LE RÉSEAU DU MUSÉE DE L'HOMME
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 29 mai 2021 / mise à jour le 13 mars 2022 / mise à jour le 20 mars 2022



Nom du ou des réseaux d'appartenance dans la Résistance :


LE RÉSEAU DU MUSÉE DE L'HOMME

Boris Vildé fut à l’origine de la création du réseau de résistance du Musée de l’Homme. Arrêté, il sera fusillé, avec d’autres membres du réseau, au Mont-Valérien.
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Photo de gauche : https://museeborisvilde.com/


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C’est au Mont-Valérien, aux portes de Paris, que furent fusillés les résistants du réseau du Musée de l’Homme.

| ARCHIVES ERIC FEFERBERG, REUTERS

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Le Palais de Chaillot à Paris, sur l’Esplanade du Trocadéro, qui abrite le Musée de l’Homme. | EUTOURING

Source : https://www.ouest-france.fr/culture/histoire/histoire-ces-resistants-etaient-fusilles-il-y-a-80-ans-retour-sur-le-reseau-du-musee-de-l-homme-aaf38486-9f91-11ec-a2c0-a14b5d2d46a1
Histoire. Ces résistants étaient fusillés il y a 80 ans… Retour sur le réseau du Musée de l’Homme

Il y a 80 ans, des résistants du réseau du Musée de l’homme, à Paris, tombaient sous les balles des Allemands, exécutés au Mont-Valérien. Parmi eux, Boris Vildé. Ce chercheur, d’origine russe, linguiste et ethnologue, joua un rôle essentiel dans la création du réseau, un travail de l’ombre qu’il mena aussi en Bretagne.
Dans quelques minutes, ce 23 février 1942, Boris Vildé, 33 ans, va tomber avec six de ses camarades du réseau de résistance qui s’est structuré à partir du Musée de l’Homme à Paris. Ils sont exécutés au Mont-Valérien, près de la capitale, ce haut lieu de la mémoire de la France combattante.

Dans quelques minutes, ce 23 février 1942, Boris Vildé, 33 ans, va tomber avec six de ses camarades du réseau de résistance qui s’est structuré à partir du Musée de l’Homme à Paris. Ils sont exécutés au Mont-Valérien, près de la capitale, ce haut lieu de la mémoire de la France combattante.

Pour eux, il n’était pas question de se battre les armes à la main, mais avec des idées pour dénoncer l’Occupation et les idées mortifères des nazis. Le réseau, composé notamment d’intellectuels et de chercheurs, leur oppose un journal, Résistance.

Boris Vildé, comme plusieurs de ses camarades, refusa d’avoir les yeux bandés, un ultime défi au peloton d’exécution. Il n’a que 33 ans, mais déjà une longue vie derrière lui. Il est né à Saint-Pétersbourg en Russie avant de passer son enfance dans le petit village de Yastrebino.

Adulte, il séjourne en Lettonie, en Allemagne et arrive en France en 1932. Il vit pauvrement mais sa curiosité est insatiable. Il a déjà beaucoup étudié mais poursuit des études d’ethnologie. Elles lui permettent, avec sa connaissance de plusieurs langues étrangères, de décrocher en 1937 un poste au Musée de l’Homme.


Retour à Trégastel

La guerre le rattrape. Il est fait prisonnier en 1940 avant de s’évader. Un autre combat va alors commencer pour lui, celui de la Résistance. Il en jette les premières bases en Bretagne où il se rend naturellement. À Trégastel (Côtes-d’Armor), il retrouve sa belle-famille dans la villa Breizh Izel. Son beau-père, Ferdinand Lot, l’historien spécialiste du Moyen Âge, en a fait l’acquisition quelques années plus tôt. En 1934, Boris Vildé est entré dans la famille en épousant Irène, l’une de ses trois filles.

"C’est dans cette maison, en septembre 1940, qu’arrive à vélo Boris Vildé venu retrouver son épouse Irène et ses beaux-parents qui s’y sont installés, apprenant alors par la radio l’entrée des Allemands à Paris"​, raconte Jean-Yves Séradin dans le livre qu’il a consacré à la famille du professeur Lot (La maison d’à côté, éditions À l’ombre des mots).

Boris Vildé commence alors à tisser la trame du réseau de résistance du Musée de l’homme. Il pense à ce journal clandestin mais il se renseigne aussi pour organiser des passages à travers la Manche vers l’Angleterre. Il prend des contacts dans le Finistère à Quimper, Bénodet et Crozon. "Boris Vildé, par le jeu des relations personnelles, va constituer une toile d’araignée qui couvre toute la France, zone occupée et zone libre. Son charisme et aussi son culot son tels qu’il est difficile de ne pas le suivre"​, souligne aussi Jean-Yves Séradin.

Au mois de juin 2003, une stèle est inaugurée à Quimper pour rappeler le sacrifice de plusieurs lycéens de la ville qui avaient choisi l’action clandestine. Certains avaient manifestement rejoint le réseau du Musée de l’homme. "Les plus âgés d’entre eux avaient rallié la Résistance dès décembre 1940 au sein du réseau du Musée de l’homme"​, explique Ouest-France dans son édition du 28 juin 2003.

« Un personnage hors du commun »

Toujours dans l’Ouest, les ramifications du Musée de l’Homme ont permis de transmettre aux Alliés des renseignements déterminants pour mener à bien l’opération Chariot, le 28 mars 1942, le raid audacieux des Anglais contre les installations du port de Saint-Nazaire, afin de rendre inutilisables par les Allemands plusieurs de ses installations.

