MORU Marie-Louise dite Lisette
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 27 AVRIL 2021/mise à jour le 17 mai 2021
Ci dessous : cliquez sur le dossier pour le télécharger.
Complément d'informations de Roger BERTHELOT à Yves MAZO (notre secrétaire) concernant le convoi vers la Déportation de Marie-Louise MORU :
"Salut Yves !
Pierre Berthelot, mon père,
Georges Abalain
Pierre Guyomarch
Albert Guyomarch
Jean Ansquer
Henri Ménès
étaient dans le même train de déportation que Marie Louise Moru
et Louis Séché
le 24 janvier 1943 .
Les 4 wagons des 230 femmes furent
décrochés à Halle et dirigés vers Auschwitz .
Elles furent immatriculées et tatouées
dans la série des 31000 .
Le train des 1600 hommes continua jusqu'au camp de Oranienburg Sachsenhausen.
En 1964 , en voyage organisé par Loisirs et Vacances de la Jeunesse
LVJ
Jean Claude Cariou et
Roger Pierre Berthelot
ont visité la ville de Halle
et le camp de Oranienburg Sachsenhausen."
Ci-dessus :
Photographiée à Auschwitz-I, le 3 février 1943.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
A propos de Lili MORU, pour en savoir plus sur l'enquête de Stéphanie Trouillard
https://webdoc.france24.com/sourire-auschwitz/
Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les “soupiraux” de leur bâtiment de briques donnent sur la cour du Block 25, le “mouroir” du camp des femmes où sont enfermées leurs compagnes prises à la “course” du 10 février (une sélection punitive). Les “31000” commencent à partir dans les Kommandos de travail.
Selon le témoignage de ses camarades rescapées, Marie-Louise Moru, atteinte par une dysenterie sévère, succombe en mars 1943 au Revier de Birkenau où elle a été admise, auprès de Marcelle Mourot, de Besançon, qui s’y trouve déjà. Lisette n’a pas dix-huit ans.
Au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen (« Sachso »), Louis Séché (matricule 58178) réussit à survivre. Après avoir subi lui aussi une période de quarantaine, il est affecté au plus important des Kommandos extérieurs de Sachso : l’usine d’aviation du constructeur Ernst Heinkel, qui compte en permanence entre 6000 et 7000 détenus. Les conditions sont éprouvantes, mais Louis peut quand même entretenir une correspondance régulière avec ses parents jusqu’à la fin du mois de juillet 1944 : il leur fait savoir qu’il est magasinier. Puis le jeune homme ne donne plus de nouvelles…
Après le retour des déportés, ses parents de Lisette apprennent sa mort par Marie Élisa Nordmann et Marcelle Mourot.
En 1946, Claude Bottiau, dessinateur morbihannais rescapé de Sachso, qui a connu Louis Séché dès son internement à la prison de Vannes, apporte son témoignage : le jeune Port-Louisien se trouvait à l’infirmerie le 26 avril 1945, quatre jours après la libération du camp par les Russes. C’est là que sa trace se perd. En 1947, son décès est officiellement déclaré : Louis est “Mort pour la France” le 26 avril 1945 à Oranienburg.
En septembre 1945, à Rennes, la cour de justice d’Ille-et-Vilaine déclare les deux employées de la douane de Port-Louis coupables d’avoir collaboré « en signalant aux autorités allemandes des faits de nature à motiver contre les Français les ayant commis une action répressive de l’ennemi », et les condamne à des peines de trois et deux ans de prison, et à la dégradation nationale à vie. Par contre, le mandat d’arrêt français ne parvient pas à obtenir l’extradition du douanier allemand, revenu dans son pays après la guerre.
En septembre 1955, des journalistes de La Liberté du Morbihan font paraître un article après s’être rendus au domicile de la mère de Lisette, désormais veuve : « Elle nous a confié le dernier souvenir qu’elle a pu avoir de sa malheureuse jeune fille : une triple photo extraite d’un fichier du trop célèbre camp d’Auschwitz où, dès son entrée, elle est dépouillée de toute personnalité et ne devient plus qu’un matricule parmi les matricules : 31825. » Il est probable que ce tirage photographique obtenu des autorités polonaises lui ait été transmis par Marie Élisa Nordmann, devenue responsable de l’Amicale d’Auschwitz, après son identification par des rescapées de leur convoi.
Le nom de « Moru dite Lisette » est inscrit sur la plaque intégrant les morts de la guerre 1939-1945 apposée sur le monument installé dans le cimetière communal et dédié par « la commune de Port-Louis à ses héroïques enfants morts pour la France ». Dans le cimetière également, sur le caveau de famille, une plaque rappelle son souvenir : « À Marie-Louise Moru, morte pour la France à Auschwitz, le 24-4-43, à l’âge de 17 ans et demi, lâchement vendue par deux Françaises le 8-12-42 ». Le 25 avril 2021, Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, le Centre d’animation historique du pays de Port-Louis, en lien avec la municipalité, fait apposer une nouvelle plaque pour rendre hommage à six fusillés et six morts en déportation de la commune, plaque sur laquelle Lisette Mort et Louis Séché sont réunis.
En 2008, le nom de Lisette Moru est donné à un petit équipement municipal de Port-Louis (la salle des remparts, “local jeunes” de la commune ?) et une plaque commémorative est apposée sur le rempart de la citadelle.
La mention « morte en déportation » a été ajoutée en marge des actes d’état civil (arrêté du 31/07/1997).
Source :
- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 209-210.
- Marion Queny, Un cas d’exception : (…) le convoi du 24 janvier, mémoire de maîtrise d’Histoire, Université Lille 3-Charles de Gaulle, juin 2004, notamment une liste réalisée à partir du registre de Romainville (copie transmise par Thomas Fontaine), pp. 197-204, et p. 114.
- Alain Brebion, site Mémorial GenWeb, relevé du Monument aux morts de Port-Louis.
- Guy Le Floch, Le Patriote Résistant n° 942, juin 2019, page 4, courrier des lecteurs.
- Stéphanie Trouillard, journaliste à France 24, Le sourire d’Auschwitz, webdocumentaire en 4 chapitres, avril 2021 : https://webdoc.france24.com/sourire-auschwitz/
MÉMOIRE VIVE
(dernière modification, le 26-04-2021)