LA CARLINGUE (Gestapo française de la rue Lauriston)
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 9 décembre 2020
La Gestapo française, ou la Carlingue, est le nom donné aux auxiliaires français de la Gestapo installés au 93, rue Lauriston dans le 16e arrondissement de Paris, et actifs entre 1941 et 1944.
Ce groupe rassemble des membres du milieu, comme les truands Henri Lafont (leur chef) ainsi que Pierre Loutrel (alias Pierrot le fou), et d'autres ayant un passé trouble comme Pierre Bonny (par ailleurs impliqué dans l’affaire Stavisky, l'affaire Seznec et l'affaire du conseiller Prince), qui fut révoqué de la police pour détournement de fonds et trafic d’influence.
Les liens avec l’occupant leur permettent de nombreux trafics, avec des personnages louches comme Joseph Joanovici. Ils sont à l’origine de la Légion nord-africaine, engagée dans la répression contre les maquis à Tulle (voir répression contre les maquis de Corrèze).
Selon le policier à la retraite Henri Longuechaud, « On peut être scandalisé par le chiffre de 30 000 à 32 000 souvent avancé [comme effectifs de la Carlingue]…
À Paris, lorsque l’occupant lance un avis de recrutement pour 2 000 policiers auxiliaires à son service, il aurait reçu pas moins de 6 000 candidatures1. » Les principaux membres ont été jugés et condamnés à mort à la Libération.
Quelques collaborateurs de la rue Lauriston
Les principaux membres de la Carlingue ont été jugés et condamnés à mort à la Libération :
Bay, Maurice, est exécuté le 5 mai 1950.
Bonny, Pierre (adjoint de Lafont , à la tête de la bande de la Gestapo française installée au 93 de la rue Lauriston) : se cache avec Lafont dans une ferme de Bazoches-sur-le-Betz, à la Libération. Ce refuge est révélé par Joseph Joanovici. Arrêtés, ils sont condamnés à mort en décembre 1944 et fusillés à Montrouge le 27 décembre 1944.
Buat, Marcel, est condamné à mort en juin 1946 et exécuté à Versailles le 12 août 1946.
Carbone, Paul (Paul Bonnaventure Carbone), né le 1er Février 1894 à Propriano, en Corse, est une figure du milieu marseillais des années 1920, 1930 et 1940 avec son associé François Spirito. Paul Carbone meurt en 1943 dans un sabotage de la Résistance.
Clairé, M., exécuté au fort de Montrouge le 27 décembre 1944.
Delfanne, Georges-Henri, dit Christian Massuy, responsable du démantèlement de plusieurs réseaux et auteur de nombreuses tortures il est arrêté en Allemagne en 1945, ramené en France il est condamné à mort et fusillé le 1er octobre 1947 au fort de Montrouge.
Danos, Abel, surnommé le « Mammouth » en raison de sa forte corpulence, fut un tueur à gages, membre du Milieu. Arrêté et inculpé suite à des délits de droit-commun, il propose ses services à la police allemande et devient membre de la Carlingue de 1941 à 1944. Il fut sous-officier dans la Légion nord-africaine. Il sera fusillé pour collaboration en 1952.2
Delval, exécuté au fort de Montrouge le 27 décembre 1944.
Engel, exécuté au fort de Montrouge le 27 décembre 1944.
Fallot, Bernard, exécuté au fort de Montrouge le 1er octobre 1947.
Ganioles, exécuté au fort de Montrouge le 24 juin 1946.
Giblaise, Pierre.
Haré, exécuté au fort de Montrouge le 27 décembre 1944.
Jourdan, exécuté au fort de Montrouge le 13 juillet 1946.
Lafont, Henri, de son vrai nom Henri Louis Chamberlin, est né dans le 13e arrondissement de Paris le 22 avril 1902. Il fut le chef de la Gestapo française (la Carlingue) durant l’occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, avec son adjoint Bonny, il se cache dans une ferme de Bazoches-sur-le-Betz, à la Libération. Ce refuge est révélé par Joseph Joanovici. Arrêté, il est condamné à mort et mort fusillé au fort de Montrouge à Arcueil le 26 décembre 1944.
"Le Poulet", Fernand.
Loutrel, Pierre, né le 5 mars 1916 à Château-du-Loir, dit "Pierrot le fou", était le premier ennemi public français et l'un des meneurs du Gang des tractions Avant. Il profite de l'Occupation allemande pour développer ses activités criminelles. De 1941 à 1944, il est membre de la Carlingue, la Gestapo française. Il se forge durant cette époque une réputation de meurtrier au sang-froid en multipliant les exécutions sommaires. Sentant le vent tourner, "Pierrot le fou" rejoint la Résistance et intègre le réseau Morhange. À la Libération, il renoue avec le grand banditisme, menant des activités de racket et de proxénétisme. En 1946, Pierrot se tire accidentellement une balle dans la vessie durant le braquage d'une bijouterie parisienne, avenue Kléber, après avoir tué le commerçant. Il succombera à ses blessures.
Monange, Raymond, membre de la Gestapo de la rue Lauriston et officier de la Légion nord-africaine en Corrèze, il sera condamné à mort et fusillé le 13 mars 1952 au fort de Montrouge.
Pagnon, exécuté au fort de Montrouge le 27 décembre 1944.
Pujol, Georges, résistant retourné membre des commandos d'exécution et d'élimination du KDS de Toulouse. Arrêté en août 1944 il est fusillé avec 2 gestapistes de Toulouse, Dedieu et Carrera.
Spirito, François, né à Itri (Italie) en 1900, est un mafieux français. (gangster marseillais, indicateur du SD de Marseille, fait des coups à Paris avec ceux de la rue Lauriston.): disparaît en 1944 grâce à ses relations avec la mafia. François Spirito s'enfuit en Espagne puis en Amérique du Sud à la Libération et se livre au trafic d'héroïne jusqu'aux années 1960, se plaçant en tête des trafiquants internationaux, créant ainsi la fameuse French Connection. Il est arrêté à New York pour trafic de stupéfiants et va purger deux ans à la prison d'Atlanta. Il est ensuite expulsé des États-Unis et extradé vers la France où il aurait dû être jugé pour sa collaboration dans les années de guerre mais le procès ne se tiendra pas. Il meurt à Toulon le 9 octobre 1967.
Villaplane, Alexandre, né le 12 septembre 1905 à Alger (Algérie), footballeur, participe au marché noir et au racket des Juifs. Il rejoint ensuite le groupe formé par Henri Lafont et Pierre Bonny et se spécialise dans le racket des vendeurs d'or. En 1942, il quitte Paris pour rejoindre Toulouse, en vue de se faire oublier des Allemands qu'il tentait d'arnaquer. Il revient à Paris sous une fausse identité et est arrêté en 1943 par les SS pour un vol de pierres précieuses et emprisonné au camp de Compiègne, mais Lafont parvient à le faire libérer. Villaplane devient alors le chauffeur de Bonny, puis est nommé responsable d'une des cinq sections de la Brigade nord-africaine lors de sa création, en 1944. Il obtient alors le grade et l'uniforme de SS-Untersturmführer et est chargée de la région de Périgueux, puis d'Eymet, où il négociera la vie des otages contre de l'argent, et fera exécuter 52 personnes à Mussidan le 11 juin 1944, le lendemain du massacre d'Oradour-sur-Glane. Il est arrêté à Paris le 24 août, condamné à la peine capitale le 1er décembre et fusillé le 26 décembre, avec Bonny et Lafont, au fort de Montrouge.