"C’est un personnage hors du commun et rien ne l’arrête. Il est capable d’apprendre une langue étrangère en quelques semaines" , ajoute Claude Doyennel, un retraité aujourd’hui installé à Argentan (Orne) après avoir passé plusieurs années à Saint-Pétersbourg où il était enseignant.

Il s’est ainsi retrouvé dans l’équipe de direction du musée dédié à Boris Vildé à Yastrebino, le bourg de son enfance. "Propagande antinazie, rédaction et distribution de tracts et journaux clandestins, organisation de réseaux de part et d’autre de la ligne de démarcation, exfiltration de prisonniers évadés, transmission de renseignements en Angleterre. En ce temps-là, c’était la mort assurée. Il le savait"​, explique le musée pour évoquer tout l’engagement de Boris Vildé.

Le résistant croit en sa bonne étoile, trop sans doute. Il ne s’est même pas inquiété de se procurer de faux papiers. Il est arrêté le 26 mars 1941 puis condamné à mort avec d’autres résistants du réseau. Ultime hommage du pire vice à la vertu, le président allemand du tribunal soulignera toute la qualité du journal Résistance pour le trouver aussi d’autant plus dangereux pour le camp de l’occupant.

« J’aime ce beau pays »

L’histoire tragique de Boris Vildé est aussi celle d’une trahison, celle de l’un de ses agents qui travaille en fait pour la Gestapo. Albert Gaveau aura livré plusieurs noms. Arrêté en 1945, il sera condamné, lors de son procès en 1949, aux travaux forcés à perpétuité. "En prison depuis quatre ans pour avoir dénoncé le réseau du Musée de l’homme, et attiré dans nombre de traquenards les résistants qu’il emmenait en Bretagne sous couvert de leur faire gagner l’Angleterre, Gaveau n’en présente pas moins un sourire que l’on veut croire inconscient"​, écrit Ouest-France, le 18 octobre 1949, en rendant compte des audiences de ce procès.

Dans l’édition du lendemain, le 19 octobre 1949, le journal note combien, avec le recul, les agissements d’Albert Gaveau étaient dangereusement suspects : "Gaveau voyageait librement de Quimper à Douarnenez et à Sète. Mais partout où il passait des arrestations se produisaient."

​Et puis, il y a ce
témoignage apporté par un résistant et repris par Ouest-France. Albert Gaveau devait l’aider à passer en Angleterre mais rien n’était préparé : "Nous avions rendez-vous à Brest. Très vite, nous nous rendîmes compte qu’il y avait malentendu et qu’il n’y avait pas de moyens très sûrs de nous faire partir pour l’Angleterre."

L’image de Boris Vildé, Victor Chatenay, le maire d’Angers (Maine-et-Loire) de 1947 à 1959, la rappelle en 1952 lors de la cérémonie en hommage aux 45 résistants fusillés dans le quartier angevin de Belle-Beille : « C’était un savant étranger, attaché au Musée de l’Homme. Après sa mort, on a trouvé ces mots qu’il avait écrits : Quand j’ai vu les soldats allemands dans les rues de Paris, c’est une douleur aiguë au cœur qui m’a appris combien j’aimais la France, oui, j’aime ce beau pays et j’aime son peuple car il est celui qui reste le plus infiniment humain. »


La maison d’à côté ou les trois filles du professeur Lot (éditions A l’ombre des mots), Jean-Yves Séradin, 288 pages, 22 € (alombredesmots@sfr.fr).



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SOURCE : https://francearchives.fr/fr/facomponent/af8a101bd03bdcf9ff4dfe59e7bfd24f5f664c9e


Ci dessus le Résumé de la déposition faite par Albert Gaveau, agent de la Gestapo, avec les commentaires de Germaine Tillion recueillis par Édouard Perroy:



Ci dessous : cliquez sur le dossier pour le télécharger.

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Source : https://alombredesmots.wixsite.com/alombredesmots
Chère lectrice, cher lecteur,

Les éditions À l’Ombre des mots poursuivent leur œuvre de mémoire en éditant un livre de Jean-Yves Séradin mettant en scène de hauts intellectuels depuis la Seconde
Guerre mondiale jusqu’à la fin du siècle dernier...

PARUTION : 15 JUIN 2021 : Livre exceptionnel et magnifique ! Souscription du 30 avril au 15 juin 2021 (voir ci-dessous).
Résumé du livre :

Dès 1939, le grand historien Ferdinand Lot achète la villa Breiz- Izel à Trégastel sur la Côte de Granit Rose. Le prix Osiris obtenu pour l’ensemble de son œuvre lui permet cette acquisition. Il a 73 ans. Avec son épouse Myrrha d’origine russe, médiéviste et théologienne, il projette d’y retrouver ses filles lors des longues vacances d’été : Irène et son mari Boris Vildé, linguiste et ethnologue né à Saint-Pétersbourg comme sa belle-mère, Marianne et son mari Jean-Berthold Mahn, historien, et Eveline, la cadette. La défaite de juin 1940 ne le permettra pas. La famille Lot ne peut tolérer que les principes de la République française soient piétinés par les envahisseurs nazis et les Français qui les soutiennent.

