LE GUENNEC Héléna et quatre de ses cinq enfants, Henri, Jacques, Monique et Michel Chemin de la Résistance et des Maquis Mis en ligne sur le site le 14 février 2021
Le 20 janvier 1944 à midi, la Gestapo surgit au 32, rue de Kerlérec, à Quimper. Héléna Le Guennec et quatre de ses cinq enfants, Henri, Jacques, Monique et Michel sont présents. Ils abritent trois aviateurs, deux Français et un Américain, prêts à partir pour l'Angleterre pour continuer le combat. Tous sont conduits au siège de la Gestapo, situé au 15 rue Laënnec.
L'ancien résistant Jean Le Bloc'h, 90 ans, a bien connu la famille Le Guennec. Il rencontre Henri, l'aîné, au lycée Saint-Louis, en 1942 à Paris. « On préparait Saint-Cyr en même temps. Il était de Quimper, alors je le connaissais de nom ». À son retour en juin 1943, les deux Quimpérois entrent dans la Résistance « On a été contacté par Jean Jaouen, qui lançait le réseau Turma Vengeance dans le Finistère. Il nous a dit : on a besoin de vous ici ». La mère et trois de ses quatre fils s'engagent rapidement dans le réseau. Henri Le Guennec (alias Marc à Vengeance), devient responsable départemental du réseau. Son frère Pierre (alias Gildas) est agent de liaison. L'autre frère, Jacques (alias Yves), est chargé des questions maritimes. Il n'est pas présent le jour de l'arrestation. La mère s'occupe du ravitaillement et de la logistique. Ange, le chef de famille, est absent : prisonnier de guerre, il est interné en Allemagne.
« Je suis parti à 11 h, ils se sont fait arrêter à midi »
Jean Le Bloc'h est lui aussi membre de Turma Vengeance. Il est agent de liaison entre Douarnenez, Audierne et Quimper, où il a l'habitude de rencontrer les Le Guennec. « Le matin (du 20 janvier 1944 Ndlr), j'étais chez eux pour récupérer des documents » précise Jean Le Bloc'h. Le résistant dissimule les papiers dans le guidon de sa bicyclette et part rejoindre sa troupe scout, dont il est le chef, devant l'église Sainte-Thérèse. Là-bas, sa mère et une de ses soeurs le préviennent que les Le Guennec ont été arrêtés. « Je suis parti à 11 h, ils se sont fait arrêter à midi » se souvient avec émotion Jean Le Bloc'h. Henri est envoyé en Allemagne, où il meurt le 1er novembre 1944. Jacques meurt étouffé dans le train qui le conduit à Dachau, le 5 juillet 1944. Héléna, la mère, meurt malade à Ravensbrück en février 1945. Compte tenu de leur jeune âge, Michel, 8 ans, est relâché au bout de cinq jours, et Monique, 16 ans, en mai 1944.
70 ans après, Jean Le Bloc'h se pose toujours des questions. « On a jamais pu savoir qui a prévenu la Gestapo. C'est encore le mystère aujourd'hui ».