur ne se partage pas en public. L’horreur des combats, l’effroyable carnage de Diên Biên Phu, ce désastre inédit… Lui, le para du 1er RCP, ne partage ces choses-là qu’avec ceux de sa fratrie des bérets rouges et les jeunes qui aujourd’hui écrivent l’histoire du légendaire 1er RCP. Lui, le capitaine Marcel Clédic, le Breton, ne veut se souvenir que de ces visages, ces regards amicaux et souriants de ses «frères de France».

«Ça, c'était beau !»


À 89 ans, Clédic est un dur au mal qui se satisfait «d’être encore vivant». Nulle gloire, nul triomphalisme, juste le récit pudique d’une vérité bouleversante pour ce Grand Croix de la Légion d’honneur, médaillé de la Résistance, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la Croix de guerre des TOE avec 12 citations.

Et le souvenir intact de l’un de ses grands amis, Jean Treillou, «une figure !» qui sauta avec lui sur DBP avec un pied dans le plâtre et qui avant de monter dans le Dakota lui dit, une main sur son épaule : «A mourir, je choisis de mourir entouré de mes frères d’armes !» «Ça, c’était beau», sourit la légende qui reconnaît avoir eu autour de lui «une sacrée équipe».

Et d’ajouter : «C’est ma compagnie qui devait passer en force et sortir de la cuvette !» Pour finir, deux mots sur le 1er RCP ? «C’est ma maison mère ! Pendant tout mon temps au 1er RCP j’ai été chez moi. Para ? C’est une école extraordinaire ! Être para, c’est avoir un petit plus par rapport à ce qu’on peut attendre de la vie. Et puis chez les paras, tout le monde passe par la même porte !»


Dossier en téléchargement : Marcel Clédic



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