BERNARD Yves
1924-1990
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 15 décembre 2022
Pendant deux heures, les trois classes de 1re ont eu l’occasion d’échanger avec des témoins directs et indirects de la résistance et des atrocités de la déportation.
"Engagez-vous ! Mais choisissez bien la cause pour laquelle vous vous engagez"
Yves Bernard avait 17 ans, lorsqu’il fut arrêté. L’âge d’Alain Bodivit, lorsqu’il est entré dans le réseau Turma Vengeance en 1943. « Nous n’étions pas considérés comme des soldats, nous n’étions donc pas protégés par la convention de Genève, si bien que si nous étions pris, nous pouvions être fusillés sur-le-champ comme franc-tireur », raconte l’ancien des Forces françaises combattantes. Fait d’anecdotes, de moments d’émotion mais aussi de phases de distanciation et de remises en contexte, ce récit a fait prendre conscience aux adolescents, à peine plus jeunes qu’Alain Bodivit au moment où il a rejoint la résistance, de la force de l’engagement et des risques encourus.
L’engagement, c’est aussi le thème que mettent en avant Maryvonne Moal des Amis de la Fondation de la déportation et François Fouré des Amis de la Fondation de la résistance : « Engagez-vous ! Mais choisissez bien la cause pour laquelle vous vous engagez ». Le père de Maryvonne Moal, le grand-père de François Fouré ont, l’un et l’autre, été déportés en raison de leur participation active à la résistance. Ils ont payé un lourd tribut, le second y laissant même la vie. Quant au premier, les souvenirs de cette sombre période l’auront hanté jusqu’à la fin de ses jours.
Edgard de Bortoli a, lui, raconté l’histoire de son père, Carlo, fusillé en 1942 à Paris pour son activisme au sein de la résistance brestoise. Autre histoire, autre destin, celui de Marcel Gléhen, évoqué par sa fille Nelly Masseron. Ce Plomeurois de naissance s’est illustré, alors qu’il était prisonnier de guerre en Allemagne, en cherchant à s’évader à plusieurs reprises. Cela lui a valu la déportation dans le camp de représailles de Rawa Ruska, situé dans l’actuelle Ukraine, appelé aussi « Camp de la goutte d’eau et de la mort lente », selon Winston Churchill. Marcel Gléhen en a réchappé grâce à son caractère et sa force morale exceptionnels, grâce aussi à une part de chance, grâce encore à la solidarité entre détenus et à quelques Allemands qui lui auront « apporté une aide précieuse, par exemple, l’un d’entre eux, en partageant son maigre repas », souligne sa fille.
Les six premiers mois de sa vie à la morgue
Le récit de Lucienne Nayet est tout autre, la douleur est encore présente : elle figure au rang des victimes des répressions et persécutions. Alors que son père Michel Lerman a été arrêté en tant que juif et qu’il « est parti en fumée à Auschwitz », elle a vu le jour à l’hôpital Rotschild à Paris, le seul où les médecins juifs étaient encore autorisés à travailler. Elle est déclarée mort-née par des membres de la résistance qui œuvrent dans cet hôpital, afin de soustraire les enfants juifs à la folie criminelle des nazis. Elle passe ainsi les six premiers mois de sa vie à la morgue puis vit cachée, en Vendée, dans un appartement où le bébé ne doit faire aucun bruit pour écarter tout risque de dénonciation. Trois-quarts de siècles plus tard, Lucienne Nayet en conserve un traumatisme, encore palpable, à travers ce témoignage poignant.
Yves Bernard quelque jours avant son arrestation. Il était capitaine de l’équipe juniors de l’US Pt L’Abbé
Au camp de Dora, Yves subit des expériences médicales dont il a gardé les stigmates toute sa vie.
Plan de l’usine souterraine de Dora où les déportés étaient chargé de produire des fusées V2 (qu’ils tentaient de saboter quand ils le pouvaient)