ORADOUR SUR GLANE
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 mai 2021 / mise à jour le 6 avril 2022 / mise à jour le 13 février 2023

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Source : https://www.letelegramme.fr/france/il-y-a-70-ans-les-bourreaux-d-oradour-etaient-condamnes-avant-d-etre-pour-certains-amnisties-13-02-2023-13277480.php

LE TÉLÉGRAMME
Il y a 70 ans, les bourreaux d’Oradour étaient condamnés avant d'être, pour certains, amnistiés
Publié le 13 février 2023 à 06h00

Ce devait être le procès des bourreaux d’Oradour, ce fut une nouvelle meurtrissure. Il y a tout juste 70 ans, le 13 février 1953, son verdict et plus encore l’amnistie qui le suivit engendrèrent une guerre des mémoires entre Limousins et Alsaciens, et un divorce avec l’État.
Il y a 70 ans, le tribunal militaire de Bordeaux condamnait des Allemands et des Malgré-nous, ces Alsaciens et Mosellans incorporés de force, pour leur rôle dans l’un des pires massacres de civils commis par les Nazis en Europe occidentale en 1944, à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne). « C’est une plaie franco-française qui ne s’est jamais vraiment refermée », relève Pascal Plas, historien et directeur de l’Institut international de recherche sur la conflictualité à Limoges.

« Massacre de masse »

Depuis bientôt 80 ans, le village martyr est resté en l’état pour « se rendre vraiment compte de ce qu’est un massacre de masse », souligne Benoît Sadry, président de l’Association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane.
Aux entrées des 15 hectares de ruines, à l’ouest de Limoges, des « Souviens-toi » gravés dans la pierre accueillent le visiteur. Dans une atmosphère de recueillement, l’herbe pousse dans les maisons éventrées et la rouille fait son œuvre sur des carcasses de voitures, des machines à coudre et des casseroles d’époque.
Le temps s’y est arrêté le samedi 10 juin 1944, quand des SS de la division « Das Reich » y ont massacré 643 personnes. Dans des granges, ils ont abattu les hommes à la mitrailleuse. Robert Hébras, qui est
décédé samedi, à l’âge de 97 ans, y a survécu en se cachant sous les cadavres de ses camarades.
C’est avec une profonde tristesse que j’apprends le décès de Robert Hébras, ultime survivant d’Oradour-sur-Glane et infatigable passeur de mémoire. Pour les 643 victimes de ce crime ignoble, pour tous ceux qui ont vécu la barbarie nazie, jamais nous n’oublierons.
pic.twitter.com/Jht4kGGHBd
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) February 11, 2023
Dans l’église, ils ont enfermé femmes et enfants et mis le feu. Puis, ils ont brûlé les corps, creusé des fosses et entièrement incendié le village. La plus jeune victime avait huit jours ; la plus âgée, 90 ans.
Les Nazis voulaient semer la terreur pour que la population ne bascule pas du côté des maquis
Six personnes ont réchappé à cette immolation « méticuleusement préparée et exécutée » par les Nazis, qui voulaient « semer la terreur pour que la population ne bascule pas du côté des maquis », particulièrement actifs en Limousin, explique Benoît Sadry.

21 anciens SS sur les bancs des accusés

Après une instruction longue et laborieuse, aucun officier SS n’est présent à Bordeaux le 12 janvier 1953, à l’ouverture du procès. Sur les bancs : il y a 21 anciens SS, dont 14 Français (13 enrôlés de force et un engagé volontaire).
L’inculpation des Malgré-nous à Bordeaux - une « monstruosité », selon un avocat - est due à une loi de 1948 qui établit, avec effet rétroactif, une responsabilité collective pour la participation de Français à des crimes de guerre nazis. Elle sera abrogée en plein procès.
Dans la salle, une photographie de la cité martyre, des cartes et des plans doivent aider à comprendre. Mais « tous les accusés, sauf un, se réfugient tous derrière des “J’ai tiré en l’air” ou des “Je gardais les camions” », indique Pascal Plas. L’un d’eux avoue quand même sa « honte » : « J’ai vu tellement d’horreurs, j’ai encore dans la tête les cris des femmes et des enfants ».