Dès la fin de l’été 1940, Boris prend la direction de ce qui va devenir le Réseau du Musée de l’Homme. Eveline y participe, tapant des articles pour le journal publié par Boris et ses amis : Résistance. Jean-Berthold, après un séjour en Espagne, rejoindra les armées de la France Libre. Le 23 février 1942, Boris est fusillé avec six camarades au Mont-Valérien. Le 23 avril 1944, Jean- Berthold est tué dans une embuscade lors de la conquête alliée de l’Italie. Amoureuse d’Anatole Levitsky, ethnologue d’origine russe lui aussi, adjoint de Boris, fusillé ce 23 février 1942, Eveline sera doublement frappée. Les trois sœurs sublimeront leurs souffrances dans un intense travail intellectuel : Irène, bibliothécaire et linguiste, Marianne, historienne, et Eveline, ethnologue. Chaque été, les trois filles du Professeur Lot venaient se ressourcer à Trégastel. L’auteur les a connues dès le milieu des années 1950. Sa maison familiale est voisine de Breiz-Izel. Dans ce livre, ses souvenirs de vacances ouvrent les portes de leurs histoires et de leurs œuvres. Invitation à saisir l’âme d’une demeure à l’aspect sévère dans un cadre magnifique, comme si elle gardait en ses murs la tristesse qui l’imbibe, le récit célèbre une famille d’intellectuels exigeants : eux aussi portaient haut une certaine idée de la France.

L'auteur : Jean-Yves Séradin, docteur en sciences de l’éducation, professeur de français en collège pendant 40 ans, formateur d’enseignants, a publié en 2013, Renouveler l’éducation (coauteur), en 2014, Lier pédagogie et sociologie. Aider l’élève à s’aventurer culturellement (coauteur), en 2016, Penser avec Michel de Certeau. Une pédagogie du quotidien (auteur), les trois titres chez Chronique sociale, en 2016, Les sept fils du piqueur de pierres ou l’histoire du soldat Rolland Lissillour. 1er août-1ernovembre 1914 (coauteur) chez A l’ombre des mots.


Si vous êtes intéressé par cet ouvrage, vous trouverez le bon de souscription en pièce jointe ou vous pouvez directement souscrire en ligne sous ce lien.

Bon de souscription en ligne


C'est également l'occasion pour les éditions
À l’Ombre des mots de vous proposer la découverte de leur catalogue mis à jour en 2021.
Celui-ci présente en détail l'ensemble des collections et des titres parus et à paraître dans les mois à venir.

Pour accéder au catalogue, veuillez cliquer sur
le logo des éditions À l’Ombre des mots dans la signature ci-dessous.


Vous souhaitant une bonne découverte des éditions À l’Ombre des mots et restant à votre disposition, je vous prie, Madame, Monsieur, d’agréer l’expression de mes salutations distinguées.


--

Marie-Claire Morin

À l'Ombre des mots
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Source : https://saint-brieuc.maville.com/actu/actudet_--tregastel.-jean-yves-seradin-nous-livre-l-histoire-de-la-famille-lot-_dep-4613471_actu.Htm
Jeudi 06 mai 2021 08:31
Trégastel. Jean-Yves Séradin nous livre l’histoire de la famille Lot

A gauche : Jean-Yves Séradin a été le voisin de vacances de la famille Lot pendant toute son enfance et sa jeunesse. « Les gens ici l’appelaient la maison hantée », raconte-t-il. © Ouest-France


Ils habitaient de temps en temps « la maison d’à côté », à Trégastel (Côtes-d’Armor). Jean-Yves Séardin a côtoyé les Lot pendant sa jeunesse, une famille d’intellectuels et résistants franco-russe. Son dernier livre raconte l’histoire tragique des trois filles.

“Tout est parti de la maison, c’est l’élément central.” Jean-Yves Séradin regarde avec nostalgie la villa, volets clos, en bord de mer de Trégastel (Côtes-d’Armor). “Avant que ça se construise autour, il n’y avait que de la lande. Ça faisait un peu penser à la maison des Hauts de Hurlevent (roman d’Emily Brontë, 1847, NDLR).”

Pendant de nombreuses années, le Breton y a côtoyé les Lot, une famille d’intellectuels et de résistants pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, toujours lié d’amitié avec les descendants, il s’est plongé dans leurs archives familiales pour raconter leur histoire. “Un livre hommage”, nous dit-il.

C’est surtout l’histoire de trois femmes.
La maison d’à côté ou les trois filles du Professeur Lot , nous emmène en 1939, quand l’historien Ferdinand Lot, 73 ans, achète cette villa trégastelloise, « Breiz-Izel », après avoir gagné le prix Osiris.

Destins tragiques

Il projette de s’y installer avec sa femme, Myrrha, médiéviste et théologienne russe, ainsi qu’avec ses trois filles et leurs maris pendant de longues vacances d’été. Mais le destin l’a voulu autrement et l’histoire a pris une tournure tragique après la défaite de 1940…

“Les trois filles vont voir l’amour de leur vie englouti par la guerre”, détaille Jean-Yves Séradin. La première, Irène, est mariée au linguiste et ethnologue Boris Vildé, né à Saint-Petersbourg. Dès la fin de l’été, le Russe va passer entre les mailles du filet et rejoindre la Bretagne à vélo pour devenir un acteur essentiel de la Résistance.

Il prendra notamment la tête du Musée de l’Homme, “un mouvement de résistance peu connu”, déplore l’auteur. Le couple fonde aussi le journal Résistance. Boris Vildé est finalement emprisonné et y sera fusillé.

