CHAPALAIN Hervé
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 7 mars 2021


Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :
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Front National
Corps franc "Vengeance"
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Source :
Michèle Le Bras
Hervé CHAPALAIN (1905-1967). Né à Quéménéven le 26 novembre 1905, fils d'Hervé cultivateur. Comme le plupart de ses frères et soeurs, il part à Paris où il travaille comme égoutier.

Mobilisé en 39, il est fait prisonnier en 40 et interné au Front-Stalag de Rennes jusqu'à son évasion le 1er janvier 41. En 1943, il se réfugie chez son frère Jean-Pierre à Quéménéven et entre en résistance.

Arrêté le 20 mai 44 au Gouérec, comme ses camarades, il subit les tortures de la Gestapo avant d'être transféré à Rennes et de s'évader à Langeais.

A son retour, il s'engage au sein du Bataillon Stalingrad et participe à la conquête du Menez Hom le 1er septembre. Alain Le Grand et Georges-Michel Thomas ont recueilli son témoignage peu avant son décès et rédigé sa biographie que je reproduis dans son intégralité ci-dessous.

Dossier au SHD de Vincennes : GR 16 P 119357

Photo transmise par la famille Chapalain.

Alain Le Grand et Georges-Michel Thomas lui consacrent trois pages (274 à 276) de leur livre "39-45 Finistère". Voici leur récit :
« Le 20 mai 1944, les Allemands cernaient le maquis de Quéménéven, au village du Gouérec. Au nombre des résistants capturés : Hervé Chapalain, 38 ans, un "ancien".Il était égoutier à Paris quand il fut mobilisé en 1939. Prisonnier de guerre en 1940, il s'évada du Front-Stalag de Rennes le 1er janvier 1941. Il franchit la ligne de démarcation et, à la recherche d'un emploi, il réussit à entrer comme chauffeur au ministère de la guerre à Vichy.

En novembre 1942, les Allemands occupant la zone Sud, il s'efforça de rejoindre l'Afrique du Nord par l'Espagne, mais à Las-Bardias (val d'Aran), la police de Franco interrompit ce voyage. Il fut remis à la douane de Vichy et refoulé sur Saint-Béat (Haute Garonne). Le commandant français de la place de Toulouse le fit libérer, muni d'un certificat de démobilisation. Il passa clandestinement en zone Nord, près de Moulins (Allier) et arriva chez son frère Pierre Chapalain, cultivateur à Quéménéven.

En 1943, il entre dans la Résistance, au "Front national" puis, après des arrestations, au corps franc "Vengeance".
Donc le 20 mai 1944, avec ses camarades, il est enfermé à la prison Saint-Charles de Quimper. Il partage une cellule avec le Frère Salaun et Alain Le Parc, marin-pêcheur de Morgat.
C'est la dure période des interrogatoires dont l'on perçoit des échos quand ils ont lieu dans la baraque montée dans la cour. Ils n'épargnent pas les maquisards de Quéménéven. René Heussaff, qui mourra à Neuengamme, est particulièrement éprouvé.
Le 10 juin 1944, des autocars civils à gazogène, viennent prendre les prisonniers près de Saint-Charles, pour les conduire jusqu'à l'embarquement dans le train au passage à niveau de Saint-Yvi. Puis c'est le pénible voyage jusqu'au camp Margueritte à Rennes.
Le 3 août, un convoi, le dernier, est formé à destination de l'Allemagne. Le train revient sur Redon et de là passe par des lieux qui reviennent en mémoire : Châteaubriant (Loire-Atlantique), Le Lion-d'Angers (Maine-et-Loire)...
A Langeais (Indre-et-Loire), il tombe en plein raid de l'aviation alliée. Sous le violent mitraillage, la garde allemande du convoi doit se camoufler un peu partout, à plat ventre sous les wagons. Il y aura des morts parmi les prisonniers. Nombreux sont ceux qui profitent de l'opération pour s'évader.
Hervé Chapalain parvient à sortir de la gare, tandis que l'alerte et la panique se prolongent. Il voit un camarade de Quéménéven (qui lui aussi réussira à s'enfuir), tourner autour d'un platane pour éviter les balles.
Chapalain fonçant droit devant lui, aboutit au Parc des sports.