Un charnier derrière l’église

Le 31 janvier, une femme aux cheveux blancs s’avance à la barre, « très digne dans ses vêtements noirs », relate l’AFP à l’époque. « Je suis le témoin sacré », confie Marguerite Rouffanche. Seule rescapée de l’église, elle a sauté par un vitrail cassé. Elle décrit une énorme explosion, une épaisse fumée, des coups de feu qui crépitent, dont un tue l’une de ses filles. L’autre, dit-elle, a été brûlée vive. Elle a aussi perdu son mari, son fils et son petit-fils de sept mois.
« Derrière l’église, il y avait un charnier, des gosses mutilés à moitié calcinés, des bras, des jambes d’un côté ou de l’autre », dit aux juges Aimé Renaud, mécanicien qui a pu se cacher et fuir.

Les Malgré-nous amnistiés

Le commissaire du gouvernement ne requiert pas la clémence pour les Alsaciens : leur enrôlement de force constitue « une large circonstance atténuante, mais non une excuse ».
Le 13 février 1953, deux des SS présents sont condamnés à mort et les autres, dont les Malgré-nous, à de la prison ou des travaux forcés. Des peines « jugées légères ici et trop importantes en Alsace », résume Benoît Sadry.
Cette trahison de l’État est bien plus grave que la décision de la justice
Le monument aux morts de Strasbourg est recouvert d’un immense voile noir, mais dès le 20 février, une loi amnistie les Malgré-nous au nom de l’unité nationale. « Oradour reste avec son deuil pendant que l’Alsace se sent réincorporée dans la Nation française », fait remarquer Pascal Plas. Pour les Limousins, « cette trahison de l’État est bien plus grave que la décision de la justice ».
À lire sur le sujet Oradour-sur-Glane : Macron exhorte les enfants d’aujourd’hui à tirer toutes les leçons


Un crime « impuni »

Considérant le crime « impuni », la commune rend sa Croix de guerre, sa Légion d'honneur et la plaque posée par le général de Gaulle en 1945. Oradour refuse aussi que les cendres des victimes soient déposées dans une crypte érigée par l’État et construit un autre tombeau pour ses morts.
Pendant des années, les représentants de l’État ne seront plus conviés aux commémorations, tandis qu’aux entrées du village, seront affichés les noms des 505 parlementaires qui « ont réhabilité les monstres SS ».
À lire sur le sujet Oradour : unis contre l’inacceptable


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Le portrait de Ramona Dominguez Gil, une Espagnole tuée durant le massacre du 10 juin 1944, a rejoint le mur recouvert des visages des victimes. LP/Franck Lagier 

Source :
https://www.leparisien.fr/societe/oradour-sur-glane-lhommage-a-ramona-643e-victime-du-massacre-du-10-juin-1944-08-06-2021-PDIKCB3M5JCQLAJN2LHFLPCAYM.php

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Source : https://www.lepopulaire.fr/oradour-sur-glane-87520/actualites/ramona-domnguez-gil-la-643e-victime-du-massacre-d-oradour-sur-glane-ne-sera-plus-jamais-oubliee_13846759/
Mémoire
Ramona Domínguez Gil,
la 643e victime du massacre d'Oradour-sur-Glane ne sera plus jamais oubliée

Le conseil d'administration de l'Association nationale des familles des martyrs d'Oradour-sur-Glane se réunira le mercredi 7 octobre pour reconnaître de manière officielle – après une décision de justice allant dans ce sens – Ramona Dominguez Gil, réfugiée espagnole, parmi les victimes du massacre du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane, portant à 643 le nombre de victimes. 

C'est officiel depuis le dernier jugement rendu par le tribunal de grande instance de Limoges du 15 janvier 2020 : Ramona Domínguez Gil , réfugiée espagnole, née le 25 février 1871, est morte avec le reste de sa famille, le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.

« Après un premier jugement déclaratif de décès prononcé et entériné par le tribunal de grande instance de Limoges, le 27 décembre 2019, ajoutant sur l’acte de décès de Ramona le lieu et la date de sa mort, le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane, le tribunal de grande instance de Limoges a rendu son dernier jugement le 15 janvier 2020 pour reconnaître légalement Ramona Domínguez Gil comme l'une des victimes du massacre. Le tribunal de grande instance étant le seul habilité à déterminer le nombre de victimes d’Oradour-sur-Glane », explique Claude Milord, président de l’association nationale des familles des martyrs d'Oradour-sur-Glane.

« Le drame en lui-même fait mal, mais l'oubli des victimes fait mal aussi »

C’est à la suite des travaux menés par le chercheur espagnol David Ferrer Revull, pour retracer le parcours des familles espagnoles refugiées en Limousin que Ramona Domínguez Gil est sortie de l’oubli.  