Faire vivre la mémoire


La deuxième sœur, Marianne verra son mari, l’officier Jean-Bertholod Mahn, disparaître sur le champ de bataille : il avait rejoint le Front français de Libération en Corse.

Éveline, la cadette, est amoureuse de l’ethnologue russe, Anatole Levitsky, adjoint de Vildé. Il sera à son tour fusillé et la jeune femme poursuivra son œuvre. “Je nous vois encore, assis sur le gazon. Elle m’a demandé : “Était-ce utile ?” Je n’ai su quoi répondre…”

Pour Jean-Yves Séradin, la Résistance rime aussi avec la souffrance de ceux qui restent.
Une mémoire qu’il essaye de maintenir vivante, notamment pendant sa carrière de professeur au collège.

Ils lui ont donné le goût des lettres

Né en 1951, c’est à l’âge de 5 ans que Jean-Yves Séradin rencontre les occupants de « la maison d’à côté ». Originaire de Saint-Brieuc et habitant maintenant à Pabu, ses grands-parents logeaient à Trégastel. “Lui était ouvrier et ma grand-mère couturière à domicile.”

La présence famille Lot, en vacances pendant de longues semaines, les troublait quelque peu : “Ce n’était pas le même monde ! Les Lot pouvaient déjeuner à 15 h, passaient leur journée à lire, ne s’occupaient pas des tâches ménagères… Ça les déroutait, mais ils s’entendaient très bien !”

Enfant, Jean-Yves Séradin côtoie donc les filles Lot et ses enfants respectifs dans ce qu’il décrit comme une très grande simplicité. “Ce n’est que plus tard que j’ai compris qui ils étaient”, assure-t-il. Une rencontre qui l’a sûrement influencé dans ses choix de vie, comme il l’avoue lui-même. Fils d’ouvriers et de paysans, il choisit le monde des lettres pour devenir enseignant et chercheur.

La maison d’à côté ou les trois filles du Professeurs Lot , éditions À l’ombre des mots, 22 €, avec un tarif préférentiel de 20 € par souscription jusqu’au 15 juin, date de sortie. Commandes à adresser aux éditions À l’ombre des mots, 26, rue Désiré-Le-Bonniec, à Pabu.


Juliette ROGER.    Ouest-France

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Source :
https://www.histoire-immigration.fr/collections/le-reseau-du-musee-de-l-homme-anatole-lewitsky

Le réseau du musée de l’Homme :

Anatole Lewitsky




Source :
https://www.wikiwand.com/fr/R%C3%A9seau_du_mus%C3%A9e_de_l%27Homme

Réseau du musée de l'Homme
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Le Réseau du musée de l'Homme est un des premiers mouvements de la Résistance française à l'occupation allemande, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Histoire
Directeur du Musée de l'Homme depuis 1928, Paul Rivet est de longue date un acteur important de la lutte contre le fascisme. Il est président du Comité de vigilance des intellectuels anti-fascistes depuis sa création le 5 mars 1934. Au moment de l'entrée des troupes allemandes dans Paris en juin 1940, il placarde le poème de Rudyard Kipling, If, à l'entrée du musée de l'Homme. Il adresse une lettre ouverte à Pétain, dans laquelle il lance : « Monsieur le Maréchal, le pays n'est pas avec vous, la France n'est plus avec vous ».

Si une bonne partie du personnel du musée a quitté Paris – soit mobilisé dès septembre 1939, soit pris dans le flot des réfugiés ayant fui l'avancée allemande –
Yvonne Oddon, la bibliothécaire, était restée à Paris, et s'était installée dans le musée même. Dès le mois de juin elle agit, d'une part en diffusant l'information qu'elle obtient de ses relations à l'ambassade des États-Unis (brillante élève de l'école américaine de bibliothécaires, elle avait conservé des relations avec plusieurs agents de l'ambassade, dont José Meyer, lui aussi bibliothécaire, et Penelope Royall), et d'autre part avec Lucie Boutillier du Retail, avec qui elle participe à l'aide aux prisonniers évadés (l'appartement de Lucie Boutillier du Retail comportait une fenêtre de rez-de-chaussée qui pouvait opportunément rester ouverte).

Dès les mois de juillet et août
1940, le retour des mobilisés, et en particulier de Boris Vildé (jeune ethnologue d'origine russe dont l'épouse, Irène Lot, exerce à la Bibliothèque nationale) et d'Anatole Lewitsky (l'époux d'Yvonne Oddon), donne plus d'ampleur à leur action. Encouragés par Paul Rivet, dans le bureau duquel sera d'ailleurs dactylographié le premier tract, les activités du groupe s'étendent assez rapidement.

Il ne faut pas se figurer le réseau du Musée de l'Homme comme une structure organisée suivant un schéma plus ou moins militaire ; c'est, aux dires-même de
Germaine Tillion qui fut chargée de son enregistrement, une nébuleuse, un réseau au sein duquel interviennent divers groupes et individus. Si certains d'entre eux, comme Boris Vildé, consacrent tout leur temps à l'action clandestine, d'autres, comme Jean Paulhan, conservent un travail plus ou moins astreignant (et dans le cas de Paulhan, dans un bureau tout proche de celui de Pierre Drieu la Rochelle, collaborateur convaincu et dénonciateur de juifs).

