LE CRAS ANDRE
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 27 octobre 2020
« Le 4 août 1944 je suis appelé par André STEPHAN qui dirigeait les FTP du Sud-Finistère. Il était l'adjoint de BERTHAUD, chef départemental des FFI.
- On crée le bataillon La Tour d'Auvergne, il faut que tu viennes donner un coup de main à Gaston (Gaston KERVAREC, le capitaine).
Je commandais alors la compagnie Leclerc, basée à Concarneau. J'avais pris la suite de Etienne MILLOUR de Fouesnant, mon condisciple de l'EPS* de Quimperlé, tué au combat de Kernabat* le 15 juillet.
J'arrive à Quimper à vélo, le jour même vers 16 heures.
J'ai été surpris de voir une ville libérée, des drapeaux partout. Le long de l'Odet, les Allemands brûlaient des papiers mis en tas, pendant que des camions chargeaient le matériel pour le départ. Tout juste si, Allemands et Français ne fraternisaient pas pour célébrer la fin de la guerre.
André STEPHAN et Gaston KERVARREC étaient auprès de la préfecture. Une traction et un chauffeur nous attendaient. Nous décidons d'aller voir BERTHAUD, vers la rue de Pont l'Abbé.
- Vous arrivez trop tard. Il y a un quart d'heure que les Allemands sont partis.
Ils avaient donc loupé BERTHAUD.
Nous sommes alors repartis vers la préfecture. Nous avancions le long de l'Odet, quand nous avons vu venir vers nous, à l'autre bout, venant de la gare, une camionnette pleine de gens qui chantaient. A ce moment là j'ai vu dans notre dos un véhicule blindé allemand qui s'avançait.
Nous allions être coincés entre eux. Nous nous arrêtons. Nous sortons tous les quatre de la traction. André , Gaston et le chauffeur entrent dans les baraques de bois qui sont là, face à la poste aujourd'hui. Moi je cours me cacher derrière une des baraques.
Temps d'arrêt des Allemands avant de tourner vers la route de Brest. Arrêt et coup de canon dans le couloir des baraques. Notre chauffeur est tué. Il ne s'était pas couché à terre.
A la suite on s'est retrouvé. André STEPHAN a tiré quelques coups de feu, mais le camion allemand était déjà loin.
Nous avons traversé l'Odet et sommes entrés dans l'immeuble de la Compagnie LEBON qui était devenu la préfecture pendant un moment.
Là nous avons rencontré des policiers. Nous étions une trentaine. Eux avaient des armes. Des mousquetons utilisés dans l'artillerie. Plus courts. Très bons fusils.
Ils nous ont distribué des armes, chacun un fusil. Nous nous sommes mis aux fenêtres.
Est arrivée une voiture hippomobile. Un seul conducteur, un soldat allemand, et un cheval qui trottait le long de l'Odet. Une allure de promeneur. Tous les fusils ont tiré sur lui. Ni le conducteur ni le cheval n'ont bronché. Ils ont continué leur route.
Il était alors une heure avancée de la nuit et la préfecture brûlait. C'était la nuit du 4 au 5 août. »
André Le Cras
Témoignage recueilli par Anne Friant
* « continentale « et non « métropolitaine » la Corse s'étant libérée elle-même fin 43
3 juillet 2015 - Remise de Légion d'Honneur à André LE CRAS par le Gal LE BOT