« Je me suis beaucoup intéressé au parcours des Espagnols depuis la IIIème République. Pendant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup d'Espagnols sont venus se réfugier en France pour échapper au franquisme. Je voulais comprendre leur lien entre eux, s'il s'agissait de familles. A Oradour-sur-Glane, les hommes travaillaient dans les fermes. Leurs enfants, petits Espagnols, allaient à l'école et les femmes travaillaient aussi, certaines comme gantières. Elles sont parfois restées à Oradour, même si les hommes, mobilisés dans des compagnies de travail, étaient partis ailleurs, sur la côte Atlantique », explique David Ferrer Revull. 

Ramona Domínguez Gil était bien à Oradour-sur-Glane avec sa famille le jour du massacre. Mais son nom se serait perdu au cours des procédures administratives. « Son nom apparaît sur une stèle, puis disparaît ensuite de la liste des victimes d'Oradour-sur-Glane. Mon hypothèse est la suivante : les officiels français déformaient les noms des réfugiés espagnols qui en avaient deux. Il est possible qu'ils aient pensé que Ramona Domínguez Gil et sa belle-fille, Marina Domènech – qui, elle,  apparaît sur la liste des martyrs, mais qui aurait aussi emprunté le nom de Dominguez – soit la même personne. » 

David Ferrer Revull a aujourd'hui sorti de l'oubli Ramona Domínguez Gil grâce à ses recherches. « Je suis vraiment touché qu'elle soit reconnue comme une des 19 victimes espagnoles du massacre d'Oradour-sur-Glane, dont onze enfants, six femmes et deux hommes. Car le drame en lui-même fait mal, mais l'oubli des victimes fait mal aussi. Les réfugiés espagnols sont restés trop longtemps méconnus, à la fois dans leur pays car en exil, et à Oradour-sur-Glane car perçus comme des étrangers. »

L'historien catalan a été aidé par les archives de la Haute-Vienne. « David Ferrer Revull travaille sur les Républicains espagnols réfugiés en France et donc à Oradour-sur-Glane. Il voulait en savoir plus et s'est adressé à nous pour consulter les dossiers, se souvient Romain Le Gendre, le directeur-adjoint des Archives départementales de la Haute-Vienne. En confrontant les noms de la liste officielle et les demandes de monsieur Ferrer, notre collègue a remarqué que Ramona Domínguez Gil n'était pas déclarée décédée. »

Les identifications ont été difficiles. « Seule une cinquantaine de victimes du massacre a pu être identifiée par les corps, les autres victimes ont fait l'objet de déclarations de décès sur la foi de témoignages. Pour Ramona , c'est nous, au titre des Archives départementales qui avons saisi le procureur de la République pour obtenir un jugement en déclaration de décès. »


Son nom apparaîtra désormais sur le tombeau des martyrs et dans les livres d'Histoire

Afin de la reconnaître officiellement parmi les victimes de la barbarie nazie, le conseil d’administration de l'association nationale des familles des martyrs d'Oradour-sur-Glane se réunira le mercredi 7 octobre afin de déterminer précisément ce qui sera fait pour Ramona Domínguez Gil « au titre du souvenir et de la mémoire, comme pour les 642 autres victimes ».

Son nom sera désormais gravé sur le tombeau des martyrs, et devrait également apparaître sur le mémorial, ainsi que dans les prochaines publications et rééditions de tous les documents et livres d'histoire dans lesquels est publiée la liste des noms des martyrs du 10 juin 1944. « Nous demanderons également au chercheur David Ferrer Revull s'il a en sa possession une photo de Ramona Domínguez Gil afin de l'ajouter parmi les visages des martyrs exposés au centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane », précise Claude Milord.

«  Je n'ai pas connu cette dame. Mais les dimanches, j'allais voir les Espagnols. Je me souviens des hommes et ils étaient libres »

Robert Hébras (Rescapé du massacre d'Oradour-sur-Glane)

Robert Hébras, rescapé d'Oradour-sur-Glane, n'a pas connu Ramona Domínguez Gil. Mais il se souvient bien des réfugiés espagnols qui s'étaient installés au lieu-dit « La Fauvette » dans un groupement de travailleurs étrangers, à environ deux kilomètres du village martyr. « Je n'ai pas connu cette dame. Mais les dimanches, j'allais voir les Espagnols. Ils n'étaient pas enfermés dans un camp.  Je me souviens des hommes et ils étaient libres. Je ne connaissais pas leurs noms. Ils bricolaient, construisaient des huttes avec des écorces de bois. » 

Robert Hébras précise aussi que les réfugiés espagnols sont partis s'installer à Aixe-sur-Vienne en 1942. Cette année-là, le président de la délégation spéciale, le docteur Paul Desourteaux, gérait la municipalité d’Oradour-sur-Glane en remplacement du maire destitué en 1941.