Ils sont rejoints par l'ethnologue Germaine Tillion et sa mère
Émilie Tillion ; par Agnès Humbert du musée des Arts et Traditions populaires ; par Georges Friedman, sociologue installé en zone libre ; par Denise Allègre, aussi bibliothécaire du musée de l'Homme ; par Paule Decrombecque, bibliothécaire à l'université de Paris ; par Armand Boutillier du Retail, conservateur au centre de documentation rattaché à la Bibliothèque nationale époux de Lucie ; par Raymond Burgard, René Iché, Claude Aveline, Marcel Abraham, Jean Cassou, Pierre Brossolette, René-Yves Creston, Geneviève de Gaulle...

Pour ne pas attirer l'attention des Allemands et des services de police français lors de leurs réunions, ils se constituent en une « société littéraire »,
Les amis d'Alain-Fournier, et utilisent les services de la bibliothèque où Yvonne Oddon reçoit lettres et appels téléphoniques pour le réseau, et fixe les rendez-vous pour Maurice, le nom de code de Boris Vildé, et pour Chazalle, celui d'Anatole Lewitzky.

Le réseau s'était constitué, au moins en partie, sur la base des relations d'avant guerre.
Les amis d'Alain-Fournier était un camouflage constitué autour d'auteurs et d'un éditeur, Robert Debré et sa seconde épouse Elisabeth de La Panouse de La Bourdonnaye avaient connu Boris Vildé chez le docteur Henri Le Savoureux, hébergeur éventuel de personne menacées, les deux colonels de La Rochère et Hauet s'étaient rencontrés au pied de la statue détruite de Mangin et, via leur action en faveur des prisonniers de guerre français, se trouvèrent en rapport avec Germaine Tillion.

Le groupe de Boris Vildé crée un journal clandestin simplement intitulé
Résistance. Le choix du titre est discuté au cours d'une conversation à la bibliothèque entre Yvonne Oddon et Boris Vildé : Yvonne Oddon, issue d'une famille protestante, propose « Résister ! », en référence au mot gravé dans leur cachot de la tour de Constance par les huguenotes d'Aigues-Mortes ; Boris Vildé choisit « Résistance ». Entre décembre 1940 et mars 1941, cinq numéros sont distribués, Pierre Brossolette en a écrit le dernier numéro paru le 25 mars 1941, juste avant le démantèlement du groupe.

Depuis juin
1940, Germaine Tillion est en rapports avec le colonel Hauet, de l'union nationale des combattants coloniaux qui organise des filières d'évasion vers la zone libre et l'Afrique du Nord. Le colonel Hauet est un ami de Charles Dutheil de La Rochère, animateur des groupes La Vérité française, cercles liés à la droite traditionnelle, mais hostiles à la révolution nationale, qui diffusent un journal clandestin. Par l'intermédiaire de plusieurs militants, il existe également des liaisons avec Combat Zone Nord. Les divers groupes apparentés au musée de l'Homme collectent des renseignements militaires et politiques, organisent des filières d'évasion de prisonniers français et anglais ou d'aviateurs abattus. Boris Vildé tente vainement d'établir des liaisons avec la Grande-Bretagne.

Mais le cercle de Vildé est pénétré par un agent du
S.D., Albert Gaveau, dont Boris Vildé fait son homme de confiance, et celui de La Rochère, par un agent de la Geheime Feld Polizei, Jacques Desoubrie. Le groupe de Vildé paye un lourd tribut. En janvier 1941, Léon-Maurice Nordmann est arrêté alors qu'il distribuait Résistance. Le 10 février, c'est au tour d'Anatole Lewitzky et d'Yvonne Oddon d'être arrêtés, puis, quelques semaines plus tard, d'Agnès Humbert et Boris Vildé. Germaine Tillion succède à Vildé, mais elle est à son tour arrêtée en 1942 puis déportée l'année suivante à Ravensbrück.
Les membres du réseau sont traduits devant une cour militaire le 17 février 1942 et condamnés à mort. Le
23 février 1942, au Mont Valérien, Anatole Lewitzky, Boris Vildé et cinq autres membres du réseau sont exécutés.
Yvonne Oddon voit sa peine commuée en déportation dont elle ne revient que le
22 avril 1945.


