Massacre de PENGUEREC

Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 13 novembre 2022




SOURCE : LE TÉLÉGRAMME DE BREST

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«J’étais à la ferme quand les Allemands sont arrivés» : le massacre oublié de Penguerec en août 1944

Le 7 août 1944, dans un hameau de la commune de Gouesnou, aux portes de Brest, quarante-deux civils sont tués par l’ennemi allemand dans le contexte de la Libération. Ce massacre de Penguerec, le plus important du genre dans tout le Grand Ouest, est longtemps resté méconnu, jusqu’à la publication récente d’une thèse universitaire et la sortie prochaine d’une bande dessinée qui lui est consacrée. Le magazine « Bretons » retrace cette histoire.

C’est l’histoire d’une commune qui ne voulait pas oublier son passé, mais le regarder bien en face. La mémoire, dit-on, est sélective. Elle préfère bien souvent ne garder que les plus jolis souvenirs et effacer les drames. Dans la commune de Gouesnou, aux portes de Brest, on a longtemps voulu mettre le plus tragique de son passé sous le tapis. « Entre Gouesnousiens, on savait mais on ne parlait pas. Hors des limites de la ville, personne ou presque ne connaît le massacre de Penguerec. »

Lorsqu’il en devient maire en 2014, Stéphane Roudaut prend conscience de ce trou béant mémoriel que constitue le drame de Penguerec, un hameau de Gouesnou où quarante-deux civils ont trouvé la mort, un jour d’août 1944.

Il poursuit : « J’ai eu, dès les premières semaines de mon mandat, à commémorer les 70 ans de cet évènement tragique. J’ai pris conscience ce jour-là à la fois que ce massacre faisait partie intégrante de la vie de la commune, mais aussi du très peu de sources historiques pour le documenter. Il y avait urgence à faire quelque chose ».

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Un drame joué à huis clos

L’édile se rapproche ainsi de Matthieu Gallou, alors président de l’université de Bretagne occidentale (UBO), et décision est prise de mettre en place un cofinancement inédit : pour une moitié, la mairie, pour l’autre, la faculté. Le travail de recherche universitaire est confié à Dimitri Poupon, jeune étudiant en histoire à l’UBO, qui démarre sa thèse en 2018.

« J’avais à disposition un rapport de police d’une page et demie, quelques documents de la municipalité et de la justice militaire, de rares archives allemandes concernant les unités suspectées d’être responsables du massacre, une poignée de photos, ainsi que des témoignages directs enregistrés dans les années 1990 et mis à disposition par Denis Bertin, le président de l’association historique locale Les Amis du patrimoine. Des sources orales que j’ai complétées en m’entretenant avec cinq survivantes et avec des descendants de témoins », renseigne le chercheur.

C’est, pour un massacre de cette ampleur, bien peu. Cela s’explique par le contexte du drame. La Libération a créé un flou. Au cœur de cet été 1944, le régime de Vichy n’a plus de représentation et les journaux n’émettent plus localement. Le 7 août, c’est aussi précisément le premier jour du siège de Brest qui s’achèvera seulement le 19 septembre. Durant ce laps de temps, Gouesnou, comme les autres communes du secteur, va être quasi vidée de ses habitants et le drame s’y est joué à huis clos.

Lire aussi : Comment Brest est devenue « la bouche de la mort » durant la Seconde Guerre mondiale

Suite à lire dans le magasine Bretons



SOURCE : https://www.ouest-france.fr/culture/histoire/guerre-39-45/jetais-a-la-ferme-quand-les-allemands-sont-arrives-le-massacre-oublie-de-penguerec-en-aout-1944-febf0dce-fe2b-11ee-b295-c2640ef35bd2



SOURCE : https://theses.hal.science/tel-04208017

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These de Dimitri Poupon. Le massacre de Penguerec

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Source : https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/gouesnou-le-massacre-de-penguerec-sera-t-il-enfin-elucide-5865318

Gouesnou. Le massacre de Penguerec sera-t-il enfin élucidé ?