Il va passer la nuit dans un champ, derrière un muretin. Au matin, il reconnaît une briqueterie à courte distance. Un cadre en blouse blanche lui lance : "Que faîtes-vous là ?" Il explique. On le renvoie.
Il n'est guère présentable et craint d'être remarqué avec sa longue barbe et son treillis. Il a faim. Cela fait six jours qu'il n'a presque rien mangé.
Il poursuit le chemin en direction d'un coteau planté de vignes. La première personne qu'il croise est une dame peu rassurée, mais bienveillante, femme d'un prisonnier de guerre. Elle le conduit chez elle, lui sert du vin, lui procure un paletot de chasse.
Plus loin encore, dans une ferme, on lui offre un casse-croûte. Un garde champêtre l'héberge. Un homme charitable lui remet 50 F. Il se prend à siffler en continuant sa route, une vieille bêche sur l'épaule, cadeau du garde champêtre avec le mode d'emploi : "Pour paraître occupé".
Chapalain rencontre un paysan qui mène deux chevaux. Il fait une nouvelle fois le récit de son aventure. Le Paysan, M. Cousson, fermier à Hommes (Indre-et-Loire), l'invite chez lui et le garde quelques jours. Hervé ne veut pas profiter trop longtemps de cette généreuse hospitalité. M. Cousson le conduit à quinze kilomètres de chez lui pour le mettre sur le chemin du retour en Bretagne.
Il est pris en cours de route par une ambulance de la Croix-Rouge qui se rend à Rennes, libérée depuis, où il passe la nuit à la caserne du Colombier. Il reprend sa marche dès le matin. Il lui faut attendre Mur-de Bretagne (Côtes-du-Nord) pour profiter du voyage d'un camion-citerne qui va à Morlaix ravitailler les FFI en essence. De Morlaix à Châteaulin, il voyage de même.
A Châteaulin, grâce à son compatriote et chef de la résistance, Daniel Trellu, devenu lieutenant-colonel Chevalier, il est incorporé rapidement au
bataillon F.T.P Stalingrad, le 15 août 1944. »
Ce témoignage a été recueilli par les auteurs du livre en avril 1967, 2 mois avant le décès d'Hervé Chapalain. 


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Source : Michèle Le Bras

De LANGEAIS au MENEZ-HOM

Le périple de 9 évadés finistériens pour retrouver la liberté

Le 20 août 1944, Marie Capitaine, qui tient un café à la gare de Quéménéven, voit arriver chez elle, 9 prisonniers qui se sont évadés à Langeais du train qui les emmenait en Allemagne. Et ils racontent leur périple, depuis leur arrestation mi-mai, en même temps que Guillaume, le frère de Marie (qui ne s’est pas évadé).

Incarcérés à la prison Saint Charles de Quimper, ils sont extraits à tour de rôle pour subir les tortures inhumaines de la Gestapo. L’annonce du débarquement les sauve car ils devaient passer en cour martiale le 10 juin.

Lorsqu’ils montent dans un car à gazogène, ce jour-là, ils s’attendent à passer devant le peloton d’exécution mais ils sont dirigés sur Saint-Yvi où ils sont entassés dans des wagons à bestiaux roulant vers l’est.

A dix kilomètres de Nantes, le convoi fait demi-tour et prend la direction de Rennes où ils sont internés au camp Margueritte. Le 3 août, l’annonce d’une arrivée imminente des Américains leur cause une grande joie mais le soir même, ils sont à nouveau chargés dans les wagons à bestiaux d’un long convoi roulant vers Nantes, Angers, Tours…

Le 6 août vers 20 heures 30, le train est mitraillé par 4 chasseurs américains à Langeais, obligeant les Alllemands à chercher un abri. Environ 150 jeunes en profitent pour s’échapper.


Parmi eux 9 résistants du maquis de Quéménéven qui ont participé

- aux parachutages d’armes,
- aux sabotages d’avions et d’ouvrages militaires,
- aux sabotages de la carrière voisine du Hinguer,
- aux déraillements récurrents de trains entre Quimper et Châteaulin,
- aux coupures de lignes électriques et téléphoniques, aériennes comme souterraines,
- à l’attaque de la prison Saint-Charles de Quimper …

Hervé CHAPALAIN né 26 novembre 1905 à Quéménéven.

Roger GOURCUFF né le 26 juillet 1921 à Trégunc.

Marcel KERMEL né le 20 décembre 1922 à Crozon. (1)

Alain LE PARC né le 8 janvier 1922 à Crozon. (1)

Laurent MOULIN né le 11 avril 1922 à Crozon. (1)

Jean Marie RICHARD né le 25 novembre 1914 à Landrévarzec.

Jean Louis SCORDIA né 16 décembre 1919 à Quéménéven.

François Marie THEPAUT né le 27 août 1923 à Cast.

Jean VIGOUROUX né le 25 janvier 1920 à Crozon. (1)

(1) les quatre résistants originaires de Crozon, après une tentative infructueuse, le 14 août 1943 pour rejoindre l’Angleterre, à bord d’une barque de pêche, ont été dénoncés à leur retour à Morgat. Obligés de prendre le maquis pour échapper aux rafles, ils sont venus se cacher à Quéménéven.
Ereintés par 400 kilomètres parcourus majoritairement à pied, ils ont besoin de repos, de nourriture mais aussi de soins médicaux. Mais ils ne veulent surtout pas rater la libération du Finistère et à peine rétablis, rejoignent les Bataillons engagés dans la conquête du Menez-Hom (Normandie et Stalingrad).

Et ils sont présents le 1er septembre, lors de la libération du sommet.

Sources :

"Le Finistère dans la guerre 39-45 - Libération" par Alain Le Grand et Georges-Michel Thomas.

Archives du maquis de Kergoat.

SHD de Caen - dossiers de déportés.

SHD de Vincennes -dossiers de résistants.

Journal de Marie Capitaine.

Archives et témoignages des familles des résistants.

Une biographie est associée à chaque photo.