Membres

  • Marcel Abraham
  • Jules Andrieu, fusillé en février 1942.
  • Claude Aveline
  • Jean Blanzat
  • Pierre Brossolette, mort en détention en 1944
  • Raymond Burgard, décapité en 1944
  • Jean-Paul Carrier, condamné à 3 ans de prison à la suite du procès. Évadé de la prison de Clairvaux puis interné 7 mois en Espagne avant de rejoindre Alger.
  • Jean Cassou, lance le journal Résistance
  • René-Yves Creston, ethnologue et nationaliste breton
  • Christiane Desroches Noblecourt
  • Colette Duval (Colette Vivier)
  • Jean Duval
  • René Georges-Etienne, libéré avec 3 autres faute de preuves écrites
  • Valentin Feldman, fusillé en juillet 1942.
  • Marcel Fleisser Chef départemental des maquis AS de la Creuse en 1943. Mort en déportation en 1945.
  • Geneviève de Gaulle-Anthonioz
  • Jeanne Goupille
  • Jean Hamburger, néphrologue
  • Colonel Paul Hauet, cofondateur chef du réseau (mort à Neuengamme)
  • Agnès Humbert, déportée
  • René Iché
  • Georges Ithier, fusillé en février 1942.
  • Jean Jaudel (1910-2006)
  • Colonel Charles Dutheil de La Rochère, mort à Sonnenburg.
  • Comte Jehan de Launoy, fondateur d'un groupement de résistance et d'un journal clandestin, « La Vérité française », 6 ans de service dans la cavalerie, campagne du Maroc, Croix de Guerre, Médaille des Colonies, fusillé le 27 octobre 1942 à l'âge de 42 ans au stand de tir de Balard à Paris (siège actuel du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.)). Médaille de la Résistance Française avec rosette, Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme, accompagnée de la citation suivante : « Entré dans la résistance active dès juin 1940. Outre son activité remarquable et audacieuse dans la propagation d’un journal clandestin, a efficacement participé au recrutement et à l’organisation d’un groupe important de résistance, stockant des armes qui devaient servir à l’Armée Secrète et procurant à ses chefs d’intéressants renseignements. Arrêté le 25 novembre 1941 à la suite de la dénonciation d’un agent double, s’est, devant ses juges ennemis, défendu avec beaucoup de sang-froid, de courage et d’adresse, ne révélant rien contre ses camarades. Condamné, est tombé sous les balles ennemies le 23 octobre 1942 (NDR: errata: 27 octobre 1942), faisant preuve jusqu’au bout du courage et du patriotisme qui l’avaient toujours animé. Très belle figure de la Résistance. Mort au Champ d’Honneur. »
  • Renée Lévy, décapitée le 31 août 1943, puis inhumée après la guerre au Mémorial de la France combattante.
  • Anatole Lewitsky, adjoint de Vildé, fusillé en février 1942.
  • Suzanne Lhuillier (épouse Massip), engagée volontaire en septembre 1940, épouse du Capitaine Massip.
  • Éveline Lot-Falck, dactylographe du journal Résistance
  • Capitaine Ernest Massip, Chevalier de la Légion d'Honneur pour faits d'armes héroïques et blessures graves durant la première guerre mondiale (combats du Bois-le-Prêtre, 1914), engagé dans la Résistance dès octobre 1940, arrêté par la Gestapo en application du décret « Nuit et Brouillard » (« Nacht und Nebel ») puis déporté le 14 septembre 1942 à la prison de Karlsruhe. Après avoir été déplacé dans les prisons de Rheinbach puis de Sonnenburg, il est transféré au camp de Sachsenhausen puis à Buchenwald où il meurt le 14 mars 1945, 21 jours avant la libération du camp par les Américains. La citation à la Légion d'Honneur de 1915 mentionne: ''Il donne par toutes circonstances le plus bel exemple de sang-froid et de courage, en se jetant sans hésiter au premier rang pour entourer ses hommes. Appelé à commander sa compagnie dans un rude combat sous bois. A été grièvement blessé à la face et au bras en se portant malgré ses blessures qui l'aveuglaient à l'attaque d'une tranchée ennemie. Il a conservé le commandement et maintenu sa troupe et dût subir dans la suite l'ablation de l'oeil gauche. ''
  • Marie-Josette Massip (épouse Petit), fille d'Ernest Massip, engagée volontaire en septembre 1940 à l'âge de 18 ans. Arrêtée par la Gestapo, torturée puis relâchée.
  • Thérèse Massip (ép. de Launoy puis de Liniers), fille d'Ernest Massip, épouse de Jehan de Launoy.
  • Léon-Maurice Nordmann, fusillé en février 1942.
  • Yvonne Oddon
  • Maguy Perrier, déportée, survivante
  • Paul Rivet
  • René Sénéchal, fusillé en février 1942.
  • René Sanson
  • Émilie Tillion, morte en déportation à Ravensbrück en 1945
  • Germaine Tillion, chef du réseau-adjoint auprès de Hauet, avec le grade de commandant, de 1941 à 1942, (déportée à Ravensbrück)
  • Boris Vildé, cofondateur et chef du réseau, fusillé en février 1942
  • Pierre Walter, fusillé en février 1942.
  • Henri Waquet
  • Germaine Quoniam, engagée depuis le 1er novembre 1940, elle rejoindra l'armée de la France libre en 1943.



Voir aussi :

stand de tir de Balard. https://www.wikiwand.com/fr/Stand_de_tir_de_Balard


Bibliographie
  • AERI, La Résistance en Île-de-France, DVD-Rom, 2004 (fiches Jean Cassou, René Iché, Germaine Tillion).
  • Julien Blanc, Du côté du musée de l'Homme. Les débuts de la Résistance en zone occupée (1940-1941), Lyon, thèse de l'université Lumière-Lyon II soutenue le 10 décembre 2008.
  • Julien Blanc, Au commencement de la Résistance, Du côté du Musée de l'Homme, Seuil, 2010 (livre issu de la thèse mentionnée ci-dessus).
  • Julien Blanc, « Du côté du musée de l'Homme : nouvelles approches de la Résistance pionnière en zone occupée », Guerres mondiales et conflits contemporains, « Dossier : Histoire de la Résistance : nouveaux chercheurs, nouveaux apports », n° 242, 2011/2, p. 51-72, lire en ligne.
  • Martin Blumenson, Le Réseau du Musée de l'Homme, Paris, Éditions Le Seuil, 1979.
  • Anne Hogenhuis, Des savants dans la Résistance, Boris Vildé et le réseau du Musée de l'Homme, Éditions du CNRS, 2009.
  • Agnès Humbert, Notre guerre. Souvenirs de guerre, Paris, Tallandier, 2004.
  • Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées. Les bibliothèques françaises sous l'Occupation, Paris, Gallimard, 2008.
  • Réseau Hauet-Vildé, Rapport sur mon activité de résistance, 1940-1941, Archives Gabriel Henriot, École de bibliothécaires documentalistes, Institut catholique, Paris.