Son petit-fils, André, 95 ans   – âgé de 18 ans et travaillant au centre de tri postal de Limoges le jour du massacre  – se rappelle lui aussi des réfugiés espagnols, dont certains habitaient également le village d'Oradour-sur-Glane, comme ce fut le cas de Ramona Domínguez Gil et de sa famille. « Mes parents étaient épiciers. Je ne fréquentais pas les Espagnols, et je ne connaissais pas leur noms. Mais je les voyais passer à l'épicerie », se rappelle André Desourteaux. 

Ramona Domínguez Gil peut, désormais, rejoindre les siens officiellement : son fils Joan Téllez Domínguez (Saragosse, 1899), et son épouse, Marina Domènech Almirall (Sant Feliu de Llobregat, 1915 ) et les trois enfants du couple, Miquel, Harmonia et Llibert (qui avaient respectivement 11, 7 et 1 an au décès).

 
Aline Combrouze et Stéphanie Barrat




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Source : https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/oradour-sur-glane-87520/hommage-a-ramona-dominguez-gil-643e-victime-d-oradour-sur-glane-fbed56fc-c885-11eb-8f1f-3b7d990d69f5
Hommage à Ramona Dominguez Gil, 643e victime d’Oradour-sur-Glane
Pour la première fois, un hommage a été rendu à Ramona Dominguez Gil, reconnu il y a peu comme étant la 643e victime du massacre perpétré à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) le 10 juin 1944.

Un hommage a été rendu pour la première fois mardi à Ramona Dominguez Gil, reconnue officiellement comme la 643e victime du massacre perpétré le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane, village-martyr symbole de la barbarie nazie, a constaté un correspondant de l’AFP.
Visage fermé, cheveux gris tirés en chignon, rides barrant son front : la photo en noir et blanc de Ramona Dominguez Gil, alors âgée de 73 ans et victime longtemps ignorée, s’affiche désormais dans la galerie des visages du village.
Lors d’une cérémonie, le portrait de cette réfugiée espagnole reproduit sur une plaque en porcelaine de 20x17 cm a été accroché au centre de la mémoire rejoignant ainsi les 532 photos collectées au fil des ans par l’association nationale des familles des martyrs.
« Nécessaire que son visage rejoigne les autres »
Devenue officiellement la 643e victime du massacre perpétré par la division SS Das Reich dans ce village de la Haute-Vienne, elle avait disparu des registres, avant que les recherches d’un Espagnol, David Ferrer Revull aux archives départementales de Haute-Vienne et auprès des familles, permettent d’établir un nouveau bilan.
À la suite d’un
« jugement déclaratif de décès » du tribunal de grande instance de Limoges en décembre 2019, son nom a été officiellement ajouté à la liste des victimes, faisant passer le bilan de 642 morts à 643.
« Il était logique et nécessaire que son visage rejoigne les autres. Pour ces victimes, rien ne serait pire que l’oubli », a déclaré Claude Milord, président de l’association des familles des martyrs lors de cette cérémonie à laquelle assistait Rafael Tormo Pérez, consul général du Royaume d’Espagne à Bordeaux.
Ce dernier a exprimé sa gratitude et « la reconnaissance des autorités espagnoles » pour cette démarche.
« Mon mari a perdu toute sa famille dans le massacre. Cet hommage permet à chacun de se rappeler que parmi les 643 victimes, il y avait 19 Espagnols », a souligné Palmira Desseix, de l’association Ateneo Republicano du Limousin.

Cet hommage, « c’est saluer la mémoire des Républicains espagnols présents à Oradour et en France, et à tous ceux qui se sont battus pour un idéal de paix et de fraternité », a déclaré Jean-Claude Leblois, le président PS du conseil départemental de la Haute-Vienne.
À bientôt 96 ans, Robert Hébras, le dernier survivant du massacre, pourtant très affaibli, avait tenu à être présent.
« Il est important pour Oradour, pour les Espagnols, pour l’Histoire de lui rendre cet hommage », a-t-il dit.




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