LA RAFLE DITE "DU BILLET VERT"
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 18 mai 2021

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Source : https://webdoc.france24.com/rafle-billet-vert/
(Voir sur ce site une vidéo de présentation de la journaliste Stéphanie TROUILLARD)

Le 14 mai 1941, les autorités françaises procèdent à la rafle dite "du billet vert" à Paris et dans sa proche banlieue. La veille, plusieurs milliers de juifs étrangers ont reçu une convocation signée du commissaire de police, les invitant à se présenter pour "examen de leur situation".

En quelques heures, 3 700 hommes, principalement de nationalités polonaise et tchèque, ou des apatrides, sont arrêtés. Conduits à la gare d’Austerlitz, ils embarquent dans des trains de voyageurs à destination des camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande dans le Loiret. Ils y resteront internés pendant un an avant d’être déportés à Auschwitz. Quatre-vingts ans après, France 24 revient à travers des témoignages et des archives sur cette première grande rafle de juifs organisée en France.

Sur les visages, l’angoisse se lit. L’incompréhension aussi. Un dernier regard échangé. Une valise qui passe de main en main. Sur le trottoir, un homme et une femme s’enlacent pour un ultime baiser. Nous sommes le 14 mai 1941 devant le gymnase Japy, dans le 11e arrondissement de Paris. Pour la première fois depuis l’armistice signé en juin 1940, le régime de Vichy et les autorités allemandes viennent de procéder à une arrestation massive de juifs en zone occupée.

La veille, quelque 6 500 hommes, principalement d’Europe de l’Est, âgés de 18 à 60 ans, ont été convoqués par la préfecture de police à l'aide d'un billet vert : ils sont "invités à se présenter en personne", le lendemain à 7 heures, "pour examen de leur situation", accompagnés d’un parent ou ami.

Ces hommes, pour beaucoup des pères de famille, engagés volontaires au début de la guerre et ayant donc combattu pour la France, s’attendent à une régularisation de leur situation. Nombre d'entre eux sont persuadés qu’il ne s’agit que d’une simple formalité. Le 14 mai, ils sont environ 3 700 à se rendre à cette convocation. Plusieurs adresses à Paris sont prévues pour les recevoir, dont la caserne Napoléon (4e arrondissement), la caserne des Minimes (3e) ou encore le gymnase Japy (11e).

Des policiers procèdent au contrôle des papiers et les gardiens de la paix assurent l’encadrement sous l’œil de
Theodor Dannecker (SS), représentant d'Adolf Eichmann et chef du service des affaires juives de la Gestapo à Paris, ainsi que de l’amiral François Bard, fraîchement nommé préfet de police de Paris. Les juifs de proche banlieue, moins nombreux, sont convoqués directement dans les commissariats et postes de police. La souricière vient de se refermer. Ils sont tous immédiatement retenus.

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Source : https://webdoc.france24.com/rafle-billet-vert/

A droite : Un "billet vert" daté du 8 mai 1941 et adressé à Alexandre Wertheimer, convoqué le 14 mai 1941 au 60, rue Notre-Dame-de-Nazareth. © Mémorial de la Shoah / association du Convoi 6


Des clichés inédits

Quatre-vingts ans après, des photographies de cette rafle dite "du billet vert" viennent de refaire surface grâce au Mémorial de la Shoah.

L’institution a acquis auprès de collectionneurs 98 clichés pris par les services de propagande allemands. Si cinq d’entre eux étaient déjà connus et avaient été diffusés à l’époque dans la presse, les autres sont inédits. "Après tout ce temps, c'est extraordinaire de pouvoir découvrir autant de photos", souligne Jacques Fredj, le directeur du Mémorial de la Shoah.
(Voir les clichés sur le site)

Les cinq pellicules éclairent cette terrible journée du 14 mai 1941. "C’est le reflet de la collaboration", note ainsi Jacques Fredj. "On y voit la présence importante de la police française qui facilite le travail des nazis, même s’il y a aussi des Allemands ce jour-là, comme Theodor Dannecker." Sur les clichés, on peut également observer des scènes qui n’étaient alors connues qu’à travers les témoignages des survivants ou des familles.

Les photos montrent les hommes arrêtés au gymnase Japy à Paris et parqués dans les gradins à l’étage, tandis qu’une file de femmes et d’enfants attendent pour donner des valises à leur proche. "Ces habitants du 11e arrondissement n’imaginaient pas que la France pouvait les livrer à l’occupant nazi. On peut lire dans leurs yeux qu’ils ne comprennent pas ce qui est en train d’arriver", observe le directeur du Mémorial de la Shoah.

Ces convocations individuelles ont pu être rédigées grâce au fichier de recensement établi à partir de septembre 1940 par les autorités françaises sur ordre des Allemands. "Ces juifs étrangers ont été choisis parce que dans la propagande de Vichy et des nazis, ils vivaient au crochet de l’économie nationale et profitaient des richesses de la France", explique Jacques Fredj. "Nous sommes en 1941.

Nous ne sommes pas encore dans la 'solution finale' mais dans l’exclusion raciale. Le mécanisme se met en place par étapes", précise-t-il. Vers midi, ces hommes sont finalement conduits dans des autobus à la gare d’Austerlitz puis ils embarquent dans des trains de voyageurs de troisième classe. Ils sont emmenés dans des camps situés dans le Loiret, à 90 km au sud de Paris : 1 700 sont internés à Pithiviers et 2 000 à Beaune-la-Rolande.

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