Liens externes



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Source :
https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/le-reseau-du-musee-de-lhomme

(1940 - 1942) Un mouvement de résistance contre l'Allemagne nazie

Corps 1
L'offensive éclair des troupes allemandes en France, lancée le 10 mai, se termine par une victoire complète du IIIe Reich et un désastre pour les Alliés.

Pourtant, après l'appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940, et la signature de l'armistice, le 22 juin, des hommes et des femmes refusent de se résigner et choisissent de combattre l'Allemagne nazie.

Parmi ces pionniers de la résistance, trois personnes qui travaillent à Paris au musée de l'Homme, Boris Vildé, Anatole Lewitsky et Yvonne Oddon, fondent dès l'été 1940 un réseau de lutte clandestine, le réseau du musée de l'Homme, dont l'épopée se terminera tragiquement deux ans plus tard sous le coup de la répression nazie.

I - 1940 : le réseau du musée de l'Homme, un pionnier des mouvements de résistance contre l'Allemagne nazie

L'année 1940 voit l'émergence des premiers mouvements et groupes de résistance issus des réactions spontanées d'hommes et de femmes qui n'acceptent pas l'armistice. Ces premiers mouvements vont s'organiser et se mettre en place tout au long de l'année, tant en zone nord qu'en zone sud. Ils agissent aussi bien dans le domaine du renseignement que des filières d'évasion et s'appuient souvent sur la publication clandestine d'un journal destiné à informer et combattre les propagandes adverses.
Été 1940 - Fondation du réseau du musée de l'Homme qui devient en quelques mois un important mouvement de résistance
Dès l'été 1940, le réseau du musée de l'Homme est mis en place par trois personnes qui travaillent dans ce musée parisien : Boris Vildé, un jeune linguiste, Anatole Lewitsky, un anthropologue, et Yvonne Oddon, la bibliothécaire.
Ils développent leur organisation en recrutant d'autres résistants, en majorité des intellectuels et des avocats, puis en s'associant à différents groupes qui se sont créés spontanément, à l'instar du groupe du musée de l'Homme. Le réseau s'accroît rapidement grâce aux relations personnelles entretenues par les membres des différents noyaux.


Ainsi, le premier à rejoindre le groupe est René Creston, sociologue au musée de l'Homme, qui connaît et recrute Albert Jubineau, avocat membre d'un groupe anti-occupation au Palais de justice, lequel entre en relation avec Séjournan, également fondateur d'un groupe anti-allemand, tandis que Vildé rencontre, grâce à son beau-père, le professeur Fawtier.

À la fin de l'année 1940, ils sont rejoints par le groupe de Sylvette Leleu, des enseignants de Béthune et l'avocat André Weil-Curriel qui a fondé avec Léon Maurice Nordmann et Albert Jubineau un autre groupe clandestin, Avocats socialistes.

Des contacts sont également établis avec d'autres groupes de résistants, comme celui de l'ambassade américaine, le groupe Walter, le groupe de Bretagne et celui des Aviateurs. Enfin, le groupe entretient une coopération avec le colonel de La Rochère, le colonel Hauet et Germaine Tillion.

Les filières d'évasion, le renseignement et la presse clandestine

Le réseau "élargi" du musée de l'Homme est lié à plusieurs autres équipes et s'engage dans de multiples activités, dont trois principales : les filières d'évasion, le renseignement et la publication d'un journal clandestin, "Résistance".

Deux filières d'évasion sont organisées vers l'Angleterre, l'une par la Bretagne, l'autre par l'Espagne, disposant de relais à Bordeaux, à Perpignan, à Toulouse ou encore en Dordogne. Il faut en effet trouver des "caches" sûres, des guides et des passeurs pour franchir la ligne de démarcation, la frontière espagnole... Elles sont d'abord empruntées par les prisonniers de guerre français et anglais évadés, puis par tous ceux qui se sentent menacés ou veulent rejoindre Londres.

L'activité "renseignement" nécessite également l'instauration de tout un réseau de collecte et d'acheminement d'informations à destination de Londres. Les informations à caractère militaire sont transmises par divers canaux comme l'ambassade des États-Unis ou la légation hollandaise.

La troisième grande activité du réseau concerne la presse clandestine. Dès le mois d'août 1940, il produit et diffuse des tracts comportant des nouvelles issues de la presse étrangère provenant de l'ambassade américaine ou de la BBC. Puis le réseau crée un journal clandestin intitulé Résistance.

Le journal clandestin Résistance (décembre 1940 / mars 1941)

Le réseau du musée de l'Homme se transforme en un "Comité national de Salut public" avec l'aide du professeur Paul Rivet, le directeur du musée, puis lance un journal ronéotypé Résistance, auquel vont participer :

  • Marcel Abraham, ancien directeur de Cabinet de Jean Zay au ministère de l'Éducation nationale .
  • Claude Aveline et Jean Cassou, écrivains, membres du groupe Français libres de France. En septembre 1940, Jean Cassou avait déjà rédigé un tract intitulé "Vichy fait la guerre", tiré par le groupe du musée de l'Homme à plusieurs milliers d'exemplaires.
  • Jean Paulhan et Jean Blanzat, écrivains qui participent à sa rédaction à partir de 1941.

