Odette Clédic
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 11 Octobre 2020
LE TELEGRAMME Publié le 03 mars 2005 à 00h00
Dimanche, s'est éteinte une grande dame de la Résistance, Odette Clédic, âgée de 79 ans.
Déjà titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre et de la croix du combattant volontaire de la Résistance, Odette Clédic avait reçu, au mois de mai, la croix d'officier de la Légion d'honneur pour son courage exemplaire dans les rangs de la Résistance, reconnaissance de la Nation qui lui fut remise à Huelgoat, par Marcel Clédic, son frère, lui-même grand officier de la Légion d'honneur.
Agent de liaison d'un groupe de résistants
Née à Paris, le 6 juin 1925, elle perd son père en 1926 et retourne avec sa mère et son frère à La Feuillée. Connaissant les activités, en octobre 1942, de son frère et suivant son exemple, elle s'engage, à l'âge de 16 ans, dans la Résistance en tant qu'agent de liaison d'un groupe de résistants FTP (Francs-tireurs et partisans), de Trédudon, à Berrien. Son premier responsable s'appellera Pierre Grall. Remarquée pour son courage et son efficacité, elle sera recrutée par le Réseau national des francs-tireurs et deviendra agent de liaison régional.
Basée ensuite à Paris, elle transportera des plis et parfois même des armes, assurant des liaisons depuis Paris sur toute la région Ouest, du Havre jusqu'à Bordeaux et transmettant des documents sur Le Mans, Angoulême, Ruffec et la région de Morlaix et Trédudon.
Son nom de code était Josette.
C'est au cours d'une mission à Angoulême qu'elle sera arrêtée le 25 janvier 1944.
Elle ne quittera la prison du Mans, où elle était incarcérée, que pour être remise à la Gestapo.
Déportée au camp de Ravensbrück sous le matricule 38.811, elle sera affectée au Kommando chargé de travaux pénibles avec, dira-t-elle, «une maigre soupe aux orties et un quignon de pain rassis ».
Grâce au soutien d'un réseau FTP à l'intérieur du camp, grâce aussi à son âge et à ses compétences, elle finira par travailler à l'atelier couture. Ce qui la sauvera.
Près de 500 km à pied
Fin avril 1945, au cours d'une terrible marche de la mort, elle parcourra avec ses compagnons d'infortune près de 500 km à pied sous les ordres des SS, dans les tempêtes de neige, pataugeant dans la boue, dans des conditions très éprouvantes.
Libérée le 8 mai 1945 par les Américains, elle rentrera le 20 mai à La Feuillée, dans des conditions très difficiles. Elle ne pèse plus alors que 37 kg.
Odette gardera toute sa vie les séquelles de son voyage en enfer. Un voyage qui s'est achevé, dimanche, à La Feuillée. Ce soir-là, la Résistance bretonne était endeuillée.