La Ville de Gouesnou financera avec l’université de Bretagne occidentale une thèse sur le massacre de Penguerec. Le 7 août 1944, pour des raisons encore troubles, 42 civils étaient abattus dans cette ferme. Il s’agit de l’une des pires exactions commises par l’armée allemande en Bretagne durant la Seconde Guerre mondiale.

Sa mission, Dimitri Poupon l’a acceptée. Durant trois ans, ce doctorant en histoire à l’Université de Bretagne occidentale (UBO) va plancher sur le plus important massacre de civils perpétré par l’armée allemande en Bretagne : celui de Penguerec, à Gouesnou, près de Brest. Le 7 août 1944, vers 18 h, 42 civils sont mitraillés et grenadés dans la cour de cette ferme, un peu à l’écart du bourg.
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Le site de Penguerec, à Gouesnou

Chose rarissime, cette thèse sera cofinancée par l’UBO et… la Ville de Gouesnou. « La délibération a été adoptée à l’unanimité lors du conseil de la semaine dernière », se réjouit Stéphane Roudaut, le maire. Montant déboursé par la Ville, 48 000 € sur trois ans.



La somme n’est pas mince, mais la démarche se justifie facilement dans l’esprit de l’élu : « Le massacre de Penguerec, immortalisé par une stèle, marque une cicatrice profonde dans l’histoire et l’identité de la commune. »

Rafle dans la ville

En ce début août 1944, les Allemands se replient peu à peu sur Brest, dont le siège démarrera le 9, pour s’achever le 19 septembre, avec les destructions que l’on sait.

Gouesnou fait partie de ces villes désertées par l’occupant. Seul un petit détachement de cinq hommes tient encore le clocher de l’église. Mais dans la matinée du 7, un commando de parachutistes français tente de les en déloger.

Des renforts allemands arrivent. Repoussent les paras et fouillent les environs à la recherche de ceux qu’ils qualifient de « terroristes ».

Ils raflent tous les habitants qu’ils trouvent et les regroupent devant l’église. Au même moment, un autre détachement allemand arrive à la ferme de Penguerec.

Achevé par une grenade

Yvette Phelep, 15 ans à l’époque, se souvenait encore de la scène en août 2014, lors des commémorations des 70 ans du massacre : « Vers 16 h, je me trouvais à la ferme quand les Allemands sont arrivés. Ils ont lancé des grenades sur la maison, la grange et l’écurie. Après avoir tenté de parlementer, mon père, ma mère, mon frère et l’une de mes sœurs ont été atteints par les éclats et blessés mortellement. Mon père réussit à s’échapper à travers champs. »

Rattrapé par un sergent allemand, il est achevé d’un lancer de grenade. Yvette, elle, réussit à s’enfuir du chaos qui vient de débuter.

Un sinistre cortège

Mais le paroxysme de l’horreur reste à venir. Les otages parqués le long de l’église sont convoyés à Penguerec. Hommes, femmes et enfants s’avancent, bras levés, sous le contrôle de dix soldats allemands.

En cours de route, sept autres civils sont intégrés au funeste cortège. À 18 h, tous sont abattus sans aucune autre forme de procès, dans la cour de la ferme qui brûle déjà.

Pourquoi Penguerec ?

En 1948, la police judiciaire évoque le drame dans un rapport sur les crimes de guerre commis en Bretagne. Mais ce document ne résout pas tout de cet enchaînement terrible. De plus récents travaux d’historiens non plus. En tout cas, pas en totalité.

On connaît le contexte du massacre, mais on ignore qui en est le responsable direct. Et pourquoi viser avec autant de détermination la ferme des Phélep ? L’un des enfants de la famille était un résistant identifié et actif. Mais est-ce pour cela que Penguerec a été le siège de l’un des plus terribles actes de l’armée régulière allemande ?

Dans trois ans, quand Dimitri Poupon aura achevé son travail, on en saura sans doute davantage.