De décembre 1940 à mars 1941, le journal Résistance diffuse cinq numéros :

  • Le premier numéro paraît le 15 décembre 1940 sur quatre pages 21 X27 cm. Son éditorial débute en ces termes : "Résister ! C'est le cri qui sort de votre coeur à tous, dans la détresse où vous a laissé le désastre de la Patrie. C'est le cri de vous tous qui ne vous résignez pas, de vous tous qui voulez faire votre devoir." Ce bulletin comporte également des informations sur l'évolution de la guerre et engage ses lecteurs à l'action en se proposant de coordonner l'activité de ceux qui veulent agir. Les textes sont écrits dans l'appartement des Martin-Chauffier puis chez les éditeurs Albert et Robert Émile-Paul, sous couvert d'une association littéraire, le "Cercle Alain-Fournier". Dactylographiés par Agnès Humbert, ils sont ronéotés d'abord au musée de l'Homme puis chez Jean Paulhan.
  • Le deuxième numéro paraît le 30 décembre 1940 sur six pages. Il contient le texte intégral de l'appel lancé le 18 juin de Londres par le général de Gaulle, publié sous le titre "L'heure d'espérance", ainsi qu'une revue de presse intitulée "Dans la presse illégale" qui cite notamment le numéro 4 de Pantagruel, un autre journal clandestin.
  • Le troisième numéro paraît le 31 janvier 1941. Il est en grande partie consacré à la position des États-Unis.
  • Le quatrième numéro paraît le 1er mars 1941.
  • Le cinquième et dernier numéro paraît à la mi-mars. Il est entièrement rédigé par Pierre Brossolette.

II - 1941 / 1942 : La répression nazie s'abat sur le réseau du musée de l'Homme

En janvier 1941, Léon Maurice Nordmann est arrêté pour diffusion du tract Résistance. Le 10 février, c'est le tour de Anatole Lewitsky et Yvonne Oddon puis, le 26 mars, de Boris Vildé et, le mois suivant, de Agnès Humbert et Pierre Walter.

Dix-neuf personnes qui sont ainsi arrêtées dans le cadre de "l'affaire du musée de l'Homme". Cette première série d'arrestations ne met pas pour autant un terme aux activités du réseau. D'autres groupes, comme le groupe La Rochère ou le groupe Hauet, prennent le relais jusqu'à ce que ceux-ci soient eux-mêmes touchés en juillet 1941.

Été 1941 - Germaine Tillion dirige le réseau du musée de l'Homme

Germaine Tillion prend la tête de l'organisation et assure la continuité des activités du réseau, notamment en matière de renseignement, jusqu'à son arrestation, en août 1942.

1942 - La fin d'une épopée tragique

Le 8 janvier 1942, le procès des dix-neuf membres du réseau arrêtés en 1941 s'ouvre après plusieurs mois d'instruction, devant une cour militaire allemande présidée par le capitaine Ernst Roskothen. Le procès se conclut par dix condamnations à mort, des déportations, des peines d'emprisonnement et quelques acquittements ou relaxations.

Exécutions : le 23 février 1942, les sept hommes condamnés à mort sont exécutés au Mont-Valérien, puis enterrés au cimetière d'Ivry. Ce sont Léon Maurice Nordmann, Georges Ithier, Jules Andrieu, René Sénéchal, Pierre Walter, Anatole Lewitsky et Boris Vildé.


Déportations : la condamnation à mort de Yvonne Oddon, Sylvette Leleu et Alice Simmonet est commuée en déportation.



Emprisonnements : Émile Muller et Agnès Humbert sont condamnés à cinq ans d'emprisonnement en Allemagne, Jean-Paul Carrier et Élisabeth de la Bourdonnaye, respectivement à trois ans et six mois de prison.

Acquittements, relaxes : Jacqueline Bordelet, Albert Jubineau, Daniel Héricault, René-Georges Étienne sont acquittés. Henri Simmonet est relaxé.

Août 1942


L'arrestation de Germaine Tillion met fin au réseau du musée de l'Homme

Après l'arrestation de Germaine Tillion, le 13 août 1942, les "survivants" du groupe rejoignent pour la plupart le réseau Manipule puis Ceux de la Résistance, tous deux fondés et dirigés par Jacques Lecompte-Boinet.

"... Une nuit de février, ce fut Lewitsky qu'on arrêta. Il fallut quitter une zone pour l'autre, s'en aller travailler ailleurs, Lyon, Toulouse. Vildé se trouvait alors à Marseille. Il accourut. En apprenant ce que nous appelions "l'accident" de Lewitsky, il décida de remonter à Paris.

Je nous revois sur la place Carnot, devant Perrache, et sur le quai même de la gare, le suppliant de remettre une expédition aussi folle. Je n'ai pas le courage d'évoquer le reste. Son arrestation fantastique, l'interminable instruction - un an -, les dix condamnations à mort, Fresnes, le Mont-Valérien, Vildé demandant à mourir le dernier... "

Claude Aveline, Souvenir de ténèbres, article paru dans le journal Franc-Tireur du 11 septembre 1944, retraçant la fin tragique du réseau du musée de l'Homme.

Articles liés

Bibliographie


Lieux de mémoire



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Boris VILDE. Source : SHD

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Anatole LEWITSKY. Source : SHD

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Yvonne ODDON. Source : SHD

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Pierre WALTER. Source : SHD

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Sylvette LELEU. Source : SHD

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PIERRE BROSSOLETTE

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Plaque commémorative dédiée à la mémoire des victimes de guerre, musée de l'Homme.
Source : Collection particulière